Verzameling van kronyken, charters en oorkonden betrekkelijk de stad en meijerij van 's Hertogenbosch
(1846-1848)–Cornelis Rudolphus Hermans– Auteursrechtvrij
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Brief discours d'une mémorable entreprinse,
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☞ Dit Brief Discours en begeleidende brief aan den hertog van Parma zijn geregistreerd in een' codex ten archieve der stad 's Hertogenbosch, geteekend litt. C., no. 25, bevattende copiën van brieven, plakaten enz. van 's lands hooge regering ontvangen en de antwoorden der stad daarop van 1580-1595, en wel fol. vso 85 tot fol. vso 88. | |
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Brief discours d'une mémorable entreprinse, naguères attentée sur la Ville de Bois-le-duc, le XIX de ianvier l'an 1585.Ceulx de l'adverse partie et rebellion contre l'anchienne foy catholicque et la maiesté royalle d'Espaigne et de ces Pays-bas naturel seigneur et prince, qu'on nomme les Gueux, aprez avoir durant certaines années dressé et machiné en vain plusieurs diverses grandes entreprinses sur ladicte ville de Bois-le-duc, à laquelle tousjours leur ha pendu très principale importance, ont dernièrement ces iours passez cuydé tout asseurement et certainement mener à effet et par accomplir leur longue prétension touchant la conqueste d'icelle. A laquelle fin, comme hors l'ensuyte appert, ayant esté au conseil des chieffs desdictz Gueux ou ennemis le moyen du faict présent bien délibéré et puis résolu, et que le conte de Hohenlo en avoit la suprême charge pour l'exécuter, sont esté tiré et ramassé ensemble hors | |
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toutes places de leur meillieures et entrechoisies gens de guerre iusques à la force d'entre trois à quatre mille à pied et six ou sept bandes à cheval, à tout le moins; laquelle rassemblée ha esté traictée et advanchée tant couvertement que dedans la ville on n'en avoit apperceu aulcune particularité de nouvelles ou bruit, aultrement que de coustume. Il est donques advenu au dixneufiesme iour du mois de Ianvyer, estant la vigille de saint Sébastien, de ceste année 1585, du matin environ les huict heures à l'ouverture des portes de la ville, l'entreprinse de l'ennemy fust practiquée à la porte communément nommée de Vucht ou d'Anvers; car il est à sçavoir que au soir précedent l'ennemy, en nombre d'environ cincquante des plus vaillantz, avoit sceu à certain coing propre monter la barrière et y entrer et se cacher et tenir illecq dedans les deux maisonnettes de la garde situées envers le pont-le-viz de ladicte porte, esquelles de iour se tiennent les gardes, et toute la reste du force des ennemiz estoit se tenant embusquée es plus prochaines oportunitez des maisons démolies, bas lieux, rues et tranchées bornants le terre ou possessions dehors, ioignant auprèz et à l'embas la chausée de la ville. Ce se trouvant ainsy sans aulcun le plus moindre descouvrement de danger ou arrière souspeçon par dedans ou dehors, ha esté faicte l'ouverture de ladicte poirte de Vucht au temps et l'heure susdicte (au faict de laquelle ouverture, nommément en la charge laquelle y avoit soubz son serment le contregardeur des balcons leviz illecq pour au mieux les asseurer certain abuz estoit entrevenu) et aprèz que lesdictz balcons et aussy la herse furent tirez et guindez a mont, et puis ladícte porte | |
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ouverte et le pont leviz abaissé et que ceulx de la garde marchoient vers le dehors, s'est l'ennemy subitement avecq grand bruict sailly hors lesdictes maisonnettes et fust auprèz de la garde sur leurs espaules, devant que eurent le pouvoir de repoigner et employer leurs armes, et desfaisans aulcuns des premiers, sont les autres tournez et reculez dedans la ville. Et oultre ce certain trahistre incontinent se manifesta et laissa trouver au costé du susdict contregardeur des balcons, et lui engarda et empescha l'exécution de son office, en sorte que l'ennemy est demouré absolut maistre d'icelle porte et ce qu'en dépend, et abbatust incontinent la serrure de ladicte barrière, et envoia quant et quant en hault ung sargeant avecq quelques soldarts sur la porte pour garder en toute seureté les balcons et herse, illecq là où le guéteur de la ville spolié de son argent et maltraicté, ha esté par eulx bouté en certaine tourette et coing et là dedans enserré comme cuidoient. Sur cestuy préparatif la force de l'ennemy qui se tenoit au