Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+le jour suivant le Comte Jean de Nassau avec le Comte de Solms, et le surlendemain le Prince d'Orange. Te Water, IV. 326. Monseigneur! Depuis mon arrivement en ceste ville me suys employé à rendre mon extrême debvoir, pour trouver moyen par lequel il m'eust esté possible conjoindre en dévisesGa naar voetnoot2 et communications amiables ceulx de la religion et doctrine dernièrement par provision permise, et de la Confession Augustane. Ayant premièrement appellez devers moy celluy des prescheurs sustenant la dite religion, affin d'avoir meillieure entrée et voye pour parvenir à vostre intention; auquel après l'avoir exposé et la trouvant bonne, j'ay, avecque son advis, convocqué au logis de Monsr d'AllgondaGa naar voetnoot3 les plus notables de | |
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Ga naar margenoot+leur confrèrie, qu'ilz appellent oudelingenGa naar voetnoot1, où m'ayans entendu et après avoir sur ce deliberez, ilz s'y sont consentiz tant qu'en eulx estoit, recognoissans le grant bénéfice et grâce par son Excellce et vostre Srie à eulx octroyéz; néantmoins, combien que la plus saine partie y estoit présente, prioient le vouloir différer et dilayer ung jour ou deux, pour entretemps pouvoir parler à lorsGa naar voetnoot2 absens et d'ung commun accord résouldre. Ce pendant j'ay aussy appellé l'autre partie et remonstré à icelle ma charge, [que dissoit] que vostre Seri eulx avoit dict qu'ilz se dresseroientGa naar voetnoot3 à moy sur le faict de la requeste, et le remectoient pareillement jusques qu'ilz auroient par enssamble communicqué, mouvans difficultés toutesfois pour la diversité de leur doctrine, contens du lieu où ilz avoient commenchié à prescher, parquoy leur sembloit que mal se pourroit faire, considéré meismes que les dits de la religion permise les avoient (comme ilz disoient) injuriez en leurs presches, dont m'ayant informé n'ay trouvé de vray qu'ainsy soit, ains qu'il a esté semé par gens querelleux sans bon et naturel sens, plus à leur affections donnez qu'à raison. Je laisse que eulx meismes seroient plus répréhensibles calumpnians et mordans les aultres, non sy occultement qu'il n'est fort bien à noter. Dimenche dernier vindrent devers moy le prescheur de la dite religion avecque maître Cornille Ept et quelcuns aultres, m'exposans de la part de leurs confrères estre bien contens d'accorder aux aultres jour à la sepmaine, pour pouvoir venir prescher et exercer leur religion en la grange au Santberch érigée, moyenant qu'ilz ne soient par ceulx de la Confession empêché en l'exercice de leur religion | |
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Ga naar margenoot+ainsy qu'elle est à présent en train, se offrans en oultre tousjours conformer et régler selon que par son Excellce et vostre Srie pour la tranquillité, bonne paix et concorde des bourgois cy-après sera ordonné et trouvé convenir. - Mais l'ayant ainsy d'ung costé mis sur bon pied, et espérant qu'il auroit eu bon progrès, ung mal y est entrevenu, asscavoir, que devant-hier xiiime en la presche des confessaires, où s'exposoit la première épistre de St. PoleGa naar voetnoot1 ad Galatas, s'est trouvé ung de la dite religion permise, nommé Jehan Gillain, natif de Middelbourg, [jentis]homme fort doct et scavant en Grecq, Lattin et Hébreu, de bonne fame et renommée envers tous, lequel la presche finie, ayant ouy (comme il dict) prescher, contre la vérité, que tous prescheurs estoient faulx docteurs, [scavant] que oultre la vocation du commun, ilz n'estoient envoyez par le magistrat ou supériorité, et que pour ce ilz ne sont point instiguez par l'esprit de Dieu comme ilz se vantent, mais par l'esprit du dyable, ainsy que l'on peult veoir par tous lieux, villes et pays à ces nouveaulx prescheurs, qui ne font qu'emouvoir commotions et tumultes entre le peuple, est venu saluer le prescheur, nommé Borckmy, dissant: ‘Monsr, j'ay ouy qu'avez presché que ce sont tous faulx docteurs quy preschent devant estre appellez par le magistrat; je vous requieres et prie le me vouloir enseigner par la parolle de Dieu.’ Surquoy il respondit: ‘Il fault obéir son supérieur.’ - ‘Sela scay-je bien’ dict l'autre, ‘mais démonstrez moy par la saincte escripture que ce sont faulx docteurs quy ne sont envoyez par le Magistrat ou supériorité.’ Respondit le prescheur: ‘Il est escript: Obedite prepositis vestris.’ Et ayans | |
