Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659

N^o 674.
Ism. Boulliau à Christiaan Huygens.
10 octobre 1659.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 671. Chr. Huygens y répondit par le No. 683.

A Paris le 10. Octobre 1659.

Monsieur Chr. Hugens.

Monsieur

Je doibs response a deux de vos lettres, dont l'vne me sut apportee par l'ordinaire la semaine passee du 25 du passé, la seconde¹⁾ me fut rendue il y a deux jours par Monsieur Sherburn²⁾ qui est sans date. Ce Gentilhomme m'a rendu seulement le jour d'hier les 3. exemplaires de vostre Systeme de Saturne, dont j'en feray rendre deux a Messieurs de Monmor & Chappelain. & lors que j'auray receu les 10. que vous auez mis dans les balles de Monsieur Elzeuir je ne manqueray pas d'en faire la distribution suiuant vos ordres, & Messieurs Chanut & Petit seront seruis comme vous le desirez.

1) Nous n'avons pas trouvé cette lettre.

2) Consultez la Lettre N^o. 671.

[p. 492]

La nouuelle estoile, dont parle la Gazette de Rome, est sans doute celle du Cygne³⁾, que je trouue vn peu moins resplendissante que l'annee derniere. mais pour la grandeur elle me semble egale. Je vous prie de me faire scauoir si Messieurs de Leyden y remarquent cette difference.

J'ay parcouru vostre liure du Systeme, je vous suis tresobligé de l'honorable mention que vous y faictes de moy. J'ay rencontré l'opinion de Monsieur de Roberual, qui est fort chimerique, aussi bien que toutes les autres quil a en matiere de physique; s'il n'estoit pas meilleur Geometre il ne meriteroit pas le titre que vous luy donnez. Je ne scay pas comment l'on peut attribuer a des causes non durables & qui operent inegalement des effects perpetuels & toujours semblables. & de plus attribuer a vne simple apparence, ce qui manifestement est vn corps. Ce sont des raisonnemens de ceux qui n'ont jamais obserué, & qui veulent rendre raison des choses qu'ils n'ont pas veues & qu'ils ne cognoissent pas. Si je ne cognoissois vostre candeur, Je croirois que de propos deliberé vous auriez inseré son opinion dans vostre liure pour le rendre ridicule entre les philosophes, j'en excepte ceux qui traictent la physique a la mode d'Epicure, qui ignoroit & Mathematique, & tout ce qui regarde la nature du mouuement.

Lorsque j'auray plus de temps que je n'ay pas, je liray tres exactement vostre liure, & je le confereray auec celluy⁴⁾ de Monsieur Heuelius, qui trauaille comme j'apprens a verifier les lieux des estoiles fixes, qui sera vn trauail merueilleux.

Je vous prie de me faire scauoir si l'on a obserué en Hollande l' 11.^e du passé au matin la ☌⁵⁾ ♃ & ♀. Je l'ay obseruee icy de la sorte.

Die. 11. Septembris 1659. Hora 5. matutina Jupiter a Venere tubo conspectus distabat. ′28. erat Venus ipso altior supra horizonten, & in azimutho orientaliori quam ipse ′3. Tabulae Philolaicae exhibent tunc temporis ☉ in graduum 18.′9.″56. ♃ in ♌ graduum 29. 22. Borealis Latitudinis graduum 0.′53. ♀ in ♌ graduum 28.′59. Borealis Latitudinis graduum 1.′8. ex quibus distantia inter duos planetas colligitur ′27. & paulo plus, valde congruens obseruationi. Ephemerides Eichstadii reponunt ♃ in ♌. graduum 29.′18.″45 seu graduum 29.′19. Borealis Latitudinis graduum 0.′51. in ♀ in ♌ graduum 29.′3. Borealis Latitudinis graduum 1.′8. vnde distantia inter vtrumque colligitur ′21. qui calculus ex Rudolfinis⁶⁾ minus congruit coelo quàm Tabularum Philolaicarum.

3) Consultez sur cette étoile la Lettre N^o. 518.

4) Voir l'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 302, note 2.

5) Signe de la conjonction.

6) Tabvlae Rudolphinae, quibus Astronomicae Scientiae, temporum longinquitate collapsae, Restauratio continetur; A Phoenice illo Astronomorum Tychone, ex Illustri & Generosa Brahaeorum in Regno Daniae familià oriundo Equite, primum animo concepta et destinata Anno Christi mdlxiv: exinde observationibus siderum accuratissimis, post annum praecipue mdlxxii, quo sidus in Cassiopeiae constellatione novum effulsit, seriò affectata; variisque operibus, cum mechanicis, tum librariis, impenso patrimonio amplissimo, accedentibus etiam subsidibus Friderici II. Daniae Regis, regali magnificentiâ dignis, tracta per annos xxv. potissimum in Insula freti Sundici Huenna, & arce Uraniburgo, in hos usus à fundamentis extructâ: tandem traducta in Germaniam, inque Aulam et Nomen Rudolphi Imp. anno mdiic. Tabulas ipsas, jam et nuncupatas, et affectas, sed morte Authoris sui Anno mdci. desertas, Jussu et Stipendiis fretus trium Impp. Rudolphi, Matthiae, Ferdinandi, annitentibus Haeredibus Braheanis; ex fundamentis observationum relictarum; ad exemplum ferè partium jam exstructarum; continuis multorum annorum speculationibus, & computationibus, primum Pragae Bohemorum continuavit; deinde Lincii, Superioris Austriae Metropoli, subsidiis etiam Ill. Provincialium adjutus, perfecit absoluit; adq; causarum & calculi perennis formulam traduxit Ioannes Keplerus, Tychoni primum à Rudolpho II. Imp. adjunctus calculi minister; indeq; Trium ordine Impp. Mathematicus: qui idem de speciali mendato Ferdinandi II. Imp. petentibus instantibusq; Haeredibus Opus hoc ad usus praesentium & posteritatis, typis, numericis propriis, caeteris & praelo Jonae Saurii, Reip. Ulmanae Typographi, in publicum extulit, & Typographicis operis Ulmae curator affuit. Cum Privilegiis, Imp. & Regum Rerumq; publ. vivo Tychoni ejusq; Haeredibus, & speciali Imperatorio, ipsi Keplero concesso, ad Annos xxx. Anno m.dc.xxvii. in-folio.

[p. 493]

Vous m'obligerez grandement s'il vous plaist faire mes treshumbles baisemains a Messieurs Heinsius, Vossius, Gronouius & Schotten. Je suis aussi tresveritablement

Monsieur

Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Boulliau.

A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem A la Haye.