Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581

Lettre CMXXVI.
Le Cardinal de Granvelle à M. de Bellefontaine, Arrivée en Espagne (MS. B. B. I. p. 179).

...Sa Majesté m'ha fort favorablement recue et honoré beaucoup et y continue, comme je pense, aultres auront escript, et m'ayant faict venir icy le droit chemin, ne m'a encoires consenti d'aller à Madrid, m'ayant occupé aux affaires d'Italie, de France, d'Alemaigne, et de Flandres, et en tout ce qu'est venu de dehors de ces Royaulmes⁽¹⁾,

(1) Royaulmes d'Espagne; la Castille, l'Arragon, etc.

[p. 90]

⁺desquels j'ay supplié que je ne me mésle, pour éviter l'envie et jalousie de ceulx d'icy; et, oultre le lieu que je tiens en son Conseil d'Estat, y estant le plus ancien après M^r le Duc d'Albe, qu'est encoires détenu⁽¹⁾ à Uzéda, m'a commandé que je le serve de président au conseil d'Italie... Nous aurons une nouvelle attaincte en nostre polre¹ pays par la sortie des Espaignolz, mais, si c'est la dernière, dont je prie Dieu, ce sera au [moins] mal... St. Laurent le Royal, 21 sept.

Quelques jours après (le 1 oct.) le Cardinal écrit, du même endroit, à M. de Bellef. ‘S.M. m'a icy entretenu jusques oyres aux affaires venuz de dehors; m'estant excusé de vouloir entendre en ceulx de Castille, à couleur de non les entendre, pour non y estre nourry, et pour non tomber en la faulte en laquelle j'ay veu tomber d'aultres, qui se méslent de ce qu'ilz n'entendent; mais, à vous dire la vérité, c'est pour éviter l'envye de ceux de pardeçà, qui jà sentent² que je soys icy si longuement seul, combien que j'ay plusieurs foys supplié sa mté d'y appeller les aultres, ou me permectre d'aller conférer avec eulx à Madrid, qu'elle n'a permis⁽²⁾, peult estre ye pensant aller elle mesme tout les jours’... (MS, B.B.I. p. 18’.

+ 1579. Septembre.

(1) détenu: pour avoir encouragé son fils à refuser une alliance, qui étoit un devoir, mais que le Duc jugeoit indigne de sa famille. Sa captivité touchoit à son terme, le Roi allant avoir besoin en Portugal de ses services.

1 pauvre.

2 ressentent.

(2) n'a permzis. Voyez T. VI. p. 663.