De patriottentijd. Deel 3: 1786-1787
(1899)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekend
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1. - ‘Notice instructive pour M. le Chevalier de Bourgoing’Ga naar voetnoot1). - 22 avril 1787.Le but du voyage que le Chevalier de Bourgoing va faire en Hollande, est d'éclairer l'ambassadeur du Roi, de le diriger, et d'agir lui-même lorsque les circonstances le lui permettront. Mais comme l'intention du Ministre est d'éviter tout ce qui pourroit donner du désagrément à M. le Marquis de Vérac, le Chevalier de Bourgoing ne se présentera à lui que comme un aprentif-politique qui cherche l'occasion de s'instruire, et de se rendre de plus en plus propre à servir utilement le Roi dans la carrière des affaires étrangères. La certitude qu'aura M. de Vérac que M. de Bourgoing jouit de la confiance du Ministre, fera le reste et avec de la dextérité et des ménagements, M. de Bourgoing remplira complètement le voeu de M. le Comte de Montmorin. Ceci présuposé M. de Bourgoing prendra pour base de son langage et de ses conseils l'instruction et la dépêche que l'on adresse par lui à M. l'ambassadeurGa naar voetnoot2); il y ramènera sans cesse celui-ci; il tâchera d'être toujours exactement instruit de ses entretiens avec les Patriotes, et lorsqu'il s'entretiendra lui-même avec ces derniers, il leur déclarera qu'il est sans mission, mais que cela ne l'empêche pas de prendre un vif intérêt au succès de leur cause: ils ne prendront pas le change, et M. de Bourgoing peut être assuré qu'ils lui montreront toute la confiance qu'il pourra désirer; dans ce cas son langage est tracé dans les instructions de M. l'ambassadeur. Quant à la conduite que le Chevalier de Bourgoing aura à tenir vis-à-vis de M. le Rheingrave de Salm, elle demandera également beaucoup de mesure. Pour réussir vis-à-vis de lui, il est nécessaire de lui montrer la plus grande confiance: ce sera le seul moyen d'avoir la sienne et d'in- | |
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fluer sur sa direction. Ce dernier point est important, parceque M. le Rheingrave est vif et ambitieux. M. de Bourgoing aura d'ailleurs avec lui un homme qui lui exaltera souvent l'imagination. Il faudra de l'adresse et de la fermeté pour la calmer. Peu après que le Chevalier de Bourgoing sera arrivé à la Haye, il demandera à M. le Marquis de St. Simon la permission de l'aller voir. Il trouvera chez ce gentilhomme beaucoup de membres des Etats de la Province d'Utrecht; il s'entretiendra avex eux; il les écoutera; les exhortera à la paix; les invitera à lui confier leurs idées à cet égard, et en rendra compte au Ministre et à l'ambassadeur du Roi. Ce premier voyage servira de véhicule pour un second, dans lequel le Chevalier de Bourgoing pourra expliquer, avec une autorisation formelle, les voeux et les intentions de Sa Majesté. Au reste il ne se rendra chez M. le Marquis de St. Simon autant qu'on n'y aura trouvé aucun inconvénient à la Haye. Comme le Chevalier de Bourgoing est sans mission, il ne fera pas de rapport officiel; il se bornera à écrire des lettres particulières dans lesquelles il détaillera les faits et son opinion personnelle sur l'état des choses. | |
2. - Rayneval aan BourgoingGa naar voetnoot1). - 19 Mei 1787. -Pour avoir raison de M. le Rhingrave vous n'avez qu'à lui parler avec franchise, et ne pas craindre de lui contredire lorsque vous aurez de quoi justifier votre opinion: il est ardent, il est ambitieux, il est adroit; mais il sait avoir de la mesure, et il ne jettera sûrement pas son chapeau par dessus le moulin. Au reste je ne suis pas étonné que les patriotes s'en méfientGa naar voetnoot2); ils craignent son ambition et n'ont aucun moyen de la contenir: ils sont dans le cas des femmes qui ont eu une foiblesse: l'homme qui en a joui est leur maître. Je passe aux affaires. Elles s'embrouillent de plus en plus, la guerre civile est établie, et nous ne voyons encore aux patriotes ni plan ni vues; cela impatiente un peu le Ministre; faites ce que vous pourrez pour que ces Messieurs nous disent enfin ce qu'ils veulent, quel est leur système, et quelle marche ils entendent suivre pour l'établir. Vous pensez que nous craignons ici les bourgeois, nous ne les craignons pas, mais nous voulons qu'on ne leur donne que la mesure nécessaire pour opérer le bien. Ce sont, je crois, les pensionnaires qui les craignent, et c'est là le principe de leur méfiance à l'égard du Rhingrave. L'ambassadeur ne dit pas un mot des aristocrates. Occupez-vous-en; il importe autant de les gagner que d'exciter les patriotes. Occupez-vous sur- | |
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tout de la province de Frise. J'avois une correspondance indirecte par M. de Grovestins avec M. Rengers-Burmania; tâchez de la renouer, vous serez notre Apollon si vous faites cette affaire. Ne confiez d'ailleurs rien des affaires de Hollande à M. de Grovestins parce qu'il est aristocrate; je crois que M. van Wijn son ami l'est aussi un peuGa naar voetnoot1). Je crains, malgré les instances de M. de Montmorin, que les pensionnaires ne nous laissent dans le vague par rapport à leur plan et à leurs vues; comme néanmoins il seroit de la plus grande importance de savoir à quoi s'en tenir à cet égard, je voudrois qu'ils envoyassent M. Paulus avec carte-blanche. Faites cette ouverture à ce dernier de ma part; elle est agréée par le ministre. Deux conversations suffiront, et M. Paulus n'aura été absent qu'une douzaine de jours. | |
