Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre DCLXVI.
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Ga naar margenoot+cent de tout leur pouvoir de trouver les remèdes convenables pour obvier au mal apparent et à tout ce qui leur pourroit survenir, tous trois viennent à se résouldre làdessus qu'il est entièrement requiz que je me treuve au plustost par de là, et mesmes à Bruxelles, estymans que ma présence serviroit pour tant plustost redresser le tout et remectre les affaires en bon train. Surquoy je ne puis laisser de vous tenir mémoratyff de ce que sur ce mesme propos j'en ay icy, lors de vostre partement, communic qué avecq vous, et l'entier zèle et affection que j'ay pour, non seullement en cela, mais en chose plus grande, faire service à la patrie et à Messieurs les Estatz, espérant qu'à vostre arrivée illecq vous l'aurez faict entendre à ceux que trouverez appartenir; mais, voyant l'ambiguité et diversité où les affaires se passent, et comme quelques ungs, plus affectionnez au party Espaignol et à quelque changement d'affaires, que au bien du pays et service des Estatz, taschant par plusieurs menées, comme par dessoubz terre, de désunir les dits Estatz, trouveroyent facillement par ma présence au dit Bruxelles occasion d'y mordreGa naar voetnoot1 et en faire leur prouffyt, tant pour le regard de la diversité de nostre religion, queGa naar voetnoot(1) pour plusieurs aultres raisons que trouverez contenues en une lettre icy joincte que j'avoys | |
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Ga naar margenoot+commencé d'escripre de ma main à Monsr de LiesfeltGa naar voetnoot(1); mais ayant depuis changé d'advis, ay trouvé meilleur de la vous envoyer telle comme elle est, afin que vous luy remonstriez bien au long toutes mes raisons, lesquelles par luy entendues, me pourrez tous deux mander vostre bon advis, pour alors plus avant me résouldre sur mon dit voyaige, par le bon conseil de vous deux et de mes aultres bons amis. Entretant ne pourra aussi que bien servir que vous exhortiez tous ceulx qu'il conviendra de ne tant presser mon dit voyaige vers Bruxelles, pour les raisons susdits et aultres que par vous mesmes pourrez facillement comprendre, avecq asseurance toutesfois que ce néantmoings je ne délaisseray de faire nuyct et jour tout ce que j'estymeray aucunnement pouvoir servir au bien et prospérité du pays, sans espargner chose qui sera en ma puissance; et, afin que le tout se puisse conduire avecq tant meilleur ordre, ferez bien de les admonester sérieusement qu'en chose du monde ilz n'ayent à se désborderGa naar voetnoot(2), afin que les aultres Estatz ne prennent par | |
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Ga naar margenoot+cela occasion de se desjoindre de ceulx de Brabant, et nommément de ceulx de Bruxelles, lesquelz par la désunion des Estatz viendroyent à encourir ung extrême péril et s'en pourroyent alors leurs ennemis ressentir des choses illecq passées, tant au regard des Srs prisonniers qu'aultrementGa naar voetnoot(1). J'ay veu l'escript que, par forme d'advertissement, les Estatz-Généraulx ont envoyé par Monsr de Rassinghien au dit Don Jéhan, lequel escript je treuve, à la vérité, peu bastant et suffisant pour y asseoir aucun fondement du redressement des affaires, bien ou seureté du pays; mais me conforme plustost à ung aultre escript que Monsr de Liesfelt m'a aussy envoyé et dont-il vous pourra illecq faire part, d'aultant qu'il serviroit mieulx pour asseurer aant. | |
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Ga naar margenoot+toutes choses. Il servira aussy grandement qu'admonestez ces Seigneurs et Estatz que nonobstant tout ce traicté qui peult estre à la main avecq Don Jéhan d'Austria, ilz facent néantmoings toutes apprestesGa naar voetnoot1 et provisions, tant d'argent, d'hommes, que d'aultres choses, pendant qu'ilz en ont encoir le loysir, pour estre tant mieulx sur leurs gardes, si le Roy leur vouloit courir sus; tenant de ma partla guerre toute asseurée, en cas qu'il ne soit empesché alleurs l'esté prochain. - D'aultre part, comme j'estoys adverty des menées de l'ennemy pour de rechieff s'emparer de la ville et pays Ter Goes, j'ay esté d'advis d'y envoier le Sieur Guillaume de CatzGa naar voetnoot(1), lequel m'ayant à son retour faict entendre son besoingné illecq, ay trouvé bon le dépescher vers les Fstatz à Bruxelles, pour leur faire entendre le tout, afin d'y prendre telle résolution, comme, pour le bien et seureté du pays, ilz trouveront convenir. Je luy ay de mesme enchargé vous communicquer le tout, afin que, l'ayant entendu, vous le remonstrez aussy aux Estatz, afin qu'ilz ordonnent à ceulx du dit Ter Gous qu'ils ayent à se joindre avecq eulx soubz mon gouvernement, comme les dits de la Gous offrent de faire, en ayantz commandement des dits Estatz. Je vous recommanderay aussy le faict de Bois-le-Duc, puisque vous | |
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Ga naar margenoot+sçavez combien serviroit que la ditte ville fusse du tout en la puissance des Estatz, comme je fais aussy de la ville et pays de LiègeGa naar voetnoot(1), que les Estatz du Pays Bas entrent avecq eulx en une estroite alliance, tant deffensive que offensive, mesmement qu'on se puisse asseurer de la place de Stockum, dont seroit bien d'y envoyer quelques gens, n'ayants point pas tant de respectzGa naar voetnoot1 que le docteur Léoninus, lequel j'entens y estre envoyé; car l'on me mande qu'il a tenu propos au Duc d'Arschot, disant qu'il vauldroyt mieulx pour le dit Duc d'entremectreGa naar voetnoot2 l'affaire encommencé, que passer oultre; confirment ceste opinion par le commun mot, ‘qui retourne à my-chemyn, n'est du tout fournoyé,’ dont l'on peult penser le reste. D'aultre part, comme je crains tousjours les Estatz, par instigation des malveullans, n'abandonner ou se séparer de ceulx de Brabant, et mesmement de ceulx de Bruxelles, il seroit bon que eulx envoyassent quelques ungs de leurs bourgeois devers toutes ces villes, lesquels ilz trouveront leur estre le plus affectionnez, afin que, tout ce que désirent estre faict, que les aultres le deman dent le mesme, craignant aultrement de quelque inconvénient de leur costel. - Si vous voyez qu'ilz persistent pour ma venue par delà, il seroit bon que cela se fisse générallement, tant par tous les Estatz que par ceulx du Conseil d'Estat. Le 23 jour de novembre 1576. |
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