Brieven. Deel 2. 1 januari 1930-31 maart 1931
(1978)–E. du Perron– Auteursrechtelijk beschermd413. Aan L. Chevasson: Amsterdam, 7 februari 1930aant.Amsterdam, 7.2.30. Mon cher ami Louis, Je suis bien content d'apprendre que vous allez échanger le digne BlancheteauGa naar voetnoot1. contre la N.R.F.; vous y serez plus près de Malraux et l'horreur de la bêtise sera de toute façon moins continue.Je sais à quel point cela est insupportable! - Une autre chose qui m'a rendu heureux est une lettre de Clara m'apprenant qu'elle a toujours deux yeux et que les environs d'un de ces deux yeux n'a pas encore la bonne couleur, mais qu'elle est pleine d'espoir!... Je commençais à m'inquiéter sérieusement, paree que Germaine m'avait écrit une lettre assez alarmante, et qu'à mes lettres, ni Clara, ni Malraux, n'avaient répondu. Il est vrai que vous m'aviez écrit, mais dans votre lettre les nouvelles étaient encore assez loin d'être bonnes. Mais voilà tout le mal réparé, ou à peu près. Clara borgne, m'aurait à moitié étrangléGa naar voetnoot2.. Ici, ça ne va pas bien. Simone toujours très souffrante: maux de tête, etc.J'ai vu 2 docteurs, sans résultat; c'est pénible, à la fin. Et ma mère qui recommence, qui passe des nuits à haleter et à qui on n'arrive pas à donner le repos nécessaire. Nous sommes ici dans une maison tenue par le plus insupportable idiot que j'aie rencontré depuis longtemps: un type se disant ingénieur - et ruïné - qui essaye de voler tant qu'il peut et de nous voler en nous racontant des histoires pitoyables et stupides, et qui, après cela, voudrait nous prescrire comment vivre dans sa maison. Pour ma mère c'est exactement ce qu'il ne faut pas. Vous savez qu'en général je n'épouse pas aveuglément les opinions ni même les intérêts de ma mère, et au commencement j'ai tout fait pour adoucir les choses, mais j'ai fini par proposer une raclée au type et par lui dire que je le mettrais à la porte s'il avait le courage de se présenter dans notre appartement. Le type est lâche, mais entêté - un triste specimen de bourgeois persévérant. Ce matin il a encore essayé de nous voler. Et il continuera... | |
[pagina 68]
| |
A part ceci, Amsterdam me plaît toujours beaucoup en je vois pas mal de gens. Je viens de revoir le Rijksmuseum, quej'avais parcouru à peu près au pas gymnastique avec Malraux et Clara, et vraiment, il y a 3 grands Rembrandt absolument superbes. A ce point que tous les tableaux environnants paraissent pompiers et plats. Vous devriez venir ici. Est-ce absolument impossible? Je trouverai où vous loger (à l'oeil) et vous mangeriez chez moi. Reste l'argent du voyage alleret-retour et un peu d'argent de poche. Ne pourriez-vous pas venir avant de vous réinstaller à la N.R.F., ne fût-ce que pour 3 ou 4 jours? Tant pis pour le Chainse! J'écrirai à Bédier, pardieu. Donnez-moi son adresse. Simone vous envoie toutes ses amitiés; Gille aussi (qui parle souvent de vous); je vous serre affectueusement la main. Votre EdP.
P.S. - J'ai reçu de Malraux sans doute le second Soulier, mais n'ayant plus le premier, qui doit être chez vous, je l'ai expédié à Germaine. Faites-en autant pour le no. 1. |
|