Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CCCXXX.
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Ga naar margenoot+Ma femme, j'ay veu par voz lettres et entendu par nostre secrétaire la cause et raison qui vous ont meu que n'estes ce coup venu me trouver, lesquels raisons certes ne treuve aulcunement suffisantes au regart du debvoir et obligation que une femme doibt à son mari, en cas qu'elle luy porte aulcune affection; car de dire que aves promis de vous jammais trouver en ce pais, yl fault considérer que devant cela vous avez promis devant Dieu et son Eglise de abandonner touttes choses du monde pour suivre vostre mari, ce qui me semble vous debvroit estre plus au coeur que tous autres minutéesGa naar voetnoot1 et frivolesGa naar voetnoot2, si aulcunement pensés satisfaire à vostre obligation et debvoir. Je ne dis cessi pour vous voloir persuader de venir issi, car puisqu'il vous est tant contrair, le remés à vous, mais pour vous ramentevoir de vostre obligation selon que suis tenu de faire, tant par le commandement de Dieu que pour l'amitié que je vous porte, affin que demain ou après advienge ce qui peult, je sois satisfaict à ma conscience de vous avoir remonstré ce que devant Dieu et le monde estes obligé; mesmement plus en ce tems que en ung aultre, où je suis en ce perplexités, comme vous mesmes scavez, où il n'y at chose en ce monde qui donne plus de consolation que de se voir consolez par sa femme et veoir que avecque pacience elle démonstre vouloir suffrir la croix que le Tout-puissant amvoie à son mari, mesmes quand c'est pour choses où il a pensé avancer la gloire de Dieu et pourchasser la liberté de sa patrie. Il y a après ung aultre cause, qu'il y avoit tant des affaires pour communiquer avecque vous, lesquelx ne se lessent escrire, et de où despent maintenant ma vie et mon hon- | |
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Ga naar margenoot+neur; qui me samble que, si me portez pour le moings aulcune amitié, que cela vous debvroit aller plus à ceur que non pas des affections et persuasions frivoles. Je ne mets icy que par cela chascun prend aussi occasion d'en parler et en discourir diversement, et vouloir juger de nos affaires chascun selon son appétit et humeur; ce que cela nous emporteGa naar voetnoot1, vous en laisse le jugement. Je vous promets que si me eussiez si bien mandé de voloir venir à Francfort, quant me mandiez que deusse venir à Sibourg, au milieu de tous mes plus grans adversaires, n'eusse volu faillir pour rien de vous y trouver pour le grant envie que j'ay de vous voir, oires que tous mes seigneurs et amys, auquels ay parlé, ne me conseillent me trouver en villes, à cause du grand hasart en quoy je me mettroies. Je vous lesse penser, ma femme, de veoir que vous, que estes ma femme, faictes difficulté de me venir veoir, qué espoir, en ces mienes misères, de consolation que je debvrois avoir des aultres, qui ne me sont si prosche. Jé veu aussi vostre advis que me conseillés d'aller en France et Angleterre; je vouldrois que les affaires de la France fussent en tel estat que nous y puissions aller seurement, car les affaires des povres Crestiens seroient en melieur estat que ne sont maintenant, et vous en puis asseurer que, si Dieu par sa miséricorde n'y mest remède, que le povres Chrestiens seront autant affligés et plus que au Pais-Bas. Si le Roy prétend de faire cela à ses subjets que ferat-il aux estrangiers? Par où porrez considérer qu'il y a de penser de se pouvoir retirer là. Il y a aussi des raisons touchant Angleterre que je ne peulx escrire, mais je vous asseure, quand les aurez entendu, le | |
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Ga naar margenoot+désir vous sera passé d'y aller. Or nous affaires sont en tel estat qu'il n'est question de se résouldre de vouloir aller en un tel lieu, mais la question est de voir où l'on nous vouldra recepvoir, car tant en viles que républicques je pense qu'ils les penseront plus de deux fois avant que me recevoir; comme je pense aussi que la Royne d'Angleterre, Roy de Dennemarck, Roy de Poloni et bien des Princes d'Alamaigne feront le mesme. Je ne parle icy de vous, mais de moy, à cause que je suis en la mauvaise grâce de l'Empereur. De cecy et plusieurs aultres choses nous