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Lettre DCCXXXVIII.
Le Comte Philippe-Guillaume au Comte Jean de Nassau. Il désire ardemment ravoir sa liberté.
*** Cette Lettre est très-librement écrite: le Comte parolt avoir
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Ga naar margenoot+été sûr qu'elle seroit remiseen de bonnes mains. Il déteste les Espagnols et se moque des reliques. - En lisant ces lignes nous comprenons qu'avant ‘eschapé au Capitaine de sa garde de lascher quelque parole au désadvantage de son Père, il entra en telle fougue qu'il le print par le milieu, le jetta par la fenestre, dont il mourut du coup sur la place: ’De la Pise, p. 603.
On le tenoit en tutelle, on épioit ses démarches; mais le mot de prison ne semble pas devoir être pris à la lettre. Il étoit traité avec considération. ‘Bien que prisonnier, il avoit le large partout avec ses gardes: ’de la Pise, p. 603. - Néanmoins c'étoit presqu'une ironie lorsque dans l'entrevue de Geertruidenberg (p. 85, sq.) le Prince se plaignant amèrement de la détention inique de son fils, les Députés de D. Juan affirmèrent ‘'t selve geschied te syn uit Vaderlyke liefde; dewelke syne Maj. hem en zynen zone was dragende, om hem te preserveren voor alle inconvenienten:’ Bor, 818b. Le père et le fils se seroient fort bien passés de cette sollicitude excessive et spontanée. ‘De Prince repliceerde dat sulx niet en kost zyn, dewyle zyn Maj. hem ter selver tyd maekte balling des Lands:’ l.l. Et l'on voit ici le Comte soupirer après la liberté.
La promesse de suivre, en cas que ‘les négoces prendroient autre chemin, ce qu'il plaira à son oncle lui commander,’ se rapporte peut-être à un enlèvement projeté (T.V. p. 369).
Monseigneur. Je n'ay laissé échapper la moindre occasion sans faire mon devoir et obligation d'escripre à v. Exc., luy signifiant le grand désir de me veoir délivré de ceste prison, pour pouvoir employer ceste miene fervente volunté par oeuvre et par effect enservir et obéir à v. Exc. J'espère que les affaires s'achemineront tellement et au contentement de v. Exc. que en brief recevray ce bien si long temps desiré, avecq la faveur et bonne-main de v. Exc., de laquelle ne fais aucune doubte; mais, si les négoces prenderoient aultre chemin, ce que à Dieu ne plaise,
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Ga naar margenoot+je me confie du tout en v. Exc., estant tout prest pour ensuivre tout ce qui luy plair[a] me commander. Quand des nouvelles de pardeçà, je ne saurois escripre aultre chose sinon que, le 21me de ce mois, il y a tumbé un foudreGa naar voetnoot(1) en la belle tour de l'Escurial, où estoit lors le Roy et la reine, les princes et infantes, et s'en fallut fort peu que le feu ne s'estoit mis par tout le monestère, si le vent ne se fust tourné devers les champs; au deseurGa naar voetnoot1 du clochier estoient mises 4 ou 5 grosses boules, toutes dorées et pleines de beaucoup de reliques, pour la conserver de semblables périls, mais ceste fois ne firent point de miracle. Il y a plusieurs de discours, chacun selon son avis, et semblablement de celux qui l'avoient pronostiqué que le feu se devoit mettre en la plus grande maison d'Espaigne, et semblablement de la courte vie du Roy; il leur a cousté chier, car on les a découvert et mis en la prison pour les examiner. Il y a grandes murmurations en ce peupleGa naar voetnoot(2) icy sur ces imposisions et dixhième, de sorte qu'il en pouroit sortir quelque garbouelle: plust à Dieu que ainsi fust et qu'ils en fussent si entourtillés qu'ils ne se puissent enchapparGa naar voetnoot2,
pour un peu rabattre les coutures de leur démésurée superbite. Je ne sçais que escripre aultre chose, ni en quoy servir pardeçà, parquoy feray fin, priant le Tout-Puissant de donner, Monsigr, à v. Exc.,
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Ga naar margenoot+en toutte prospérité et santé, l'accomplissement de ces très-nobles et très vertueux desirs, me recomandant trèshumblement à sa bonne grâce, sans oublier mon debvoir à Madame. De Alcala, ce 26 de juillet 1577.