3. - Bourgoing aan MontmorinGa naar voetnoot2). - 19 Mei 1787. -M. le Rhingrave est venu passer ici 24 heures pendant lesquelles j'ai eu avec lui deux longues conférences sur la crise où il joue un rôle principal. Le moment est venu où il n'est plus question, Monseigneur, de le contenir. Il ne se dissimule point du tout le danger auquel est exposé le parti des patriotes si les voies de fait continuent. Il m'a fait l'énumération des forces que les Etats de Hollande peuvent opposer à celles du Stadhouder. Il évalue les premières à 3000 hommes au plus, et les secondes à 6000, avec ce désavantage du côté des patriotes que les troupes que le général van Rijssel et lui, sous ses ordres, peuvent faire agir, sont d'une mauvaise qualité, à l'exception de sa propre légion, tandis que les régiments dont le Stadhouder a eu soin de garnir la province de Gueldre sont les meilleures troupes de la République. Il compte pour rien celles qui forment le cordon de la province de Hollande du côté de celle d'Utrecht; outre qu'elles ne pourroient sans de grands inconvénients laisser cette frontière à découvert, elles ne consistent qu'en des régiments dont la majeure partie refuseroit au moins de marcher contre les troupes du parti contraire, s'ils n'alloient pas se réunir à elles. Dans cette situation vraiment allarmante il n'attend plus que des démarches de Sa Majesté le salut de la cause patriotique. Il croit que la déclaration dont M. le Marquis de Vérac vous a envoyé le projetGa naar voetnoot3) pourroit suffire, dans le moment, pour en imposer à nos adversaires, pourvu qu'elle fut étayée de quelques démonstrations sur nos frontières. Mais si les choses empiroient, si la connoissance de la foiblesse des moyens que les patriotes ont à lui opposer confirmoit le Stadhouder dans ses mesures hostiles, M. le Rhingrave ne m'a point caché que sans un secours effectif de la part du Roi le parti patriotique ne peut s'attendre qu'à des défaites dont les conséquences inévitables seroient le triomphe du Stadhouder, et par conséquent la perte de notre considération en Hollande et l'anéantissement de notre alliance avec la République. | |
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Si M. le Rhingrave étoit pusillanime, s'il étoit moins amoureux de la gloire, je penserois qu'il a exagéré le tableau qu'il m'a fait. Mais vous le connoissez assez, Monseigneur, pour croire qu'il ne témoigneroit pas une sorte d'effroi si la situation du parti patriotique ne lui paroissoit pas réellement effrayante. Il m'a fait diverses ouvertures sur les moyens qu'auroit le Roi de servir ce parti. Il m'a parlé des troupes que l'électeur de Cologne a dans l'évêché de Munster, de celles de l'électeur Palatin, etc., et de la possibilité où seroit Sa Majesté d'obtenir que ces troupes passassent à la solde de la province de Hollande. Il m'a confié, Monseigneur, ce que vous saurez sans doute, que le Roi de Suède lui avoit fait offrir 6000 hommes à plusieurs reprises, et qu'à présent encore ces troupes s'embarqueroient pour la Hollande aussitôt que le Roi en auroit prononcé le voeu à Sa Majesté Suédoise. Il n'a pas tardé à sentir cependant que ces moyens indirects de servir les patriotes paroitroient peu convenables à la dignité du Roi; que d'ailleurs il y auroit trop de risque à ce que le Roi donnât l'exemple de faire entrer des troupes étrangères dans le sein de la République. Il a fini par former le voeu que Sa Majesté consacrât un corps de ses propres troupes. Dans ce cas, selon lui, des troupes Suisses ou Allemandes conviendroient à cet égard plus que toute autres, et 3 à 4 mille hommes suffiroient. Vous sentez, Monseigneur, que je ne me suis permis de rien dire qui put ou détruire, ou nourrir ses espérances à cet égard. J'ai allégué la parfaite ignorance où j'étois des intentions de Sa Majesté. M. le Rhingrave, dont le découragement se développoit dans les entretiens dont j'ai eu l'honneur de vous rendre compte, a été jusqu'à me dire qu'il falloit bien cependant qu'on prit un parti; qu'il n'avoit pas envie de compromettre sa gloire et même sa sûreté sans aucune apparence de succès; qu'il venoit de recevoir de la part du Stadhouder des émissaires qui lui faisoient les offres les plus séduisantes; que sans avoir la moindre envie de les admettre il ne les avoit cependant pas rejettés péremptoirement et avoit pour ainsi dire laissé par son langage ambigu une porte ouverte à la négociation; mais qu'enfin il pourroit arriver un tel ordre de choses qui le forçât à ne consulter que son propre intérêt. Je me suis gardé, Monseigneur, de relever cette espèce de menace, c'eût été y attacher trop d'importance. Je me suis borné à lui observer que ces ouvertures de la part du Stadhouder prouvoient que ses avantages ne lui paroissoient pas aussi décidés que lui, M. le Rhingrave, paroissoit le croire. M. de Salm m'a repliqué que ce Prince en les faisant pouvoit avoir eu le double objet d'empirer encore, par sa défection, le parti des patriotes, et de gagner du tems pour consolider ses préparatifs hostiles. Ce qui rend, Monseigneur, cette seconde conjecture assez probable, c'est que le Stadhouder, qui comptoit trouver un train d'artillerie complet dans les arsenaux de la province de Gueldre qu'il a fait ouvrir d'une manière violenteGa naar voetnoot1), a été | |
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trompé dans ses espérances et qu'il lui faudroit au moins une quinzaine de jours pour avoir un attirail d'artillerie tout prêt à entrer en campagne. Le résultat de mon entretien avec M. le Rhingrave a été, Monseigneur, que pour ce qui dépendroit de lui les choses resteroient in statu quo, qu'il alloit partir pour faire le meilleur usage possible des pouvoirs que les Etats de Hollande lui avoient donné sur leur cordon. Il est reparti avant-hier au soir pour Utrecht, persuadé de la docilité du général van Rijssel, et disposé à ne faire aucun mouvement qui puisse provoquer de nouvelles hostilités de la part des troupes stadhoudériennes, pourvu qu'elles mêmes ne l'obligeassent pas à déconcerter les mesures qui paroitroient dirigées contre la ville d'Utrecht.... La perplexité des pensionnaires est extrême. Ils ne peuvent faire une démarche qui ne leur attire à la fois des reproches contraires, et tandis que le parti stadhouderien les dénonce comme violateurs de la constitution, les fougueux patriotes les accusent de pusillanimité. Leur embarras est aussi en partie la suite de leur ambition. Ils voudroient bien que tout obéit exclusivement à leur impulsion. Ils ont redouté les coöpérateurs dans les objets même qui sont le moins de leur ressort. Ce reproche peut paroitre suspect dans la bouche de M. le Rhingrave qui, depuis le commencement de la crise, non content de son empire sur une très-grande partie de la bourgeoisie, eut voulu aussi se rendre maître de l'armée. Mais l'événement prouve assez que ce reproche est fondé. Les chefs du parti patriotique n'ont pas su s'y prendre à l'avance pour se ménager les troupes mêmes qui forment le cordon de la province de Hollande. Ils en confient le commandement à un général honnête sans doute et bien intentionné, qui obéit assez ponctuellement aux ordres qu'il reçoit, mais que ne sait rien prévoir, qui ne