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Ga naar margenoot+conséquement sur ce propos, y vint et acourroit ung nommé Adrien de Backer, confessaire, quy interompoit le dit propos, cryant à haulte voix (de bon zèle comme est à présumer) non scaichant quelle chose se y faisoit: ‘Nous ne venons point en vos presches, vous venez icy mutiner et mouvoir le peuple.’ Ad quoyGa naar voetnoot1 dict le dit Gillain: ‘Je ne viens point pour mutiner, ains pour amiablement communicquer par ensamble, venez vous nous ouyre en nozpresches, nous ne l'estimerons point pour mutinerie.’ Aveq ces parolles le peuple accumuloit et commenchoit à cryer de battre, pourquoy le dit Gillain se retiroit secrètement entre le peuple et nul mal est enssuivi. Ceste tragédie passée pour me de mieulx informer et advertir vostre Srie de la vérité, me suis le lendemain, quy fut hier, trouvé devers Monsr de Drunes, escoutette, et avons appellé le dit Borckmy, prescheur, luy demandant bonnement comment la chose estoit advenue et passée, quy nous dict n'avoir (à son sceu) proféré, ny preschié quelques parolles injurieuses non décentes, aultres qu'il ne debvoit selon la pure et sincère parolle de Dieu, et qu'il estoit mary que ce spectacle estoit advenue, et ayans pareillement ouy le prescheur de la Religion permise avecque le dit Ept, asistez de quelcuns leurs confrères, quy démonstroient estre fort dolens et tristes, en tant que le dit Gillain s'estoit sy temérairement advancé de reprendre le prescheur en l'assemblé du peuple et que ce n'estoient lieu oportun, désirans enthièrement eulx reconcilier avecque le dit prescheur Borckmy et tous de la confrèrie; avons aus deux parties admonesté d'exhorter et prescher le commun pour le contenir en toute concorde, union et paix et de précaver, | |
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Ga naar margenoot+en tant qu'en eulx est, que nulle dissension sourdeGa naar voetnoot1 entre les bourgois, le tout conforme les ordonances de son Excellce à [la bretecqueGa naar voetnoot2] de la ville publiées, affin que ne soit besoing d'y pourveoir par aultre remède et de procéder contre les contrevenans; ce qu'ilz ont promis de faire. J'eusse bien voulu et ay rendu ad ce toute ma possibilité, que les deux prescheurs fussent une fois venuez en communication et dévises, car ilz me semblent personnages bonnairesGa naar voetnoot3 et doulx, et m'auroit donné grant et indubitable espoir de mesner l'intention de vostre Srie à bon effect et qu'avecque le temps successivement eussiont usé unes et mesmes cérémonies. Ceulx de la Religion permise par provision ne désirent aultre chose et se présentent tousjours voluntaires, mais ceulx de la Confession n'oyent goute, quoyque je leur ay sceu dire. J'ay prié à Monsr l'escoutette d'aussy vouloir tenter et essayer s'il ne les pourra induire pour eulx assembler en sa maison et venir par ainssy en amiables dévises; il luy semble faisable et excogitera ma dict moyen, dont si quelque chose bonne succède durant vostre absence, ne failleray d'advertir vostre Srie. De balancer et peser le dit petit trouble me semble (à correction) qu'il en vault la paine ...... De Breda, le xvme jour de novembre 1566.
De vostre Seigrie le très humble et très obéissant serviteur, Baptistaus Vogelsanck.
A Monseigneur, Monseigneur le Conte Ludovicq de Nassau etc. |
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