Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 11
(1981)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd4513. 1640 februari 16. Van Ch. MariniGa naar voetnoot1.Monsieur, Les eaux auront empêché que l'ordinaire de France n'est point comparu samedy passé, attendant pourtant avec impatience le prochain que je voudrois qu'il m'apportast quelque soulagement pour ma bourse, qui estant vuidé crie la miséricorde; aussy seroit il désormais temps qu'après l'espace de deux ans quasiment, qui s'en va exspirer, mon charge fit parachevé. Nous jouissons bien peu des victoires de nos Suédois, qui tout ce qui prennent retienent pour soy sans se souvenir de nous qui n'avons point ny de quartier ny de pain, de munition pour pouvoir attendre à la longue le payement de nos gages, surtout moy qui ay demandé le moins de tous les autres, mais à condition qu'on me le payast chasque trois mois; et ie vous proteste que durant ces sept ans que i'ay l'honneur de servir la Suède, i'ay despencé du bien de ma femmeGa naar voetnoot2 plus de deux mille florins, ayant outre trois serviteurs entretenu mesme deux chevaux que ie n'ay point quitté qu'après mon retour de la Voltoline, où les affaires de ma femme s'ent vont empirant de iour à aultre come aussy de tous les protestans en ce pays là! Oultre ce mal, les députez grisonsGa naar voetnoot3 qui sont à Inspug, sont fort mal traittés, car au lieu de casser les usurpations de l'Austriche sur le 8 droitures, l'archiduchesseGa naar voetnoot4 leur a fait entendre qu'elle y envoyeroit trois commissairesGa naar voetnoot5 pour prendre le serment de fidélité de ces peuples-là. Elles veut aussy que toutes les appellations soyent remises à Insprug come à la cour du souverain, dont tout le pays est fort en à l'arme, s'appercevant trop tard de l'artifice des Espagnols qui dans leur traittés de MilanGa naar voetnoot6 à desseing ont excepté les prétensions de l'Austriche sur une partie des Grisons pour les pouvoir travailler d'une nouvelle guerre à leur plaisir, en extorquant d'eux plus de ce qu'ils ont desià quitté. Cependant l'archiduchesse d'Insprug a despeché un courier à Vienne pour y prendre advis sur cest' affaire, les retour duquel les députés attendront, espérant qu'il apportera quelque modération sur ce fait, et sans laquelle il y a à craindre un soulèvement général des communautés contre leurs chefs, qui prennent de l'argent d'Espagne au préjudice de la patrie, qui à mon advis ne recouvrera si aisément sa liberté qui n'est plus appuyée sur le contrepoids de la France, qu'ils n'ont que trop offencé. Adjousté à cecy que les Espagnolisez, qui ont érigé une nouvelle aristocratie ès Grisons, tâchans s'accomoder à la volonté des Espagnols, ont commandé, que les pauvrez protestans de la Voltoline en sortent sans avoir leur fa[i]t, mais il ne sçavent où se retirer, car ceux de Puschiavo, qui sont Grisons, ne les veulent recevoir ny aucun des Grisons contribuer rien | |
pour leur entretènement chose du tout détestable et qui menace une horrible ruine sur ce pays là. Ces sont, monsieur, des afflictions bien rudes et qui pourront esbranler les plus animez estans desià continuées par l'espace de 20 ans. Dieu les veille regarder des yeux de sa miséricorde et faire quelque fin à tant de maux, dont la pauvre chrestienté est combattue sans aucune espérance de resource. Contre mon attente ceux de Lucerne ont contenté l'ambassadeur de SavoyeGa naar voetnoot7, ayans dans leur petit et gran conseil résolu et par serment ratifié que le régiment du colonel AmrinGa naar voetnoot8 fust tout incontinant rappellé et que luy pour sa personne avec son frère le capitaine LuysGa naar voetnoot9 soyent declarez exclus du conseil jusques à la S. JeanGa naar voetnoot10, pendant lequel temps on procédéroit dans leur procèz, affaire qui offencera bien avant l'empereur et l'Espagnol. Il reste à vuider le refus de l'ambassadeur des princesGa naar voetnoot11 dont on traittera dans la prochaine diète des cantons cattoliquesGa naar voetnoot12 qui se fera à ses despens et l'ambassadeur de Savoye m'escrit qu'on tient quasiment pour asseuré qu'il ne sera point accepté. Les François publient en Italie que le cardinal Richelieu ait receu plain pouvoir de tous les alliez de France de consentir à une paix ou tresve générale, ce que ie ne trouve pas vraysemblable pour plusiours raisons. L'armée de Tyrol est encor in fieri(?), aussy ne la peut-on rendre parfaite jusques au prinstemps, quand celle de Salzes sera en Italie et don de MelosGa naar voetnoot13 de retour de Sicile, qui la doit commander ou le prince MathiasGa naar voetnoot14, frère du duc de FlorenceGa naar voetnoot15, et les plus hauts officiers doivent estre tous Espagnols naturels. Ils passeront par Fiessen ou par les Grisons et feront leur rendevous auprès du Lac de Costance. Ie croy qu'en peu de iour nous apprendrons quelque chose du gran de Boïme, PiccolominiGa naar voetnoot16 tâchant de passer l'Elbe auprè de Colin et BanierGa naar voetnoot17 envoye des parties pour luy disputer le passage vers Brandeis. Dieu assiste les nostres. Ie demeure, monsieur, vostre serviteur
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De Zurig, ce 6/16 de Feber.
Le pape a résolu de lever 10 mille à pied et 3 mille chevaux. On a tranché la teste au prince de SandaleGa naar voetnoot18 enlevé de Rome à Naples et pendu un abbéGa naar voetnoot19 à cause des intelligences avec les ennemys d'Espagne. On parle de quelque traitté secret du duc de BavièreGa naar voetnoot20 avec la France, dont ie désirerois avoir vostre advis. | |
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 3 Martij. En in dorso: 6 Febr. 1640. Marini. |
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