Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CXCI.
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Ga naar margenoot+Genf, gest. am 13 oct. 1605.’ Guericke, Handbuch der allg. Kirchengesch. p. 912. - M. Taffin, ministre de l'Eglise de Metz, étoit un des nombreux prédicateurs calvinistes que la France envoyoit alors dans les Pays-Bas. Il prêchoit l'Evangile sans crainte à Anvers, mais respectoit soigneusement les ordres des Magistrats: Bor, 85.b Plus tard il suivit le Prince, et fut employé dans beaucoup d'affaires difficiles et délicates. - Il paroit que les Calvinistes des Pays-Bas desiroient se réunir aux Luthériens, en prenant pour base le Wittemberger Concordie, accord que Melanchthon et Bucer avoient composé (Tom. I. p. 216). On avoit consulté de Bèze, et sa réponse montre que les informations de Strada à ce sujet n'étoient pas exactes. ‘Quamvis Calviniani ab Augustanâ confessione abhorreant, tamen explorato Theodori Bezae ab usque Geneva consilio, probatisque ab eo hisce religionis induciis, novae professionis formulam ad Augustanae similitudinem concepere.’ l.l. 183. On lit sur le dos de la lettre, Petitio Ecclesiarum inf. Germaniae ad Ecclesias confessionis, et judicium Th. Bezae de ea petitione. Le Seigneur qui promet et qui présenteroit la confession (voyez p. 245,) est apparemment le Comte Louis de Nassau; du moins le Prince d'Orange ne s'engageoit pas encore si avant. Monsieur et frère. Je respondray tout ensemble à plusieurs de voz lettres. Quand au principal point qui est, si les frères du Pays-Bas peuvent présenter pour confession l'accord que m'aves envoyé, je vous en dyray ce que le Seigneur nous a donné d'en penser par deçà, après que le tout a este veu et examiné en nostre compagnie. Quand feu M. Bucer fit cest accord, il est certain qu'il tendoit à bonne fin et n'y a rien à nostre advis en son exposition de l'article de la Cène qui ne soit bien dict, estant bien entendu. Mais le temps nous aprent beaucoup de cautelles de nostre ennemy, come jadis il advint contre Arius et Pélagius entre aultres. Or ce qui est ensuivy à monstré et monstre plus clair que jamays, que ceulx avec le- | |
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Ga naar margenoot+quelz on cuidoitGa naar voetnoot1 s'accorder, ont tousjours tendu à ce poinct d'establir le corps de Jesu-Christ essentiel icy bas, tellement que pour saulver leur présence corporelle illocalement, vous voyez qu'il a falu venir à l'ubiquité, sans laquelle aussy il est impossible de maintenir leur opinion, et fault confesser que BrenceGa naar voetnoot(1) a mieulx jugé en cela, que tous ceulx qui pensent accorder leur présence corporelle avec la vraye opinion des deux natures de JésusChrist. De cela dépent la vuidange de l'aultre question, que c'est que les indignes recevent. Car quoy qu'il en soit, ces gens n'ont esgard qu'a leur consubstantiation, come il se voyct meyntenant plus clairement que lors. Or vous scavez combien qu'il est requis qu'on use de simplicité et clayrté toute évidente à matière de Confession. Maintenant donques vous voyes comme telles gens entendent cest accord, comeGa naar voetnoot2 seroyt-il possible de le recevoir en bonne conscience? Je dys d'avantageGa naar voetnoot3 que Dieu a monstré par expérience que tout cela luy déplaysoit tellement, que cest accord n'a esté advoué d'une seule ecclyse par deçà, ny de celles qui depuis ont estés engendrées au Seigneur, et vous voyes les piteux estats d'icelles qui s'y sont rengées, au lieu de persévérer en la symple et vraye sentenze que leGa naar voetnoot4 suyvoit, et y'ose dyre que Satan s'est plus servy de cest accord à empescher la vraye concorde et l'avancement de la vérité, que de tout ce qui a esté faict | |
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Ga naar margenoot+de nostre temps en ceste matyere, combien que scache que M. Bucer avoyt une intention toute contraire. D'avantage quand vous auryes passés ces poincts aynsi, nous ne dubtons poinct que le poinct du baptesme et de l'absolution, come vous l'aves couchez à la vérité, ne rumpit tout, et toutesfois d'accepter ces articles, come ils sont couchés en ce que m'aves envoyé, yl n'y auroit ordre, come vous l'aves bien jugé. Oultre tout cela vous ne deves doubter, quoyque vous promette le Seigneur qui présententeroytGa naar voetnoot1 ceste confession, que pour la fin yl ne fallut au lieu de l'Evangile, advouer simplement la Confession d'Augspurg et lors se seroyt à rycomancer, et peut-estre seroyt on bien