Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+239-242), nous a semblé trop intéressante pour ne pas lui donner une place dans notre Recueil. Après sa réponse officielle, datée le 28 sept., aux députés des Provinces-Unies (Bor, II, 131, sqq.), le Prince, poussé à bout par les lenteurs des Etats et l'injustice des soupçons et des reproches auxquels il étoit en butte, amis et ennemis s'accoutumant à tout imputer à lui seul (p. 19 et 41, sqq.), crut devoir, une fois pour toutes, s'exprimer sans réticence et sans détours. On eut garde de donner à cette allocution de la publicité. Dans le Verbal des Députés ily a en marge tace. ...Sur les articles ensuyvans jusques au 18me inclusive, diet son Exc. que, quant à son Altèze, trouve fort bon l'advis de Messrs les Députés, mais, quant à son Exc., supplie de rechief à Messrs lesGa naar voetnoot1 Provinces-Unies vouloir bien pondérer les raisons alléguez par son Exc., par où il prie d'estre excusé d'accepter la charge de Lieutenant-GénéralGa naar voetnoot(1), et mesmement qu'ils sçavent que, puisque son Exc. est venu si avant en la bouche du peuple mal informé, comme si la faulte que l'armée puissante de l'année passée n'ait rien exécutéGa naar voetnoot(2), eust été, comme ils disent, | |
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Ga naar margenoot+par négligence et nonchalloir de sa dicte Exc., mesmes de dire que l'argent que les Provinces ont donné, que son Exc. l'at employé pour son particulier et ainsy dérobbé toute la mangerie du plat pays: l'on impute à son Exc. la perte de la ville de Maestricht: les Catholiques publient partout que son Exc. les a trompés, qu'il n'a tenu son serment; qu'il a introduit la Religion Réformée: ceulx de la Religion, au contraire, le blasment que son Exc. s'at laissé corrompre par les Catholiques, et que par dons et promesses n'at assisté à ceulx de sa Religion; qu'il veut introduire la Religionsfried, sur cet article tous deux des Religions le blasment; en oultre disent qu'il est cause de ceste Union d'Utrecht, et qu'il ne prétend aultre chose en cela que de mectre le pays de Brabant et mesmes Anvers parGa naar voetnoot1 ung boullevart de ceulx de Hollande et Zélande, la Geldre et l'Overyssel pour ung boullevart de ceulx d'Utrecht et d'Hollande: aultres disent qu'il se veult faire maistre et Seigneur du Pays, puisqu'il meet en avant que les Villes doibvent recepvoir garnison, et qu'il empesche par tous moyens la Paix qui est tant désirée par chascun, et qui est si advantagieuse, et le tout pour se maintenir en aucthorité; brief pour faire son Exc. tant plus odieux, font publier que le Roy ne désire faire la guerre à ses bons subjects, mais seulement au Prince d'Orange, qui est le perturbateur du repos publicq et introducteur de la Religion nouvelle, comme ils l'appellent: le mesme font les Wallons, publiant qu'ils font seulement la guerre | |
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Ga naar margenoot+au dict Prince, avecq plusieurs folies, comme les livrets d'un costé et d'aultre semez partout en font plus particulière mention: pui doncques que les affaires sont en tel estat, ne voit son Exc. pouvoir faire aulcun service à Messrs les Provinces en l'estat de Lieutenant-Général, car ores que les affaires allassent le mieulx du monde (ce qui ne peult estre toujours) il y aura des crieries, et si quelque malheur advinse (comme il est ordinaire en faict de guerre) toute la coulpe seroit imputée à son Exc., comme du passé; mesmes auroient mauvais gré ceulx qui l'auroient introduit en ceste charge; qu'il leur plaise doncques, pour ces raisons, de commectre quelque aultre, il demeurera tousjours fidelle et les servira en aultre chose particulière où Messrs le voudront employer, et obéira très-volontiers à celuy ou à ceulx que Messrs donneront la charge; et afin que chascun puisse avoir contentement, qu'il plaise à Messrs le suspendre de sa charge et commectre Commissaires pour s'informer de son Gouvernement et le syndicquerGa naar voetnoot1; et si on le trouve avoir mal administré, se remect au chastoy de Messrs des Provinces-Unies; si aussi non (comme il espère par la grâce de Dieu), que l'on ne le pourra taxer, mais qu'avec si peu de correspondance et moyens le dit Prince at pû soutenir se faict sans plus grand disordre et perte, mesmes y ayant eu tant qui ont abandonné leur patrie et serment, pour se rendre à l'ennemy; mais la gloire est à donner à Dieu, qui a préservé en cest horage ces pays, comme ne fais doubtes qu'il fera encores. Que si Messrs, après que son Exc. s'aura purgé et que chascun aura à plein entendu les impostures et méchancetez de nos | |
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Ga naar margenoot+ennemis, et touttes les calomnies estre fausses et controuvées, se veullent servir de luy, sera toujours prest à rendre tout humble service à sa Patrie et à vous aultres, Messrs, tant en général qu'en particulier. Le Prince étoit las d'être responsable des fautes d'autrui. - Au reste il s'efforça d'amener les Députés à une résolution finale. Ce fut sans succès. ‘Hoewel hij met alle neerstigheid aenhielt om eens tot eintelijke resolutie en besluit te geraken, so was het al te vergeefs en liep noch seer lange aen eer hier goede ordre konde gestelt worden, waerdoor veel goede saken en gelegentheden voorbijgingen, daer over hij dikwils met groten ernst was klagende:’ Bor, II. 135a. - Les Députés n'étoient jamais suffisamment autorisés (T. VI. 596). Cette cause fatale d'inertie et de retards avoit sa source principale dans la jalousie et l'ambition des Magistrats. Le 22 juin, ‘Son Exc. a remonstré que noz affaires yront de mal en pis, sy les députez de la généralité ne s'authorisent absolutement pour lever les deniers nécessaires au soustien de l'ennemy, et consulter et conclure les affaires de la généralité, comme pour le plus grand bien ilz trouveront convenir, sans renvoyer pour advis aux provinces; à quoy son Exc. pense que la commune entenderont bien, sy les magistratz ne firent difficulté:’ Rés. MSS. d. Et.-G. |
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