Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

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N^o 2136.
Christiaan Huygens à J. Gallois¹⁾.

La pièce a été imprimée dans le Journal des Sçavans²⁾.

Extrait d'une Lettre de M. Nicolas Hartsoker écrite à l'Auteur du Journal touchant la maniere de faire les nouveaux Microscopes, dont il a esté parlé dans le Journal il y a quelques jours.

Ce que nous avons dit des nouveaux Microscopes que M. Huguens a apportez de Hollande a esté trouvé si curieux, que tout le monde a souhaitté de sçavoir la maniere de les faire. M. Hartsoker qui a beaucoup contribué à perfectionner ce que l'on avoit fait là-dessus jusques icy, en reduisant les boules à cette derniere petitesse qui contribuë si fort a grossir les objets, ainsi que nous l'avons remarqué, & en trouvant le moyen de modifier la lumiere qui rendoit la vision confuse, nous l'apprend de la maniere qui s'ensuit.

Il estoit d'abord avisé de les faire à la lampe au bout d'un fil de verre; mais depuis il a trouvé qu'elles s'arrondoissoient bien mieux en prenant les plus petits éclats de verre cassé & fort épuré³⁾, & en les tenant sur la flamme de la chandelle au bout d'une éguille moüillée, car alors ce petit éclat ou morceau de verre se forme en boule, laquelle est si peu attachée à l'éguille qu'elle en tombe souvent d'elle-même.

La maniere dont il applique ces boules est telle. Il les enferme entre 2 lames de leton, fort minces, qu'il arreste l'une sur l'autre avec de petites pointes de cuivre, faisant à l'endroit où est placée la petite boule une petite ouverture de part & d'autre. Celle du costé de l'objet n'est environ que de la sixième partie du diametre de la petite boule; de peur qu'estant plus grande les rayons de la lumiere ne se confondissent. Il faut aussi que le trou ne soit pas trop petit pour voir d'autant plus de parties de l'objet.

De cette maniere outre les observations dont nous avons déja parlé⁴⁾, il a dé-

1) Nous attribuons cette pièce à Chr. Huygens d'après le témoignage de Hartsoeker. Consultez l'Appendice N^o. 2137.

2) Dans le N^o. XXX, du Lundy 29 Aoust, m.dc.lxxviii.

3) Hudde se servait déjà, en 1663, du même artifice. Voir la Lettre N^o. 2133, note 2. Les éclats de verre fondus donnaient de meilleures lentilles que les fils de verre dont Hartsoeker s'était dit l'inventeur (voir l'éloge de Fontenelle), mais dont Hooke avait déjà fait usage en 1666, quoique sans succès. Le père Giovanni Maria della Torre de Naples (1713-7 mars 1782) est connu pour avoir su produire d'excellentes lentilles en refondant, sur une pièce de tripoli, les bouts arrondis d'un fil de verre. Il a décrit son procédé dans l'ouvrage:
Nuove observazioni microscopiche. Napoli. 1776. in-4^o.

4) C'est-à-dire celles de Leeuwenhoek (voir la pièce N^o. 2135, note 2) et celles rapportées dans le N^o. 2135 même.

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couvert encore nouvellement que dans l'urine qui se garde quelques jours il s'y engendre de petits animaux qui sont encore beaucoup plus petits que ceux que l'on voit dans l'eau de poivre, & qui ont la figure de petites anguilles.

Il en a trouvé dans la semence du Coq, qui ont paru à peu prés de cette même figure qui est fort differente, comme l'on voit de celle qu'ont ces petits animaux dans la semence des autres qui ressemblent, comme nous l'avons remarqué, à des grenouilles naissantes.

La machine dont il se sert pour l'usage de ces boules est composée de deux parties



principales, sçavoir de la Platine A A & de la Platine B B à la Platine A A est attaché un Rond C qui se meut sur un Pivot. Il y a plusieurs ouvertures en rond qu'on tourne devant l'objet qui est au dedans du trou I pour modifier diversement la lumiere; ce rond est beaucoup plus commode & moins embarassant qu'un tuyau qu'il avoit inventé auparavant. D est un autre Rond attaché à l'autre costé de la même Platine A A qui a de même plusieurs trous pour appliquer avec de la cire differens objets. Ils sont enfermez entre un morceau de verre plat & un autre morceau de Talc, ainsi que M. Huguens l'a imaginé⁵⁾, ou autrement dans un tuyau de verre fort délié. Ce Rond D est disposé de maniere qu'on peut le tourner, hausser & baisser de tout sens pour voir toutes les parties de l'objet. E E est une petite Platine à deux lames qui se meut de part & d'autre sur un Pivot, dans laquelle on applique la Platine F composée aussi de deux lames, entre lesquelles sont enchassez plusieurs Microscopes ou boules de differente grandeur. G G sont les Viz qui servent à approcher ou éloigner l'objet pour trouver le point de veuë. Pour l'usage de la Machine on l'applique à l'oeil du costé qui ne paroist pas dans la figure, sçavoir au trou qui répond au Trou I.

5) Voir la pièce N^o. 2135.