Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VIII 1581-1584
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
Ga naar voetnoot1† Lettre MXCI.
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Ga naar margenoot+porte pour le regard de son Altèze, lequel puisqu'il redonde quant et quant au bien de ces Païs, nous oblige tous grandement, et moy en particulier, d'en demeurer à jamais très-humbles et très-obéissans serviteurs de vostre Majesté. De ma part, comme ma conscience et mes actions tesmoignent de quelle intégrité et rondeur j'y ai procédé et procède encores présentement; n'ayant rien tant à coeur, que ce qui touche le service et la grandeur de son Alt., aussi ne veux-je avoir autre tesmoignage envers v. Maté que le sien propre, des fidèles debvoirs ésquels je me suis jusques ores employé: me confiant tant de sa benignité et courtoisie, qu'Il aura eu pour agréable la bonne volonté que j'y ai apportée. Et quant aux Estats, je puis asseurer v. Maté que, combien qu'ils ne peuvent esgaler avecq les effects mon désir et affection, pour estre le Païs tellement gasté et espuisé par la longue continuation d'une guerre si pesante et difficile, que toutefois ils s'efforcent tellement de s'acquitter de leur debvoir que son Alt. en recevroit sans doute toute satisfaction, si la grandeur des nécessitez, qui se présentent journellement, et la puissance de leur ennemi ne leur diminuast les moyens et forces. Qui est cause que ne me satisfaisant aucunement de ce debvoir, je rendsGa naar voetnoot1 toute peine possible à les induire pour s'efforcer davantage; comme j'espère qu'ilz feront. Suppliant très-humblement v. Maté de mettre ces choses en bénigne considération; et me faire cest honneur de croire que, comme non seulement la conservation ou ruïne de ces Païs, mais aussi la gloire de Dieu et le bien général de toute la Chrestienté dépend du succès de ces affaires, aussi n'y a-t-il | |
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Ga naar margenoot+chose au monde que nous prendrons tant à coeur, et en laquelle nous nous employerons jusques à toute extrêmité. Cependant les preuves de la vertu, magnanimité, et constance de v. Maté sont telles, qu'elles ont donné une impression aux coeurs d'un chacun que, non pas au regard de son interrest particulier, mais pour le bien général de toute la Chrestienté, elle ne voudra jamais abandonner ceste cause. En quoy ces Estats ont plus d'occasion d'espérer que nul autre, pour avoir expérimenté la clémence, débonnaireté, et bonne volonté d'icelle. Envers laquelle, si maintenant ils ne peuvent (estans accablez d'un si pesant fardeau) monstrer gratitude condigne, si ne seront jamais si mescognoissans, qu'ils ne se tiennent tousjours obligez de vouer, et leurs vies, et tout ce qu'ils ont au monde, au service très-humble de v. Maté, comme, en particulier, j'ay tousjours fait et fais encores par la présente. Suppliant très-humblement v. Maté accepter de bonne part ceste mienne humble dévotion, par laquelle je me rends son très-humble et très-obéissant serviteur à jamais. Et sur ce, baisant en toute humilité les mains de v. Maté, je prie Dieu vous conserver, Madame, en longues années, en toute prospérité et heureuse vie. De Gand, le xxiij d'aougst 1582. De vostre Maté très-humble et très-obéissant serviteur, Guillaume de Nassau. |
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