Rymkronyk van Jan van Heelu betreffende den slag van Woeringen van het jaer 1288
(1836)–Jan van Heelu– Auteursrechtvrij§ IV. Revue de quelques chroniques du Moyen Age, qui traitent de la bataille de Woeringen.L'absence de manuscrits anciens du poème de Van Heelu, de nature à pouvoir servir de points de comparaison à notre texte, est compensée en partie par quelques productions contemporaines, dans lesquelles un grand nombre de ses rimes sont textuellement conservées. Tels sont, en particulier, les deux premiers ouvrages, dont nous allons faire mention. | |
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1. Die Brabantsche yeesten, chronique métrique du Brabant. Nous en préparons une édition qui pourra paraître bientôt. Elle a pour auteur un secrétaire de la ville d'Anvers, que l'on est convenu d'appeler De Klerck ou Clericus, et qui entreprit sa composition dans l'année 1318: Dit boec wart begonnen, voerwaer,
Doe men screef Ihesus Christus iaer
Dertien hondert achtien mede,
Al te Antwerpen in die stede.
Nous n'en citerons ici que deux copies, notamment celle faite pour la ville de Bruxelles par Henri Van Den Damme, l'an 1444; et celle qu'a possédée autrefois l'abbaye de Tongerloo, Toutes les deus: sont sur parchemin, et contiennent de longs extraits de Van Heelu; mais c'est surtout la dernière qui en a de très-considérables. Vers la fin du livre quatrième des yeesten se lit un passage, où il ne manque que le nom de notre poète: Vander daet, die daerGa naar voetnoot1 gesciedde,
Ochte wie si waren die liede
Diet wel ofte qualike deden,
En willic u niet ondersceden,
Niet vertrecken, noch ghewaghen;
Want dieghene, die den strijt saghen,
Hebbenre een scone boec af ghemaect,
Die goet es ende wel gheraect:
Daer moghedi in vinden vele
Van gherechten wapenspele,
Dat men daer tien stride anteerde,
Daer hem die hertoghe verweerde
Vromelike, ende die sine,
Met luttel volx, met groter pine.
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On verra dans les notes que cette chronique nous a été fort utile, ainsi que la suivante. 2. Spiegel historiael door Lodewyk Van Velthem, getrouwelyk (?) uytgegeven en met noodige verklaringen opgeheldert door Isaac Le Long, Amsterdam, 1717, in-folio; livre qui n'est pas assez connu. Il contient sur notre histoire belgique des détails extrêmement intéressans, par exemple sur la bataille de Courtrai et autres événemens de ce temps. L'auteur était ecclésiastique, et en 1304 il avait sa demeure à Sichem, en Brabant: Pag. 284[regelnummer]
Doe men XIII hondert iaer
Ende IIII screef openbaer,
So gesciede wonder groet
Te Zichene binnen, dat ic al bloet
Selve metten ogen ansach;
Want ic woende op dien dach
Te Sichene, ende sanc aldaer,
Ende hadde daer Onser Vrouwen outaer.
Plus des trois quarts des chapitres 40 à 46 du premier livre de ce Spiegel historiael, des chapitres 40 à 45 du deuxième, et des chapitres 2 à 21 du troisième, sont textuellement empruntés à Van Heelu; malheureusement l'impression est si incorrecte qu'il y a des fautes et des contre-sens presqu'à chaque ligne. Van Velthem doit être consulté pour les événemens d'une date postérieure au récit de notre poète. 3. Ottocar Von Horneck's Oesterreichische Reimchronik, publiée par PexiusGa naar voetnoot1 et écrite vers l'année 1294. La bataille de Woeringen y est racontée tout au long. En substance, les détails different peu de la relation flamande; mais le poème allemand contient des | |
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renseignemens précieux sur l'emprisonnement de Siffroid, archevêque de Cologne. C'est ce qui nous a décidé à en reproduire quelques chapitres dans nos Appendices, pag. 354. Il est bon de faire remarquer que Von Horneck, ou celui qui a continué sa chronique, mérite également d'être consulté sur les affaires de la Flandre. 