tellement minces, qu'on voit la lumière des torches á travers. Puis il y a des blocs de marbre par ci par là, et de la boue partout, tellement de boue même, que nous glissions à chaque instant sur les marches en pierre et que nous étions tout sales et mouillés, après une petite demie heure de marche. Mais ce qu'il y a de plus beau, c'est qu'on entre dans le rocher à pied et qu'on en sort en barquette. Cette sortie est réellement féerique. Figurezvous qu'on descend d'un grand escalier en pierre pour arriver sur une plate forme, qui se perd dans l'eau d'une rivière assez profonde. Le guide alors éteint les lampes et l'on reste dans une obscurité complète, n'entendant rien que le murmure de l'eau et les cris des chauves-souris, qui se nichent sous les voûtes. Tout à coup deux lumières arrivent. Ce sont les lampes de la barquette qui vient de l'autre rive pour chercher les visiteurs. A peine installés dans la barquette, on éteint encore les lampes et l'on commence la descente dans une telle obscurité que R. ne faisait que me pincer de peur. Puis lentement arrive la clarté du jour, mais si pale, mais si terne, qu'on serait tenté de la prendre pour une clair de lune. Enfin on tourne un peu encore en lentement on glisse en plein milieu de la verdure et des rayons du soleil. Comme tout cela vous semble beau, après cette affreuse obscurité! R. était si heureuse d'être revenue au jour, qu'elle criait de toutes ses forces: ‘Enfin! Nous voilà! Maintenant j'ai vu la grotte! Mais je n'y retournerai plus jamais!’ G. et moi, nous étions moins ravis qu'elle, car nous avions beaucoup plus admiré que craint dans la grotte.
En retournant de Dinant, nous avons pris le bateau à vapeur jusqu'à Namur. Ce voyage est tellement pittoresque et beau que les W's préféraient les bords de la Meuse de beaucoup aux bords du Rhin, que R. avait visités encore l'été passé. Quant à moi, je ne me rappelle pas avoir jamais vu un pays aussi riche en beautés de toutes sortes que la Belgique! Après les rochers surmontés de ruines, on voit des champs de blé, des prairies avec des vaches et des chèvres, puis des villages et de superbes chateaux, des rochers incultes, des bois au pied des montagnes toutes vertes, et des maisons de campagne si riantes et si belles, qu'on est tout étonné de les trouver là toutes seules dans cette entourage à demie sauvage. Enfin, tout cela est si beau, que l'esprit des voyages, m'a prise de nouveau, et que j'ai réussi à tourner la tête à Papa, au point qu'il désire aussi voir quelque chose de ces beautés, et que nous irons samedi prochain à Spa pour une huitaine de jours. Après notre retour de Spa, nous aurons la visite de H.T.
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Mina.