Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

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N^o 2227.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
30 août 1680.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2226. Const. Huygens y répondit par le No. 2230.

A Paris ce 30 Aoust 1680.

J'ay fait voir vostre response, ou une partie, a Mr. Quenelle, qui juge bien par la qu'il ne fera pas grande affaire avec vous. Mais il vous prie de renvoier son memoire apres que vos amis l'auront veu parce que cela luy epargnera la peine d'en faire une autre copie. Pour le dessein du Titien de la femme nue avec le S. George il me dit que le sien estoit lavè, et que c'est celuy dont on a imitè l'estampe qu'on en a, pretendant qu'il est original. Toutefois ce seroit assez estrange que le Titien l'auroit fait deux fois, et je m'en rapporte a ce qui en est. En general je puis vous dire que j'ay trouvè ses desseins fort beaux et originaux autant que j'ay pu juger, et il me semble que des la premiere fois que je vous en ay escrit j'en ay rendu ce tesmoignage¹⁾. A ce qu'il me vient de dire il auroit trouvè quelque traitant en cette ville.

Un de mes amis a qui je montray dernierement vostre liste de livres Italiens me pria de la luy laisser parce qu'il devoit aller chez Mariette avec qui il negocie continuellement. Cependant j'ay trouvè qu'il ne la luy a pas rendue, par deux fois que j'y ay passè. mais Mariette m'a promis denvoier chez luy pour l'avoir.

Je n'ay pas laissè de voir son catalogue de livres traitans de la peinture, ou il me semble que je n'en ay reconnu que 2 ou 3 de ceux qui sont au vostre. J'ay pris le traité de du Fresnoy²⁾ avec le commentaire de de Pile³⁾, lequel je vous envoieray par Mr. de Marlot et tout ce que je pourray encore recouvrir, mais il faudra emploier encore d'autres gens a la recherche, car je crois que Mariette n'aura pas la plus grande partie quoy qu'il se vante d'avoir tout, outre qu'il est cher horriblement. Pour le prix vous n'avez que faire de m'envoier une lettre de change, parce que je dois encore quelque argent au frere de St. Annelant que j'assigneray sur vous.

Il n'y a rien de nouveau en fait de lunetterie ni de microscopie. Estant dernierement a la campagne, ou je fais estat de retourner bientost, je me divertis et ceux

1) Voir la Lettre N^o. 2201, pp. 241 et 242.

2) Charles Alphonse Dufresnoy, peintre et poète, né à Paris en 1611, mort à Villiers-le-Bel en 1665. Il est connu principalement par son poème latin, de Arte Graphica, publié par de Piles avec une traduction en prose.

3) Roger de Piles, diplomate, littérateur et peintre amateur, né à Clameci en 1635, mort à Paris le 5 mai 1709. Il a laissé plusieurs ouvrages relatifs à la peinture.

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qui estoient avec moy en regardant des insectes et des feuilles de fleurs avec des microscopes qui ne grossissent gueres, comme de 7 ou 8 pouces de dist. de foier, mais qui ne laissent pas de contenter beaucoup le spectateur. Je trouvay entreautres les feuilles d'oeillet admirablement belles, estant toute composées de grains ronds et transparents, et representant par les belles nuances de couleurs les plus riches estoffes du monde. Un neveu de Leeuwenhoeck⁴⁾, qui a demeuré quelque temps icy, m'a communiquè de temps en temps ses decouvertes ou pourtant il n'y avoit rien de fort singulier.

4) Antoni Molijn, voir la Lettre N^o. 2169.