4. De Johanno primo hujus nominis ducis Lotharingiae. Tel est le titre d'une petite chronique inédite que nous avons trouvée dans un manuscrit de la bibliothéque de Bourgogne, et fait imprimer avec quelques autres fragmens tirés du même volume dans les Appendices, p. 374-381. La fin de cet opuscule démontre qu'il fut écrit vers l'an 1300, sous le règne de Jean II. L'auteur assure que la comtesse de Gueldre, fille de Walerau, duc de Limbourg, dont la succession fut l'origine de cinq années de guerre terminée par la bataille de Woeringen, était déjà décédée avant son père (quae ante patris obitum extiterit jam defuncta), assertion que d'autres ont répétée, mais qu'il est impossible de concilier avec plusieurs diplômes, publiés par Bondam et Van Spaen, et surtout avec l'acte d'investiture de l'empereur Rodolphe, du 18 juin 1282 (Codex Diplomaticus, no 23). Il paraît avoir connu la relation de Van Heelu, puisqu'il dit (pag. 376), en parlant de la bataille: quam acriter autem utrimque pugnatum sit, et quam anceps diutissime victoria fuerit, testantur qui viderunt, et secundum ea, quae oculata fide didicerant, postea de bello Worongico copiosa volumina conscripserunt. Quand il représente le duc Jean sillonnant de dévastations le territoire de l'archevêque de Cologne (porro dux, fugientem insequens, etc.), il traduit presque littéralement les vs. 4078-4087 du poème. 5. De bello famoso apud castrum de Waronc, chapitre XVI de la chronique de Joannes Hocsemius, chanoine de Liége, insérée dans le second volume de Chapeavilli Gesta pontificum Leodiensium, Leod., 1613, in 4o. L'auteur a vécu de 1278 à 1348. Il n'a pas une opinion favorable de Jean Ier, auquel il reproche de n'avoir | |
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pas restitué Rode à l'évêché de Liége, et d'avoir ainsi faussé sa parole, comme s'étant formellement engagé à en faire la remise. Ce reproche, répété par tous les historiens liégeois, est-il fondé? Nous ne le pensons pas, le duc Jean n'ayant pris cet engagement que sous certaine clause résolutoire, à l'égard de laquelle le bon droit paraît avoir été entièrement de son côté (Diplôme no 41). Dans un autre chapitre, Hocsemius raconte ainsi les événemens qui ont précédé la mort du duc de Brabant. Nous livrons son anecdote aux amateurs de romantisme, car nous n'y croyons pas plus que ButkensGa naar voetnoot1. ‘ Cum Henricus comes Barrensis Eduardi regis Angliae filiam desponsasset, cujus aliam regis filiam Joannes Brabantiae ducis primi Joannis filius habebat uxorem, et apud Barrum, prope Lotharingiam, à quo Barrenses comites traxerunt sui titulum principatus, nuptiis hujus modi fuisset solemnissima festivitas proclamata, praefatus dux Joannes primus, qui jam pridem hujus contemplatione virginis vehementi captus amore in intimis jaculo veneris penetrantissimo fuerat sauciatus, illuc ardenti nimium desiderio properavit. Sed cum non solum veneris incentivum, sed etiam appetitus gloriae vexaret eundem; et in viâ die quodam taciturnus incederet, quasi versus de materia contexerat imperata, unus de familiaribus hunc interrogat, ut quid sic mussitando procederet? huic respondit: ‘ commotionem inter duos reges hanc maximam cerno, quam proprio continens pugillo compressam ipsam pacificabo, pro libito tantaque munera consequemur abinde, quod perpetuo divitiis affluemus. ’ Audivi tunc temporis militem ducem ista se audivisse dicentem; quanquam dux idem hanc sponsam ejus accensam reciproce desiderio voluntariam rapere et uxorem ducere proponebat. Sed aliter ab alto disposuit qui dissipat consilia principum, et cogitationes reprobat populorum; nam dux, insidens equo, maximo ludis intentus Herculeis, sponsâ spectante | |
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cum caeterisGa naar voetnoot1, arreptâ lanceâ, dextrarium calcaribus perurgendo, obviat militi, qui tunc de pari dimicat cum eodem, quibus dextrariorum cursibus collisis ad invicem, lacerti ducis musculo hasta perfosso militis, dux equo depositus V nonas maij, in die inventionis S. crucis anno 1294, cum tristitia multorum diem clausit extremumGa naar voetnoot2. La relation de Hocsemius est réimprimée dans le Proelium Woeringanum de Donghelberge (Praef. et pag. 71), et dans l'Historia Lossensis de Mantelius, pag. 226. 6. Chronica comitum de Marka, auctore Lewold de Northoff, imprimée dans le premier volume de Meibomii Scriptores rerum germanicarum, Ce chroniqueur, dont nous rapportons un extrait dans les Appendices, a vécu de 1278 à 1358. 