Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
[pagina 114]
| |
Ga naar margenoot+Bourguemaître d'Anvers. En cette dernière qualité il avoit agi de concert avec le Prince. Il fut mis en prison peu après l'arrivée du Comte de Lodron et exécuté en 1568. Sa sentence, en exposant les motifs de sa condamnation, contient son panégyrique. On peut consulter à son égard M. le Professeur van Cappelle dans les Bijdragen tot de Geschiedenis der Nederlanden, p. 207-250. Monsigneur.
Monsieur. Ayant la commodité de ce présent porteur, n'ay voulu faillir de présenter par cestes mes très humbles recommendations à la bonne grâce de Vostre Excellence avecq mille très affectionées offertes à son service, et ensemble l'advertir des nouvelles qui maintenant pardeçà se passent: qui sont en effect que le Conte de Lodron, ayant la nuyct du 13 de ce mois logé ses soldatz près de la ville d'Anvers es villaiges de Borgherhaut et Berchem, le lendemain entre dix et unze heures est entré avecq toutte sa compaignie, qui est de douze enseignes tous complets, en la ditte ville, demeurants six enseignes en ordonnance de bataille sur le marché et cincq sur la merreGa naar voetnoot1, jusques à ce que leur quartiers leur estoient assignés, ce que traina un petit pour le changement qu'il y avoit, car monsieur de Mansfelt avecque le magistrat les avoit reparty en quatre quartiers, mais le Conte de Lodron ne scay par qui abbreuvé de la multitude et mauvaistiéGa naar voetnoot2 de ceux de la nouvelle ville et du costé de la rivière, n'a volu souffrir qu'aulcun y fust logé, tellement que en trois quartiers les a faillu accommoder. Les Walons estoyent jà dès le matin, partie par eau, partie par terre, partis vers Malines, excepté quatre enseignes qui | |
[pagina 115]
| |
Ga naar margenoot+estoyent demeurez à la garde de la ville, lesquelz, aussy tost que les Allemans commenchoyent à entrer, sont sortis; on les a depuis tous cassés et payés, mais le villaiges et places où ilz ont esté et passé, en ont eu grandement à souffrir, n'abstenantz d'aulcun genre de foule et concussion; et comme plusieurs d'iceux estoyent retournés en Anvers, travaillantz les bourgeois et leur hostes, on leur a devanthier par son du tambourin commandé de se retirer dedans 24 heures sur peine de la hartGa naar voetnoot1. Quant aux Allemans, j'entens qu'ilz s'y gouvernent fort discrètement, contentantz et payantz chascun, dontGa naar voetnoot2 ont desjà melieur bruict et renomée que les susdictz Walons; Dieu face qu'elle soit continue. L'on a depuis ordonné de casser aussy incontinent tous les soldatz, qui sont encor entretenus, à scavoir: les six enseignes de monsr d'Egmont en Flandres, et les trois enseignes de monsr de Beauvois, et quelques autres qui ont esté entretenues aux petits fortz, excepté seulement le régiment de monsieur de Meghem, qui est en WalkerenGa naar voetnoot3 attendant la venue du Roy: l'on ne parle point encores, selon qu'il me semble, de casser ceux qui sont aux frontières; mais ce qui en adviendra, le temps nous apprendra. Monsr de Meghem arriva dimenche passé de nuyct à trois heures en Anvers, et de grand matin ayant prins la poste, est allé rencontrer le duc d'Alve, lequel arriva le 16 de ce mois avecq son camp à Huy, debvant estre le 17 à ChasseGa naar voetnoot4 et le 18 à GheldenakenGa naar voetnoot5, et de là à Louvain ou là entour; estant d'intention de rompre illecque son camp et le repartir en quatre ou cincq diverses places, à scavoir: deux mille soldatz à Lière, deux mille à Gant, deux | |
[pagina 116]
| |