De v. Exc. très-humble et très-obéissant fils,
P. Guillaume de Nassau.
A Monseigneur le Prince d'Oranges.
D. Juan se saisit du château de Namur, le 24 juillet.
Dès son entréeGa naar voetnoot(1) à Bruxelles il avoit, comme précédemment à Louvain (p. 83), mis tout en oeuvre pour se concilier l'affection générale. Amis et ennemis, lui rendent ce témoignage d'une commune voix. ‘Omne extemplo studium actusque eo convertit ut Ordinum populique animos.... clementiâ, mansuetudine et humanitate sibi conciliaret:’ Burm. Anal. I. p. 21. ‘Hy heeft hem seer minlyk tegen eenen iegelyken getoont, so wel jegens den groten als gemenen personen, sodat hy de herten van vele heeft gewonnen:’ Bor, 812b. Ses faveurs s'étendoient jusqu'à ses
plus violents antagonistes.
Ces avances lui avoient fort peu profité.
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Ga naar margenoot+D'abord, quant à la Holl. et la Zél., les choses en restoient au méme point. Ces Provinces continuoient à le braver. Là ceux qu'il considéroit comme rebelles et hérétiques, exerçoient, en dépit d'un Traité, des violences contre une ville à laquelle, selon lui, on ne pouvoit rien reprocher, si ce n'est une fidélité exemplaire à Dieu et au Roi: ‘Don Jan seide dat, by aldien hy waer in Spangiën of Italiën, dat hy expresselyk overkomen soude om te beschermen de quaestie van die van Amsterdam:’ Bor, 821b. Pour conserver la liberté de religion provisoire, on évitoit tout arrangement définitif. Ce n'étoit pas tout. Le Prince entretenoit dans les autres Provinces des relations, suspectes, et sous le rapport religieux, et sous le rapport politique. Même il est assez probable qu'il y avoit quelque fondement au reproche: ‘de Prince met die van H. en Z. hebben in Braband, Vlaenderen, Gelderland en Vriesland overgesonden diverse Ministers en Predicanten van hare secten en andere perturbateurs van de gemene ruste, dewelke, by secrete en heimelyke vergaderingen en conventiculen, en somwylen met openbaer schandael, de voorschreven Pacificatie hebben ingebroken:’ Bor, 886a. Cet état de choses ne pouvoit durer: non seulement la Holl. et la Zél. ne rentroient point sous l'obéissance du Roi, mais les Pays-Bas en général étoient exposés de plus en plus aux influences du Prince d'Orange et de la Réforme. Il s'agissoit donc de réduire le Prince; mais les
Etats-Généraux étoient peu disposés à en fournir les moyens. Ils prenoient à tâche de déjoner ce projet: ‘De Staten tot Brussel, merckende dat Don Johan hem stoorde en scheen Oorloghe te willen vernieuwen tegen den Prince, hebben sy alle vlyt aenghewent om dat voor te komen:’ v. Meteren, p. 121c, ‘Eenige van de Staten die 't meeste credyt en geloof onder hen hadden, hebben wel dorven seggen datse om 't stuk van de Religie, noch om andere saeken de wapenen niet souden aennemen tegens den Prince en die van H. en Z., ja dattet beter was schade in de Religie in de 15 Provincien te lyden, en d'autoriteit van syn Mat. te verliesen, dan te treden in nieuwe kryg en oorlog. Hebbende syn Hoogheid wel dorven voor antwoord geven dat haer meninge niet en was den Prince te bedwingen anders te doen:’ Bor, 887a.
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Ga naar margenoot+Son pouvoir dans le reste des Pays-Bas se réduisoit à peu de chose.
Nulle influence dans les Etats-Généraux. ‘Hare resolutiën waren meest tot voordeele en faveur van den Prince en tot nadeel en prejudicie van syne Maj.’ l.l. Ceux-mêmes qui de leur propre mouvement eussent agi dans un sens contraire, étoient entrainés par la crainte du Prince (‘door de vrese die sy hadden voor den Prince:’ l.l.) et surtout aussi par celle du peuple. Il y a de la justice dans la plainte faite au nom de D. Juan: ‘De Staten en konnen hen ook niet excuseren dat de gemeente van Brussel tumultuaerlyken komen in haer vergaderingen om hen met forse te doen resolveren vele saken na haren appetyt en bose intentiën, dewyle sy wel vermochten eene ander Stad te kiesen en nemen om hen te vergaderen, daer toe sy over lange versocht waren geweest, daer sy vryer souden syn geweest en 't gemeen volk min oproerig dan te Brussel;’ l.l. Et on ajoute: ‘des te meer dat men wel bemerkten dat sy door de giften, beloften, listen en praktyken van den Prince gewonnen en gecorrumpeert waren:’ l.l.
