Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre DCCCXLV.
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Ga naar margenoot+se déclarant contre les Réformés. Le ton de la Lettre fait sentir que M. de Bellièvre ne trouvoit rien d'absurde dans ce soupçon. Monseigneur, estant venu en ceste ville d'Anvers pour satisfère à vostre commandement, le premier propos qui m'a esté dict par Mr le Prince d'Orange a esté que arrivèrent devant-hyer au soir en ceste ville d'Anvers deux députés de Flandres, qui lui rapportèrent que Mr de la Mote, Gouverneur de Gravelingue, avoit prié ceux de Flandres luy envoyer de leur part deux personages ausquels ils eussent fiance, ce qu'ils feirent. Le dit Sr de la Mote leur dict que vous, Monseigneur, luy aviés par deux fois envoyé un nommé le Sr d'Alferane, qui luy auroit remonstré de vostre part comme ces païs sont perdus pour le Boy d'Espaigne, et que, s'ils ne tumbent entre vos mains, ils seront dominés par un ennemy de la foy Catholique, que vous estiés icy venu avec forces suffisantes pour vous en fère Seigneur, que vous aviés pour le moings vint et cinq mil hommes de pied et grand nombre de cavallerie, et estoit vostre intention d'extirper la nouvelle religion et fère massacrer le Prince d'Orenge; vous lui offriés de grands biens et pensions, moyenant qu'il se meist de vostre cousté. - Monseigneur, je me trouvai fort estonné d'ouyr ce langaige; c'est un dire ancien, calumniés hardyment, il en demeure toutjours quelque chose; si ceste calumnie ne sera vivement effacée, elle avancera ces peuples à fère la paix plus que toutes les ambassades. Or, Monseigneur, il est plus que requis que vous pourveoyés soigneusement à ouster de l'opinion de ces peuples une si maulvaise opinion de vous, que le dit Sr de la Mote y a voulu imprimer. J'entends que la vérité | |
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Ga naar margenoot+est que le Sr d'Alferane a esté par devers le Sr de la Mote; pour le moings ils le croient icy. Il sera bon qu'ils sachent le vray de ce qui est passé, et comme ceux des Estats vous envoyent les députés de Flandres, pour vous fère entendre ce qu'ils ont ouy, il vous plaira de considérer si aussi il ne sera bon que vous leur envoyésGa naar voetnoot(1) icy le Sr d'Alférane, pour les advertir de ce qui a passé et qu'il déclare qu'il se veult rendre responsable de son dire et de ses actions. J'estime aussi, Monseigneur, qu'il sera à propos que vous envoyés avec luy personnages notables et de qualité pour les asseurer de votre bonne volunté: Mr des Pruneaux, qui n'est suspect de vouloir fère massacrer ceux de la nouvelle opinion, vous y pourra fère bon service. Comme, Monseigneur, l'affère requiert que vous faciés si expresse déclaration de la bonne volunté que vous portés à toute ceste nation, que rien n'en puysse demeurer au contraire en leurs opinions. Quant à Mr le Prince d'Orenge, c'est un fort sage Seigneur et qui prendra raison en payement; vous avés ce me semble plus d'intérest de le bien asseurer de vous que luy n'a de l'estre de vous; vous ne tirerés pas aisément, ni au premier coup, toutes les promesses de luy que l'on vouldroit; ce aussi à quoy il obligera sa promesse, j'estime qu'il ne y vouldroit pas faillir. Il est doncques question que vous veoyés comme vous l'induyrés à s'obliger à vous, car s'il vous sera ennemy ou contraire, je ne dy pas, Monseigneur, | |
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Ga naar margenoot+que vous n'ayés de grands forces et que vous ne puissiés fère ressentir ce païs du desplaisir que l'on vous feroit, mais, selon mon petit jugement, je vous diray que vous ne ferés rien qui soit à vostre avantage. J'actends la response de Mrs les Estats sur la lettre que leur avés escritte, dont je ne ferai faulte de vous advertir. Sur ce je fay fin, vous baisant très-humblement les mains... Anvers, 17 août 1578. Bellièvre. |
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