dehors s'est iettée devers la ville d'une aislée vistesse, et premièrement y est accourrue à pleine carrière et entrée une grande et force bande de cavallerie et avecq les soldartz qui avoient gaigné la porte, et ceulx qui estans en hault sur icelle, desjà avoient terriblement deschargé dedans la rue, firent en brief espace reculer et quitter la première résistance là commencé: par ce ayantz à leur volonté gaigné toute la rue, nommée le Vuchterendyck, iusques à la porte intérieure, appellée la porte de la saincte Croix, comprenant en sa longueur quatre cent et cinquante pas d'une commune marchure, et au mesme temps estoient les aultres gens de l'ennemy aussy puissamment marchez dedans et avoient prins et | |
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conquiz tous les rampars des deux costez du Vuchtereneynd, là où estoient bien quinze pièches de la principale artillerie de la ville. Ceulx de la ville, selon la possibilité du nombre auquel ilz se trouvoient, le quel au commenchement en si subite et prégnante accelération et que plusieurs personnes estoient encoires à peine bien habillées, se pouvoit fort sobrement ioindre ensemble, estoient en toutes manières très hardiment monstrans teste, des quelz aulcuns avecq bonne pourvoyance ou inspiration courrurent au coing auprèz la grille et pont derrière le monastère des frères croisez, pour illecq arrester aussy l'ennemy et obvier à son ultérieure et plus ample conqueste du rempart là en avant, ainsy qu'il est aussy succedé. En oultre la force de l'ennemy ha avec telle puissance poussé en avant dedans la rue principale, que les résistans, alors y estans, furent nécessitez de reculer iusques à les rues dictes de Postel strate et de St. George, estant plus de deux cent pas susmentionnez passant la susdicte porte de Ste. Croix vers le dedans, et en ce lieu ont entrejeté au travers de la rue aulcuns chariotz de brasseurs avecq une vaillante vistesse, et par ce rompu le procourrement de l'ennemy à pied et à cheval, et deschargeans incontinent asprement sur luy, l'ont de rechieff chassé en arrière iusques en oultre le pont du Moulin illecq, à moictié chemin de vers ladicte porte de Ste. Croix, et auprèz cestui pont ont ceulx de la ville alors conquiz et tenu ferme pied allencontre l'ennemy avec fort grand travail et difficulté. A tant avoit le susdict ennemy aussy occupé la rue dicte la Berwerstrate, estant une longue et large rue, par devant ayant sa sortie dedans la rue principale auprèz ledict pont du Moulin et par derrière ouverte et ayant | |
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ses ouvertures sur les rampars de la ville, dehors laquelle l'ennemy puis aprèz fort difficullement se pouvoit en chasser, y tenant pied iusques à son extrême environnement et défaicte; et oultre ce se fist ledict ennemy semblablement maistre de tout le compris des rempars de la ville, à commencer du iardyn de la compaignie des ieunes arbalestriers iusques à la porte de St. Iehan, allencontre quoy ceulx de la ville se sont vistement mis en résistance, au coing auprèz ladicte porte de St. Iehan, là où l'ennemy avecq deux enseignes desploiées vient comparoistre et donner trèz dur assault. Or quand audict ennemy ainsy en trois diverses parts le pied fust présenté et tenu, si est ung chascun à l'envy en très brief espace accourru devers les alarmes et en abondance accreu et s'y ont valereusement entre assisté, en toute sorte que la hastivité du péril pouvoit permettre. Monseigneur de Haultepenne estoit droictement quelques iours au paravant venu dedans la ville, estant encoires indisposez en sa bonne santé, et comme sa seigneurie entendist ledict alarme, n'ha guères différé de s'y ioindre vistement, du premier seulement avecq son espée, donnant par ce aussy aux bourgeois très singulier bon encouragement, et avecq interval de temps luy furent amenez le corselet et cheval, avecq lesquelz en oultre s'employast très louablement. Donc ont ceulx de la ville avecq l'ayde de Dieu monstré et usé autant forte résistance et contenance, que lesdicts ennemiz de fois à aultre furent nécessitez s'effraier grandement en leurs advanches et en partie se reculer et rendre fugitifs en arrière dehors la ville, nonobstant que alors ils avoient, sans la cavallerie iusques à deux bandes du moins, encoires bien sept enseignes desployées dedans le compris du Vuchte- | |
