Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 17
(2001)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermdLettre écrite à monsieur Grotius par monsieur Bignon du 28 Aoust 1634: | |
J'estois tout ravy d'aise et de contentement, sçachant que vous estiez approché de nous et par une vocation honorable,Ga naar voetnoot2 digne du soin et du jugement d'un seigneur, dont l'on admire tous les jours le courage et la conduite comme de celuy qui estoit le conseil et le grand chancelier d'un monarque conquerant,Ga naar voetnoot3 mais qui de plus se trouve aujourd'huy le genie merveilleux qui conserve et augmente les conquestes du nom et du party suedois. Je pensois à vous ecrire pour m'en rejouir avec vous et vous saluer par mes lettres, quand les vostres du 17 du passéGa naar voetnoot4 me furent rendues avant-hier. Je joins donc à present plusieurs offices ensemble et le compliment à vostre arrivée près de nos frontieres et la felicitation de vostre employ avec tous les sentiments que vous pouvez croire de la part d'une personne qui vous a tousjours parfaitement honoré, qui vous a beaucoup d'obligation et dont l'absence d'un tel objet augmente infiniment le desir. J'y adjouste les voeux de tout ce que vous pouvez desirer, mais plustost de ce que tout le monde vous doit procurer et souhaitter. Je mesle encore en celle-cy le remerciment tres humble d'une si belle et obligeante lettre et du jugement docte et solide que vous faites de l'Epistre de Clement.Ga naar voetnoot5 Il n'y a que vous aujourd'huy qui puisse decider d'un clin d'oeil ces matieres et rendre à chaque siecle et chaque autheur ce qu'il merite et le fruit que l'on en peut tirer. Vos raisons sont sans contredit et l'authorité de vostre decision doit estre souveraine. J'advoue que j'avois tenue pour vraye cette piece sans difficulté, mais je me defiois de quelques termes ou periodes adjoustées par la licence des transcriveurs. Vous me levez ce doubte et j'acquiesce, sinon que la narration du PhoenixGa naar voetnoot6 me pique encore comme plus ample et plus sophiste | |
que le stile apostolique ne sembloit permettre, outre que cette fable quoyque depuis employée par les autheurs chrestiens peut aussi estre considerée comme aucunement aliené des escrits du premier successeur des apostres et principalement en la façon qu'elle est estendue, car autrement il n'y auroit rien de si extraordinaire de voir qu'il se fust simplement servy du tesmoignage d'une chose qui estoit lors creue pour inviter les gentils à recevoir plus avant la verité de la doctrine chrestienne, comme Saint Paul s'est servy de l'occasion de l'inscription du Dieu inconnu, mais par transport et application en autre sens que celuy de l'opinion commune et de ce que vouloit dire la baze de cet autel profane.Ga naar voetnoot7 Je croyois donc cette description adjoustée à une simple mention qu'il eust pu faire du Phoenix, mais je me rends à vostre meilleur advis et il ne m'appartient pas de le contester. Je vous remercie encore un coup de cette faveur et de tant d'amitié et de bienveillance que vous ne cessez de me porter, tout mon regret estant qu'il faille que je vive et que je meure ingrat en vostre endroit, mais si c'est à la reconnoissance interieure qu'il faut mesurer la gratitude et si cette disposition d'esprit se remarque par les paroles et autres actions, je vous supplie de croire que vous n'avez jamais obligé personne qui en professe plus de sentiment, ny qui en conserve la memoire plus vive. C'est ce qui m'enhardit à vous supplier de continuer et que ny la distance des lieux ny la longueur du temps ne vous fassent oublier une personne qui n'a rien pour cela de recommandable que l'honneur de l'amitié que vous luy avez portée. Si je sçay que vous faisiez encore quelque sejour par dela, je prendray la liberté de vous entretenir ou plustost importuner davantage, et sur l'esperance que l'on m'a donnée de me faire recouvrer l'Epistre de Saint Barnabé,Ga naar voetnoot8 j'oseray vous promettre à propos de celle de Saint Clement de vous en faire part. Cependant je vous baise mille fois les mains et suis ... |
|