Les Etats eux-mêmes alloient bientôt se trouver impuissants. L'intervention plus ou moins directe du peuple armé devenoit menaçante. On ne sauroit nier ce que disoit D. Juan: ‘hy siet en bevind dat, by faulte en gebrek van autoriteit, de Staten hare belofte aengaende de onderhoudenisse van de Religie en behoorlyke onderdanigheid aan syn Maj., niet en souden kunnen effectueren:’ l.l. p. 835b. Schets de même: ‘quamquam Ordines praesto paratique essent uti se obligatos agnoscant ad honestos et legitimos conatus juvandos, spes tamen pacis et tranquillitatis non tam optimatum quam populi, nec tam populi quam plebis opinionibus sublata est:’ Burm. Anal. I. p. 41. Que devenoit, en face des prétentions de la multitude en armes, le pouvoir du Gouverneur-Général!
Le Sr de Hèze, Gouverneur de Bruxelles, par la grâce du peuple, marchoit insolemment, entouré de ses gardes: ‘Bruxellanae civitatis Praefecturam, nemine quamvis tradente, tamen nec contradicente, tenebat, eoque titulo ad corporis sui custodiam satellitio stipatus cernebatur:’ l.l. p. 27. On déchiroit D. Juan dans des
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Ga naar margenoot+écrits: et ces libelles odieux se publioient avec impunité. On ne s'abstenoit pas même des voies de fait: ‘lydende hy van de gemeente te Brussel verscheiden indigniteiten, moetwilligheden en insolentiën, sulx dat sy dikmael groot rumoer en sorglyke alteratiën susciteerden en oproerden: ’ Bor, 882a. On poursuivoit ses serviteurs ‘achter straten met injurieuse propoosten en dreigementen tot op de voorplaats en baliën van den Hove:’ l.l. On lui présentoit des requètes concues en termes violents. Au retour d'une fête que les Magistrats de la ville lui donnèrent, le peuple en vint jusqu'à disperser sa garde: ‘procacitate et insolentiâ quorundam corporis sui custodibus vis admota, ita quidem ut, his per tumultum dilapsis, desertus omnique satellitio destitutus in aulam serecipere fuerit coactus:’ Burm. Anal. I. p. 21. Ce fait, malgré sa plainte, resta impuni; ni les Magistrats, nì les Etats se montrèrent fort sensibles à un aussi grave attentat.
D. Juan étoit convaincu qu'il couroit de grands dangers personnels.
Il recevoit souvent des avis à cet égard. - En mai le Vicomte de Gand ‘is in de middernacht (wesende syn Hoogheid te bed en in slape) by deselve gecomen... seggende dattet meer dan tyd was dat hy synen persoon soude versien, gemerct men was tracterende om hem te apprehenderen, aentasten of dood te slaen.’ Bor, 882h. En juin le Duc d'Aerschot lui dit ‘dat hy, noch ook die van synen huise, hove en gevolg geensins versekert en waren, en datter confederatien, liguen en verbontenissen gemaekt worden van degene die sich noemden en droegen tekenen van Contra-Johannisten: ’ l.l. 883b.
La chose n'est pas invraisemblable. Le Vicomte de Gand ‘seide en verklaerde veel treffelijke redenen van syn wetenschap:’ Bor, 882b. Le Duc d'Aerschot citoit une Lettre dont on ne sauroit désormaisGa naar voetnoot(1) révoquer en doute l'authenticité: ‘d'eerste reso- | |
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Ga naar margenoot+lutie van den Prince was als noch in trein, in conformiteit van dat de Prince, vóór d'aenkomste en 't ontfangen van syn Hoogheid totten Gouvernemente, aan de Staten geschreven hadde, (daer van de Hertog seide copieGa naar voetnoot(1) te hebben) dat so lange hy niet in handen en gesayseert was, de Staten niet en souden konnen komen ten einde daertoe sy pretendeerden, en dat mitsdien van node was sich te versekeren van syn persoon: ’ l.l. ‘Ex Auriaci Principis litteris indubitato documento compertum consultum aliquando fuisse anne Austriaci persona custodiae mancipanda esset, quo Reipublicae foret melius:’ Burm. An. I. 43.