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reneynd et leur meilleure et plus grande force de rondassiers et musquetiers, car on croit qu'ils ont esté dedans bien largement en nombre de quinze cents. Le conte de Hohenloe, le coronnel Yselsteyn et les aultres chiefs et officiaulx firent toute extrême diligence par commander et par battre, pour faire leurs gens en leurs courraiges amoindrissans oultrepasser et tenir front: et sur ces entrefaictes est ledict conte de Hohenloe avecq plus d'aultres tourné en arrière dehors la ville, soit peut estre pour faire advancher aultre reste de gens ou que les affaires ne leur pleurent guères au myeux, et ce bien grandement à leur prouffit, car il est advenu que les susdicts sergeant et soldartz, auxquelz estoit enchargée la garde sur la porte de Vucht, sans arrière pensée sur le submentionné guetteur, soit par tentation de butin, comme l'on veult dire, ou pour aultre occasion, sont descenduz en bas, ce que celluy de la ville appercevant, eult le sçavoir de dextrément sortir hors sadicte encloissure et puis aprèz de fermer et s'asseurer de l'huys de la montée, et ainsy laschée et faire tomber les balcons et la herse illecq avec ung grand esbahissement et fraieur de l'ennemy, de tant plus pour ce que aultrement aussy il estoit dedans le poinct de retraicte. Ceulx de la ville estoient cependant, sans toutesfois recepvoir aulcune cognoissance de la cheute desdicts balcons, de plus en plus fortement et valeureusement escarmouchans, et sur tout très horriblement en la rue principalle auprèz ledict pont du Moulin, non pas toutesfois avecq beaucoup moindre danger et vaillantise tant derrière le susdict monastère des frères croisez que très singulièrement auprèz la porte de St. Iehan, de quel costé la cavallerie soubz le seigneur de Helmont, lequel non | |
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obstant qu'il fust alors malade, se laissa semblablement trouver valereusement, estant forte dedans la ville à peine à la moitié de la bande, donna grande assistence, comme fist aussy à toute ultérieure poursuyte du repoussement de l'ennemy, et semblablement par tout avecq ung commun valereux couraige poussans et se iectans sur ledict ennemy, non obstant que en celle coniuncture encoires il deschargea entre les bourgeois certaine pièche d'artillerie, l'ont en partie défaict et en partie faict choisir et prendre le sault pardessus les ramparts dedans fossez de la ville, par lesquelz, à cause d'aulcuns ses lieux guéables, avecq plusieurs centaines est eschappé et aultrement y dedans noyé et demouré en très grande multitude, avec bien grand changement de leur costé, lesquels premièrement avoient esté criants: ‘Victoire, ville gaigné, ne laissez vivre nulluy, n'espargnez ny femme ny enfant.’ Dont tout considéré, doibt on entièrement confesser que la grace et l'ayde de Dieu tout puissant en toutes manières très miraculeusement ha oeuvré pour le costé de la ville, leur ayant [donné]Ga naar voetnoot(1) et dirigé telle vaillantise et force, laquelle au plus périlleux danger s'en a peu tenir contre toute la grande ains malheureuse puissance de l'ennemy en contrepoix, quand ce ne fust, sans cecy encoires, que tant seulement depuis la cheute des susdictes balcons leviz l'ennemy en fort brief espace fust survaincu, lequel en si grand nombre estoit occupant un si fort compris et contour de la ville, lequel soy mesmes assez en forme d'ung chasteau se desseigne, y ayant plus que assez de moyen pour si longuement escarmoucher qu'on eusse peu faire ouverture d'une porte fermée, au | |
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cas qu'ils eussent eu envie d'y remordre de rechief avec leur pleine puissance et que ceulx de la ville ne leur eussent ainssy aliéné et renfermé le couraige; mais ayans encoires par coupemens et brisemens à travers la susdicte herse recouvert à leur advantage de rechieff certaine ouverture, ont advanché et faict avecq ce semblable proufit, comme les aultres firent par les fossez de la ville. On ha conquiz dedans la ville environ ving rondasses ennemyes et grande abondance de musquettes, d'aultres harquebouses et de toutes sortes de corseletz et armures avecq bien notable grand nombre de bons chevaulx, et si on ha trouvé que du costé de l'ennemy assez oultre cent et soixante, y comprins certain petit nombre de prisonniers qui bien tost aprèz y furent quant et quant aussy dépechez. Dedans ladicte ville ont esté tuez et mis à mort, entre lesquelz furent ung Truxes, frère du apostat archevesque de Couloigne, item le bastard de Nassau ou filz naturel du prince d'Orange, selon