Mijn leven
(1877)–Mina Kruseman– AuteursrechtvrijMlles Van Deventer, Soerabaya.
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des bals et des diners même, enfin, tous les amusements à la fois. Puis la mortGa naar voetnoot1 du jeune Prince Royal a jeté le deuil dans les toilettes, et maintenant la maladie (Dieu sait quelle maladie!) a apporté le deuil dans les familles. On n'entend plus parler que de maladie et de mort et ce sont presque toujours de jeunes personnes, habitant les quartiers les plus sains de la ville qui succombent. ......................... Le quartier Léopold, les Boulevards, Ixelles, enfin tout le haut de la ville presque est couvert de paille pour empècher le bruit des voitures, et dans les quartiers les plus populeux, les plus malpropres, le monde se porte à merveille. C'est ètrange! C'est tellement étrange, qu' après avoir parlé de typhus et de peste, les médecins commencent à avouer maintenant qu'ils y perdent leur latin, qu'ils n'ont jamais entendu d'une epidémie pareille et qu'ils ne la comprennent pas. En attendant on meurt par leurs soins, ou malgré eux; presque tous les pensionnats, toutes les écoles sont fermés, et les hopitaux sont tellement encombrés de monde, qu'on est obligé de refuser les pauvres malades qui ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis une huitaine de jours nous avons eu de terribles orages, qui naturellement ont occasionné de petits accidents sans fin. Avant-hier soir, par exemple, 57 des plus grands arbres ont été déracinés au Parc, le désordre était si complet, que le lendemain le Parc est resté fermé pendant toute la journée. Toutes les allées étaient abstruées, par des branches ou des troncs d'arbre, des grillages renversés, des bancs brisés, des statues emportées, etc. etc. enfin c'était désolant! à voir! Mais depuis ces orages, la maladie a beaucoup diminuée, on dit même qu'il n'y a plus de nou-veaux cas du tout, seulement ceux qui étaient déjà malades le sont encore et meurent de toute part. Il y a un mois à peu près, un bal anglais a été dédit parce qu'il était impossible de faire danser quand sur un jour, quatorze familles se retirent pour cause d'indisposition. ......................... Les Demoiselles sont très gentilles. Une brune et une blonde, l'une moqueuse et l'autre sentimentale, toutes deux grandes et assez jolies, pieuses et mondaines tout à la fois, et tres chic. La noire courageuse et savante, et la blonde peureuse et rêveuse au possible. Somme toute elles sont charmantes toutes les deux. Si j'étais homme j'aimerais la blonde, maintenant, que je suis femme, c'est la brune que je préfère, elle est plus positive, je la comprends mieux; cette blonde m'échappe parfois. La jeune personne élève m'est, pour ainsi dire, inconnue, elle ne sort pas | |
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encore avec les autres et ne veut jamais se montrer quand il y a du monde. D'ailleurs elle est trop jeune aussi pour nous autres vieilles filles, qui sommes à peu près du même âge, je suppose même que moi je suis encore la plus jeune de la troupe, car je suis la seule qui ne cache pas mon âge. La gouvernante vient deux fois par semaine ici pour apprendre à chanter, en échange elle m'enseigne l'allemand, qu'elle parle comme une véritable allemande. Cette gouvernante est très jolie, petite, gracieuse, spirituelle et extrêmement pieuse ......................... Voila pour nos voisins anglais, maintenant les belges auront leur tour. C'est la famille F. dont je vous ai parlée plus d'une fois déjà. Monsieur est jeune et bruyant, noir et robuste, ce que le monde résume en gai et beau. Madame est vieille et forte, toujours plus ou moins souffrante, cachant ses infirmités autant que possible et voulant à toute force paraitre jeune et heureuse. Fière de son mari, et fière de sa fortune, très riche sans savoir jouir de sa richesse, elle a peur de mourir parce-qu'elle a peur de perdre tout ce qu'elle est si fière de posséder maintenant. Son mari, bon et doux au possible, malgré tout le bruit qu'il fait, aime beaucoup le monde et le confort, mais se plie tout à fait au gôut de sa femme pour laquelle il a tous les égards imaginables, ce qu'elle mérite bien, car elle a trés bon coeur, et elle vit dans une adoration perpétuelle de son chèr **. ......................... Pauvre Madame B. est mourante! Je reviens de chez elle, comme tout le monde a perdu la tête! Les Demoiselles ne savent que devenir, Monsieur est absent, la Gouvernante n'ose pas agir, l'élève veut partir tout de suite, enfin, c'est une déroute terrible, c'est triste á voir. Adieu, méchantes enfants, portez vous bien, et écrivez moi vite si Jenny va mieux et pourquoi elle n'a pas écrit maintenant que nous la savons malade! .........................
Mina. |
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