D. Juan se trouvoit donc dans une position de plus en plus em barrassante; son rôle devenoit nul et passif; il ne lui restoit de Gouverneur-Gl que le nom; en butte, sans défense, aux entreprises de ses audacieux antagonistes, il étoit convaincu qu'ils en vouloient à sa vie, ou tout au moins à sa liberté. Voilà ce qu'il importe de se rappeler, afin de comprendre l'origine, le but, la nature de sa résolution.
Le recours à la force ne fut pas constamment son idée. Il paroît que, non seulement à sa venue, mais encore en mai, il aspiroit à rétablir l'harmonie entre le Souverain et les Etats. Il en avoit l'intention, parcequ'il en conservoit l'espoir. Ces illusions se dissipèrent. Si, avec un caractère tel que le sien, on peut faire des avances, on ne supporte pas de les voir longtemps repoussées avec indifférence et dédain. ‘Cum id (conciliare animos) multis variisque modis tentatum parum succederet, neque mutuam benevolentiam, uti speraverat, neque parem invicem affectum offenderet, et infra dignitatem, praesertim a plebe, haberetur, gravem animo concepit indignationem:’ Burm. Anal. I. p. 21. D'un autre côté la résolution ne fut pas tout-à-fait subite. Il se peut que de nou- | |
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Ga naar margenoot+veaux avertissements vinrent en avancer le terme, mais depuis plusieurs semaines le Gouverneur méditoit un coup pareil.
Schetz en est persuadé: ‘Ab eo tempore quo Bruxellas reliquit, sive offensâ, sive tractationis difficultate, mutato animo, longe diversam a priore administrationis viam et formam aggredi instituit; quique prius, clementià et benignitate conciliatâ sibi multitudine, Rempublicam pacato et politico ordine instaurare cogitârat, cum fieri nunc posse desperaret, authoritate sibi hoc parandum censuit: ’ p. 22. Donnant à entendre que sa présence et ses conseils eussent peut-être encore prévenu le fait, il dit néanmoins ‘factum pridem consiliis agitatis conceptum videbatur:’ p. 27.
D'ailleurs D. Juan négocioit avec les Allemands. Quant aux Espagnols, Granvelle écrit le 23 aoôut au Roi qu'il est affligé au dernier point de ce qui se passe en Flandres, ayant fait de son côté tout ce qu'il a pu pour le prévenir. On ne sauroit presque, dit-il, n'étant pas exactement informé des détails, donner de si loin des conseils. ‘Grande ha sido la resolucion que se ha tomado, y cosa de mucha consideration, haver mandar que vuelvan los mesmos Espanoles que han dado causa al mal presente.’aant. Maintenant leur départ, sollicité par les Etats, n'aura fait qu'augmenter l'animosité sans fruit (MS. Brux. II. p. 52). - Il est probable cependant, et vu les graves conséquences d'un tel retour, et d'après la date de la Lettre, que l'ordre de rappel des Espagnols fut expédié après la prise du château de Namur et à cause de l'attitude subitement hostile des Etats.
Quel étoit son dessein?
D'abord de se mettre en lieu de sûreté. ‘Hy was in meeninge geweest heimelyk in poste na 't land van Luxenborg te vertrecken, maer omdat de wegen en passagien vol krygsvolk waren, was hem 't selve te periculoos, vresende bekent te werden: Bor, p. 883b. - Puis de recouvrer son pouvoir: ‘Suspicabatur inaugurationem non esse sinceris Ordinum suffragiis factam et tantum secundo speciosoque dignitatis titulo ornandum, gubernationis potestate penes ipsos manente, nisi scrupulosis tractationibus
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Ga naar margenoot+deinceps rejectis, authoritatem dignam eo quem gerebat titulo ipse sibi capesceret:’ p. 21. - Enfin de se préparer à la guerre, en cas qu'il y fut forcé.
Doit-on supposer en outre qu'il ait voulu commencer la lutte, tenir la Pacification de Gand et l'Edit Perpétuel pour non avenus, rompre avec les Etats, traiter les Provinces en pays-conquis?
