Les Bataves à la Nouvelle-Zemble, poème en deux chants, suivi de poésies diverses de Tollens, de Bilderdyk et du traducteur(1828)–Willem Bilderdijk, Aug. J.Th.A. Clavareau, Hendrik Tollens– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 139] [p. 139] Mina. Quelle est cette vierge plaintive Qui, sur cette orageuse rive, Languit sous le poids des douleurs? Dans ses yeux se peint la souffrance: Mais la fugitive espérance Brille encore à travers ses pleurs. C'est toi, Mina! chaque soirée Te voit, sous son ombre azurée, Chercher un amant qui n'est plus: Vain espoir! l'insensible abîme Ne te rendra pas sa victime, Et tes regrets sont superflus. Pourquoi flétrir tes yeux de larmes? Pourquoi confier tes alarmes [pagina 140] [p. 140] Aux flots, auteurs de son trépas? Laisse en paix ses malheureux restes: Crois-tu que ces vagues funestes Le ramèneront dans tes bras? Vois-tu pas, fille infortunée, Comme cette mer mutinée Se joue, hélas! de tes tourmens? Cet objet que ta faible vue Découvre au loin dans l'étendue, C'est l'écume de ses brisans. ‘Dieu! c'est lui! le voilà, dit-elle. Dieu! finis ma douleur mortelle!’ Tremblante, elle prie à genoux; Mais le perfide météore Court sur la vague qu'il colore Et s'éteint dans l'onde en courroux. Elle, dans sa tristesse amère, D'un air sombre fixe la terre; Déjà la mort est dans son coeur. L'oeil sec, le front pâle et tranquille, Elle est là, muette, immobile, Comme l'image du malheur. [pagina 141] [p. 141] En vain de brillantes étoiles La nuit a parsemé ses voiles; En vain Phébé lance ses feux: On dirait que, de maux lassée, Sa vague et lugubre pensée A repris son vol vers les cieux. Mina! douce et tendre affligée, Ne reste pas ainsi plongée Dans un abîme de douleur. Lève-toi! le ciel devient sombre; Lève-toi! n'attends pas que l'ombre Redouble sa noire épaisseur. Mina! déjà l'orage gronde. Entends comme la mer profonde Soulève ses flots agités! Ne tarde plus: l'éclair rapide, Signal de la foudre homicide, Luit et serpente à tes côtés. Elle écoute. La foudre roule, Et, sur la dune qui s'écroule, Éclate et tombe dans les flots. Elle se lève. L'épouvante [pagina 142] [p. 142] A glacé son ame tremblante; Un long cri sort du sein des eaux. Éperdue, elle croit entendre La voix d'un amant cher et tendre, A travers le souffle des vents. Elle s'élance, et dans l'abîme Dont son amant fut la victime, Roule au gré des flots écumans! Vorige Volgende