peut contenir ni gagner les officiers et les soldats, et qui laisse arriver le moment de la crise sans avoir découvert leurs véritables dispositions. Le biais que les Etats de Hollande ont pris peut diminuer jusqu'à un certain point l'inconvénient de sa nullité qui paroit assez généralement reconnue, mais il ne suffira pas à beaucoup près pour conjurer l'orage dont les patriotes sont menacés. L'intervention seule du Roi peut produire cet effet. Elle est aussi désirée par nos amis que redoutée par nos adversaires. Mais elle ne peut avoir lieu de sitôt, Monseigneur, si Sa Majesté croit devoir attendre pour l'employer qu'elle soit réclamée par tous les partis et avec les formes nécessaires pour exprimer le voeu de la République aux puissances étrangères. Avant que nous ayons pu nous procurer la majorité aux Etats Généraux (de laquelle je vois avec peine qu'on ne s'occupe pas assez), la situation de nos amis peut empirer au point de rendre l'intervention du Roi inutile et tardive. D'après la conduite perfide du Stadhouder on doit s'attendre de sa part à de nouvelles levées de bouclier contre la ville d'Utrecht, et qui peuvent amener un événement décisif. Il ne reste pas assez de marge pour le faire contenir par des voies indirectes, et il semble, Monseigneur, qu'il n'y a que la déclaration du Roi qui puisse arriver assez à temps pour lui en imposer et suspendre encore les horreurs de la guerre civile. | |
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4. - Bourgoing aan MontmorinGa naar voetnoot1). - 2 Juni 1787. -....Il ne peut plus être question de conciliation. L'espèce de manifeste que vient de publier le Stadhouder ne laisse plus à nos amis que le choix entre une aveugle soumission à son pouvoir oppressif et la poursuite de la guerre qu'il leur déclare. Cette alternative, Monseigneur, n'auroit rien d'embarassant si leurs moyens étoient au niveau de leur courage et de leur animosité. Mais les plus sages d'entr'eux conviennent qu'à cet égard il y a plus d'un désavantage de leur côté. Mes conversations avec quelques pensionnaires, et surtout avec M. de Capellen de Marsch qui s'est abouché à Utrecht avec M. le Rhingrave, nous donnent sur les forces disponibles des deux partis et sur leurs opérations éventuelles les résultats suivants. On peut évaluer à 3600 hommes les troupes stadhouderiennes qui sont ou dans la ville d'Amersfort ou campées dans les environs. Ces troupes sont pourvues abondamment de tout ce qui est nécessaire pour entrer en campagne. Elles ont reçu des places de la généralité 13 à 14 pièces de 24, des mortiers, des obusiers et des munitions de guerre dont est remplie la petite église d'Amersfort. Cette ville auroit été très-facilement enlevée par un détachement de la légion de Salm immédiatement après la première action qui a eu lieu près du Vaart. Mais depuis cette époque la hauteur qui la domine a été occupée par les troupes stadhouderiennes qui s'y sont retranchées et y ont établi une batterie de plus de 30 canons. M. de Capellen qui vient de voir le théatre de la querelle en observateur éclairé, paroit persuadé que le plan du Stadhouder est de brusquer une conclusion que la lenteur des Etats de Hollande, l'incertitude de leurs troupes et leur dénuement des objets nécessaires pour entrer en campagne, lui font croire prochaine et favorable. Ce patriote a de fortes raisons pour penser que sans perdre de tems à assiéger Utrecht, le Stadhouder fera marcher ses troupes, entre cette ville et celle de Naerden, droit vers la province de Hollande, qu'alors la plus grande partie du cordon qui la couvre passeroit sous ses drapeaux, et qu'en peu de jours il seroit en état de rentrer triomphant à la Haye, où il seroit accueilli par la plus grande partie du peuple et de la garnison, et où le foible parti des patriotes seroit dès lors exposé aux plus grands dangers. Ils ne seroient cependant pas sans moyens, Monseigneur, pour conjurer l'orage qui les menace, s'ils se hâtoient de les mettre en activité; et c'est en grande partie pour ranimer leur zèle et diriger leurs démarches que M. le baron de Capellen est venu à la Haye. Les Etats de Hollande ont à leur disposition en troupes reglées 11 bataillons formant à peu près 3000 hommes, et puis la légion de Salm que son chef lui-même n'évalue pas à plus de 1000. La cavalerie de cette légion est la seule jusqu'à présent sur laquelle ils puissent compter avec certitude, tandis que le Stadhouder en a 12 compagnies de 40 hommes à | |
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Amersfort, sans compter un régiment de 320 chevaux qui sont à Bommel et qu'il pourroit en retirer sans inconvénient, parce qu'il n'y a pas dans cette ville, comme dans les autres de la Gueldre, de la bourgeoisie à contenir. Il y a à Utrecht 2400 bourgeois et 1000 auxiliaires; il y a de plus 600 hommes de corps francs assemblés à Woerden. On calcule que dans le cas où Utrecht ne seroit plus menacée, les trois quarts de ces bourgeois armés pourroient se joindre aux troupes réglées et les porter par conséquent à 6000 hommes; mais ils sont malheureusement dépourvus de tentes et d'autres objets nécessaires pour entrer en campagne, et le temps manque ainsi que l'argent, pour y pourvoir. Les Etats de Hollande sentent vivement la nécessité de s'assurer des troupes de leur cordon. Ils se sont éclairés sur les moyens lents et incertains qu'ils avoient employés jusqu'à présent, et ils ont pris hier des mesures en conséquence. On vient de m'assurer que Leurs Hautes Puissances, toujours à la majorité de 4 provinces, ont envoyé aux Régimens que celle de Hollande veut désarmer en détail pour les forcer à lui prêter serment, la défense de se soumettre à ses ordres. Nous eûmes hier avec nos amis une longue conférence en présence de M. de Capellen. Nous remarquâmes avec peine que celui-ci ne leur a pas fait entièrement adopter ses idées; qu'ils ne sont pas aussi effrayés que lui du danger qui les menace; qu'ils ne sont pas même bien d'accord entr'eux, ni sur les données d'après lesquels ils doivent agir, ni sur les moyens qu'ils veulent employer. Voici, Monseigneur, ce que j'ai pu tirer de plus clair des discussions dont j'ai été témoin et auxquelles j'ai pris part. Leur Comité de DéfenseGa naar voetnoot1), qui de l'aveu de ses membres est sa ns notions sur les opérations militaires, va en abandonner la direction au Comité assemblé à Woerden, lequel est composé du Général van Rijssel, du colonel Sulyart, de quelques chefs des corps francsGa naar voetnoot2), et sur lequel M. de Salm aura une influence prépondérante. ‘Nous n'aurons plus désormais,’ me disoit M. van Berkel, ‘d'ordres à leur faire passer. C'est d'eux que nous en recevrons. Nous avons approuvé le plan qu'ils ont formé pour désarmer en détail et pour refondre les Regimens du cordon qui annoncent de mauvaises dispositions, et nous espérons qu'avant la fin de la semaine prochaine ce plan sera entièrement exécuté, et dès lors nous aurons dans notre cordon dix regiments sur lesquels nous pourrons compter.’ Selon M. de Capellen ces espérances sont gratuites. Il pense avec M. le Rhingrave que sur ces dix regiments, deux au moins refuseroient de marcher. Ils différent aussi tous les deux de Messieurs les Pensionnaires dans un autre point essentiel. Ceux-ci croient que les troupes stadhoudériennes n'oseront pas s'avancer vers les frontières de Hollande et que s'ils osoient, | |
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tous les regiments du cordon sans exception leur tiendroient tête, parce qu'alors ils ne trouveroient plus dans leur serment à la généralité un prétexte pour ne pas défendre une province sur le terretoire de laquelle ils se trouvent M. de Capellen et M. le Rhingrave craignent au contraire que dans ce cas, les Regimens, même ceux que les Etats de Hollande auroient refondus, n'obéissent à leur affection personnelle et ne se rangeassent sous le drapeau du Stadhouder. L'événement seul peut décider quelle est l'opinion la mieux fondée, mais j'ai commencé à appercevoir en général dans Messieurs les pensionnaires trop de sécurité pour adopter aveuglement leurs conjectures. Ils ont été moins explicites encore, Monseigneur, quant à leurs opérations politiques. Il est vrai que leur sentiment personnel ne suffit pas à beaucoup près pour les déterminer, et voilà un de ces cas importans où ils ne peuvent qu'attendre la volonté de leurs commettans, sans pouvoir se promettre d'influer sur leurs délibérations. Ce sera donc seulement d'après elles que les Etats de Hollande pourront prendre un parti et sur la requête des bourgeoisies armées dont la députation a exprimé son voeu à Dort, et sur le manifeste incendiaire qui vient d'émaner de Nimègue. Ils préfèrent encore la modération quant aux démarches qui pourroient accélérer la rupture de l'Union. Quoique les Etats d'Amersfort se conduisent à leur égard d'une manière tout à fait hostile, ils ne veulent pas encore rompre ouvertement avec eux en cessant de reconnoitre leurs deputés aux Etats-Généraux. Ils pourroient peut-être les exclure de la Haye, mais ils craignent que de concert avec ceux de Gueldre et appuyés par la Frise et la Zélande ils ne transferassent ailleurs le siége des Etats Généraux, à Nimègue par exemple; et ils redoutent une scission qui les mettroit dans la minorité d'une manière encore plus évidente, d'autant qu'il est douteux qu'en pareil cas la province de Groningue, qui est divisée, fit cause commune avec eux. Sans se ralentir sur leurs préparatifs hostiles ils veulent aussi sauver les formes avec les Etats d'Amersfort et n'agir à leur égard que comme auxiliaires de la ville d'Utrecht. Dans cette situation, critique assurément, mais qui n'offre pas encore de bases certaines, vous demanderez, Monseigneur, ce qu'attendent nos amis de la protection du Roi. Les plus sages conviennent que ce n'est pas encore le moment de demander à Sa Majesté des marques éclatantes d'intérêt. Le parti extrême de leur accorder des secours en troupes ne seroit pas même encore à leur avis justifié par la violente crise où ils se trouvent, quoique la partie de la nation qui met sa confiance en l'appui du Roi soit déjà prête à s'inquiéter de son inaction. Mais ils voudroient bien que sa sagesse combinée avec la bienveillance qu'il a témoignée au parti des patriotes lui permit d'ordonner sur ses frontières quelque mouvement de troupes qui put donner l'éveil à leurs violents adversaires; qu'il fut possible par exemple d'ordonner un cantonnement dans les environs de Givet, tandis que le Roi de Prusse en forme un à Lipstadt à la même distance des frontières de la République, et par là alimente, peut-être sans intention, le courage du parti Stadhoudérien. Ils voudroient qu'à l'imita- | |
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tion de ce monarque qui donne à ce parti des preuves d'intérêt aussi utiles que faciles à désavouer, en laissant filer de prétendus déserteurs qui vont s'incorporer aux troupes de la province de Gueldre, Sa Majesté put se prêter à un moyen semblable d'augmenter celles de la province de Hollande. Quant aux demarches politiques, Monseigneur, ils désireroient beaucoup que M. le Marquis de Vérac soit muni d'avance d'une Déclaration qu'il remettroit aux Etats-Généraux dans le cas où ce parti seroit prêt à succomber, et par laquelle Sa Majesté manifestoit à Leurs Hautes Puissances qu'Elle le prend sans Sa protection. Dans ce cas même je leur ai fait avouer que le Roi ne pourroit pas agir sans titre, et que ce titre devoit au moins lui être fourni par la province de Hollande, si, comme cela devient de plus en plus vraisemblable, il étoit impossible que son intervention soit invoquée par les Etats-Généraux mêmes; mais, Monseigneur, les Pensionnaires ont insisté sur la nécessité que cette Déclaration fut déjà d'avance dans la portefeuille de l'ambassadeur du Roi pour en sortir à l'instant qu'ils croiroient opportun. Je leur ai demandé si alors ils seroient sûrs de faire voter l'invocation de cet acte par la majorité des Etats de Hollande. ‘Il y a très grande apparence,’ m'ont-ils répondu, ‘mais enfin si notre influence bien circonscrite dans des circonstances aussi majeures ne suffisoit pas pour réaliser cet espoir, notre auguste allié, faute d'une formalité, nous laisseroit-il écraser par nos oppresseurs dong la conduite violente justifieroit assez les marques irrégulières que le Roi daigneroit nous donner de sa protection?’ - Je me suis borné à leur promettre, Monseigneur, que j'aurois l'honneur de vous informer de leur voeu. Au reste un moyen plus facile et plus instant d'aider indirectement ce parti, c'est d'opérer une diversion en Gueldre. M. le Marquis de Vérac vous rend compte, Monseigneur, du plan que M. de Capellen nous a développé sur cet objet, et d'après les secours pecuniaires que M. l'ambassadeur s'est cru autorisé à lui fournirGa naar voetnoot1), M. de Capellen s'occupe déjà à l'exécution de ce plan en le concertant avec un député de la ville de Zwoll à la Généralité. Aux 1500 bourgeois armés qui seront ainsi mis en activité sur la frontière de l'Overyssel pourroit aller se joindre, suivant les notions de ces patriotes, un régiment de cavalerie qui est en garnison à Zutphen et qui n'attend qu'une occasion favorable pour franchir le petit espace qui le sépare de cette frontière. Une pareille diversion, Monseigneur, non seulement empêcheroit le Stadhouder de dégarnir de troupes la province de Gueldre, mais même le forceroit vraisemblablement à rappeler une partie de celles d'Amersfort. | |
