Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VIII 1581-1584
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre MLXXXVIII.
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Ga naar margenoot+pour vous dire que l'honneur et le soing que debvez avoir du bien et repos de ce Païs-là, vous obligent à remonstrer vivement aux Estats la faute qu'ils commettent et le tort qu'ils font à eux-mesmes, d'avoir si peu de respect, et de se monstrer si ingratz à un Prince auquel ils sont si obligez. Et quand bien ilz n'auroyent point d'esgard à luy, si est-ce que la raison mesme leur commande, pour leur propre intérest particulier, de se monstrer plus promts et volontaires à le fournir des moyens nécessaires pour la defense du Païs. Car autrement d'appeller un Prince de sa qualité à leur secours, et puis le laisser là, sans le vouloir aucunement aider euxmesmes, ce ne sera que de se moyenner une prompte ruine, et se rendre odieux à toutes nations du monde, qui à bon droict détesteront une telle désloyauté et ingratitude. Et quant à nostre particulier, s'ils usent de ceste façon de faire, et se comportent tellement envers luy, qu'ils le constraignent de se retirer de rechef, par manière de dire, comme en pourpoint, à son déshonneur, ainsi qu'il feit la premièrefoisGa naar voetnoot(1), quand il commença à se vouloir mettre en debvoir de les désengager de la servitude de leurs ennemis; ils se peuvent tenir pour asseurez, plustost que le voir en danger de tomber en un autre semblable déshonneur, nous serons la première qui lui persuaderons de les quitter là tout à plat de bonne heure, et ne faire plus de cas d'eux que leur ingratitude mérite. Et d'autant que de avanture ils se persuadent, que nostre fortune est tellement intéressée au succès de la leur, que nous avons cause de ne les abandonner, pour nostre | |
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Ga naar margenoot+propre bien en particulier: nous leur voulons bien tésmoigner qu'ilz se trouveront trompez de se fier sur ce fondement-là. Car noz affaires sont (Dieu merci) ordonnez de telle façon, et nous ont esté faits des offres si advantageux, que, quoy qu'il advienne d'eux, nous ne lairrons pourtant de jouir de la paix et repos, que Dieu nous a jusques à présent donnée. Qui sera la fin de ceste, après avoir prié le Créateur qu'Il vous ait tousjours, mon Cousin, en Sa sainte garde. Escrit à [NorsuryGa naar voetnoot1], le 9e jour d'aougst. Vostre très-asseurée bonne cousine et amie, Elisabeth R. Ga naar voetnoot2Mon Cousin, je vous promets, en foy de Princesse, que s'il pleust à Monsieur d'ouvrir les oreilles aux honorables offertes qui luy sont présentez, il n'auroit raison de regretter la partie. Et pourtant gardez vous en de le trop tourmenter. A mon très-cher et très-amé Cousin le Prince d'Orange. |
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