Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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† Lettre DCCXXXIX.
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Ga naar voetnoot+ville [a] remis son gouvernement entre les mains du dit Don Jéhan, d'autre costé les Allemans tiennent encore une bonne partie des villes principalles du païs, de façon qu'il est fort apparent que Don Jéhan s'est résolu du costé de la force, ayant à son commendement le chasteau de Gand, d'Escluse, et la ville de Termonde en Flandres, et en Brabant celle de Bergen op Zoom, de Boisleduc, et ayant au chasteau d'Anvers intelligence avecq Monsieur de Treslong, combien qu'il y ayt quelques capiteines desquels les Estats ont bonne opinion, mais le pis est que ce pendant il traîne les Estatz et les tient tellement en suspens, qu'ils ne se sçavent résouldre. Le lendemain après avoir surpris le chasteau de Namur, il dépêcha le Seignr Rassingen devers eulx, pour remonstrer qu'il ne l'avoit faict à aultre occasion que pour s'asseurer, à cause qu'il avoit receu advertissement qu'on avoit conspiré sa mort, en cas qu'il vint à Bruxelles, et envoya la copie des lettres aux Estatz, lesquelz estoient sans nom et signature, adjoustant, qu'il n'entendoit en façon quelconque rompre la paix, mais mesme vouloit poursuivre à faire sortir les Allemans des villes, ce que plusieurs d'entre les Estatz se laissent persuader, donnant ce pendant au dit Don Jéhan loisir de se fortifier à son plaisir. Quoy qu'environ sept ou huict jours auparavant de ceste surprinse de Namur, j'aye esté dépesché de Monseigneur le Prince d'Oranges vers eulx, pour leur communicquer aucunes lettresGa naar voetnoot(1) | |
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Ga naar margenoot+interceptées en France, par lesquelles on descouvre manifestement leur mauvais desseings brassés de longue main. Car Don Jéhan escript au Roy bien manifestement que sa Ma n'a pas icy ung seul homme pour luy, forsGa naar voetnoot1 seulement le Conte de Mansfelt, et que c'est raison que l'on luy donne récompense, puisqu'on en donne aux meschans, afin qu'ils ne soyent pires; et que l'on ne doibt refuser aux vieus serviteurs, ce qu'on dònne à ceux qui ont mérité d'estre chastiez exemplèrement. Il dict qu'il n'y a autre remède à ce corps, sinon de coupper et retrencher tout ce que est gasté, remonstrant au Roy bien amplement que la douce médecine n'y profitera de riens, et se remectant de surplus à ce que Escovédo en escript plus particulièrement, lequel, après une infinité d'attachesGa naar voetnoot2, qu'il donne à tous, tant aux Seigneurs qu'aux Estatz, et universelement à tout le peuple, conclud finalement en ces termes, que, si le Roy ne tâche à recouvrer son crédit pour lever argent et qu'il n'envoye forces pardeçà pour y aller d'autre pied, que Don Jéhan se retirera, advertissant sa Maté que ces afaires ne se peuvent remédier par moyens de raison, ains seulement avecque feu et sang, et, pour ce fère, il est besoing avoir forces et moyens. En un autre, aussy au Roy, il ouvre les moyens de faire la guerre, disant qu'il ne seroit d'advis qu'on s'avansast aux villes de terre ferme, mais qu'il se faut attaquer aux illes, ce qu'il tient pour plus difficile que non pas l'entreprinse qu'on a sur l'Angeleterre; et que, ayant saisy l'un, l'on en saisiray bien l'autre et que pour ce faict il suffit avoir moiennes forces; et toutesfois il proteste qu'il ne le dict pas pour le respect de Don Jéhan, c'est à dire pour avan- | |
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Ga naar margenoot+cer le desseings qu'il a en Angleterre, mais pour ce qu'il voit que les afaires de sa Maté n'ont nul autre remède. Et aileurs il escript que, quand il sera question de faire la guerre, il faudra suivre tout ung autre pied que ont faict le Duc d'Alve ou le Commandeur-mayor, à cause qu'il faudra avoir peu de gens, mais d'eslite et de bon service, sans se charger de ceulx qui ne font que consumer sa Maté. - Brief, toutes les lettres, tant de l'un que de l'aultre, ne font que menasser le pays de servitude et d'entière ruyne, si avant que Escovédo dict, en termes exprès, qu'il voit qu'entre les Seigneurs y aura débats, à cause des gouvernemens, et que, en tel cas, la dispute de la liberté des