Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

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N^o 1582.
Christiaan Huygens à [Lodewijk Huygens].
18 mars 1667.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Lodewijk Huygens y répondit par une lettre du 24 mars¹⁾.

A Paris ce 18 Mars 1667.

Il Signor Padre m'a escrit²⁾ tant de fois qu'il vouloit me rembourfer l'argent que j'avois emploiè pour luy que je m'estonne pourquoy il en a fait difficultè lors que vous luy avez fait veoir le compte que je vous avois envoiè ensemble avec le vostre. S'il a eu peu de marchandise pour ses escus, ce n'est pas ma faute, et encore a t il estè plus heureux que vous et ma soeur³⁾ parce que la premiere lunette⁴⁾ et quelques autres nipes que j'ay envoiè cy devant, luy ont estè rendues.

Il faut que le Thè soit bien cher si je ne puis avoir 2 ℔ pour 37 francs. I'en eus autant pour 36 devant que partir pour icy, qui estoit tres bon et l'est encore, car il m'en reste encore la moitiè. Ie vous prie de l'envoier au plus viste parce qu'en attendant l'on se sert du mien. Il me faudroit bien encore un petit pot de porcelaine grise, mais je verray, devant que vous donner la peine de m'en chercher, si je puis m'en accommoder avec la Cousine Caron⁵⁾ pour un de ceux qu'elle a.

S'il est besoin d'empescher que l'on n'ouure vos lettres, il ne sera pas mal aisè, car je pourray faire l'inscription comme au frere de Moggershill et y adjouter quelque marque que vous et luy connoissiez.

L'avanture arrivee chez Mademoiselle Constantia⁶⁾ m'a bien fait rire. Ie croiois d'abord que vostre histoire alloit finir a une conclusion effective au mariage. mais des que j'apperceus ces 4 enfans je jugeay bien qu'il n'en seroit rien. Un vef avec 4 enfans qui a 45 ans et n'est que lieutenant de cavalerie, et outre cela s'appelle Popka Hemda, je dis que Mademoiselle Doublet⁷⁾ et Mademoiselle Constancia ont tres bien fait de n'en point vouloir. Quelle apparence de s'aller faire appeller Madame Popka Hemda et que toute sa posteritè porte un si barbare nom!

Ie ne m'estonne pas que l'invention du Prince Maurice n'ait pas succedè, par

1) Nous ne possédons pas les lettres de Lodewijk Huygens de ce temps-là.

2) Nous n'avons pas non plus les lettres de Constantyn Huygens, père, à son fils Christiaan.

3) Consultez la Lettre N^o. 1580.

4) Consultez la Lettre N^o. 1563.

5) Constantia Boudaan, veuve de François Caron, habitait alors Paris. Consultez la Lettre N^o. 1557.

6) Constantia le Leu de Wilhem.

7) Probablement une fille d'Adriaan Doublet (19 février 1598-1662) et de Maria Bruyninx.

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ce que des pieces de fer comme celles dont il charge son canon se doivent escarter necessairement et fort irregulierement a cause de l'air qu'elles fendent, qui fait qu'elles ont tousjours inclination a avancer dans la ligne, qui est selon leur longueur, et ainsi la moindre obliquitè qu'elles ayent en sortant de la piece, elles doivent s'escarter loin du but. Ie crois que des balles de la moitiè de la grosseur de celles du calibre, attachées 2 à 2 avec de chaines de 4 ou 5 pieds, pourroient faire un meilleur effet.

Le Duc Mazarin⁸⁾ me vouloit faire veoir la machine qu'un entrepreneur⁹⁾ a faite a l'Arsenal pour y faire aller des fontaines avec l'eau de la riviere, qu'il esleve par le moyen de chevaux. J'y fus mardy passè¹⁰⁾, et examinay cette machine qui est avec des pompes, d'une fabrique assez ordinaire. Je disnay avec Madame¹¹⁾, Monsieur ayant sa table apart a cause qu'il ne fait pas quaresme. C'est une chose a veoir que tous les beaux apartements qu'il a dans ce lieu, que l'on embellit encore tous les jours. Monsieur le Duc me mena par tout luy mesme avec Monseigneur l'Abbè d'Effiat¹²⁾ son oncle qui est logè en prince, dans le mesme Arsenal.

8) Consultez la Lettre N^o. 1580.

9) Probablement Giovanni Lorenzo Bernini; consultez la Lettre N^o. 1415, note 25.

10) C'était le 15 mars 1667.

11) Hortense Mancini, qui était légataire principale de son oncle le cardinal Mazarin.

12) Charles Jean Coiffier de Ruzé, Abbé d'Effiat, mourut le 19 octobre 1698. Il était abbé de Saint-Servin de Toulouse et de Trois-Fontaines, et très lié avec Ninon de l'Enclos. Il était le srère de la duchesse de Mazarin et de Henri Coiffier de Ruzé, Marquis de Cinq-Mars.