Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CCCLXXXIII.
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Ga naar margenoot+n'estoient encores arrivés; en quoy le dict Mandesloo, avecques ceux qui l'ont accompagné, a faict si bon devoir et tellement donné la chasse au dict Brempt, qu'il a esté contrainct de se sauver, tout détasché à cheval, sans selle, ny bride, s'estant retiré en ung lieu appellé Dalem, près de Mastricht; s'estant ce pendant jetté sur les Reistres, dont ils en ont mis à mort quelque nombre, prins plusieurs prisonniers, et entre aultres de six à sept gentilhommes, ayant gaigné les autres par la fuyte de çà et de là, tirans les ungs vers Couloigne, les autres vers Liège et autre lieux où ils ont pensé trouver plus de seureté, dont les nostres ont raportés les chariot jusques à vingt cinq ou trente, et des chevaulx de selle jusques à cent et vingt ou environ, y joinct une enseigne de gens de pied, sans plusieurs chariot et chevaux que les nostre ont laissé rompus et tués en chemin, avecques aussi plusieurs armes dont les fuyants, pour faire tant plus court chemin, s'estoient déchargés, estans enfin tellement mis en routte, qu'il faict à espérer qu'il ne se pouront rallier d'icy à ung mois ou davantage, par où pouvons clerment veoir combien le Sr Dieu miraculeusement défend cest tant juste et équitable cause, qui me faict aussi fermement espérer que, nonobstant tous les efforts et malicieuse practiques de Ses ennemis, Il la conduira à bonne et heureuse fin, à l'advansement de Sa gloire et à la délivrance de tant de povre Chrestiens, si injustement oppressés. Vous ayant bien voulu faire part de ces occurrances, à ce que les puissiés impartir au Seigneurs et amis par delà que trouverés convenir. Et pour ce pendant retourner à vous parler du poinct de l'argent, je vous puis assurer de n'en avoir encore | |
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Ga naar margenoot+receu ung seul denier, bien que j'eu à la main jusques environ cent et cinquante ou soixante mille florins, avec ce que ceux de la ville de Dordrecht m'ont envoyée leur obligation, pour la somme de cent mille dalers, pour les lever promtement des marchans ou autres sur leur crédit, oultre une obligation que m'ont aussy envoyé les Estas de Hollande pour la somme de cinq cent mille florins, pour fournir au payment de la soulde de mes gens de guerre du deuxiesme et troisiesme mois. Le premier mois est desja escheu hier, et je n'ay encoires passé monstre à mes dictes gens de guerres. Sy est ce que j'esper, ayant receu ce peu qui me vient, je les induyray à passer outre, espérant qu'ils s'i monstreront tant plus facile et traitables pour quelque bons rencontres qu'ils ont desjà eu; cependant toutesfois je vous laisse penser en quel peine je suis. D'autre part ne veu obmettre à vous advertir comme ce jourdhuy j'ay receu lettres de Monsr l'AdmiralGa naar voetnoot(1), m'advertissant que, non obstant la desroutte et défaictes des François passée, il se lève et prépare de nouveau environ douze mille harquebousiers et trois mille chevaulx, faisant le dict Seigneur Admiral estat de venir en leur compaignie, chose que j'espère qui nous aportera bien grand avansement. Le dict Seigneur Admiral me mande que je | |
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Ga naar margenoot+ne me hazarde de légierment à combatre l'ennemy, tant que Dieu nous fasse la grâce de nous estre joinctt ensemble, en quoy je ne fauldray aussi me gouverner selon que verasGa naar voetnoot1 les commodité et occasion avantageuse. Au surplus je suis avec bon désir attendans de vos nouvelles et response, tant sur mes dictes présentes, que des précedentes du cinquiesme du mois présent et du vingtcinquiesme du passéGa naar voetnoot(1). Le peu de loisir que j'ay, ne me permet d'escrire à Madame ma mère, ny à Madame ma soeur; par quoy je vous priray de prendre la peine que de présenter mes bien humble recommandations en leur bonne grâce, avecq offre de tout humble service. Qui sera l'endroict où, après mes très affectueuses recommandations en vostre bonne grâce, je suppliray Dieu vous donner, Monsieur mon frère, en parfaicte santé, heureuse et longue vie. Escript en mon camp à Hellenray, près de Raimunde, le onziesme jour d'aoust 1572. |
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