Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
Ga naar voetnoot1† Lettre CMIII.
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Ga naar margenoot+Messieurs. Depuis peu de jours nous avons receu, de noz députez qui sont à Coloigne, les articles accordez entre le Prince de Parme et les pays d'Arthois, Haynault, l'IsleGa naar voetnoot1, Douay et Orchies, par lesquelz nous voyons assez que l'ennemy commun est en délibération de ruiner entièrement nostre liberté, tant de la religion que du pays; et comme par les divisions qu'il a semées, par le moyen de ceulx qui ont esté trop facilles à se persuader, desjà il nous a séparé plusieurs provinces et villes, aussy de nostre part il est plus que temps, nous conjoignant estroictement ensemble, empescher que, par nostre propre faulte, il n'ait moyen de nous opprimer, après nous avoir par les mesmes practicques divisez. J'espère vous envoyer, en peu de jours, lesdits articles et déclaration plus ampleGa naar voetnoot(1) des occurences servants à cest effect. Ce pendant je n'ay voulu laisser vous prier de ne vous laisser transporter par aulcuns faulx blasmes, qu'aulcuns, ou gaignez par l'ennemy, ou par trop grande imprudence, font semmer de moy. Car combien que mavie passée et les services faict au pays, avec tant de pertes et travaulx, doibve rendre assez suffisant tésmoignage de | |
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Ga naar margenoot+ma fidellité, tellement qu'il ne debvroit estre besoing que je respondisse aultre chose, sinon ce que mes faicts tesmoignent, touteffois, pour éviter les inconvéniens, que je crains davantaige sur le pays en général, et mesmes sur la ville de Gand, que sur moy en particulier, je n'ay voulu laisser de vous faire entendre que je suis bien adverty qu'aulcuns, ayans peult-estre des desseings à part, font courir divers bruicts, asscavoir que je seroi pour faire recepvoir un prince estrangier, avec lequel j'auroy quelque traicté; mais je vous prie de considérer que nous avons tant d'ennemis et avons parmi nous tant de gens qui en font tous les jours des nouvelles, que je seroy fort mari qu'il y eut aulcun prince estrangier qui peult, à mon occasion, se rendre ennemy de ce pays. Mais, Dieu mercy, je ne suis pas si peu cognoissant, que je ne sache bien qu'il fault nécessairement traicter, soit de paix, soit de guerre, soit d'alliance, avec le gré du peuple; tellement que je seroy très-mal conseillé si j'avoy intention de traicter telles choses sans vostre advis et des aultres provinces, comme je n'ay délibéré aulcunement de le faire et comme j'ay faict tant de preuve en Hollande et Zeelande, que je n'ay jamais traicté avec aulcun sans leur advis et consentement; de quoy je m'asseure qu'ilz rendront tésmoignaige partout, vous priant d'entendre qu'il n'est pas raisonnable q'un chascun soit adverti des causes parquoyGa naar voetnoot1 les Gouverneurs parlent d'une facon ou d'aultre; mais le peuple se doibt contenter qu'on n'est venu à aulcun effect sans l'en avoir adverti et en avoir son advis et conseil. Ce seroit aussi une chose qui debvroit estre incroiable, qu'il se tronva aulcuns qui vinsent à mettre en doubte le | |
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Ga naar margenoot+zèle que je porte à la religion pour laquelle j'ay tant souffert. Je désire qu'on compare ce que telz accusateurs ont faict depuis dix ans, avec ce que j'ay faict. Je confesse que je n'ay poinct approuvé la façon dont aulcuns ont usé, mais, en ce que touche le vray advancement de la religion, je n'en vouldroy céder à aulcun; veu mesmes que ceulx qui si hardiment m'accusent, n'ont liberté de parler que celle que je leur ay acquise par le sang des miens, mes labeurs, et mes excessives despences, et lesquels me doibvent pour le moins cela qu'ilz peuvent parler en telle liberté. Et quant à ce qui touche en particulier l'estat de vostre ville quant à la religion, comme je n'ay jamais constrainct aulcun, ains me suisservi de la bonne volunté de plusieurs pour advancer la liberté de l'Eglise et du pays, aussy je seroy trop mari d'entreprendre chose aulcune en vostre ville pour ce regard, sinon par vostre advis et conseil. Et quant à ce qui touche le Gouvernement de FlandreGa naar voetnoot(1), n'estant respondu aux articles que j'ay proposé, je suis en délibération de m'acheminer vers vostre ville, ayant eu l'advis des confédéréz en l'union, ayant promis de ne rien innover sans leur advis; aussi que je pense que l'affaire le plus nécessaire est d'entendre au redressement des affaires généralles, qui ne se peult faire sans la voye de l'union, et puis au plutost m'acheminer en Flandre, pour ayder avec vostre bon advis et de tousbons patriotes, de redresser toutes choses comme il est bien nécessaire, comme je veoi par certaines lettresGa naar voetnoot(2) du Prince de Parme au sieur De La Motte, que je | |
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Ga naar margenoot+vous envoye. Ce pendant je vous prie ne permettre qu'il se face aulcune nouvelleté en vostre ville, espérant vous faire cognoistre, tant au temps du renouvellement de la Loy que par toutes aultres voyes, le grand désir que j'ay de veoir la gloire de Dieu advancée, enGa naar voetnoot1 vostre ville florissante et en bon repos. Et s'il y a quelques articles à accorder, en cas qu'il soit trouvé bon par vous et aultres membres que j'accepte le Gouvernement, estant avec vous seront aysez à accorder, veu qu'il n'est plus temps de s'arrester à beaucoup disputer, ains est nécessaire de penser à se bien deffendre, sans user des longueurs qui nous ont amené tant de maulx par le passé... D'Anvers, 24 juilletGa naar voetnoot(1) 1579. Vous ne faudrez aprez ceste receue, de me rendre responce incontinent. VostreGa naar voetnoot2 bien bon amy à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Messieurs les Eschevins des deux bancqs, Doyens, Nobles, et Notables de la ville de Gandt. |
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