eussions peu avoir parlé, mesmement quant je vous porray veoir, et où, et par quel moyen le plus secret; car tous mes seigneurs et amys sont de ceste opinion que doresnavant, puisque ma venue pardeçà commence ester notoire à chascun, qui je ne arreste en ung lieu, mais aujourdhuy en une plasse, demain en ung aultre. Puis doncques que plait à Dieu que je sois en ces misères, vouldrois avoir eu ce bien de vous avoir peu veoir seulement peu de jours: il me semble que eusse esté tant plus content souffrir tous les misères que ce bon Dieu m'ast envoyé et me voudra si-après amvoier. Or jé me part demain: de mon retour, ou quant je vous porrei veoir, ne vous peus sur mon honeur rien mander de certain, car je suis délibéré me mestre entre la main du Tout-puissant, affin qu'il me guide où serat Son bon plaisir; ainsi bien je voy qu'i me fault passer ceste vie en misères et traveille, de quoy suis très content puisqu'il plait ainsi à Tout-puissant, car se scay que ay bien mérité plus grand chastoie; je Le supplie seulement de me faire la grâce de pouvoir tout endurer patiemment, comme j'ay fait jusques à maintenant. - Je suis très aise d'entendre par vostre lettre que vostre affaire | |
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Ga naar margenoot+que pourchassez meintenant au Pays-Bas est en bonne terme et que Hovelmans faict bon debvoir. Vous porez ester asseuré que vos affaires n'iront jammais si bien que le souhait ancores en beaucoup melieur termes, et que ne me pourroit venir chose plus aggréable que entendre vostre contentement. Or je prie le Tout-puissant devous voloir illuminer par Son Saint-Esprit et nous tous en ce quil nous est le plus salutaire, affin que, venant devant luy au dernier jour du jugement, luy puissions rendre tant meilleur compte de nos actions. Je me recommande etc. De Dillenb., le 11 de novembre l'ann 69. Voici le commencement de la lettre, en Allemand, écrit aussi de la main du Prince. Liebe hausfraw. Ich habe ausz eueren brifen vernommen und von unserem Secretarien verstanden, die ursachen die euch bewecht haben das Ir dismals nit hat wollen zu mir kommen, welche ursachen in warheit nit kan bei mir erfinden das sie einiger weis genuchsam sein, in anseung der grosse plicht und gehorsam die eine ehefraw irem man schuldich ist, so fern das sie inen lieb odder werd hatt: dan das Ir wollet sagen das Ir hat zugesacht nimmermehr hie in dissen länden zu kommen, Ire müst erstlich bedencken das Ir for disser zeit hatt zugesacht for Gott und seiner heiliche Kirche, alles in disser welt zu verlassen und euerem man nachfolgen, welches mich warlich dünckt solt euch bilch mehr zu hertzen gehen dan andre geringe und nerrische gedancken, so fer als Ire gedenckt euere plicht und gewissen genuch zu thun. Ich sag disz nitt uff das ich Euch hie mitt wil oberedden her zu kommen, dan dweil es Euch so ser gegen hertz ist, so stel | |
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Ga naar margenoot+ich es Euch haim; aber ich thu es darumb, dar ich Euch hiemitt Euere plicht wil vermanen, wie ich dan das schuldich bin zu thun for Gott und umb der lieb die ich zu Euch habe, uff das wan heutt odder morgen sich etwas möcht zudragen, das ich in meinem gewissen möcht zufrieden sein das ich Euch des was Ir for Gott und der werlt mir verplich seit, vermanet habe, und sunderlich mehr in disser zeit als in einer andre, dweil Ir selbst wist in was gefahr und elent ich itzunder bin, wo in dan kaine grösserer trost zu finden ist, dan wan ain man befindt und sieht das seine hausfraw beweist das sie mitt gedult ires herren creutz, das Gott im hatt zu geschickt, gern wil mitt nelffen dragen, sunderlich wan es im darumb kompt, da er hatt gemaint Gottes ehr zu befördren und seines vattersland freiheit zu suchen. Es hatt darnach noch eine andre ursach warum das ich begert hat Euch zu sehen, dan ich hatt gros se sachen mitt Euch zu reden, welche sich nitt lassen schreiben und wo ahn mir itzunder mein leib und meine ehr anhenckt; hat mich derhalbe gedacht, so fern Ire mir eine freundschafft oder lieb hette gedrachen, das Euch diese meine wichtige sachen mehr zu hertzen solten gehen dan andre leichtfertige sachen, die Ir zu hertzen nempt und Euch einbilt. |
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