5. - Bourgoing aan SalmGa naar voetnoot2). - 3 Juni 1787. -Votre lettreGa naar voetnoot3) m'a électrisé, M. le Comte, mais il ne m'est pas encore | |
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permis de me tenir longtemps à la hauteur de vos pensées, et la réflexion m'a ramené dans la moyenne région de la modération, au moins sur plusieurs des articles sur lesquels vous voulez bien vous ouvrir à moi avec une franchise qui me flatte infiniment. Par le courier qui est parti hier au soir, j'ai transmis vos vues à M. le Comte de Montmorin, et je les ai appuyées de toute mon éloquence. Mais je ne vous cache pas que je doute que de Versailles on prenne sur moi de faire appuyer ici votre voeu pour la direction militaire en chef; on y sera persuadé, comme nous ici, qu'elle seroit en bonne main, mais on croira, comme nous, qu'il y auroit plus d'un inconvénient à l'enlever aux mains débiles, ineptes si vous voulez, auxquelles on l'a confiée, et qu'on vous a laissé la faculté de diriger à votre gré. Vous ne nous conseillerez pas, assurément, de nous brouiller pour cela avec nos amis les pensionnaires qui tout pusillanimes, tout jaloux de leur pouvoir, tout inhabiles qu'ils peuvent être, sont cependant le seul point de réunion que nous ayons ici dans notre parti, et contre lequel nous n'avons jusqu'à présent aucun grief réel à articuler. Permettez-moi donc de vous exhorter à vous contenter de votre lot; il suffit tel qu'il est, pour laisser de l'essor à votre activité. Plus fort, il éveilleroit, ou plutôt il aigriroit l'envie contre vous, il affoibliroit le crédit de vos partisans, et personne n'y gagneroit. Je vous tiendrois un autre langage, si je ne consultois que mon âme, qui est loin de répugner aux opérations promptes et décisives, mais mon rôle est de prêcher la modération, parce qu'elle est nécessaire dans la circonstance où nous nous trouvons. | |
6. - Vervolg der memorie van ChomelGa naar voetnoot1). -Bij zijn vertrek beval Goertz Chomel aan, zijn pogingen tot bemiddeling voort te zetten, en zich vooral te houden aan Van der Hoop, fiscaal der admiraliteit van Amsterdam, dien hij als een ij verig maar eerlijk prinsgezinde beschreef. En conséquent le Sr. Chomel crut devoir poursuivre avec lui la négociation que le Comte de Goertz laissoit imparfaite, et il y fit entrer son ami Henry à la requisition de M. van der Hoop. La première conférence entre MM. van der Hoop et Henry eut lieu le 4 avril. Le premier accumula les assurances de ses bonnes dispositions et de celles du Prince, mais craignoit les difficultés de la part des Régents. Celui qu'on regardoit comme chef du parti Aristocratique à Amsterdam se trouvant beau-frère de M. van der HoopGa naar voetnoot2), on en prit occasion de solliciter celui-ci d'employer tous ses bons offices pour gagner son beau-frère, dont les Patriotes estimoient les talens en même temps qu'ils s'opposoient à ses vues. La négociation changea ainsi de face à quelques égards, et ne devoit plus rouler que sur le rapprochement du parti Aristocratique et du parti Patriotique, quelque beau semblant que fit M. van der Hoop de travailler pour le Prince. Si en effet, l'Aristocratie eut pu gagner le parti Patriotique, le Prince étoit | |
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sacrifié, puisque les vrais ennemis personnels du Prince et les plus envenimés se trouvoient parmi les Régents connus pour être les chefs de l'Aristocratie. Mais les vues très opposées de ces deux partis firent nécessairement échouer cette négociation, les Régents aristocrates vouloient, avant d'entrer en pourparler, avoir connaissance du plan des Bourgeoisies, sans s'ouvrir sur leurs dispositions, et les bons patriotes jugeoient une telle démarche dangereuse, avant d'être convaincus de la sincerité des chefs de l'aristocratie. M. van Pabst, secretaire d'Amsterdam, qui avoit été désigné comme propre à traiter avec les patriotes, poussa sa délicatesse à cet égard jusqu'à refuser de se trouver à une conférence que les patriotes avoient proposée chez M. van der Hoop, et allégua qu'il ne lui étoit pas permis de s'y trouver sans une autorisation expresse des bourguemaitres. Les suites n'ont que trop prouvé que les habiles régents, qui soutenoient l'aristocratie, n'ont fait semblant de traiter avec les patriotes que pour intimider la cour Stadhouderienne, et lui faire la loi, comme ils y ont réussi peu après. - Si M. van der Hoop eut agi de bonne foi pour le Prince, il n'eut pas resisté aux instances qui lui furent faites le 18 avril par le Sr. Chomel de se rendre sans délai à Amsterdam, pour profiter en faveur du Prince des démêlés qui aigrissoient de plus en plus la Bourgeoisie contre les Régents, de manière à ce que la première n'attendoit qu'un signal pour se jetter entre les bras du Prince. Le Sr. Chomel voyant la mauvaise foi de M. van der Hoop, fidèle à ses principes se tourna du côté de M. Straalman, le seul vrai partisan désintéressé de la Maison d'Orange qui se trouvât dans la Régence d'Amsterdam. M. Straalman reçut les ouvertures de M. Chomel avec plaisir, et ne lui dissimula point qu'il souhaitoit ardemment un rapprochement qui étoit nécessairement avantageux et pour le Prince et pour la bonne Bourgeoisie. Deux négociateurs d'aussi bonne foi et aussi bien intentionnés devoient se flatter de réussir aisément. M. Straalman se croyoit assuré des dispositions du Prince, et le Sr. Chomel l'étoit également de celle de la Bourgeoisie. Ils travaillèrent en conséquence chacun de leur côté avec tant de zèle que dès le 1er mai le Sr. Chomel réussit à ménager une