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Notes du cinquième chant.
Page 184 vers 19.
Le Batave, au génie élevant des autels,
Gravera sur l'airain les Hoofts et les Vondels.
Hooft naquit à Amsterdam en 1581; Joseph Scaliger fut un de ses professeurs à l'université de Leyde. Il voyagea en France, en Italie, et perfectionna ses études dans la patrie d'Horace et de Virgile. On a de cet écrivain plusieurs ouvrages en vers et en prose très-renommés. - Nous avons déjà eu occasion de parler de Vondel dans le premier chant. Helmers nomme encore ici Bilderdyk, notre contemporain: supérieur à Hooft, à Vondel, Bilderdyk sera éternellement la gloire de la littérature hollandaise. Dans son Cours préparatoire à l'étude de la langue hollandaise, M.X. Wurth, aîné, a donné une excellente notice sur ce grand écrivain.
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Page 188, vers 5.
Copernic, il est vrai, dans sa marche intrépide,
S'avance, et le premier des airs franchit le vide.
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‘Copernic n'est pas le premier, dit La Harpe, comme il est trop ordinaire de le croire, qui ait placé le soleil au centre du monde, et qui ait fait tourner autour de cet astre la terre et ses planètes. Près de deux mille ans avant lui, un des disciples de Pythagore, Philolaüs, avait publié ce système; il venait encore d'être discuté et soutenu à Rome dans le 15e siècle; mais il est resté à Copernic, parce qu'il a réussi à le démontrer.’
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Page 188, vers 9.
J'admire de Newton l'audacieux génie;
Nul ne l'a surpassé dans sa course infinie:
Tel que ces globes d'or suspendus dans le ciel,
Sur l'abîme des temps son nom est éternel.
Je suis Herschell vainqueur dans la plaine étoilée;
Ma Muse aime à citer Lalande et Galilée;
Mais fier de mon pays, sur mon luth orgueilleux,
Je chante de Huigens les travaux merveilleux.
Delille a dit dans son poème des Trois Règnes de la nature:
Gloire à Dieu qui créa les mondes et Newton!
On sait que cet étonnant génie démontra le plus clairement qu'il était possible, le système du monde et les lois du mouvement. Le rapprochement de Lalande et de Galilée prouve combien Helmers aimait les sciences et qu'il admirait les grands hommes, quelle que fût leur patrie. Galilée était fils d'un noble Florentin. Il embrassa le système de Copernic, et rendit sensibles aux yeux les vérités qu'il avait enseignées. En 1611, l'Inquisition lança contre lui un décret et lui ordonna de ne plus soutenir son système ni de vive voix, ni par écrit. Le philosophe pu- | |
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blia des dialogues, en 1632, où il développa de nouveau ses grandes idées sur le mouvement de la terre. L'Inquisition le traduisit devant son tribunal; et Galilée, le 22 juin 1633, fut condamné par un décret signé de sept cardinaux. Agé alors de 70 ans, Galilée eut la faiblesse de se soumettre et de demander pardon à genoux des vérités qu'il avait démontrées; mais se relevant, et sentant des remords d'avoir fait un serment que sa conscience démentait, il dit, l'oeil baissé vers la terre, et la frappant du pied: cependant, elle remue! e pur si move!
Huigens, astronome hollandais, né à La Haye en 1629, fut fixé à Paris par Colbert, qui lui fit obtenir une pension. Il découvrit l'anneau du quatrième satellite de Saturne, perfectionna les lunettes dioptriques, et inventa les pendules astronomiques. Il fut contemporain du célèbre Leibnitz.
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Page 189, vers 19.
Avec un juste orgueil je proclame Boerhave,
Et le nom d'un grand homme a vengé le Batave.
Boerhave naquit à Voorhout, près de Leyde, en 1668; pendant sa vie, Leyde devint l'école de l'Europe pour l'étude de la chimie, de la médecine et de la botanique. Le czar Pierre, en 1715, voulut prendre des leçons de ce grand homme. Son nom était répandu dans tout l'univers. On lui écrivait de la Chine: A l'illustre Boerhave, en Europe. Il laissa quatre millions à sa fille. Ses successeurs ont assez hérité de lui le talent de s'enrichir.
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Page 190, vers 7.
Puis-je vous oublier, Ruisch, Kamper, Albinus.
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Afin de varier les formes du style, j'ai fait ici quelques changemens à la transition du poète hollandais, et j'ai cru devoir supprimer sa boutade contre les Bretons, qui n'est que la répétition d'une idée précédente. Les savans que je viens de nommer se sont fait une brillante réputation comme naturalistes. L'anatomie doit à Ruisch l'art de préparer et de conserver les cadavres, comme si la vie les animait encore.
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Page 190, vers 21.
Voyez cet exilé de la belle Helvétie.