7. Chronicon Leobiense, publié par Pezius au tome Ier de ses Rerum Austriacarum Scriptores; nous en avons tiré l'anecdote concernant Adolphe de Nassau, pag. 387 et 388. Lipsius paraît l'avoir connueGa naar voetnoot3. Cette chronique finit à l'an 1343. 8. Giovanni Villani Historie Fiorentini, imprimée à Florence, 1587, in-4o, et dans la collection de Muratori, tome XIIIe. L'auteur est mort en 1348. Il s'est trompé d'une année, en plaçant la bataille de Woeringen en 1289; mais sa relation fait voir que la cavalerie brabançonne avait de son temps une grande réputation en Europe. 9. Gesta Trevirensium Archiepiscoporum, dans le quatrième volume de l'Amplissima collectio de Martene. Nous en citons deux passages (Appendices, pag. 385 et 387) qui furent probablement écrits dans la première moitié du XIVe siècle. | |
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10. Monachi Gandensis chronicon Flandriae ah anno 1296 ad, annum 1310, publié par Hartmann dans l'Index scholarum du Gymnase académique de Hambourg de l'année 1823, in-4oGa naar voetnoot1. Il s'y trouve quelques lignes sur la bataille de Woeringen, pag. 45; mais rien de remarquable, si ce n'est que deux frères bâtards du comte de Luxembourg y furent tuès. 11. Willelmi monachi et procuratoris Egmundani Chronicon ab ann. 1147 usque ad ann. 1333, tome II des Veteris aevi Analecta de Matthaeus. Il y a des détails intéressans sur la mort du duc Jean (pag. 533 de l'édition in-4o). 12. Chronicon monasterii Sancti Bertini, publié dans le Thesaurus anecdotorum (tome III), et dont nous avons copié un fragment dans un manuscrit de la bibliothéque de Bourgogne. L'annaliste mourut en 1383, mais il puisa à des sources du XIIIe siècle. Cest lui qui a fait accréditer le dire vulgaire que Jean Ier avait pour cri de guerre Louvain au riche duc! et qu'après la bataille, il le changea en Limbourg à celui qui l'a conquis! Néanmoins nous voyons chez Van Heelu que les Brabançons crièrent tout simplement Brabant! (vs. 6335); et il est bien probable qu'ils ne firent jamais entendre d'autre nom que celui de leur pays. 13. Chronicon monasterii Sancti Trudonis. Cette chronique a été écrite par plusieurs moines, en partie dans le XIIIe et en partie dans le XIVe siècle. Le lecteur en trouvera des fragmens dans notre commentaire et dans les Appendices. 14. Le miroir des nobles de Hasbaye, par Jacques De Hemricourt, imprimé pour la première fois à Bruxelles en 1673, in-folio. Cet ouvrage fut composé de 1353 à 1398. Il nous a été fort utile pour les noms des chevaliers mentionnés par Van Heelu. En parlant des suites de la bataille, l'auteur dit (pag. 46) que tous ceux qui por- | |
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taient les armes de Limbourg les quittèrent de dépit, excepté le comte de Berg et le sire de Fauquemont. 15. Chronique de Flandre, par un auteur inconnu du XIVe siècle, et publiée en langage plus moderne par Denis Sauvage, à Lyon, 1562, in-folio. Elle finit en 1383. Au chap. XXIX sont relatées une guerre et bataille d'entre les ducs de Luxembourg et Brabant, vivant le comte Guy de Flandres. Son contenu n'est remarquable que pour la part que les comtesses de Flandre et de Hainaut out eue aux événemens de 1288Ga naar voetnoot1. Le comte Gui voyant s'approcher les deux armées ‘ si parla à sa femme et à la comtesse de Hainaut (lesquelles soustenoient leurs frères de Luxembourg de corps et d'avoir) et eust voulontiers traité la paix (car moult faisoient leurs frères de leur conseil), les comtesses respondirent: Sire, pour Dieu ne vous en meslez. Et le comte n'en parla plus........Quand le comte Guy de Flandres ouït les nouvelles [de la victoire des Brabançons] tantost vint à la comtesse, qui rien n'en sçavoit et elle luy demanda: Sire, avez ouy nulles nouvelles? le comte respondit: ouy, mauvaises, vos frères sont tous morts. Tantost s'en ala en sa chambre, faisant grand dueil, ’ etc. 16. Chronicon ducum Brabantiae extractum ex archivis capituli S. Gudulae Bruxellis, écrit dans la première moitié du XVe siècle, et publié par M.A.G.B. Schayes dans le premier volume de la Bibliothéque des antiquités belgiques, Anvers, 1833, in-8o, pag. 254, Ce qu'on y lit du caractère de Jean Ier (nommé pater militum) est emprunté aux Brabantsche yeesten. 17. Joannis Gerbrandi Leydensis carmelitani Chronicon Hollandiae comitum et episcoporum Ultrajectensium, imprimé dans les Rerum Belgicarum Annales de Sweertius, Francfort, 1620, in-folio. Le titre particulier porte que l'auteur vivait en 1417, mais son ouvrage | |