conférence entre M. Straalman pour le Prince et MM. Bicker et Abbema pour le parti patriotique. Les bases posées par M. de Goertz firent également celles de cette négociation. Le commandement de la Haye formoit encore une difficulté, parce que le Prince l'exigeoit comme un article préliminaire, et que le parti patriotique ne vouloit le rendre qu'après que les griefs seroient redressés. Malgré l'affaire du Vaart du 9 mai, où les troupes des Etats d'Amersfoort avoient été repoussées par les citoyens d'Utrecht, le Sr. Chomel parvint à renouer la négociation que cette affaire devoit rompre. Le 15 mai le Sr. Chomel porta de la part des Régents Patriotiques à M. Straalman la proposition suivante: Que le Prince écrira aux Etats de Hollande une lettre pour leur témoigner sa douleur sur les troubles où la République se trouve plongée, et ses craintes des suites. Qu'il déclare être prêt à concourir de tout son pouvoir au rétablissement de la Paix, et que pour y travailler efficacement il invite les Etats à nommer une Commission pour conférer avec lui à | |
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Nimègue. Les Régents Patriotes s'engagent en ce cas à faire nommer sans délai une telle commission et à concourir de leur côté avec tout le zèle possible au retour de l'harmonie. Le Sr. Straalman approuva beaucoup cette idée et promit de l'envoyer le même jour au Prince par un exprès. Le 25 mai M. Straalman se rendit chez le Sr. Chomel pour l'informer qu'il venoit de recevoir l'approbation du Prince, mais qu'on souhaitoit savoir avant d'agir, quelles seroient les personnes qui composeroient la commission, et il pria le Sr. Chomel en conséquence de s'occuper de cette affaire sans délai. Le Sr. Chomel ne tarda pas de satisfaire à cette requisition, et remit le même jour à M. Straalman les noms des députés qu'on se proposoit de nommer pour Nimègue. Ces personnes étoient M. Gevaerts, de Dort; M. Blok, de Leyde; M. Bicker, d'Amsterdam; M. Abbema, d'Amsterdam; M. Paludanus, d'Alkmaar. M. Straalman flt partir cette note le lendemain. Deux jours après il dit au Sr. Chomel que dans le nombre des Députés désignés il y en avoit un qui déplaisoit, sans qu'il sût qui c'étoitGa naar voetnoot1). Le Sr. Chomel en conséquence de l'autorisation qu'il reçut des Régents avec lesquels il traitoit, déclara à M. Straalman que le Prince étoit le maître de choisir entre les cinq personnes, ci-désignées, celles qui lui seroient lss plus agréables et de rejetter les autres. Ainsi toutes les difficultés étant levées, MM. Straalman et Chomel se flattoient également du plein succès de leur négociation, lorsqu'au lieu de la lettre du Prince qu'on leur avoit fait espérer, il en arriva une le 29 mai aux Etats de Hollande dans un sens très différent, et qui au lieu de porter des paroles de paix, étoit une vraie déclaration de guerre. Cette lettre dont l'arrivée à la Haye fut accompagnée du tumulte d'Amsterdam, fit évanouir toutes les espérances des amis de la paix, et le Sr. Chomel en particulier fut contraint de renoncer à toute négociation ultérieure. | |
7. - Bicker aan Dumont-PigalleGa naar voetnoot2). - Sèvres 10 October 1790. -M. Straalman nous proposa en Mai 1787 à M. Abbema et moi le désir que le Prince avoit de se rapprocher avec les Patriotes, et qu'il vouloit concourir avec les Régents Patriotes à rétablir et améliorer la constitution et spécialement à introduire l'influence de la Bourgeoisie à la nomination des Postes municipaux, à condition que le conseil d'Amsterdam effectuat aux Etats d'Hollande qu'on annulla la résolution au sujet de sa suspension comme Capitaine Général, et qu'on lui rendit le commandement de la Haye; qu'il souhaiteroit à cette fin que nous voulussions nous rendre à Nimègue, pour conférer directement avec lui. Schriftelijk kleedde Straalman ‘vers le 15 ou 20 Mai’, zijn voorstel aldus inGa naar voetnoot3): | |
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‘Wanneer Zijn Hoogheid gelieft te declareeren genegen te zijn om te concurreeren met regenten en burgerij tot herstel en verbetering van de constitutie in 't generaal, en in specie tot het helpen daarstellen van een regelmatige invloed der burgerijen op de stedelijke regeeringscollegiën;
Nous témoignâmes à M. Straalman ajouter peu de foi à ces protestations, que cependant nous aboucherions avec nos amis, ajoutant que nous ne voudrions jamais avoir telle entrevueGa naar voetnoot1) à moins qu'il y eut des Députés de notre Bourgeoisie qui fussent présents. Nous lui dîmes que le Prince devoit au préalable faire quelque démarche d'éclat, telle que d'écrire une lettre aux Etats d'Hollande. Hun schriftelijk antwoord luidde als volgt: ‘Zijn Hoogheid zoude behooren te declareeren geneegen te zijn om met Regenten en Burgerij meede te werken tot herstel en verbeetering der Constitutie in 't generaal, en in specie tot het helpen daarstellen van eenen regelmatigen invloed der Burgerijen op de steedelijke Regeerings Collegien. Voorts zoude Zijn Hoogheid zig ook bereidwillig moeten verklaaren om de schadelijke Regeerings Reglementen van anno 1674 en 1750 in de Provintiën alwaar dezelve nog subsisteeren te vernietigen, en daar teegens zodanig ander generaal en vernieuwd Reglement van Regeering te introduceeren, als voor elke Provintie en deszelfs Inwoonders geschikt zal bevonden worden; waar omtrent de schikkingen tusschen de Regeeringen en de respective Burgerijen zullen beraamd, en na behoorlijke overeenkomst, door Zijn Hoogheid zullen geaggreëerd worden. De Regenten dewelke in den voorleeden jaare eene Acte van Verbintenisse hebben aangegaan, confirmeeren bij deezen nogmaals de daar bij gedeveloppeerde principes en speciaal declareeren op het plegtigste volkomen geneegen en bereid te zijn om met Zijn Hoogheid meede te werken tot herstel der binnenlandse rust en eensgezindheid, en geensints van voorneemen te zijn om Zijn Hoogheid te verkorten in deszelfs rechten en | |
