Monsieur le Colonel C. New-York.
New-York 3 Octobre 1871.
Monsieur!
Un malentendu assez fâcheux m'a fait venir trop tard chez vous. Voici ce qui en est la cause.
En même temps que des concerts j'avais demandé dans le N.Y. Herald un quartier convenable. Le soir même je reçois une douzaine de billets, le votre est du nombre. Je prends les adresses et je fais ma tournèe le surlendemain, vu que le jour indiqué par vous, j'avais d'autres engagements à remplir, et une leçon à donner à trois heures de l'après midi, J'arrive donc à 4th street un jour plus tard et je demande: ‘Quelles sont les chambres qu'on me destine?’ On ne me comprends pas. Je montre votre lettre au Monsieur de l'hôtel et je lui demande si ce n'est pas lui qui me l'a écrite ‘Non, le colonel C. est un de mes boarders.’ C'était moi qui ne comprenais plus.
Maintenant je comprends. Vous étiez à la recherche d'une chanteuse et moi d'un quartier!
Je regrette infiniment de ne pas avoir mieux compris votre intention, car je ne suis ici que depuis cet été et l'Amérique me plait. J'espère y faire une belle réputation et m'y établir pour le restant de mes jours.
Si je puis donc vous convenir encore veuillez m'écrire de nouveau, je promets d'avance de mieux comprendre.
Agréez Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Mlle Karcilla Réna.