Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581
(1839)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CMXII.
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Ga naar margenoot+partie aussi pour le peu d'envie qu'un chacun a d'avoir un tel voisin si proche, qui leur est si peu agréable, ne prennent la cause en main, et ne s'y opposent de toute leur puissance. Je ne dénomberay icy les membres qui pourroyent espouser ce party, parce que v. Exe. le sçait beaucoup mieux que moy: seullement diray-je que jà par deux ou trois diverses fois les Princes et Electeurs, icy assemblez, ont menassé mesmes de ce danger, ouvertement et avec rigoureuses parolles, les députés des Estatz, le cas advenant qu'ils acceptent le Françoys pour Seigneur; quy faict à juger que pour leur particulier ils ne seront des derniers... Tous les Catholiques, quels quils soyent, recevront alaigremment ceste paix, et mesmes plusieurs aultresruynez et apovriz par la misère de la longueur de ces guerres civilles, en sorte que, la ou elle viendra à estre empeschée par le Prince d'Orange, il ne pourra que encourir la hayne de tous, et les aultres Provinces et villesGa naar voetnoot1 pareillement le seul fardeau de la guerre, quy vouldront tenir son party. Et de vray je sçay de bon lieu, que ledit Sr Prince a perdu tellement de son authorité au Pays-Bas, depuis la perte de Maestricht (quy luy a acquis un trèsmauvais renom, pour avoirlivréGa naar voetnoot(1) tant de milles personnes a boucherie, se reposant sur la promesse qu'il leur donnoit continuellement de secours) que plusieurs présument se repentir avoir jamays mis le pied hors de Hollande et Zeelande; n'y aiant maintenant [ordre] de se retirer avec son honneur, encore qu'il sache n'estre trop | |
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Ga naar margenoot+seur en la ville d'Anvers, où l'affection de la commune luy est merveilleusement diminuée. Quy est aussi occasion que, désirant se garantir, il s'accoste maintenant avec le Françoys, ès mains duquel, s'il n'y a autre remède, ne faut douter qu'il ne livre lepays; à telles condicions néantmoins, comme j'estime, qu'il tiendra tousjours le gouvernail entre ses mains. - J'envoye à v. Exc. icy conjoinct une lettre depuis naguères envoyée aux Estatz par un homme incongnu, se disant de Bruxelles: le messager quy l'a portée en Anvers, n'a attendu responce, craingnant en recevoir mauvais loyer. Elle a esté leue en public en l'assemblée généralle des Estatz, y assistant le dit Sr Prince, estimant que ce fut chose quy luy touchast (comme de vray elle faict) et qui fut de conséquence: l'on dit que l'escrivain ou le sécretaire du Gonseil quy l'avoit commencée à lire, connoissant (après estre entré en matière) où elle prétendoit, de honte voulut cesser deux ou trois fois de parachever à la lire, et ce mesme par le commandement de quelques uns des Estatz; mays le dit Sr Prince ne le voulut permettre, prenant luy mesmes la lettre, et, avec une démonstracion comme s'il n'y avoit rien de son particulier, l'acheva de la lire jusques à la fin: le subject, selon que v. Exc. peut veoir, tend principallement à mettre le dit Sr Prince d'Orange en haineGa naar voetnoot(1) de | |
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Ga naar margenoot+tous, et notamment des Estatz; puis à les inciter d'ac cepter la paix icy accordée et proposée par Messieurs les Commissaires Impériaulx; laquelle de vray je voys devoir réussir à mesme effect que les susdits députez des Estatz redoutent, sçavoir à désjoindre et désunir les Provinces et villes l'une d'avec l'autre, selon que naguères MalinesGa naar voetnoot(1) en a démonstré l'exemple, ainsi que v. Exc. peut veoir par la lettre imprimée icy conjoincte. Quand au refuge | |
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Ga naar margenoot+que les autres ont sur le secours d'Alencon, Dieu veuille qu'en iceluy ne trouvions l'accomplissement de ce que BrocardusGa naar voetnoot(1) prédit devoir advenir en bref, ainsi que v. Exc. sçait; quy seroit bien le comble de tous les malheurs que l'on pourroit redouter, pour veoir la calamité et désolacion plus grande en l'Eglise de Dieu qu'elle ne fut jamays. De ma part, ne puis estre induiet de croire, nonobstant tous argumens contraires qu'on me pourroit amener, y avoir occazion de craindre qu'il y ait entre luy et le Roy d'Espaigne aucune intelligence ou connilvacionGa naar voetnoot1 m'asseurant que sa Majesté Catholicque a si juste occasion tenir ses actions pour soubçonneuses qu'elle ne se voudra fier en luy pour jouer le personnageGa naar voetnoot(2) que beaucoup de gens redoutent: et voudrois plustot estimer qu'elle se pourroit aussi totveoir trompée en ce costé, comme les Estatz d'estimer qu'acceptant son party, ils se voyront de bref au dessus de toutes leurs misères et calamitez, Cependant AldagondeGa naar voetnoot(3) est party naguéres secrettement d'Anvers pour | |
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Ga naar margenoot+l'aller trouver: et puisqu'il est employé en cest affaire, n'y a doute que ce ne soit pour achever chose de trèsgrande conséquence... Je croy que v. Exc. sçait que l'Evesque de Coulongne a gaigné a Rome son procès contre son compétiteur: quy faict qu'il se démonstre maintenant de plus en plus meilleur et plus affectionné catholicque que l'on ne se promettoit de luy au commencementGa naar voetnoot(1). A ce propos ne puis obmettre raconter à v. Exc. le bon tour quy luy advind, il y a quelques huict jours, en bonne compaignie, par un brocardGa naar voetnoot1 que luy donna le Duc d'Arschot, en disputant de l'exercice de la Religion que demandoyent les Estatz, laquelle, se disoit-il, n'est raisonnable d'ottroyer à ces héréticques, qui ne se contentent jamais de raison comme les aultres, nonobstant tout offre équitable qu'on leur face. Monsr l'Evesque, ce respondit le dit Duc d'Arschot, vous n'avez occazion de vostre part vous formalizer ainsi contre les dits héréticques, desquelz vous dites maintenant tant de mal; car je croy sans eux que ne | |
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Ga naar margenoot+fussiez jamays en la place, ni en l'authorité d'Electorat, comme vous estes à cest heure, ce quy vous devroit bien inciter leur porter autant de faveur que pourroit jamays faire homme de vostre robe. Lequel, se sentant du petit picqué, ne respondit autre chose hors qu'il s'esmerveilla comme il pouvoit sçavoir plus des secrets de ses propres affaires que luy-mesme; et que, quand à luy, il ne s'estoit jamays cy-avant enquis des siens... Collongne, 6 août 1579. Le très-humble et très-obéissant serviteur de v. Exc. Antoine des Traos.
A Mons. Guillaume Laudgrave de Hesse, ès mains propres de Son Exce. |
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