toute présumption, et oultre ce plusieurs divers capitaines, lieutenans, enseignes et aultres officiaulx et gentilz hommes, tous lesquelz iaçoit que soyent aussy de singulier renom et estime, pour cause ne se mettent icy par noms, pardessus lesquelz aulcuns d'importance encoires devennent prisonniers, et de semblable estoffe sont les noyez aussy notablement esté accompaignez, desquelz beaucoup oultre la centaine ont esté tiré dehors, retenans encoires pour les poissons ung bon nombre, guères trouvables es profunditez et abismes de l'eaue illecq. Oultre ce peult l'ennemy mesme sçavoir en quelle belle façon de gareture et compaignie de mortz et blessez tant à chariot que aultrement il s'est retiré par le chemin de rechieff en arrière vers le logiz, quoy concernant le bruict assez am- | |
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plement en vole et apporte nouvelles de plusieurs centaines. Ceulx de la ville n'ont peu faillir de souffrir aussy desplorable dommage en ung si dur escot et combat ayant duré iusques aux onze heures devant midi, et doibvent avoir la patience et se consoler avecq le nombre de six vingtz bonnement, tant mortz que blessez, desquelz les deux tierce parts à peine restent encoires en vie et selon qu'on espère curables. Sur ce soit repos aux trespassez, paix et tranquillité aux vivans et louange au bon Dieu omnipotent. | |
Monseigneur,Nous avons estimé convenir d'adviser et informer Vre Alze plus particulièrement et au vray de ce que dernièrement est advenu en l'entreprinse que l'ennemy avoit attenté sur ceste ville, auquel effect servira le petit discours qu'envoyons cy ioignant encloz, ce que pareillement pourra faire cesser et quicter la place à tous aultres rapports à ce non conformes qui quelquesfois se pourroient advancher et procéder par affections, et nous rapportons mesmement à monseigneur de Haultepenne sur la vérité dudict discours ou histoire, puis que sa Srie en peult tesmoigner de veue et d'actuelle coëxpérience, et que de cecy ha eu aussy préallable communication. Oultre ce est mort prisonnier ung Abraham van Lyndenauw [?], ung gentilhomme principal auprèz du conte de Ho- | |
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henlo, de ses blessures; ung aultre Martin Sidenberger, lieutenant de la compaignie du conte Guillaume de Nassou, se trouve fort blessé; item un Escossois, lieutenant de la compaignie de cavalierie du conte de Hohenlo, ha une blessure en la teste; item Pierre de Voisin, lieutenant capitaine de la compaignie du prince d'Espinoy, tout sain, entre les morts est encoire recognu; un certain Kinske, maistre d'hostel dudict conte. Et combien que plusieurs personnaiges d'estime et d'estat de la guerre encoires y soyent demourez, si est ce que le subit despouillement et la condicion des blessures aux morts ha obscurchy et empesché leur recognoissances: l'on tient assez fermément que monsieur De Cordes, Escossois, capitaine d'une compaignie de lances, en soit aussy du nombre. Nous remerchions très humblement V. Alze de la favorable louange qu'elle est donnant aux bourgeois de la ville par sa dernière lettre du 22e du mois passéGa naar voetnoot(1) et avons aussy | |
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rendu à Dieu, le Créateur, les graces condignes en la plus grande et dévote solemnité qu'il ha esté possible, pour le très grand benéfice dont il ha usé en notre endroict; et concernant l'admonition pour doresnavant estre continuellement sur noz très soigneuses gardes, se pourra asseurer V.A. que y entretiendrons tel ordre, diligence et valerosité, que l'ennemy ne pourra trouver facillement sur quoy bastir quelques siens desseings.
Toutesfois puis que recepvons grandz advertissemens qu'il ne cessera de prétendre tout possible vengeance, vouldrions prier Vre Alze qu'elle fusse servie de nous faire avoir ichy à la main et auprèz de nous toute la compaignie de la cavallerie sous le Sr de Helmont, à fin de tant plus estre pourveuz contre tous inconvéniens. | |
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Monseigneur, à tant prions le Créateur, d'octroyer à Vre Alze l'accomplissement de ses très haultz et très vertueux désirs et entreprinses, nous recommendans très humblement aux bonnes graces d'icelle. De Bois-le-duc, ce sixiesme de Febvrier l'an 1585.
De Vre Alze
Très humbles et très obéissans,
les magistrat et conseil de la ville de bois-le-duc.
Superscription: A son Alteze. |
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