Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+Jean-Guillaume de Saxe, est un exemple frappant de la déplorable animosité des luthériens contre les calvinistes. Ces dissensions rendoient plusieurs Princes Allemands indifférents ou même contraires à la cause des Protestants en France et dans les Pays-Bas; à d'autres elles fournissoient un prétexte assez spécieux pour se tenir à l'écart et en repos. ‘Video eorum qui aliquid possunt in Germania animos, aut praeoccupatos esse nescio quibus opinionibus, aut ita fractos, ut quamvis videant et intelligant suam rem agi in Gallia, tamen simulent se id non credere, ne, si de publica salute sit ipsis cogitandum, turbetur suave illud otium, quo se jam oblectant.’ Languet, ad Camer. p. 171. Voyez aussi Tom. I. p. 216. L'Allemagne protestante, où l'exercice de la réligion sembloit pour toujours assuré, éprouvoit déjà que le zèle se relâche, aussitôt que les dangers diminuent. ‘Mirum est, cum initio istius mutationis in religione essent omnia tenuissima, et rata esset authoritas, potentia, prudentia et peritia rei militaris Caroli Imperatoris; totusque orbis Christianus esset ipsi in ea causa conjunctus, non defuisse in Germania qui se ejus conatibus opponerent; jam vero nostros ita auctos potentiâ, ut facile adversariis pares esse possint, esse plane inopes consilii et ad quaevis periculorum simulacra trepidare. Tunc demum flebunt, cum repetentur ab ipsis bona Ecclesiastica, et jubebuntur approbare decreta Tridentinae Synodi, et forte indigniora ipsis imperabuntur.’ l.l. p. 185. Les Protestants d'Allemagne eurent plus tard lieu deserepentir. - Le Landgrave Guillaume de Hesse avoit donc raison, du moins quant au Duc de Saxe, d'écrire à son frère, le Landgrave Louis, en 1569. ‘Wir rathen E.L. mit allen Treuen, dasz Sie unseres Herrn Vaters Fuszstapfen folgen und sich hüten und wachen, dasz Sie ihren Pfaffen sich nicht lassen auf den Kopf steigen, auch ihnen nicht zulassen dasz sie in judicandis his rebus viel Gezänkes, Schreibens und Disputirens machten; denn sonst wird E.L. begegnen von den otiosis et arrogantibus ingenüs, was itzo Herzog Johann Wilhelm in Saxen und den Pfalzgrafen in der Pfalz begegnet.’ De même, lorsque plusieurs Princes eurent résolu de publier une exhortation aux Allemands, afin qu'ils ne prissent point service contre leurs coreligionnaires, le | |
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Ga naar margenoot+Landgrave insista sur la nécessité de réhabiliter le terme si décrié de Calvinisme, beaucoup de luthériens croyant pouvoir librement prendre les armes contre les calvinistes. ‘L. Wilhelm willigte unter der Bedingung ein, dasz zugleich das Volk über die wahre Bedeutung des von den Prädikanten verfluchten Calvinismus belehrt werde.’ On trouve ces particularités dans le premier volume de l'Histoire moderne de Hesse (Neuere Geschichte von Hessen, Cassel, 1835, p. 579, 584); ouvrage publié par M. von Rommel et doublement remarquable par une infinité de détails curieux puisés dans les Archives, et par le mérite de la rédaction et du style. Monsr mon frère, pour autant que le Sr de OssomvilleGa naar voetnoot(1) à son partement estoit délibéré de prendre son chemin de Hambourg vers vous à Dillenbourg et de là à Heidelberghe, désirant trouver allors son serviteur au dit Dillenbourg, je l'ay bien volu amvoier là, craindant que si je le retenois plus longement qu'il y porroit faire faulte........ Au surplus j'ay entendu d'ung bon lieu que la levée du Duc Erich de Brauswick vat avant et que en peu de temps il doibt marcher. Je en ay escript au Conte de Swartzbourg le priant se en voloir enquérir. Le bruit est que c'est pour le Roy de France par le moien du Duc d'Alve. Il y at deux ambassadeurs du Roy vers le Duc Hans Wilhelm, qui sont logés à la court, nommés l'ung Fit de Coc, l'aultre Bourgmoion, que l'on dict pourchassent fort de la part de leur maistre que le dit Duc volusse aussi marcher, mais qu'il ne s'est ancores résolu: bien est vray que les prédi- | |
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Ga naar margenoot+cans preschent ouvertement en présence de ces ambassadeurs que ceulx de la religion de France et Pais-Bas ne sont que muttins, rebelles, sacramenteres, briseurs d'images, et que l'on feroit gran service à Dieu et bien à toutte la Crestienté de les abolir et ruiner. Tout cessi me faict penser que, combien que le Duc Hans Wilhelm n'ast emvie de faire ce voage; si esse que par la persuasion des prédicans, ou il yrat, ou amvoierat les rittmaistres quilx sont au service du Roy. Nous voions qué moien noz adversaire cersent auprès de ceulx qui sont contraire à leur religion, et nous, que debvrions par raison nous plus emforcer pour anéantir leurs entreprises, nous dormons; qui me faict asseurement croire que Dieu veult faire ung grand coup de Sa main, puisqu'il aveuglit ainsi ceulx qui peuvent mestre remède. Enfin la chose est venu là, que, si Dieu ne aide miraculeusement, que la religion est en gran hasart de prendre pour long-temps une fin; car person ne se auserat plus emploir pour la pourchasser, voiant la flossetéGa naar voetnoot1 et le peu de corage qu'il y at à ceulx quil la debvriont par raison avancer et la sustenir. - Ceste nuit ast amvoié ma soeur le coffret que saves à Wimar, pour ce que le Conte Bourcart de Barbi escrit à ma soeur qu'il espèr que le Duc le prenderat pour six mil florins. Je pens qu'il vous en escript, qui est cause que fineray ceste avecque mes très affectueuses recommandations à vostre bonne grâce, priant Dieu vous donner en santé bonne vie et longe. De ArnstatGa naar voetnoot(1), ce xxvi de décembre Ao 1569. Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. | |
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Ga naar margenoot+Je vous amvoie si joinct de nouvelles d'Angleterre. Je vous prie, si le trouves bon, les voloir amvoier de ma part à Monsr le Electeur Palatin, ensamble ceulx que vous escris de Wimar. Je vous prie présenter mes humbles recommendations à Madame ma mère et à ma soeur de Nassau.