Ga naar margenoot+mille à Engien et Ie rest aux faulxbourgs de la ville de Bruxelles. Les députés des estatz de Brabant, à scavoir monsieur de Grimberghen, le borghemaistre de Louvain et le borghemaistre et pensionaire de Bruxelles, sont avecq l'advis de son Alteze allés vers le dit Duc d'Alve, pour le prier et remontrer, qu'il veulle avoir pour recommandé ce povre pays de Brabant, et prendre esgart que par les gens de guerre ne soit entièrement ruiné et affoléGa naar voetnoot1, et ceux de Bruxelles le doibvent en particulier requérir, qu'ilz puissent estre excusés des deux mille piétons que l'on doibt mettre aux fauxbourgs de la ville. J'entens que Madame a esté bien de cest advis, et que l'a fait entendre au dit Duc d'Alve, mais qu'il persiste en sa résolution, parquoy crains que ceux de Bruxelles rien n'obtiendront. Les gens de cheval semble que seront logés à la basse Flandre et là entour. Le dict Duc doibt le 20 ou 21 de ce mois estre en ceste ville et se logera au logis de monsieur de Hoochstraten, où desjà beaucoup de ses muletz et bagaige sont arrivez. Monsr le Duc d'Aerschot allit le 15 trouver le Duc à Huy, et le 17 est party monsr d'Egmont de ceste ville, avecq environ quarante gentilshomes, pour aussy faire la révérence au dit Duc, tellement que Madame est présentement icy toute seule, sans nul Chevalier de l'Ordre. Monsieur le Duc d'Aerschot logea le 18 et le Duc à son logis à HevereGa naar voetnoot2, et dict-on que son camp s'est fort modestement conduict et regulé, tant qu'ilz ayent esté arrivez au pays du Roy, mais que maintenant se commenchent à desborder, faisantz, par tout qu'ilz passent, très grand dommaige. C'est merveille de ce qu'ilz | |
[pagina 117]
| |
Ga naar margenoot+disent et prétendent de faire au pays, et est leur intention d'y vivre à la discrétion. L'on ne scait encor riens de la Commission du dit Duc, mais on peult facillement imaginer que toute ceste despense ne se faict point sans vouloir mettre de grandes choses en exécution: je prie Dieu que se soit à Son service, bien du Roy et de ces pays. Ces jours passez est arrivé en Anvers une navire partie le premier de ce mois de la Coroigne, et n'ayant que unze jours tardé par le chemin, et dit qu'on y faisoit des grandes apprestes des vivres et autre choses à la venue de sa Maté, laquelle on tenoit que le 15 debvoit estre à St. Jacques, en Gallicie, mais qu'il n'y avoit encor nulles navires, ains estoyent près de là au port de St AndrienGa naar voetnoot1, attendantz le mandement de sa Maté: disant oultre ce que l'armée du Roy de Portugal estoit allée en mer descouvrir s'il n'y avoit nuls corsaires, et qu' avoyent avecq eux certaine commission de sa Maté scellée, avecq défenses expresses de ne l'ouvrir avant le 20 de mois, la part qu'ilz seroyent, et commendement de se régler et conduire selon icelle. Dieu scait ce qui en sera, mais non obstant toutes ces apprestes que le Roy fait pour venir pardeçà, le peuple en a fort grand doubte et craint la faulte, ayant conceu espérance, en cas que le Roy venoit, qu'il useroit de sa clémence accoustumée et qu'il ne vouldroit ruiner son pays, lequel certes pour le présent est en fort grand hazard et sy Dieu n'y pourveoit, apparent d'estre entièrement ruiné. J'envoye avecq cestes à vostre Excellence ung livret de la lotherie, pour laquelle ou semblable Vostre Excel- | |
[pagina 118]
| |
Ga naar margenoot+lence, monsieur d'Egmont et moy avons esté autrefois empeschez à Breda. Monsieur de Mansfelt est ce matin par la barque arrivé en cette ville, mais l'occasion m'est encor incognue; la scachant et ensemble ce que à la journée y succédera de nouveau, ne fauldray d'en advertir Vostre Excellence, à laquelle avecq ce très humblement baise les mains, priant Dieu lui donner contentement de ses nobles et vertueux désirs, et à nous tous de veoir bientost une heureuse issue de ces troubles. En haste, de Bruxelles, ce 19 d'aoust 1567.
De Vostre Excellence très humble et très obysant serviteur, A. de Stralen.
A Monseigneur Monsr le Prince d'Orainge, Chevallier del'Ordre etc. |
|