Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675
(1897)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2012.
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(comme Monsieur Galois peut tesmoigner) à nier ce fait, assurant qu'il avoit montrè son modelle longtemps auparavant que je luy eusse parlè de rien. Mais du depuis il a estè contraint de l'avouer a Monsieur Perrault, se voyant convaincu par de certaines dates, dont il constoit manifestement. Monsieur Perrault rendra tesmoignage de cet aveu, qui non seulement fait veoir l'effronterie de Thuret d'avoir soustenu une chose qu'il scavoit estre fausse, mais qui donne en mesme temps une forte presomption contre luy en ce qui regarde la chose mesme. Car s'il est vray qu'il n'a produit l'invention de ce balancier que le jour d'apres que je luy en eus communiquè la construction, il est bien apparent qu'il ne l'a eüe que de moy. Le seul moyen qui luy reste pour soustenir sa fourberie c'est qu'il s'efforce de persuader a tous ceux qu'il connoit, qu'il m'a mis dans la voie et donnè la premiere ouverture pour parvenir a cette invention, dans des recherches que nous aurions fait ensemble touchant le mouvement et les vibrations egales des ressorts. A quoy je dis premierement que s'il estoit vray ce qu'il dit de ces recherches, et que de là j'eusse trouvè l'invention qu'il n'a point trouvée, elle ne laisseroit pas de m'appartenir. Mais ce qu'il en dit est une fausseté controuvée, parce qu'en tout ce que nous avons jamais parlè ensemble il n'y a eu rien qui m'ait facilitè le moyen de trouver cette nouvelle facon de montres. Et s'il pretend prouver (comme on me l'a dit) par des tesmoins, qu'il ait jamais proposè en ma presence, aucun moyen d'appliquer le ressort au balancier d'une montre, ce seront de faux tesmoins. Que si apres tout ce que je viens de dire, il vous restoit encore quelque doute Monseigneur touchant la veritè de la chose, je vous demande la grace que vous me fassiez venir avec Thuret en vostre presence, pour juger par la maniere dont il soustiendra ses pretensions, si elles sont justes on non. Cependant comme il a entre ses mains la montre que je luy sis faire pour estre presentée au Roy, j'ose esperer Monseigneur que vous ne souffrirez pas qu'en cela il me previene. Vous suppliant treshumblement ou de luy ordonner de me livrer cette montre, ou que je puisse avoir le temps de faire achever celle que je fais faire par un autre ouvrier. Me consiant entierement en vostre bonté je demeure avec beaucoup de respect et de sousmission.
Monseigneur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. |
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