A Monsieur Monsr le Conte Jehan de Nassau, mon bien bon frère. Vers cette époque la cause des Pays-Bas sembloit désespérée. Les tentatives du Prince avoient été infructueuses; les membres de l'Empire et Maximilien lui-même se bornoient à des représentations dont le Roi d'Espagne ne faisoit point de cas, et en France les défaites de Jarnac et de Moncontour avoient beaucoup affoibli les huguenots. Viglius lui-mème qui, au commencement de 1569 écrivoit, à l'occasion d'un faux bruit de la mort du Prince d'Orange: ‘Eo vero sublato capite, minus hîc timendum nobis esset;’ (ad Hopp. p. 520), ne redoutoit plus ses efforts. ‘Jamdudum in Germaniam rediit. Verùm Gallica victoria consternatus consiliique incertus quo se vertat non satis hactenus constituere potuit. Quos olim majoribus fretos auxiliis repulimus, nunc viribus destitutos non est quod multum metuamus.’ l.l. p. 549. Le Duc d'Albe ne trouvoit plus de résistance: après l'expédition de 1568 on n'espéroit qu'en la miséricorde du vainqueur. ‘Fama est eum brevi promulgaturum edictum, quo Rex ignoscit omnibus qui ad Catholicam Ecclesiam revertentur, exceptis tantum iis qui Principi Orangio in hac expeditione adhaeserunt, quod vix credo eum facturum, sed si fiat, plerosque ex exulibus qui hic (Coloniae) sunt, pelliciet in nassam: adeo enim omnes fracti sunt animis, ut in sola clementia saevissimi tyranni spem suam reponant.’ Languet, Ep. secr. I. 75. Parmi les moyens qu'on employoit pour réduire le pays d'une manière durable, Languet énu- | |
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Ga naar margenoot+mère aussi les mariages entre les Grands d'Espagne et de riches héritières des Pays-Bas. ‘Uxori Marchionis a Berg mortui in Hispania bona ea conditione restituentur ut nubat cuidam Hispano. Plura ejusmodi conjugia procul dubio sequentur, et ea est optima ratio redigendi eas regiones in miseram servitutem, sicut accidit in Sicilia, ubi Hispani ejusmodi conjugiis totius Siculae nobilitatis bona ad se pertraxerunt.’ l.l. 83. Il est vrai qu'on peut attribuer un tel projet uniquement au dessein d'établir des relations plus étroites entre des nations qui se regardoient d'un oeil jaloux; comme, par exemple, Charles-quint détermina la fille du Marquis de Zenette à épouser le Comte Henri de Nassau (Arnoldi, Denkw. 191, sqq.); cependant il est à croire, vu les circonstances, que, sans la marche inattendue des événemens ultérieurs, les craintes de Languet se seroient réalisées. | |
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Ga naar margenoot+Cant en veel meer andere. l.l. p. 309b. De Prince hadde ook Pieter Ariaenssoon van der Werve van Leiden en Joriaan Epessoon Predicant commissie gegeven om collecten te doen in eenige plaetsen in Holland.’ l.l. 312b. On s'adressoit principalement à ceux de la Religion, et les Ministres y employoient tous leurs efforts. ‘Sonderlinge de Predicanten deden haer sake so wel datter vele vruchtbare collectatien gedaen werden, want sy-luiden den ingesetenen niet alleen conscientie konden maken van haer niet of weinig contribueren, maer maekten ook geen kleine vrese van schande onder vele van hen-luiden, so elk geerne een goed Christen geacht wilde syn.’ l.l. Ce que Bor ajoute, peut servir de commentaire au texte qu'il est difficile aux riches d'entrer dans le royaume des Cieux. ‘Dit is ook bevonden geweest so onder de gevluchte buiten 's lands als die van de Religie noch binnen 's lands sittende, dat de luiden van kleine en ook middelbare middelen en rykdommen haer goede herten en genegentheden wel deden, maer onder de ryken waren daer veel die haer excuseerden, en mochten niet of seer weinig ontberen, en hielden haer als.. of sy luiden schielycken heel arm geworden waren.... ja vele contribueerden alleen om in 't rolleken te staen.’ |
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