J'avais traduit ce passage, lorsque je me rappelai que Delille avait chanté ce patriotisme des habitans des rochers helvétiques, dans son poème de l'Imagination. Il paraîtrait d'abord que Helmers a imité cet endroit; mais d'autres poètes ont aussi exprimé les mêmes idées: les auteurs doivent nécessairement se rencontrer quand ils peignent la nature. Les vers de Helmers sont pleins desensibilité. Voici ceux de Delille:
‘Mais voyez l'habitant des rochers helvétiques:
A-t-il quitté ces lieux tourmentés par les vents,
Hérissés de frimas, sillonnés de torrens?
Dans les plus doux climats, dans leurs molles délices,
Il regrette ses lacs, ses rocs, ses précipices,
Et comme, en le frappant d'une sévère main,
La mère sent son fils se presser sur son sein,
Leurs horreurs même en lui gravent mieux leur image;
Et, lorsque la victoire appelle son courage,
Si le fifre imprudent fait entendre ces airs
Si doux à son oreille, à son âme si chers,
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C'en est fait, il répand d'involontaires larmes;
Ses cascades, ses rocs, ses sites pleins de charmes,
S'offrent à sa pensée: adieu, gloire, drapeaux,
Il vole à ses chalets, il vole à ses troupeaux,
Et ne s'arrête pas, que son âme attendrie
De loin n'ait vu ses monts et senti sa patrie:
Tant le doux souvenir embellit le désert!’
‘Aucun peuple dans l'Europe moderne, ajoute Delille dans ses notes, n'a porté plus loin que les Suisses cette espèce de patriotisme qui ne permet pas de trouver le bonheur loin du sol natal; chez eux, ce sentiment ne s'éteint jamais, et la plus légère circonstance le réveille avec une violence irrésistible. Dans les régimens suisses qui sont au service des puissances étrangères, en France, en Espagne, en Hollande, même sous le beau ciel de Naples et sur les rives pittoresques des Deux-Siciles, une chanson, des airs communément appelés Ranz des vaches, que les laitières suisses chantent en allant à leurs pâturages, suffisent pour attendrir le soldat et l'entraîner à la désertion; aussi est-il sévèrement défendu de les jouer. Ces hommes simples et fidèles ne résistent pas au souvenir de leurs montagnes, asile long-temps inviolable de la paix, des moeurs et de la liberté.’
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Page 194, vers 8.
Sans courage et sans voix, nos prêtres d'Apollon
Ne connaissent-ils plus les sommets d'Hélicon?
Helmers, après avoir rendu hommage à Feith et à Bilderdyk, cite Rinker, Loots, Van Hall, Klein, et Tollens: ces poètes
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célèbres trouveront mieux place au temple de mémoire que dans mes vers.
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Page 194, vera 16.
Hugues Grotius fut à la fois jurisconsulte, savant et poète. Il naquit à Delft en 1583. Son traité de jure belli et pacis sera éternellement un des chefs-d'oeuvre du droit public. Ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues. Le chancelier d'Aguesscau l'estimait particulièrement. De nos jours, Cras, jurisconsulte hollandais, a publié l'éloge de ce grand homme.
La comparaison de Grotius avec Atlas, qui termine ce passage, est traduite presque mot à mot de Delille, lorsque, dans le cinquième chant de l'Imagination, il fait l'éloge de Voltaire. En indiquant toutes ces imitations, je donne des armes contre moi; mais j'espère que le lecteur ne sera pas trop sévère en rapprochant ces divers passages. Delille s'exprime ainsi:
Si l'on peut au géant comparer le grand homme,
Je crois voir cet Atlas que la fable renomme,
Qui, seul, réunissant les diverses saisons,
Embelli de vergers, hérissé de glaçons,
Entendait tour à tour les zéphyrs, les orages,
La chute des torrens, les combats des nuages,
Les hymnes des mortels, les doux concerts des dieux,
S'appuyait sur la terre et supportait les deux.
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Page 196, vers 4.
Pascal de ma Patrie, accueille mon hommage!
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Nieuwland, astronome hollandais, qu'une mort prématurée enleva aux sciences. D'abord professeur à Amsterdam, il fut nommé à Leyde par la protection du savant de Bosch, recteur de l'université. - Cette courte élégie sur Nieuwland est de la plus touchante simplicité.
J'ai supprimé ici une tirade contre l'orgueil étranger qui voulait ravaler la Hollande. Comme cette déclamation n'était qu'une répétition de pensées déjà reproduites plusieurs fois, tout en admirant le patriotisme de Helmers, j'ai cru pouvoir la faire disparaître sans faire tort à sa gloire. Le dithyrambe national qui précède ce poème avait déjà accoutumé le lecteur à cette énergique et profonde indignation de notre poète contre les ennemis de sa Patrie. Témoin cette belle strophe du Chant des Bardes, que je cite ici avec une légère variante:
Dieu du Rhin, bientôt sur nos plages,
Au bruit glorieux de tes flots,
Tu verras tes altiers bourreaux
Enchaînés, guider nos troupeaux
Vers nos fertiles pâturages.
