Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5907. Aan M. le Tellier. (H.A.)aant.La response que vous avez eu la bonté de me faire dès le 24e du mois passéGa naar voetnoot2) ne m'a esté rendue que le 9e jour de sa date, qui fut le premier du present. Je ne sçay à quoi en imputer la faulte, mais j'en regrette l'effet infiniment pour avoir esté si longtemps sans connoistre et pouvoir reconnoistre l'obligation que je vous avoy. Elle consiste principalement en ce que vous me faictes la grace d'aggreer que je vous fasse mes adresses en papier. En effect, Monsieur, je choisis ceste voye d'importunité, pour vous sauver de celle de ma presence, qui en vault deux. Je reprens donc ma routte, en attendant les informations qu'on m'a faict esperer au premier jour, de ce qui s'est passé au Rhosne le 7e d'Aoust. Nous sommes obligez de les tirer des mains des officiers du Pape, ou bien, comme j'ay sceu depuis, de ceux du Roy en Languedocq, parce qu'on s'y trouve en conflict de jurisdiction, et semble proprement qu'il s'agit, cuius vulturis hoc erit cadaverGa naar voetnoot3), et c'est ce qui nous retarde la veritable connoissance du faict, qui apres tout, Monsieur, ne se trouvera autre, sinon que nos fermiers à leur instance, et comme cela a esté pratiqué de tout temps, ont esté assistez de fort peu de subjects de S.A. pour les garentir des insultes d'un insolent voiturier, qui les avoit faict menacer de force ouverte, comme desjà une fois il les avoit violentez. Vous sçavez, Monsieur, que le fermier de Languedoc son maistre ne sçauroit justifier ce procedé par les articles de son bail, qui ne peuvent despouiller un tiers de son droict acquis, et qu'en tout cas où il y a tiltre et possession immemoriale, et icelle mesme confirmée par arrests du souverain, comme vous verrez s'il vous plaist aux papiers cy joincts, il n'y a que les voyes de justice ouverte, et que celuy qui choisit celles de faict se doibt imputer les inconveniens qui en arrivent. En suitte, Monsieur, j'ose m'asseurer que vous aggreerez la conclusion de ma remonstrance cy joincte, et aurez la bonté de la faire veoir au Roy, pour en tirer telle resolution qu'indubitablement la justice manifeste fera prendre à S.M.té à la descharge de nos gens, et la prevention de semblables inconveniens pour l'avenir. Je vous supplie tres-humblement, Monsieur, d'y vouloir cooperer favorablement, S.A. mon Maistre y ayant un interest fort considerable. Que si en ceste petite guerre defensive il se trouve quelque exces du costé des Orangeois, comme jusques à present on me le nie hautement, il y a lieu d'esperer que cela mesme pourra ayder à disposer le Roy à souffrir que S.A. soit ou plustost retabli | |
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dans la disposition et gouvernement de son bien, au moyen de quoy il est certain que beaucoup de desordres seront prevenus, qu'on a de la peine à empescher tant qu'on n'est pas le maistre en sa maison. Quarante et quatre années de suitte paisibles et sans desordre en peuvent faire foy. Je vous recommande ce remede general, Monsieur, autant et plus que le susdit article particulier, et qu'il vous plaise ayder à destourner des resolutions conditionnées en sorte que, selon droict, la Tutele d'un Prince mineur ne soit pas capable de les accepter à son prejudice. Apres un argument si fort, permettez moy de conclurre en vous representant la grande oeuvre de charité que vous ferez, en delivrant un miserable de son exil, et en luy donnant subject d'une fois pour toutes vous aller dire à son depart avec combien de passion et de verité il est ..... 7e Sept. 1662, à Paris. P.D. Monsieur, on nous mande que M. le commandeur de Gaut ne cesse de se mesler des affaires de S.A. nonobstant ce que vous avez prins la peine de luy en escrire de par le Roy. S'il vous plaisoit luy en faire un mot de recharge à ce qu'il vueille laisser agir nos officiers selon les ordres de la Tutele qu'on a subject de leur envoyer de temps à temps, et qui ne concernent en rien sa fonction ni le service de S.M.té, cela nous causeroit beaucoup de repos. |
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