estonné de voyer la plus part, affriendé de la paix, se révolter plainement de la vérité, car voylà come Dieu a accoustumé punir ceulx qui cerchent les destours. Je sçay bien que vostre intention est toute contrayre, mais nous vous dyzons aussy nostre advis. L'espérance qu'on donne à noz frères est belle et grande, mays oultre ce qu'elle nous semble sans apparanze, nous n'en scaurions attendre que très mauvayse yssue, et pensons au contrayre qu'en attendent en constanze la volunté du Seigneur et mayntenent sa pure vérité, il envoyera le sulagement plus tost et plus certayn. Vous adviseres si quelque confession novellement dressée y pourra servir. Quant à moy je n'y ay poinct voulu mettre la mayn, pour ce que la multitude de tant de Confessions me déplayt. S'on en veult choysir entre les anzienes et celle dez églises Françoises est suspecte au tiltre, je n'en sçache poinct de plus nette, que celle qui fust présentée à l'Empereur durant des dernières troubles, | |
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Ga naar margenoot+dont vous pourres faire un extraict et [sement] sans qu'on l'apparçoive. Et n'avons pour le présent aultre conseil sur ce point. Quant a nos frères de BadonvillezGa naar voetnoot1, nostre frère M. Figon a esté arresté prisonnier à Vienne à son retour, comme nous l'avons escript à nostre frère, M. Polyandre; mais nous espérons que bientost il sera délivré et soubdain estant de retour partira, que si l'affaire traine tant soit peu, nous en envoyerons ung aultre en sa place, Dieu aydant. Quant à Monsr. le Duc de BuillonGa naar voetnoot(1) nous en avons ung tout prest, grâces à Dieu, comme je luy mande, et vous prie luy faire tenir mes lettres, y adjoustant les vostres, affin qu'on ne soyt aussi long à envoyer querir ceslui cy que l'aultre, en quoy il y aura moins de frais, pour ce qu'il n'a femme, ny enfans. Quant à nostre frère, M. des Masures, je luy escrips suyvant ce que m'aves mandé, et sur sa responce je prendray occasion defaire selon que m'aves adverty, affin d'éviter toute la souspeçon que cela vienne d'ailleurs. Au surplus les bruicts esmeus par delà au mesme temps, que plusieurs ont tresséGa naar voetnoot2 les cornes allieurs, confirment bien les conjectures que tout est faict à la main. Mais en somme il n'y a point de conseil contre le Souverain, et voiant Satan s'enaigrir en ceste sorte, il nous fault espérer qu'il est sur le point de sortir, sinon que nos péchés le retienent, qui est ce que je crains le plus. De nostre part, grâces à Dieu, nous sommes en santé et en paix, mais il | |
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Ga naar margenoot+y a apparence de grande cherté, quy sera à ce que j'entends ung fléau universel. On se meurt de peste en Suyce et en ValleyGa naar voetnoot1 et aux environs. Mais la grand peste que règne par tout, est celle à laquelle on pense le moins. Nos frères de Pietmont sont rudement traictés, estant les uns forcés à vuider le pais par édict, les aultres rudement menacés. Nostre ben Dieu y vueille bien pourvoir. En Languedoc, à ce que pouvons entendre, on est en grand danger de venir aux cousteaux, ne pouvant estre plus supportée la manière de laquelle ce povre peuple est gouverné. A Lyon c'est une chose presque incroyable aussi du pouvre gouvernement qu'y est. Nous avons ce me semble à prier sur tout, qu'Il donne pacience aux siens, par laquelle seule j'espère que nous veincrons. Les dernières nouvelles que j'ay eu de nostre père, mr̅e Guilaume FarelGa naar voetnoot(1), estoyent, qu'il y avoyt fort | |
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Ga naar margenoot+peu d'espérance devieGa naar voetnoot(1). Le bon homme a tousjours languy depuis son retour, et de fayct plusieurs se sont esbahys, comme on luy avoyt donné ceste peine. Nostre bon Dieu et père vueille recevoir en son repos son fidèle serviteur et faire la grâce à ceulx qui demeurent derrière, de bien courrir en la lice, jusques au bout. Tous les frères vóus saluent. N'oublies, si vous plait, mes recommandations à Monsieur Garnier et à tous les frères, sans oublier Mademoyselle de la CroyxGa naar voetnoot(2), tant de ma part que de celle de ma femme et nièpce, qui se recommandent humblement à sa bonne grâce. Nostre bon Dieu et père vous multipliant ses grâces, vous conserve tous en sa saincte garde. De Genève ce 24 d'aoust.
Vostre entier confrère et serviteur,
Th. de Besze. A Monsieur Taffin, ministre de l'Eglise de Mets. |
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