No 2314.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
21 août 1683.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2313. Const. Huygens y répondit par le No. 2315.
A la Haye 21 Aoust 1683.
Je responds a vostre lettre du 14e. En la recevant j'avois desia refait le costè du verre qui estoit visiblement faux a cause du poli qui avoit pris inegalement. Je n'avois plus trouvè cette seconde fois le defaut de cylindricitè. J'avois seulement estè obligè de mettre une nouvelle couche pour le poli apres avoir achevè a moitiè. J'ay poli par le moien du levier. Enfin a l'essay le verre ne s'est point trouvè meilleur qu'auparavant de sorte que je suis en doute maintenant lequels des deux costez est le meilleur ou le pire. Il semble que celuy qui a estè refait doit estre aussi mechant que la premiere fois, puisque le verre n'est pas devenu meilleur, et qu'ainsi je ne scaurois faire mal de le refaire derechef. Mais j'ay un second doute si je le poliray avec le levier, ou de l'anciene maniere. Il me semble que je remarque certains cercles sur le verre, scavoir a la chandelle par reflexion, lesquels peuvent estre produits de ce que le verre garde trop precisement la mesme route, car s'il y a quelque inegalitè a la couche du poli elle vient sous le verre tousiours egalement loin du centre, ce qui produit cette apparence des cercles. L'on pourroit en quelque facon remedier a cet inconvenient, mais non pas si bien, que les mains, tenant le baston a l'accoustumè, ne fassent encore mieux, parce qu'elles font changer continuellement la route, quoyque peu. Au reste je n'ay pas fort abbregè le temps par le levier, ayant estè 5 heures a polir; mais je crois que le verre n'aura pas estè assez douci, car comment seroit il possible autrement, la pression estant si grande. Je ne comprens pas comme vous avez fait pour achever et le douci et le poli en si peu de temps, si ce n'est que vous ayez encore quelque secret que vous ne m'ayez point revelè. Je souhaiterois fort d'emporter un grand verre bien poli, mais il n'est pas plaisant de travailler seul, et
avec cela mes nouvelles horologesGa naar voetnoot1) m'occupent beaucoup a cetheure que j'en suis a l'epreuve qui ne reussit pas encore tout a fait suivant ce que je m'estois imaginè. Il faudra adjouter quelque invention, que j'ay pensee, et qui s'applique facilement, pour conserver mieux la justesse dans le mouvement du vaisseau, car dans la maison celle qu'elles ont peut suffire. Je ne vois pas que vostre maniere de rayer le verre puisse estre utile. parce que ces rayes estants tracees sur une surface fausse elle seroit encore de mesme apres qu'elles seroient effacées en doucissant.
Je vous envoie pour vous divertir, un imprimè que je viens de recevoir et de lire. Je connois l'autheur le Sr. Hautefeuille, un petit Abbé sans Abbaie, qui