Il proteste du contraire, dans des actes publics, et avec plus de force encore dans ses entretiens confidentiels: ‘Sua Serenitas affirmare et asseverare nihil horum se in animo habere, vel habuisse unquam, quod se ad facti propositique sui necessitatem compulerit; nihil sibi prius unquam vel religiosius futurum quam ut pacificationem illam et tractatum Edicti per singula capita accurate observet.’ Burm. An. I. p. 32. - Il s'explique ainsi, déjà le 28 juillet, avant que le château d'Anvers eût passé aux Etats, et lorsque le succès sembloit couronner ses desseins: Bor, 835b. Et le même jour le Sr de Hierges écrit aux Etats de la Gueldre: ‘Syne H. heeft ons verclaert gantschlyk geresolveert te wesen de Pacificatie vastelyc te onderholden:’ Bond. III. 47.
D. Juan n'étoit pas autorisé à des projets violents; son intérêt aussi devoit les déconseiller. La lutte sembloit trop inégale. Il devoit s'estimer heureux si, prenant une attitude vigoureuse, il parvenoit à encourager, à rallier ses partisans timides; à tenir, pour le moment, ses ennemis en respect; à conquérir, non pas un pouvoir absolu, mais quelque peu d'influence et d'autorité. Sa pensée étoit à peu près la mème qu'en avril dans des circonstances pareilles: ‘Waert dat d'ander my vast namen, degenen die begeren te genieten de gratie die U.M. henlieden doet (dewelke den minsten hoop syn)... souden dan geheel den moet verliesen, sonder datter vemand syn soude die hem soude darven roeren. Ik ben vast overdenkende hoe dat ik my stellen sal op eenige sekerder plaetse dan dese is, van waer ik soude mogen furneren tot alle de saken: want vry synde, in wat manieren dattet sy, ik meine datter menig sal wesen die hen ten minsten sullen verklaren te wesen voor U.M.’ Bor, 846b.
Examinons encore la nature du fait.
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Ga naar margenoot+D. Juan se donna un véritable tort par la ruse et la violence de son procédé. ‘Omnibus etiam optime affectis,’ dit Schetz, ‘scrupulum injecit facti forma:’ Burm. An. I. 27.
Mais l'acte en lui même comment faut-il le juger? Encore récemment un de nos écrivains les plus impartiaux, le qualifie de trahison affreuse: ‘gruwelyk verraad:’ v. Cappelle, Bydragen, p. 49. Oublie-t-on qu'il étoit Gouverneur-Gl? Il se fonde sur les pouvoirs inhérents à sa charge: ‘Hy heeft sich op 't slot van Namen gestelt, so hy mochte doen als Stadhouder en Gouverneur-Gl:’ Bor, p. 884a. Les Etats-Gén. lui reprochent, non d'avoir outrepassé ses droits, mais de n'avoir pas préalablement communiqué son dessein ‘den Rade van State, Staten, en principale Heeren nevens haer:’ Bor, 880b; confidence par laquelle le Gouverneur, il faut en convenir, eût fait preuve d'une extrême naïveté. Et, pour ajouter encore un témoignage qu'on ne sauroit recuser, le Prince observe, en nov. 1576, aux Etats-G.: ‘wesende D. Johan eens hier te lande ontfangen, sal hem mogen terstond versien de Castelen en de Sloten in te nemen, dewelke directelyc syn onder den Conic,... en sullen hem die niet connen geweygert worden:’ Bond. I. 198.
C'étoit une démarche très-hasardée. Certes cela n'est pas surprenant; car ce fut un coup de désespoir; et rarement la prudence guide dans des déterminations pareilles.
Elle eut des résultats fâcheux et sembla justifier jusqu'aux plus injustes soupçons.
