Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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† No CCXXXIXa.
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Ga naar margenoot+presches, povoir le tout réduire à obéyssance, jusques à ce que les estats-généraulx fussent assemblez. Et partirent incontinent le Prince d'Orenges vers Anvers, le Conte d'Egmont vers Flandres, le Conte de Horn vers Tournay, où ils firent si bon debvoir, que accordant l'exercice des presches avecque quelques capitulations pour les catholicques, remirent le tout en bon train, et sembloit par là povoir éviter tous inconvéniens, lesquels aviont esté si apparens et trop plus grands que ceulx de France, moyennant que l'ordre par eulx mis eust esté entretenu, ce qui advint tout au contraire. Car estans ces Srs absens de Son Altze et empêchés à remédier à ces troubles, aulcuns de leur malvueillans estans près sa dite Altze, commencharent à blasmer leurs actions, du commenchement à part et secrètement, et après en publicq et par lettres; ce qu'ils firent aussi faire à Son Altze, comme l'on peult veoir par ce qui est passé à Bruxelles touchant les presches, et ce qu'elle a escript à ceulx de Haynault et Arthois, blasmant partout ce que ces Srs faisiont pour la pacification; aussi les gens qu'elle a faict lever en Haynault et pour sa garde à Bruxelles, lesquels publioient que de brief ils chastieroient ceulx de la nouvelle religion, par où nous estions apparens tumber en une totale ruyne. Car ayans sur notre asseurance réduict le peuple à obéyssance, Son Altze se armant, estoit déliberé, ayant ses forces, contrevenir à tout ce qu'avions traicté, par où venions en mespris du peuple, comme l'ayant trompé et abusé par faulses persuasions, joinct que estions tant descriez vers Sa Maté, comme estans autheurs de tous ces troubles, à cause d'avoir par tant de diverses fois représenté l'estat des affai- | |
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Ga naar margenoot+res, mesmes y avoir esté en personne Monsieur d'Egmont en Espaigne, lequel avoit tant bien et prudentement négocié, que l'on espéroit ung redressement à tous les affairesGa naar voetnoot(1), à quoy Son Altze démonstroit estre fort enclin, mais l'on a cognu que ce estiont toutes dissimulations et qu'elle a tousjours adjousté foy à ceulx qui désiriont plus leur profict particulier et la bonne grâce du maître que la conservation du pays, comme l'on peult assez appercevoir par leur actions. Et considérans, si passissions cecy, le dangier où mectrions nos personnes, biens et conséquamment notre honeur et réputation, ayant clairement cognu que sommes réputés pour personnes séditieuses et perturbateurs du repos publicq, veu ce que son Altze a faict tant en Hollande, Arthois et Tournay, dont estant de besoing l'on pourra faire apparoir; Avons nous trois Srs déliberé à nous déclairer serviteur très humbles à Sa Maté et protecteurs de la Noblesse et de la Patrie, ensamble de tout le peuple, vueillans maintenir ce que a esté accordé à Bruxelles et depuis capitulé avecqz les villes où avons traictié, affin de le faire entretenir, sans souffrir y estre contrevenu par voye directe ou indirecte, estant cecy le seul moyen de povoir maintenir le pays à repos. Déclairans en oultre tous ceulx qui nous y vouldront donner empêchement, ennemys du Roy, ensamble | |
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Ga naar margenoot+perturbateurs et séditieux, vueillans la ruyne, désolation, et perte du pays, et ne povons d'icy en avant avoir nulle confiance en Son Altze, veu qu'avons assez descouvert et cognu par expérience qu'elle ne porte aulcun zèle, ny affection à ces pays, ains tend seullement à ce qui comple pour ses affaires et la grandeur de sa maison; car l'on at assez cognu par expérience ce qui s'est passé en Parme, et scait on bien qu'elle n'aspire que de ravoir le chasteau de Plaisance, lequel Sa Maté ne luy a oncques volu rendre, ores qu'il aye marié son fils. Par où l'on cognoit assez la peu de confiance qu'il a d'elle, ny de sa Maison, et l'on nous peult bien estimer malheureulx, que ne luy vueillant confier une seulle place, luy a mis entre mains tous les estats de par-deçà, lesquels elle seroit contente ruyner, pour parvenir à ravoir ce seul chasteau. En oultre l'on sçait par trop l'ennemitié que le Pape et Cardinaulx porteront à ces pays voyant le désordre advenu, joinct qu'il est assez apparent qu'ilz ne vouldront doresnavant recognoistre le Pape, ny Cardinaulx pour leurs chiefz, et ne pourront tirer les deniers qu'ils souloientGa naar voetnoot1 et crainderont que le mesme leur adviegne en Espaigne, par où ils auriont entièrement perdu toute leur authorité, scassantGa naar voetnoot2 comme ils sont peu respectés en Allemaigne, France et Angleterre; qui les causerat de irriter Sa Maté par tous moyens contre ces pays, luy offrans toute ayde, tant d'argent que des gens, et useront de tous moyens, quelz qu'ilz soient, pour parvenir à chastier ces pays, comme ung affaire dont dependt toute leur grandeur, car ne faisans ce que dessus et estans à ce aydés de son Altze, du Cardinal de Granvelle, lequel a si bonne cor- | |
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Ga naar margenoot+respondance, estant au reste personnaige tant expérimenté aux affaires d'estat, pensent, perdant ceste occasion, ne la povoir jamais recouvrer. Parquoy nous fault mectre notre fiance en Dieu, lequel est scrutateur des coeurs, et protestons que ne emprendronsGa naar voetnoot1 ceste protection par nulle ambition ou affection particulière, ains tant seullement pour le service de Dieu, la conservation de nostre pays, et désirons à jamais demeurer très humbles serviteurs de Sa Maté et de ses successeurs, et mectre corps et biens tousjours pour son service, moyennant qu'il nous veulle réputer pour ses naturelz vassaulx, se confiant de nous, et ne permectant que soyons tyrannisez, ny reduictz en servitude; car aymons trop mieulx mourir pour la deffence et liberté de nostre patrie, que de vivre avecqs toutes les richesses et mercedes que l'on nous pourroit faire soubs une telle tyrannie, que sont aulcuns aultres royaulmes et pays de Sa Maté; nous contentans d'une vye médiocre et tranquille, sans nous soucyer des honneurs mondains, espérans avecq le temps que tout le monde cognoistrat nos actions n' avoir oncques tendus à nulle ambition, combien que nos malvueillans nous en accusent, procurans par là nous rendre odieux à tous Princes et Potentatz de la Chrestienneté. |
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