Orion
(1836)–Pieter Nieuwland– Auteursrechtvrij
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Notice. | |
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lui dans la contrée. Ses parens s'émerveillaient de jour en jour, en voyant le développement rapide de ses facilités intellectuelles. A tant de qualités de l'esprit, il joignait d'autres traits caractéristiques: il était bon, amical, officieux. Ses compagnons de jeu le recherchaient; ses condisciples l'aimaient, et trouvaient toujours en lui assistance et amitié. Dès l'âge de huit ans, déjà fort avancé dans ses études, il calculait avec la plus grande justesse, et versifiait avec beaucoup de facilité; à cet âge, la démonstration du carré dè l'hypothénuse, la solution des problêmes les plus difficiles, étaient pour lui des opérations toutes simples. - Sa poésie, qui déjà s'était adressée au Créateur, était pleine d'élévation dans les pensées. Sa conversation était animée; il savait tout mieux que les autres; il lisait agréablement, et avait toujours | |
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quelque chose d'intéressant à conter. Jamais il ne se glorifiait de sa supériorité; et s'il se trouvait avec des personnes plus instruites que lui, il les écoutait avec la plus grande attention. On pouvait faire de lui tout ce qu'on voulait: c'était, dans toute la force du terme, un excellent enfant. Il aimait beaucoup le jeu; et ce goût réjouissait ses parens, qui craignaient qu'un excès d'étude n'altérât sa santé peu robuste. Nieuwland fut religieux avec conviction et franchise: il eut cette religion noble et sublime qui a sa source permanente et intarissable dans le coeur de l'homme vertueux; cette religion qui tient essentiellement à notre être, qui nous trace nos devoirs pendant notre apparition ici - bas, et qui élève nos pensées jusqu'aux voûtes célestes, lorsque notre ame éprouve le besoin de parler avec Dieu. | |
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Malgré son peu d'extérieur, Nieuwland attira l'attention de tous ceux qui firent sa connaissance. Comme homme et comme savant, il fut ce qu'il avait été dans son enfance et dans sa jeunesse, doux, affable et studieux. La science et les belles-lettres se partagèrent sa trop courte existence. C'est au milieu de ses occupations, tantôt graves, tantôt amusantes, toujours instructives, que l'amirauté d'Amsterdam le nomma membre de la Commission chargée de la détermination des longitudes et de la construction des cartes hydrographiques. Les mathématiques et l'astronomie furent ses sciences favorites. D'abord professeur à Amsterdam, il fut promu, dans la suite, au grade de professeur de physique, de mathématiques et d'astronomie à l'université de Leyde, par les soins et la protection de son savant bienfaiteur J. de Bosch. - Ja- | |
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mais la science ne fut moins raide, la conservation plus instructive, la vertu plus gaie, la gaieté plus vertueuse, que dans la personne de Pierre Nieuwland, soit comme étudiant ou professeur, soit comme citoyen ou père de famille. Ses principes religieux furent, en toute circonstance, la base immuable de toutes ses actions: dans la prospérité, ils lui servirent d'égide contre l'orgueil; dans le malheur, contre les coups du sort. Sa belle ame ne connut point le mal. La douleur faisait une profonde imprespression sur lui: il en donna plus d'une preuve à la mort de son père, de sa femme et de son enfant. Mais il mettait autant de soin à garder ses chagrins pour lui seul, qu'il avait de plaisir à partager avec ses amis ses momens de joie. ‘Si je ne puis moi-même soutenir mon courage, disaitil, personne, à coup sûr, n'y parviendra.’ | |
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Il aimait à vider le calice d'amertume avec une entière soumission aux volontés de Dieu; et presque toutes ses poésies attestent qu'il cherchait et trouvait en lui sa propre consolation. Son Orion est généralement regardé comme sa meilleure pièce de vers; elle prouve à quelle hauteur un sujet poétique peut atteindre, lorsqu'il se trouve entre les mains d'un homme qui joint la science à l'instruction. Tout y est noble, grand, élevé, digne des cieux; rien n'y respire l'irréligion ni la témérité. Sa muse s'est aussi occupée, avec succès, à imiter plusieurs passages des poètes de l'antiquité.-Ses discours et ses dissertations sont remplis de cette délicatesse de style, de cette finesse de jugement, qu'il avait puisées dans les leçons de ses célèbres professeurs de Bosch et Wyttenbach, et dans ses relations avec | |
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son érudit collaborateur et collègue Van Swinden. Nieuwland ne jouit pas long-temps des avantages et de la considération que ses talens et son caractère lui avaient acquis; car la mort vint l'arracher à ses travaux assidus et à ses nombreux amis, six ans après Bellamy, poète zélandais, enlevé comme lui à la fleur de l'âge, et, comme lui, emportant, dans la tombe avide, un brillant avenir, plein de succès et de gloire! Helmers, dans son poème: de Hollandsche Natie, n'a point oublié Nieuwland, au cinquième chant de son immortel ouvrage: son coeur éminemment national lui dicte, à ce sujet, une touchante élégie, dont la citation terminera cette notice biographique. Pascal de ma patrie, accueille mon hommage!
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O Nieuwland! jeune fleur, au printemps de ton âge,
Le sort t'enveloppa dans la commune loi:
Naitre, vivre, mourir, fut un instant pour toi.
Sur un terrain ingrat, faible et décolorée,
Ta tige s'élevait des mortels ignorée;
Mais une habile main, par ses soins précieux,
T'enlève, te transporte en un sol plus heureux,
Et bientôt ta splendeur, hélas! trop passagère,
Sur ton noble destin fixe l'Europe entière.
Ah! dans un autre Eden, sous un paisible ciel,
Tu brilles maintenant d'un éclat éternel!
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