Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690

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N^o 2566.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
24 février 1690.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2559 et s'est croisée avec le No. 2565.
Const. Huygens y répondit par le No. 2569.

A la Haye ce 24 fevr. 90.

Je vous ay escrit du 7 de ce mois, pour vous donner avis que je vous envoiois par le moien d'un nommé L'orangeois ou l'Orange, domestique et Tafeldecker de sa Majestè, 8 Exemplaires de mon Livre nouvellement imprimè desquels je vous priois d'en remettre 7 à Mr. Fatio, ou s'il n'estoit plus a Londres, au Dr. Stanley pour en faire la distribution au [x] personnes que je vous nommay dans ma lettre. Je crois que celuy qui s'est chargè de ces livres aura estè longtemps arrestè a Helvoet en attendant le vent, mais je ne doute pas qu'il ne soit maintenant arrivè a Londres. Mandez moy donc je vous prie s'il vous a rendu ce paquet, et si vous avez fait tenir les 7 Exemplaires et ma lettre à Mr. Fatio. Je n'en ay point envoiè à Mil. Pembrock¹⁾ parce qu'on tenoit pour certain qu'il alloit venir icy pour assister a la conference des Alliez. J'en devrois bien envoier aussi a Mr. Wren, et Dr. Wallis, mais je ne sçay pas s'ils entendent le François.

J'ay vu ces jours passez Mil.^d Portlant qui me reçut avec beaucoup d'honnesteté, mais lors qu'entre autres choses je luy parlay touchant mon affaire²⁾, il fit semblant de n'en avoir point de connoissance, ou peut estre la quantitè d'affaires de plus grande importance qu'il a dans la teste depuis qu'il est icy, luy en a ostè le souvenir. Il me fit pourtant de belles offres de service en cas qu'il se presentast d'occasion, soit en cette affaire ou ailleurs. L'affaire d'Amsterdam³⁾, que ces

1) Thomas Herbert, né en 1653, fils de Philip Herbert, et huitième earl of Pembroke depuis la mort de ses deux frères aînés. Il fut très en faveur auprès de Willem III, qui le nomma Lordlieutenant de Wiltshire, et en 1690 premier lord de l'amirauté. En 1701 il devint high admiral, titre qu'il perdit à l'avènement de la reine Anna, mais qu'il reprit en 1707. Il fut président de la Société royale de 1689 à 1690 et mourut le 22 janvier 1733.

2) La sollicitation pour la place vacante dans le conseil du Stadhouder.

3) En 1689 l'élection périodique des échevins d'Amsterdam avait donné lieu, entre les bourgmestres d'Amsterdam et le prince Willem III, à une question de droit administratif, qui, se traînant en longueur, prit de plus en plus un caractère aigu. Les premiers, se fondant sur le texte d'un privilège, accordé par le roi Philippe II, prétendirent que, par suite de l'absence du Stadhouder, la nomination des échevins devait se faire par les conseillers de Hollande, auxquels, en effet, ils avaient envoyé la liste des candidats qu'ils devaient présenter en nombre double. Les conseillers de Hollande se déclarèrent incompétents, ceux d'Amsterdam refusèrent de présenter la liste à Willem III. Dans le cours de cette querelle, les députés d'Amsterdam aux Etats généraux s'étaient encore opposés à l'élection de deux députés, favoris de Willem III, savoir Kornelis Teunissen van Halewijn, de Dordrecht, et Bentink, duc de Portland. L'opposition contre ce dernier était fondée sur l'article de la loi qui excluait des Etats tous ceux qui seraient au service d'un Etat étranger. Or, Portland saisait partie du Parlement anglais. Les députés d'Amsterdam déclarèrent ne pas pouvoir prendre part aux séances des Etats tant que Portland y serait présent. Le différend se termina par un compromis, par lequel il fut convenu que Portland ne paraîtrait plus aux séances des Etats.

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Messieurs avoient entreprise tres mal à propos, a ce qu'on tient sera accommodée et terminée dans peu de jours, et on attend pour cela le retour de leur[s] deputez qui partirent d'icy il y a 3 jours.

Vous aurez sceu la mort du Philosophe Heemskerck, de qui le Testament fut ouvert avant hier, contenant un lais pour Mad.^lle Cab.⁴⁾ de 1200 liv. par an, à payer par quartiers; ce qui joint au tesmoignage de Mr. Vollenhove, a qui le deffunt a protestè que dans le commerce qu'il a eu avec lad.^te Damoiselle, il ne s'est rien passè que de fort honneste, la sauve heureusement et du costè de la subsistence et de celuy de l'honneur, quoy qu'il y ait des gens qui ne veulent pas ajouter soy a cette declaration, et disent qu'en la faisant il n'aura plus estè dans son bon sens.

Je vous prie de ne pas oublier de me faire scavoir touchant mes livres, quant ce ne seroit que par un mot en ecrivant à Mad.^me vostre Femme.

Mijn Heer

Mijn Heer van Zuylichem

Secretaris van sijne koninklijke Majesteyt

Tot

Londen.

4) Cabeljauw; voir la Lettre N^o. 2430, note 3.