Philippe II fut surpris et mécontent; il le fit immédiatement savoir par une Lettre du 6 août; ‘Regis in pacem propensi animi judicium, utpote qui factum de Namurci arce, eo modo occupatâ, pacis praejudicio non probaret:’ Burm. Anal. l.l. p. 76. De mème il écrit le 1 sept. au Magistrat d'Arnhem: ‘onze zeer lieve Broeder... heeft ons onlanx geschreven dat die boosheyt ende onruste van sómmige particulieren... hem hadden bedwongen zynen persoene bynnen Nhaemen te stellen, om met meerder vryheit ende zeeckerheyt te moegen letten op 't Gouvt van de Landen; hedtwelcke ons zeer leed geweest is, omdat (by avonturen) tselffde oersaecke wesen zoude die zaecken, die zoe goeden voet genhomen hadden, te
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Ga naar margenoot+verachteren ende verlenghen:’ Bond. III. 163. Et par la suite: ‘restando il Re mal satisfatto della sua ritirata in Namurco, dalla quale pareva che fossero procedute le perdite di tante piazze et provincie intiere:’ Négociat, de M. Séga, citées chez Ranke F.u.V. I. 182.
Les amis de la paix furent attristés: ‘Multi sublatam inde spem reconciliationis omnem dolebant:’ Strada, 529.
Plusieurs se réjouirentaant.: ‘Plerique laetabantur eo velut classico quod Austriacus ipse cecinisset, ad arma cogi se adversus Ducem militibus exutum: laudabantque propterea opportunum Orangii astum, cujus operâ insinuatum Austriaco ejusmodi fugae consilium dictitabant: l.l.
A vrai dire, il n'y avoit pour la guerre, ni cause, ni motif suffisant; il y avoit une occasion et un prétexte.
Tout pouvoir régulier devenoit impossible par les prétentions des Etats et la situation du pays. Avec cette cause de désaccord les occasions d'une rupture complète ne pouvoient manquer.
On courut aux armes, on chassa les garnisons, on leva des troupes, on prétendit que la guerre étoit ipso facto déclarée par D. Juan.
Celui-ci avoit quelque motif de s'écrier, en apprenant la prise du Château d'Anvers, ‘dat dewyle de Staten nu eerst den vrede gebroken hadden, dat hy ook geoorsaekt was de oorloge by der hand te moeten nemen:’ Bor, 839b. Et quand même il eût pris l'initiative, peut-être cela ne suffiroit pas pour le condamner sévèrement; c'est d'ordinaire une question délicate de déterminer qui a été l'agresseur réel dans des circonstances pareilles. Ce n'est pas toujours celui qui, cerné et harcelé de toutes parts, s'élance violemment au delà du cercle dans lequel on prétend l'envelopper. |
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voetnoot(1)
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un foudre. ‘Des nachts omtrent 11 uren begon het seer geweldig te donderen, blixemen en wayen, datse meenden dat de wereld begon te vergaen:’ Bor, 869a.
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voetnoot(2)
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ce peuple. Dans la Justification des Etats-G. ‘werd ondersocht of het volk van Spangien hen wel so vast is houdende in de behoorlyke gehoorsaemheid van syne M.’ Bor, 945a.
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voetnoot(1)
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entrée. On prétend que Viglius, qui mourut le 8 mai, dit en le voyant: ‘al spottende, Is dit den Prince die ons den Vrede brengen sal?’ v. Meteren, p. 120a. En admettant la vérité de cette anecdote, faut-il en conclure que la physionomie de D. Juan exprimoit des sentiments de hauteur et d'une indignation mal dissimulée? Bor dit le contraire. ‘Wesende van natuerén bevallyk om aen te sien, oud omtrent 30 jaren, toonde hy aen allen zyden een vrolyk en aengenaem wesen:’ p. 812a. Et v. Meteren luimème vante ‘syn gespraecksaemheyt, beleeftheyt, liberaliteyt:’ p. 120d. Il suppose que Viglius étoit mécontent de ce qu'en nov. 1576, D. Juan n'étoit pas, conformément à son avis, venu immédiatement à Bruxelles et dans le Conseil d'Etat. Il est plus simple de dire: pour le vieillard D. Juan étoit trop jeune, pour le Jurisconsulte, il avoit le maintien trop guervier.
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voetnoot(1)
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désormais. Voyez T.V. no. 648a. Nous n'avons pas trouvé dans la Correspondance d'autres traces de ce projet: mais on conçoit que, lorsqu'il s'agissoit de chose pareille, le Prince n'étoit pas très-communicatif. Il y a un exemple curieux de ce silence complet dans la Lettre 610, où, écrivant au Comte Jean de Nassau l'arrestation du Conseil d'Etat, il n'ajoute pas un seul mot d'où son frère eût pu deviner le quorum pars magna fui.
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