Dans la misère ensevelis,
Brigands méprisés, race impie,
Vous deviendrez à jamais de nos fils
Le jouet et la raillerie;
Oui, bientôt, superbes tyrans,
Courbés sous le poids des entraves,
Vous sentirez nos fouets sanglans,
Et vos troupes de vils esclaves
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Page 197, vers 5.
C'est Drebber, c'est Jansen et tant d'autres savans.
Drebber fut l'inventeur du thermomètre, et Jansen du microscope et du télescope. Le premier était d'Alkmaar, et le second de Middelbourg.
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Page 197, vers 15.
Mais des sables, durcis au sein des mers profondes,
Le banc de sable de Pampas, près d'Amsterdam, empêchait les vaisseaux du Zuiderzée de passer au Texel; le hollandais Bakker inventa ces machines appelées en Hollande chameaux, et qui servent à transporter les navires d'une mer à l'autre.
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Page 197, vers 21.
Au génie inventif, là les vents sont soumis.
Helmers rend ici hommage à Uitgeest, l'inventeur des moulins à scier les bois de construction.
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Page 198, vers 2.
Stévin a déployé sa science guerrière.
Stévin a excellé dans l'art des fortifications. On le regarde comme le Vauban de la Hollande. C'est à lui que l'on doit l'invention de ces machines de guerre appelées chevaux de frise.
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Page 198, vers 11.
Mes chants, mes chants sacrés, célébrant nos aïeux,
Rempliraient l'univers de cent noms glorieux.
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Le poète batave rappelle particulièrement les noms de Bekker, Aldégonde, Armyn et Venema, célèbres savans dont la Hollande s'honore.
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Page 198, vers 15.
Descarte en nos climats vint fixer son séjour.
Descartes habita longs-temps Amsterdam. C'est là qu'il fit ses premières applications de l'algèbre à la géométrie.
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Page 198, vers 22.
Spinosa! je devais un tribut à ta gloire!
Ce n'est pas le lieu, ni le moment de chercher à expliquer cet enthousiasme pour ce métaphysicien qui s'enfonça dans la nuit la plus obscure. Spinosa était juif, et vivait en Hollande au 17e siècle. Il eut un très-grand nombre de sectateurs. Chose bizarre! son obscurité même est ce qui a le plus contribué à le rendre célèbre. Son livre intitulé: Tractatus theologico-poliliciis fut condamné par un décret public des États; et malgré cette défense, il se vendit toujours publiquement. Spinosa a pu être un fort honnête homme, doux de coeur, pur de moeurs, comme l'assure notre poète; mais il n'en a pas moins professé des principes fort dangereux. Plusieurs auteurs luthériens, calvinistes et catholiques ont réfuté son livre. Mais, comme dit La Harpe, c'est une peine bien perdue que de chercher à entendre un auteur qui peutêtre ne s'est pas entendu lui-même, et quand Fénélon résume cet inintelligible livre, il ressemble, ajoute le Quintilien français, à Hercule combattant Cacus dans les ténèbres.
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Page 198, vers 23.
Aux champs iduméens quel sons frappent les airs?
On sait que l'Arabie fut le berceau des sciences et qu'avant de fleurir en Europe, elles ont long-temps habité l'Idumée et d'autres contrées arrosées par le Kison, fleuve de cette péninsule d'Asie. C'est de l'Arabie que l'algèbre nous fut apportée. Schultensen, cité par Helmers, voyagea, avec d'autres savans bataves, dans cette partie du globe, pour la prospérité des sciences.
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Page 199, vers 14.
Erasme a vu le jour sur ses rives fécondes.
Erasme naquit à Rotterdam en 1467. C'est à lui que l'on dut la restauration des lettres. Il fut regardé comme un des hommes les plus éclairés de son siècle. Il finit ses jours à Bâle en 1536. On y montre encore son anneau, son cachet, son épée, son couteau, son poinçon, son testament écrit de sa propre main, et son portrait.
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Page 199, vers 25.
C'est Roster! c'est son art qui ravit aux ténèbres
Vos sublimes travaux, vos ouvrages célèbres.
Quoi qu'en publient les Allemands, l'invention de l'imprimerie reste attribuée à Koster, natif de Haarlem. Gutenberg, Faust et Schoeffer ont perfectionné l'art découvert dans notre Patrie; mais la gloire de cette découverte du 15e siècle appartient tout entière au modeste bourgeois de Haarlem, dont le génie tira le monde des ténèbres qui l'enveloppaient.
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L'éloge de Koster présentait quelques superfluités, quelques répétitions d'idées déjà employées ailleurs et que je me suis permis de supprimer.
Le sixième chant traite des beaux-arts. Helmers n'a pas, selon moi, fait une division bien distincte entre les sciences et les beaux-arts. Il aurait dû fondre les deux derniers chants en un seul, et l'intituler: Les Arts. Quoi qu'il en soit, ces deux chants, regardés à tort comme inférieurs aux premiers (sans doute parce qu'ils ne sont pas à la portée de tout le monde), me paraissent remplir parfaitement leur sujet.
fin des notes du cinquième chant.
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