No 242.
Constantijn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
28 octobre 1655.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
A la Haye le 28 d' Oct. 1655.
Mon Frere,
Par le dernier ordinaire je n'ay rien eu de vous ny du frere Louis et ay este obligé de me contenter des nouvelles generales de la famille. Mes airs ne viennent pas non plus, qui est chose moult desraisonnable; car je scay bien que je n'auois pas esté si long temps à Paris que je n'en eusse desja fait provision de quelques uns. Je vous feray le souhait du Sieur Tassin, Dieu vous amende. J'ay receu ces jours passés une lettre du Sieur Kalthoven qui me prie d'auoir patience encore pour quinze jours, me promettant que des qu'il sera de retour d'un petit voyage qu'il est obligé d'aller faire sa premiere besogne sera de nous faire une forme comme je l'ay demandée. Je ne me haste pas par ce que je ne croy pas de rien faire que vous ne soyez de retour. VogelaerGa naar voetnoot1) m'importune tousjours pour avoir une longue lunette; et j'ay resolu de luy en faire faire une de ce verre de dix pieds que j'ay encore en reserve et qui est raisonnablement bon. Le Poleiser m'a esté voir ces jours, il ne fait rien d'importance, mais il est apres à inventer un instrument pour tourner les formes de fer de telle longueur il luy plaira, lequel comme il me le descrivit sera subject a beaucoup d'inconvenients, il seroit trop long de vous en donner la description, et mon pere me presse pour avoir cette lettre. Du Cousin Huygens nous n'attendons pas encore chose d'importance si ce n'est qu'il est à Anvers avec sa bien aymée et se pourmene cà et là disant qu'il a desja esté marié quelque temps et vient pour se divertir. La Tante HuygensGa naar voetnoot2) a escrit une lettre assez picquante à
BergaigneGa naar voetnoot3) et ce de l'advis des parents d'icy et de mon Pere; sans que je voys pourtant à quoy cela servira si ce n'est pour le faire enrager. Van Ruyven et Messing receurent hier sentence le premier de bannissement pour dix ans, l'autre pour toute sa vie. Tant que je puis voir vous ne serez pas tout l'hiver en France pour chose que puisse dire l'oncle Doublet; ces billets de huict cent francs l'incommodent trop, comme sans doubte il ne s'en cache pas a vous, non plus qu'a moy qui ay ma part des presches de menage. Adieu.
Pour mon frere Chrestien.