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va jusqu'à 1480. On y trouve une relation assez fidèle de la guerre de Limbourg, pag. 223. 18. Rerum familiarumque Belgicarum chronicon magnum, compilation faite vers l'an 1480. La première édition, donnée par Pistorius, est de l'an 1654, in-folio. Edmond Dinterus et d'autres annalistes belges y ont été mis à contribution. Les événemens du règne de Jean Ier sont rapportés pag. 256-259, et ce que l'auteur dit du caractère de ce prince est presque littéralement traduit des Brabantsche yeesten. 19. Chronicon ducum Brabantiae, écriture du XVe siècle, relié avec d'autres documens dans le premier volume des registres noirs de la chambre des comptes, aux archives du Royaume à Bruxelles. Il y est traité de Jean Ier, fol. 311-323 et 398. Selon ce chroniqueur aussi, la comtesse de Gueldre serait morte avant son père: quae licet ante patrem mortua fuerat, nihilominus castra et oppida ipsius ducatus, quae jam occupata tenebat, ipse comes restituere recusavit. Remarquons en passant que les mots que nous venons de transcrire se retrouvent textuellement dans le Magnum chronicon dont nous venons de parler. 20. Anonymi chronicon ducum Brabantiae, edidit Antonius Matthaeus, Lugd. Batav., 1707, in-4o. C'est un abrégé latin et une continuation des Brabantsche yeesten, finissant à l'année 1485 et faisant mention des actions de Jean Ier, pag. 43, 44 et 45. Les premiers vers des yeesten y sont traduits ainsi: Quoniam de ducibus Brabantiae multa fabulosa narrantur, scilicet quod cum cygno venerunt, propono meram aperire veritatem de eorum origine et saccessione. Nam ea quae de cygno dicuntur mendosa suntGa naar voetnoot1. | |
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Cette corrélation des deux textes n'a point été remarquée par Des Roches, ni par aucun autre savant. 21. Die alderexcellenste cronike van Brabant, gheprent by Rolant Van den Dorp, tHantwerpen, anno 1497, in-4o, réimprimée dans la même ville en 1512, en 1518, en 1530, et compilée wten scriften des eertsbisscops Tulpyn, wten Spiegel Historiael van meester Vincent van Beauvays, wten boeck geheeten Fasciculus temporum, wten cronycken van Vrancryc, wten declaratien van Jacob Van Merlant, ende sonderlinge wten cronyken van Brabant, die ten eynde vergadert syn van meester Janne, die clerck van Antwerpen, ende daerna van den eerwerdigen heere meester Peter Vander Heyden, tresorier vander kerken sinte Goedelen, in Bruessel, die die latynsche cronike int lange stelde, ende lietse voort maken in duytscher rymen in VII boecken. La bataille de Woeringen y est rapportée à l'année 1278, et le chroniqueur ajoute l'anecdote imprimée ci-après, pag. 346. 22. Die cronica van der hittiger stat van Coellen, imprimée à Cologne par Koelhoff, 1499, in-folio. Remarquable pour les traditions du pays de Cologne et les suites de la bataille de Woelingen. Nous pourrions ajouter à cette liste quelques autres annalistes du moyen âge qai parlent de cette bataille et de Jean Ier, tels que Jean d'Oultremeuse, Guillaume de Nangis, Herman Cornerus, Edmond Dinterus, Pierre a Thymo, l'auteur de la Grande Chronique des chartreux de Liége, celui de la continuation de la chronique | |
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de Mencon et du Chronicon auctius Joannis de Beke, publiés par Matthaeus; mais cela nous mènerait trop loin. Ils répètent ce que l'on trouve dans les ouvrages que nous venons de passer en revue, ou bien ce qu'ils ont de différent est annoté dans notre commentaire. Quant aux auteurs plus modernes, traitant les mêmes matièresGa naar voetnoot1, nous nous contenterons d'ajouter que les meilleures relations des événemens de la conquête du Limbourg sont dues à Butkens, à Pontanus, à Des Roches et au baron Van Spaen. |
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