Rymkronyk van Jan van Heelu betreffende den slag van Woeringen van het jaer 1288
(1836)–Jan van Heelu– Auteursrechtvrij
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Préface.Une sorte de fatalité s'est attachée à la publication du poème de Jean Van Heelu sur la bataille de Woeringen, que nous offrons ici au public. Annoncée depuis plus de cinquante ansGa naar voetnoot1, attendue avec impatience, aussi bien par les savans de l'Allemagne que par les antiquaires des Pays-Bas, cette épopée des Brabançons du moyen âge n'avait pas encore été admise aux honneurs de l'impression. La cause première de ce retard s'explique d'abord par l'indolence de feu M. Van Wyn, qui n'a cessé de nous en promettre une édition, accompagnée d'un commentaire et de notes historiques, mais qui n'a jamais rempli sa promesse. Lui seul était possesseur du manuscrit unique qui pût servir de base à une telle publication; et déjà par sa lettre du 3 août 1793, que je conserve en original, il annonçait à M. de Nelis, évêque d'Anvers, que son travail était sur le point d'être terminé, et qu'il désirait le faire paraître, en le dédiant à | |
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l'empereur d'Autriche, ou au gouverneur-général des Pays-Bas AutrichiensGa naar voetnoot1. Sans doute le respectable auteur des Historische Avondstonden, n'ayant point discontinué pendant cinquante ans de se livrer aux recherches propres à illustrer le vieux poète belge, dut recueillir un plus grand nombre de documens historiques, et obtenir plus d'éclaircissemens, qu'il ne m'a été donné d'en offrir. Il est à déplorer que son travail n'ait pu être livré au public. Lorsqu'en 1828 il consentit à m'abandonner la publication du Van Heelu, et me confia le manuscrit précieux du poème, je fis de vains efforts pour obtenir également la communication de ses notes, et j'ignore ce qu'elles sont devenues après sa mort. Réduit à mes propres forces, j'ai essayé de m'élever à la hauteur que je devais raisonnablement atteindre pour pouvoir succéder à M. Van Wyn, dans la tâche qu'il s'était imposée. Le gouvernement des Pays-Bas me fit l'honneur de me nommer à la commission pour la publication des Rerum Belgicarum Scriptores, et, au moment de la révolution, qui éclata à Bruxelles en août 1830, près de trois cent pages de mon auteur étaient imprimées ou pouvaient sortir de presse; mais dans un autre format que celui adopté par la nouvelle commission instituée en 1834. | |
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Depuis lors, et dans la prévision que le gouvernement belge ne pouvait manquer de faire reprendre ce travail d'histoire, je n'ai point cessé de m'occuper de Van Heelu, et de recueillir les documens dont je désirais qu'il fût accompagné en public. Aujourd'hui, le résultat de mes investigations dépasse de beaucoup tout ce que j'avais osé espérer de mon zèle. Non-seulement le texte de Van Heelu a reçules éclaircissemens que l'on est en droit d'attendre de mes connaissances, mais j'ai pu faire en sorte qu'il se produisît avec cet apparat, cet éclat d'illustration, dont on exige qu'un monument national soit environné. Des appendices, contenant les extraits d'une vingtaine de chroniques inédites ou négligées, un Codex diplomaticus de 225 diplômes, la plupart restés inconnus aux Butkens, aux Miraeus et aux autres auteurs diplomatiques de notre pays, et enfin cinq tables analytiques et onomastiques, d'un travail conscientieux, pourront servir dorénavant à donner une idée juste de ce qui s'est fait sous le règne de Jean Ier, duc de Brabant, le plus grand prince que la Belgique ait eu durant la période normale de sa nationalité. Notre tâche n'est pas de faire, mais de produire l'histoire de nos provinces. Partant de ce principe, je me suis borné le plus souvent, dans mon introduction et dans mes notes, au simple rôle d'indicateur, laissant ainsi le chemin ouvert à ceux qui veulent pénétrer plus à fond les matières qui y sont traitées. Il m'eût été facile de disserter longuement sur la signification d'un mot, et plus encore sur les anachronismes et les erreurs de toute espèce commis par les historiens de la Belgique, sans même en excepter Butkens. J'ai mieux aimé ne pas faire parade d'érudition, et je me suis contenté de rectifier leurs | |
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méprises, en rétablissant les faits dans une table analytique et chronologique, qui renvoie le lecteur au texte du poème ou aux pièces authentiques qui y sont jointes. Du reste, ce n'est pas sans peine que je suis parvenu à rassembler tant de documens d'un temps où l'on écrivait si peu, et ce n'est pas non plus sans mettre ma patience à l'épreuve que j'ai pu recueillir des renseignemens sur plusieurs centaines de noms historiques, qui figurent dans cet ouvrage. Quant au portrait de Jean Ier, placé en tête de ce volume, il a été fidèlement copié sur une miniature du tableau généalogique provenant de la chambre héraldique de Brabant, aujourd'hui exposé dans le local de la bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles. Les autres portraits de ce tableau, dont la composition remonte aux premières années du règne de Charles-Quint, auquel il a appartenu, présentent une grande ressemblance avec ceux que l'on connaît par d'autres ouvrages. Nous sommes donc fondés à croire que ce portrait nous offre quelqu'authenticité, d'autant plus qu'il a été fait quand le tombeau de marbre de Jean Ier, dont parle Sanderus (Chorographia Brabantioe, III, p. 63), existait encore à Bruxelles.
Gand, le 6 décembre 1835. |
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