Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

¹† Lettre DCCCLXXXVI.
Le Duc Jean-Casimir au Magistrat de Gand. A leur prière, il permet à Dathénus d'y rester encore une année (MS. G. O. b. k.).

*_** Dathénus (T. IV. 217), d'après cette Lettre toujours encore

1 Copie d'une Lettre autographe.

[p. 617]

⁺Ministre à Frankenthal, avoit été chargé de plusieurs missions dans l'intérêt de l'Eglise Réformée en général. En 1576 il fut envoyé vers le Roi de Navarre. On écrit de Turin, le 4 février 1577: ‘haec nuper Bernae P. Dathenus a Condaeo et Rege Navarrae demum reversus retulit:’ Ep. sel., p. 736. Après avoir présidé le Synode de Dordrecht, il se trouvoit, depuis l'automne de 1578, à Gand. S'étant opposé avec force à la paix de religion (p. 391), il avoit cru devoir en décembre quitter momentanément la ville, quand le Prince d'Orange y vint soutenir le parti modéré.

Messieurs. J'ay, outre le contenu de voz lettres, entendu au long, par ce que m'a amplement déduit le sieur [Bolius],aant. Docteur en théologie, qu'avez envoyé par devers moy, mon cher et aymé ministre Dathénus estre tellement nécessaire à vostre Eglise de Gand nouvellement plantée, que malaisément la pourroit-il abandonner, sans une certaine et manifeste désolation d'icelle. Or, combien que Dieu m'aye faict la grâce d'estre successeur et. comme seul⁽¹⁾ héritier en l'empire de la vraye religion, que feu Monseigneur mon père de très-louable mémoire a maintenu contre la furie de tyrans bandez contre luy, et ainsy de l'eslite des plus excellens personnages qui estoyent au service de la vraye Eglise soubz son authorité et sa protection, et que par ce moyen il sembleroit que je me pourrois plus aisément passer dudict M^r Dathénus; si est- ce que l'estat de la religion est pour le présent tel en l'empire Romain, et y a tant et tant de difficultez qui se présentent les unes sur les autres, outre le regret que les bonnes gens de Franckenthal ont de leur fidèle

+ 1579. Juin.

(1) seul. A cause des persécutions de son frère envers les Réformés (p. 89, sq.), le Duc étoit devenu dans le Palatinat leur unique protecteur.

[p. 618]

⁺ministre, qu'à la vérité c'est bien incommodément que je m'en passe. Cependant, ayant tousjours en fresche mémoire le bon et honneste recueil que m'avez faict en vostre ville, l'honneur et la démonstration effectuelle de vostre bonne volonté qu'ay expérimenté, et me sentant par cela autrement et plus obligé et affectioné à vostre ville qu'à aultre que je sache, et l'extrême désir que j'ay aussy de veoir vostre Eglise de plus en plus fleurissante, entendant aussy la continuation en la sainte résolution qu'avez de réformer les abuz, contre l'opinion et la volonté de ceux qui vous y devroyent ayder, et enfin désirant, par tous bons moyens, advancer la vraye religion de tous costez, rejettant en arrière tout autre respect, je vous accorde de jouyr encores un an des labeurs et de la personne dudict Dathénus, comme aussy je le mande à ceux de Franckenthal, lesquels sans doute ne mettront aulcune difficulté à ce que sa famille l'alle trouver. Priant Dieu, de tout mon coeur, qu'Il vueille tellement bénir les labeurs de ce personnage, que le tout redonde à Son honneur et gloire. S'il y a quelque chose où vous pensiez que je puisse pardeçà ayder à la cause commune et notamment au bien et repos de vostre ville, je vous prie de vous tenir pour asseurez que je m'y employerai tousjours, comme entendrés par ledict S^r [Bolius] que sera l'endroict, où, après mes bien affectionnez recommandations à touts les bons patriotz, je finiray la présente, priant Dieu, Messieurs, vous tenir en vostre ville en Sa saincte sauvegarde et protection. De ma ville de Lauttern, ce 13^me de juing 1579.

Vostre bien affectionné amy,

Casimir.

+ 1579. Juin.