Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 1222.
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vous avez desia esté jnformé du commencement de l'histoire par l'ordinaire passé. Entre tous les amans dont la jeune ferveur etc. le seul VlaerdingeGa naar voetnoot9) l'avoit suivie, et les attrappa a Culemburg. mais revint le lendemain tout desesperé sur ce que le comte de Culemburg a qui il l'alla demander remonstrant quelle estoit enlevee contre sa volonté de force, luy fist voir une promesse de mariageGa naar voetnoot10) de la main de la belle par la quelle elle confessoit de prendre Mortagne pour son mary et qu'elle mesme luy ecrivit une lettreGa naar voetnoot11) pour luy faire scavoir qu'elle ne le vouloit plus voir, ce qui la fist decrier autant et plus par tout qu'on avoit pleint auparavant son malheur. mais elle a declaree hier a Messieurs de la Cour que la promesse susdite estoit faitte pour abuser ceux qui venoient pour prendre Mortagne et le sauuer par ce moijen a son jnstante supplication comme j'aij dit, (Pitié qu'on trouue icij tres etrange et hors de saison) et que la lettre a Vlaerdingen estoit pour le sauuer aussi apprehendant que s'il fust venu la voir, Mortagne luy eust pu donner d'un coup de pistolet a travers la teste. Enfin tout est sauué pourveu que tout le monde soit charitablement persuadé de l'jnnocence de ces deux nuits, qu'il a passees en sa chambre, la premiere en presence d'une femme de chambre qui alloit et venoit, et la seconde, seuls sans aucun tesmoin, mais soo den suppliant segtGa naar voetnoot12), mesme sans luy avoir demandé la moindre chose au prejudice de son honneur, comme elle l'a confirmee par serment solennel, mais la depravation du siecle enclin a croire plustost le mal que le bien du prochain rend cecij d'un peu difficile digestion a plusieurs, pour moy je m'en rapporte a ce qui en est. Cette affaire qui occupe tout le monde et fait oublier tout autre chose m'auroit presque fait oublier nos affaires. Van Heteren est de retour a qui j'ay paijé sur vostre billet les 180 Livres qu'il vous a baillez. ma mere vous remercie de la peijne qu'il vous a plu de prendre a cause de sa monstreGa naar voetnoot13) qu'elle attend avec jmpatience, comme je fais aussi les desseins de VauxGa naar voetnoot14) et autre chose de cette nature que vous pouriez avoir trouuez, La Coste est partij depuis peu de jours pour Paris. ce sera par luij ou par quelques autres de ces messieurs que nous attendons nostre fait. Vous scavez que la Niveen a eu deux annonces desia avec le Buat et se marieront sans aucune ceremonie a PatijneburgGa naar voetnoot15) ou ils se sont retirez depuis dix ou | |
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douse jours, sur quoy la grande affaire survenue fait qu'on ne songe non plus a elle comme si elle n'estoit point au monde. LangueracGa naar voetnoot16) qu'on croioit estre allé a Culemburg pour assister le ConteGa naar voetnoot17) son ami de bon conseil afin qu'il n'entreprist rien qui pourroit nuire apres a sa jurisdiction, vient d'estre mené prisonnier ce matin en la Chatellenie de la Cour, par quelques soldats des Gardes. les ComissairesGa naar voetnoot18) qui sont encore a Culembourg l'aijant fait arrester la, on ne scait pas encore le pourquoy mais on dit que c'est pour avoir contribué a persuader le Comte de laisser eschapper Mortagne, et si cela est, il pourra fort mal passer son temps comme le comte mesme. Les Etats d'hollande qui sont assemblez encore et l'estoient desia lors du Rapt, estant acharnes comme des diables contre le Comte, le ravisseur et ses complicesGa naar voetnoot19), on a arresté aussi un advocatGa naar voetnoot20), qui avoit receu une lettre de Mortagne ou Langerac par la quelle on le prioit d'aviser en cette affaire. Madame la PrincesseGa naar voetnoot21) a fait visiter hier la pucelle et luy a fait faire compliment sur son heureux retour et luy tesmoigner la part qu'elle avoit prise a son malheur, et Messieurs de la Cour ont trouué bon qu'elle vit tout le monde pour faire voir son jnnocence, ses parens et tuteurs aijant voulu qu'elle se retirast en Zelande. Le RijngraveGa naar voetnoot22) et autres personnes de condition s'estants presentees ce matin, a la Chatellenie pour parler a Languerack on le leur a refusé, et on ne luij fait parler a personne. On l'a examiné ce matin mais on ne scait rien encore du resultat. tout le monde le plaint quoy qu'on ne sache encore s'il est coulpable, enfin le Comte en toutte façon sera la duppe, s'il livre Mortaigne pour lavoir si longtemps gardé, et s'il l'a laissé echapper, adieu la souueraineté sans ressource. Voicy de la poesie mais composee avant mesme qu'on sceut s'il voudroit rendre la pucelle ou non. Culembourg si tu veux ne pas devenir Troije.
Pour sauuer Orleans donne Paris en Proije.
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La Pucelle jadis nommee d'Orleans
Fist bien parler de soy par ses rares faits d'armes.
Une autre d'Orleans a present par ses charmes,
Fait esclatter son nom au dehors, au dedans.
Mais il y a un point entre elles different.
L'une sauva son Roij, l'autre perd son AmantGa naar voetnoot23).
Cet amant is Jan van Vlaerdingen qui auroit esté fiancé avec elle le lendemain du Rapt. la Chanson jmprimee jcij jointe a esté chantee deux jours durant op de Kapels Brug, et sur le marché en publicq. Adieu met den naesten breeder van allesGa naar voetnoot24). |
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