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praeeminentien, zo als dezelve op eene betamelijke en met de hooge digniteiten overeenkomstige wijs bij eene wettige Staats Resolutie en daar bij beraamde instructien op elk der zelve zullen werden bevestigd, en zulks erffelijk in het Doorluchtig Huis van Orange en Nassau, zo in de mannelijke als vrouwelijke Liniën, met de bepalingen als van ouds, ofte zodanige andere als met overleg van Zijn Hoogheid zelve zullen worden beraamd en overeengekomen. Zijn Hoogheid zoude ook, tot bewijs van hoogstdeszelfs oprechte geneegenheid tot reconciliatie, dadelijk de troupes, dewelke in Gelderland, boven de gewone Garnisoenen, thans gecantonneerd ofte ingetrokken zijn, behooren terug te zenden na de Frontieren van den Staat, en speciaal na 's Bosch, Maastricht, Venloo, Breda ofte na Staats Vlaanderen; zo als meede de Infanterie, in de Provintie van Utrecht gecantonneerd, van daar zoude moeten versonden worden na zodanige frontierplaats als dienstig zal bevonden worden, waar en teegens de Staaten van Holland dadelijk ook het geformeerd Cordon zullen doen opbreeken, en de troupes daar toe geëmployeerd, doen retourneeren naar de frontieren ofte hunne ordinaire guarnisoenen, behoudens alleen een convenabel guarnisoen in de Hollandsche frontier steeden, Naarden, Woerden, en Heusden, zo meede in Geertruidenberg en Gorcum, zo als in deese beide laatste steeden altoos plaats gehad heeft. Nog zoude het guarnisoen uit Hattem en Elburg ten eerste moeten worden uitgetrokken, de Regenten en Burgers derzelve Steeden vrij en onverhinderd latende om hunne wooningen en zaken wederom te betrekken zonder eenige rechtsvervolging; en zelfs met vrijlating om nopens hunne stedelijke rechten zodanige adressen aan de Staaten van Gelderland te maken, als tot maintien van dezelve zullen nodig oordeelen, terwijl voorts de schadens aan de gemelde Burgerijen toegebracht behoorlijk geverifieerd en geëvalueerd aan dezelve uit de Provinciaale Cassa zullen worden vergoed. Zo ras dit zal zijn verricht, zullen de welmeenende Regenten hunne beste poogingen aanwenden om de suspensie van Zijn Hoogheid in deszelfs charge van Capitein-Generaal te doen opheffen, en voorts wel te mogen lijden, dat Zijn Hoogheid, in 's Hage terug gekeerd zijnde, als mede-Lid van het College van Gecommitteerde Raden met het zelve college in het commando over het guarnisoen van 's Hage participeere, onvermindert altoos het recht van H.E. Gr. Mog. Vergadering, om bij voorvallende geleegenheden aan het gemelde Guarnisoen zodanige immediate beveelen te doen toekomen, als nodig zullen oordeelen.’
Peu après parut la lettre du 27 dont le continu fit que nous nous félicitâmes très fort de ne nous être pas mis plus en avant, et rendit très probable la supposition que nous avions faite, que le seul but de la proposition avoit été de donner matière à des soupçons contre nous. On ne nous a pas parlé de Mssrs. Gevaerts, Blok et Paludanus pour avoir part à ces conférences. J'ignore la date de la coalition du Prince avec les Aristocrates. Je sais bien que MM. Calkoen, ci-devant grand Baillif d'Amsterdam, Graafland | |
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échevin et conseiller, Van de Poll depuis Bourguemaître, Marseveen et autres ont fait de fréquentes courses à Nimègue. La campagne du Bourguemaître Hasselaer à Emmenes et celle de Calkoen près d'Utrecht étoient les rendez-vous, où l'on s'assembloit souvent. | |
8. - Abbema aan BickerGa naar voetnoot1). - September 1790. -Les premières ouvertures sur les conférences avec M. Straalman nous ont été faites par le Sr. Chomel, qui jouissoit de quelque réputation d'intrigue politique. Il nous rassura sur les bonnes dispositions de M. Straalman en faveur de la Bourgeoisie, et le même M. Straalman en continuant à venir au Conseil, et ayant même comme le plus ancien les membres fait prêter le serment aux nouveaux membres élus en avril 1787, nous ne voulûmes pas nous refuser aux conférences proposées; il nous assura des bonnes dispositions du Prince, qui voyoit qu'il étoit mal entouré et mal conseillé et qui inclinoit à se rapprocher des Régents Patriotes et aux sentiments des Bourgeoisies, et se détacher entièrement de ceux qui l'incitoient à user de moyens de violence. Nous exigeâmes des preuves incontestables de ces bonnes dispositions du Prince, non seulement par l'organe de M. Straalman, mais même par une lettre du Prince aux Etats d'Hollande, développant ce retour sincère aux sentimens que nous désirions. Nous convinmes que lorsque cette lettre seroit écrite, et auroit commencé à rétablir les bases de la confiance, nous ne nous refuserions pas à aller à Nimègue pour y concerter l'ouvrage d'une reconciliation sincère. M. Straalman promit tout; il nous assura que le Prince ne désiroit pas mieux, et le vendrediGa naar voetnoot2) avant la fameuse lettre du 27 Mai aux Etats d'Hollande il annonça positivement à M. Abbema dans la salle du Conseil, que le Prince consentoit à nos Préliminaires et écriroit en conséquence aux Etats d'Hollande. Vous vous rappellerez sans doute notre indignation et l'étonnement manifesté de M. Straalman lorsqu'on nous lut au Conseil la dite lettre qui étoit le vrai manifeste de la guerre civile; nous fîmes avouer à M. Straalman qu'il avoit été lui-même indignement joué, et dès lors toutes nos conférences avec M. Straalman furent interrompues. Il n'a jamais été question que de vous et de moi dans ces conférences, et j'ignore qu'il y ait eu aucun plan de même nature concerté avec MM. Gevaerts, Blok ou Paludanus. | |
9. - Willem V aan George IIIGa naar voetnoot3). - Nimègue 14 mai 1787. -Sire, Je profite du départ de M. le Chevalier Harris pour assurer Votre Majesté de mon respectueux attachement et pour implorer Sa puissante protection dans la situation fâcheuse où cet Etat se trouve, déchiré par | |
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des factions intestines et où le feu de la guerre civile est sur le point d'éclater. Les Evenements arrivés depuis quelques jours sont de nature à produire la dissolution totale de l'Union, si l'on ne trouve moyen à mettre un frein à une Cabale qui a scu s'emparer du timon des affaires dans la Province d'Hollande et dont les vues ne se bornent pas à la Destruction du Stadhoudérat, mais tendent à se rendre maîtres absolus des six autres Provinces et à les mettre sous le jong, soit par des Promesses soit par la force des Armes, ce qui vient d'arriver dans la Province d'Utrecht. Il est de mon Devoir de faire ce qui est en moi pour empêcher leur Réussite, et j'y ferai tous mes Efforts. Si Votre Majesté daignoit nous accorder son Assistance, Elle pourroit contribuer à mettre les Provinces en Etat de tenir tête à la Cabale dominante en Hollande et détacher la République d'un jong dont bien des personnes sentent maintenant tout le poids et ne désirent rien avec plus d'ardeur que d'en être délivrés. Qu'il me soyt permis de demander à Votre Majesté la continuation de ses Bonnes Grâces et de sa Bienveillance pour moi et ma famille, et c'est avec le plus profond respect que j'ai l'honneur d'ètre, Sire, de Votre Majesté le très humble et très obéissant serviteur et cousin
