No 988.
Christiaan Huygens à [Lodewijk Huygens].
8 mars 1662.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
le 8 mars 1662.
Je vous remercie de l'adresse de mes lettres et des voyages faits a ma sollicitation. En revanche nous aurons soin de vos recommandations en recevant bien les pelerinsGa naar voetnoot1) qui sont en chemin, a quoy aussi nous obligent les ordres de mon Pere.
Monsieur Petit s'estonne peut estre que les nombres de ma table des aequationsGa naar voetnoot2) sont differents de ceux qu'il trouue dans quelques autres, mais il doit scavoir, que cette diuersitè n'empesche pas que l'effect n'en soit tout le mesme, et que de la miene j'en pourois former plusieurs autres qui auroient les nombres tout differents, et qui serviroient pourtant de mesme qu'elle. qu'il essaye donc si l'effect de ses autres tables, lors qu'il s'en sert selon les regles que les autheurs prescriuent, ne s'accorde pas avec celuy de la miene. que si cela n'arrive point, je puis l'assurer qu'elles ne sont pas calculees sur un bon fondement, car je n'ay pas seulement la demonstration pour moy mais aussi l'experience; le cours de mon horologe qui continue d'aller depuis 4½ mois, verisiant exactement le calcul de ma table. Vous avez pris bien de la peine a me copier la longue lettreGa naar voetnoot3) de Monsieur de Fermat, et je vous en suis obligè, parce qu'a cet heure j'ay contentè ma curiositè, quoy que je ne trouue guere de satisfaction dans sa doctrine. Il suppose bien des choses touchant la nature de la lumiere et de celles des corps diaphanes, desquelles il n'y a point de certitude; et apres cela encore ce pitoyable axiome, que la nature opere tousjours par les voyes les plus courtes, par lequel je n'ay jamais veu qu'on aye bien demonstrè aucune veritè. Pour faire donc l'accord entre luy et Monsieur des Cartes je dirois que ny l'un ny l'autre a prouvè le theoreme fondamental des refractions, et qu'il n'y a que la seule experience qui nous en rende certains.
Quelque opinion qu'ait Monsieur Petit de la capacitè de Monsieur le Duc de Roanes pour les choses de Mechanique, je vous assure qu'il en a plus que luy, et vous verrez, quand vous luy communiquerez quelqu'une de mes dernieres experiences, s'il n'en raisonne pas plus subtilement que l'autre.
Il me tarde de veoir le seigneur Chaise qui nous scaura raconter par le menu l'histoire de tous vos passetemps et masquerades de Paris. Son horologe est entre mes mains depuis 4 jours, et apprend a aller juste aupres de la miene, qui le scait