consciences viendra fort bien à propos pour le Roy, d'autant queles uns soubs ce prétexte se joindront avecque le Roy et par ainsy on les divisera et aura-on moyen de les venger tous et chastier les uns par le moyen des aultres. Or, Monseigneur, j'ai communicqué ces lettres à plusieurs d'entre eulx, suivant ma charge, et là-dessus est survenu cela de Namur, par une singulière providence de Dieu, qui les veut réveiller de leur somme, comme par force, et toutesfois la plus grand part ne se peult encor résouldre; ils veullent encor aller par disputes et justification et ne pouGa naar voetnoot1 cher à leur faict. Les Seigneurs qui sont bien affectionnés et voluntaires, entre lesquels certes Monsieur d'EgmontGa naar voetnoot(1) se monstre des premiers, ne se | |
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Ga naar margenoot+treuvent secondez des aultres, de façon qu'il est fort à craindre que nous trouverons quelque jour surprins, si Dieu ne nous ayde. - Les affaires d'Hollande vont à l'accoustumée. Ceulx d'Amsterdam demeurent aussy oppiniastres qu'oncques auparavant et n'entendent à nulle raison. Ils veulent gouverner leur gouverneur, et, en recepvant Monsieur le Prince, veullent avoir les armes en main et la ville plaine de garnison; d'autre costé se veullent joindre avecq Hollande de nom, mais en effect ne veullent avoir riens de commun, sinon le trafficq et négotiacion. Car aux charges et impositions ne veuillent participer, en sorte que ce soit. On y avoit envoyé ung président du conseil privé, nommé SalsbautGa naar voetnoot1, mais au partement d'Hollande il n'avoit non plus effectué que les autres. Utrecht demeuroit aussy en mesmes termes. En Phrise on avoit envoyé des Commissaires, pour persuader Monsieur de Ville de venir vers Don Jéhan, espérant par ce moyen luy faire quicter son gouvernement à Monsieur de Bossu; mais, comme il a esté arrivé à Malines, de suite la surprinse de Namur a esté publié, ce qui l'a empeché de passer oultre et esté occasion de se résouldre plus fermement. Monsieur de Lalaing donne ordre, le mieulx qu'il peult, en son Gouvernement de Haynault. Toutesfois on l'attend icy de jour à aultre. Je désirerois merveilleusement qu'il y fust, espérant qu'il pourroit redresser et animer les autres. Il fault prier [le] Dieu des armes qu'Il veult assis- | |
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Ga naar margenoot+ter à son peuple et à sa cause. Certainement la cause de la religion est merveilleusement hayeGa naar voetnoot1 et suspectée par tout, ee qui rend mon voyage par deçà presque de tout infructueux, car ils soubsçonnent merveilleusement toutes mes actions et conseils, pensans que je panse à leur introduire Monsieur le Prince, pour par après amener le changement de religion, et semblent qu'ils ayentGa naar voetnoot2 mieulx se perdre sans nous, que de se sauver avecque nous. Voilà, Monseigneur, l'estat de nos afaires de pardeçà, qui est l'endroict où, après m'estre bien humblement recommandé à vos bonnes grâces, prieray Dieu vous donner, Monseigneur, en parfaicte santé, vie bien heureuse et longue. Bruxelles, le 28 de juillet 1577. Le Sr de Hierges (p. 113) continuoit à obéir aux ordres de Don Juan. Son père et ses frères, d'autres Seigneurs, comme par ex. le Comte de Roeux, de même. On leur a donné souvent le nom de perfide et de traître; mais peut-on justifier ces épithètes? | |
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Ga naar margenoot+pius.Ga naar voetnoot1Et intempestivis horis fuisse postea constitit,Ga naar voetnoot2quare tandem... discedere constituit... Clandestino Belgicorum Procerum quorundam consilio et instinctu factum fuisse plerique arbitrantur, qui Germanos quos sacramento exolutos dimissurus erat, factâ transactione denuo authorandos suaderent, blanditiis nihil se effecturum et, nisi se authoritate muniat, ludibrio futurum asserentes; an publico bono, an privato commoti incertum est:’ Anal. Burm. I. 22. - Le Duc d'Aerschot aura été parmi ces Conseillers: du moins lui aussi avoit donné l'alarme à D. Juan; lui aussi avoit quelque raison de craindre pour sa sûreté personnelle; lui surtout, par sa conduite, faisoit douter si son mobile étoit le bien public ou l'intérêt particulier. |
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