Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VIII 1581-1584
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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† Lettre MLXVIII.
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Ga naar margenoot+m'esbéyray d'aultres nouvelles faultes qu'il puisse faire. Les humeurs de ceulx de par delà se conforment tousjours mal avec les François, car il y a trop de différence; et comme qu'il soit, avec toute la mauvaise opinion qu'ilz ont conceu des Espagnolz, soit à tort ou à droict, je tiens qu'ilz aymeroient sans comparaison plus iceulx que la tyrannie et insolence des François, auxquelz, comme v. Alt. dit, nous comportonsGa naar voetnoot1 trop, et y-a long temps que v. Alt. sçait mon opinion sur ce, mais jusques à présent je n'y vois remède, et si ne sçay quelle aultre déclaration de guerre nous debvons actendre, puisque la Royne de France mère la nous faict ouverte et la confesse, à couleur de sa prétention vaine, fondée en l'air et de si loing au Royaume de Portugal, et que son filz publicquement l'aide, et que Alançon nous la faict aussi ouverte, courant tous les jours ses gens sur les pays de sa M., nous retenant Cambray, au ravictaillement de laquelle assistoient ceulx du camp du Roy son frère, comme il dit, pour non l'abandonner et de non le laisser en danger, estant frère. J'ay souvent dit que je me souviens des termes que feu l'Empereur de glorieuse mémoire usoit en l'endroit du feu Roy François premier, non luy comportant chose quelconque, et avec cela le tenoit en frain, et si estoit plus puissant beaucop que le Roy moderne, et si sçavoit largement dadvantaige, et avoit plus de valeur et meilleurs gens: par où je tiens que, si nous tenions le mesme chemin de feu sa M. Impériale, noz affaires s'en porteroient mieulx; j'en ay souvent deschargé ma conscience, et avec ce me contenteray de ce quil adviendra; ung bien y a, que pour toutes leurs emprinses il-y-a peu d'ar- | |
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Ga naar margenoot+gent et guères plus de crédit; l'on a cherché à Gennes d'en recouvrer sur gaiges de joyaulx, mais sans effect, et dois le moys de septembre l'évecque de Carcaçone, Rosselay, solicite à Venise pour recouvrer deux cent mil escus, sur semblables gaiges, mais jusques oyres il n'y-a heu effect, ny n'ay encoires entendu que à Lyon l'on aye recouvert les 400m escuz qu'ilz debvoient envoier en Suisse, et si n'est le repos de la France tant asseuré que avec peu de sollicitation que l'on pourroit faire soubz main, l'on ne leur résuscita la guerre intestine, et tant plus facilement donnant quelque ayde, ou de gens ou d'argent, à aulcuns: que me donne espeoir que noz affaires pour cette année passeront mieulx, s'il plait à Dieu, et mesmes que sa M. s'arme de tous coustels, et au Portugal ha plus de gens de guerre que je ne vouldrois, pour s'opposer aux emprinses de la Royne-mère, et de Dom Antonio, l'exécution desquelles se différent aussi de faulte d'argent.... Madrid, 30 mars. |
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