Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659
(1889)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 480.
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propre axe et dans celuy qu'il fait en trente annees au tour du Soleil ou du centre du Monde. Neantmoins cette explication me semble peu soustenable a comparaison de la vostre et je ne pus mempescher de luy objecter quil ny auoit point dapparence que de simples vapeurs pussent reflechir la lumière de Saturne jusqu'a nous veu la distance comme infinie quil y a de son globe au nostre; et que cestoit bien tout ce que pouuoit faire vn solide aussi vaste que deuoit estre le corps de cette Planette; Cela ne luy fit pas pourtant changer d'opinion soustenant tousjours que pour la reflexion elle se faisoit aussi fortement dvn nuage que dvn rocher et dvn liquide que dvn solide. Je ne dis rien des autres apparences de cette Planette en diuers temps ou il ne me parut point du tout satisfaire au prix de vous, quoy quen luy faisant voir vostre premiere lettre il tesmoignast de croire que vous eussiés ou emprunté ou imité vostre hypothese de Saturne sur la sienne laquelle il vous auoit communiquee au voyage que vous fistes en France il y a deux ou trois ans. Quant a la construction de lhorloge je ladmire plus que je ne la comprens soit par la durete de mon intelligence, soit par vostre trop succinte exposition. Quoy quil en soit l'inuention vous en sera tresglorieuse puisquelle a reussi dans la pratique et qu'on commence desja a sen seruir en vos quartiers. Par la figure que vous m'en aues tracée je ne voy ce me semble desset que celuy que produisent les poids et contrepoids et je n'y entens point celuy qui doit estre causé par le ressort, la situation des poids et du ressort estant differente. Si vous preniés la peine de me distinguer plus particulierement tout cela et de me le rendre plus conceuable je vous en serois fort obligé. Au reste quelquvn nous auoit dit que par cette horloge de nouuelle fabrique vous pretendies faciliter la nauigation et trouuer le secret des longitudes. Vous me feres grace aussi si vous me mandes le fondement de ce bruit afin que sil est vray je me puisse resjoüir auec vous d'vn succes si admirable de vos estudes, de l'eclatante gloire qui vous en reuiendra outre la suitte des auantages de fortune, quoyque vous ne les cherchiés pas et que vous n'en ayes pas besoin mais que Messieurs les Estats se sont engagés a donner a quiconque leur fournira le premier vn secours si desire d'eux et si peu attendu de tout le monde. Maintenant Monsieur, bien que je fusse fort tenté de faire voir vostre excellente lettre a nostre Assemblee des demain pour vostre honneur, comme je vous voy dans le doute qu'il soit encore a propos de rendre le Systeme de Saturne public, je nay osé le hazarder sans en auoir vne expresse permission de vous et n'ay pas voulu estre moins discret que la esté Monsieur BouillaudGa naar voetnoot3) qui me dit bien il y a six mois que vous luy auiés justifie vostre hypothese, mais sans m'en rien dire dauantage de peur de vous manquer de secret. Je jouiray donc en moy mesme de la confiance que vous aues prise en moy pour cela jusques a nouuel ordre, et en attendant je vous diray que pose que vous soyés bien confirme dans la creance de la verite de vostre Systeme il n'y a nul peril a le | |
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publier des a present par cette lettre et quil y en a a ne le point publier par la mesme raison qui vous persuada de publier vostre lune lors que je vous representay que si quelqu'vn penetroit vostre pensee et vostre obseruation il sen pourroit attribuer l'honneur en la publiant le premier. Vous y penseres et quand vous m'aurés laissé la liberté de la faire connoistre je dis celle de vostre Systeme je me charge d'en donner connoissance a Son Altesse Royale Monseigneur dorleans par lvn de ses principaux Officiers, grand Amateur des Mathematiques et l'vn de mes intimes Amis. Monsieur BigotGa naar voetnoot4) vous saluera en mon nom en reuenant de Francford. Je vous supplie dembrasser Monsieur Heinsius pour moy et de me croire entierement
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Chapelain. De Paris ce 12. Auril 1658.
A Monsieur Monsieur Christianus Hugens de Zuilichem. A la Haye en hollande. |
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