Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Lettre CCCXLII.
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Ga naar margenoot+autre lieu, distant toutesfois deux ou trois jours du Rin pour ma sceureté, mesmement puisque j'estois contraint me partir incontinent vers le païs de Saxe pour les raisons que vostre Exce scait; et combien que une telle absurde responce eusse bien mérité de lesser ma femme sans la plus requérir de venir devers moy, si esse que le récrivis de rechief, la priant se voloir venir issi ou à Sigen, luy amvoiant mon secrétaire pour luy persuader et dire les raisons pourquoy je ne me povois trouver en ce quartier là; surquoy me rendit allors la responce si joincte, par où vostre Exc. porrat cognoistre le gran désir qu'el avoit de me voir et les folies qu'elle allégue en sa dte lettre; sur quoy luy rendis la responceGa naar voetnoot(1) aussy cy-joinete, par laquelle vostre Exc. porra clèrement veoir avecques quelx inductions et persuasions j'ey luy admonesté de son debvoir et démonstré l'affection que je luy portois, sur la quelle ma lettre ne m'at jammais respondus. Despuis je fis mon voyage vers le païs de Saxe et si tost que je fus de retour de la ville à ma maison à Arnstat, combien que je n'avois eu nulle responce, si esse que je luy escripvis de rechief, la priant se voloir trouver issi, puisque je ne sçavois aultre lieu; néamoings que, si cela ne luy plaisoit, qu'el me dénommisse aultre plase où je me porrois trouvé et quil fusse asseurré pour moy; surquoy me lessant deux mois sans responce, me escrivit à la fin la lettreGa naar voetnoot(2) si joincte, par où vostre Exc. porrat veoir aussi avecque quel respect elle est escript. Je luy respondis là-dessus que, quant je serois adverti qu'elle seroit en ce | |
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Ga naar margenoot+lieus dénommés en sa dte lettre, que je regarderois si ma commodité seroit me trouver, car à cause que je ne scavois ce qui me fauldrat contracter avecque mes gens de guerre à Franckfort, que ne luy scavois mander aulcune chose de certain. Depuis suis venu issi, où aiant eu rapport de mon frère la résolution que les députés de mes gens de guerre aviont prins, assavoir que en peu de temps ils me mandriont leur résolution et que à ceste effect ilx se resambleront en certain lieu, toutesfois l'on entendoit bien aultant desGa naar voetnoot1 en cas qu'il n'y avoit de l'argent, qu'ils me semonderont de ma parolle pour me mestre entre leurs mains; quoy voiant et ne sassant ce qui porroit advenir, ay de rechief escrit à ma femme, luy emvoiant mon escuier Seratz pour luy déclairer l'emvie et désir que je avois de la voir, avant que aultres choses survinsce quil le porriont empescher, luy mandant que pour éviter tout hasart et dangier en quoy je porrois facillement toumber, qu'i me sambleroit le mieulx qu'el voulusse escrire à Monsr vostre frere, Lantgrave Ludwig, le priant voloir estre contant qu'el puisse venir à Gisen et que je y puisse venir. Et affin que nous nous puissions tant plustost veoir, attendant la responce de Monsr le Lantgrave Ludwig, luy mandois qu'il y avoit ung chasteau deux lieux de Gisen, appertenant au Conté Philips de Solms, qui estoit asses bon chasteau et où nous eussions bien peu estre pour quelque jours fort seurement et secrètement et où eussions peu deviser de tous nous affaires pour regarder au remède, et qu'el poroit venir au dit chasteau, sans passer par nulx maisons de mes frères (puisqu'elle s' est résolu de se jammais trouver en icelles) en | |
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Ga naar margenoot+trois jours de Coloigne, et comme je pensois avoir fort bien faict et que je aurois gran gré, m'escripvit la lettreGa naar voetnoot(1) si joincte, par la quelle vostre Exc. porra facillement considérer le contentement que se m'at esté de veoir une telle impertinente et folle lettre, et si se n'est assez de perdre aussi la pacience aiant tant des autres fâcheries et rompement de teste, de tant plus qu'el dict que nostre entreveu causerat plus de fâcheries que aultrement; qui est la cause que l'ay si particulièrement adverti à vostre Exc., pour le de rechief supplier bien humblement, puisqu'el ast cest honeur de estre si proche parente à vostre Exc., de penser au remède, et la tellement induire et remonstrer qu'el se gouverne doresnavant aultrement, et plus saigement, et comme elle est obligé de faire devant Dieu et le monde, car en vérité ne m'est plus possible d'avoir pacience comme jé bien eu jusques à maintenant; car tant des adversités, l'ung sur l'autre, faict à la fin que l'homme pert toutte sens et pacience et respect, car en vérité il me faict tant plus de mal, au lieu que je debvrois avoir quelque consolation de elle, qu'i fault qu'el me die cent mille injures, mais l'on dict bienGa naar voetnoot1 Par cela l'on peut veoir l'amitié qu'el me porte et le remercissement d'avoir enduré paciemment tant de folies et oultrajeuse parolles, mais puisque les choses sont venu si avant, vostre Exc. ne trouverat mauvais si je regarde au remède, en cas qu'elle ne se veult chastoierGa naar voetnoot2. Je luy supplie bien humblement me perdoner que je la fâche | |
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Ga naar margenoot+avecque cessi, mais ne l'ay peu omestre, affin que vostre Exc. puisse clairement veoir à qui la faulte est, car je peu juré sur la damnation de mon amme, que passé longtemps j'ey désiré que nous nous puissions veoir et vivre ensamble selon que Dieu nous commande. De luy povoir assister en ce temps d'argent, n'est en ma puissance, mais si elle eusse volu prendre la pacience, selon le moien que Dieu ast donné à mes frères et amys, elle eusse eu, comme qu'ilx luy ont offert, le mesme traictement comme ont eulx mesmes, et ne fusse toumbé en ses debtes et fâcheries comme elle est bien maintenant. |
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