G. Pr. d'Orange. | |
10. - Memorie van eenige leden der Staten van Gelderland aan HarrisGa naar voetnoot1). - Mei 1787. -M. le Chevalier Harris a été instamment prié dans la dernière conférence tenue à Nimègue de vouloir effectuer que l'Angleterre s'opposa efficacieusement à la violente domination que la Province d'Hollande, secondée par la Cour de France, exerce si manifestement à l'égard des Provinces de Gueldre et d'Utrecht. La Province de Gueldre est fortement résolue de continuer à s'opposer avec toute vigueur contre une telle Domination, mais pour cet effet on a besoin de plus d'argent qu'il ne s'en trouve pour le moment. Par conséquent le premier et principal article pour lequel on sollicite M. Harris est de vouloir effectuer que la Province de Gueldre soit assistée à cet égard sans différer. L'argent dont on auroit actuellement besoin s'employeroit tant pour payer les troupes congédiées par la Hollande et en garnison en Gueldre, que pour gagner celles qui se trouvent dans la Province de Hollande même, et enfin pour subvenir aux dépenses de nature à ne pouvoir être détaillées; et pour que l'on puisse être assuré que l'argent que l'on demande sera employé à de bonnes fins, la direction en sera donnée à Messieurs van L[ynden] et E[nghuizen] qui tous les deux se sont trouvés à la conférence mentionnée, et en ce cas s'en sont chargés. Le fournissement étant fixé et arrêté, il reste encore à déterminer le | |
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tantième et la façon de toucher les deniers. Concernant le premier de ces articles ou auroit besoin grosso modo pour la Province de Gueldre d'une somme de 500.000 florins, bien certain qu'on pourroit payer du moins pour six mois et peut-être pour plus longtems le nécessaire. Par rapport à la façon de faire passer cet argent, on croit que cela pourroit se faire convenablement par le comptoir de Messrs. Hope à Amsterdam. Ce grand point d'économie arrêté, les circonstances feront voir dans la suite, si l'on devra recourir à des puissances étrangères afin d'en obtenir l'assistance des troupes, et dans ce cas on imploreroit de nouveau la protection et l'appui de l'Angleterre, soit pour obtenir quelques troupes Hannoveriennes, ou de vouloir effectuer que d'autres princes de l'Allemagne, comme le Landgrave de Hesse, en fournit. Ensuite on a donné en considération à M. Harris, si l'Angleterre ne jugeroit point à propos de faire déclarer à la Cour de France très sérieusement, et avec toute la force possible, qu'elle ne souffriroit pas plus longtems que cette Cour appuya et assista ouvertement, ou sous main, les violentes démarches de la Province de Hollande, et qu'en ce cas on devroit faire une pareille déclaration à Leurs Hautes Puissances. S'il en résultoit que la France fit une aggression hostile, on se flatte que l'Angleterre s'y opposeroit efficacieusement, mais au contraire, s'il en résultoit une proposition médiatoire, savoir conjointement par la France et l'Angleterre, on ne voit point les raisons pourquoi l'Angleterre ne l'accepteroit point, moyennant que la Proposition ne vint point de l'Angleterre mais de la France. L'affaire en question, surtout le premier point, ne pouvant souffrir le moindre délai, on se flatte de recevoir promptement une réponse positive et favorable, et comme il est de toute nécessité d'établir une correspondance sûre, M. Harris s'est chargé de prier M. Nagel de vouloir la tenir avec lui, de façon que M. Nagel recevant les dépêches de l'Angleterre, elles devroient être directement communiquées aux Messieurs du Comité, et répondues par eux suivant les considérations suppéditées d'ici. Les suites de cette conférence ont été que tous les Membres d'Etat présens se sont déclarés chacun en particulier que la conduite de la Cour de France étoit telle, que ceux qui pourroient ci-devant avoir été portés à contracter une alliance avec cette couronne, par cela même devroient être considérés en droit de s'en dédire et d'y renoncer; qu'ils agiroient de concert pour effectuer que l'ancienne constitution, savoir l'alliance avec l'Angleterre comme elle a été ci-devant, seroit rétablie et cultivée sur un pied solide, bien entendu que l'on ose espérer de la bonne intention de la Cour d'Angleterre qu'elle laissera jouir l'Etat de la considération due à une République prépondérante. L'on ne doit aussi point perdre de vue, que quoique cette négociation se borne uniquement à la Province de Gueldre, elle peut être considérée comme une démarche faite par la majorité des Alliés, puisque la Province d'Utrecht et celle de Gueldre sont étroitement liées et qu'on est assuré que la Zéelande est d'accord avec elle, de | |
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même qu'on a tout lieu de se persuader que la Frise y donnera les mains, et qu'alors la Province d'Overijssel devra nécessairement se ranger de leur côté, de sorte que l'on n'aura pas lieu de s'inquiéter quel parti prendra la Province de Groningue. | |
11. - Bedenking der Prinses op bovenstaande MemorieGa naar voetnoot1). -Tout ce que l'on dit dans le Mémoire sur ce que l'on désirerait de l'Angleterre paroit parfaitement juste, et l'on en est d'accord entièrement. La seule chose que l'on ose donner en considération, c'est qu'il seroit nécessaire que cette Puissance pût convaincre la France que non seulement Elle s'opposeroit aux Troupes que celle-ci pourroit faire marcher pour le soutien de ses amis, par des mesures vigoureuses, mais aussi qu'Elle ne verroit pas de bon oeuil toute opération conciliante de sa part pour faire cesser les Troubles. Le but de ceci serait d'empêcher toute Négociation, Médiation etc. dans laquelle l'Angleterre ne seroit pas comprise, et ne fut ainsi à même de contrebalancer l'influence françoise. On fait cette remarque ici, parce que l'on appréhende beaucoup plus les intrigues et les conciliatoires de la France que ses armes. | |
12. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot2). - 5 Juni 1787. (Secret). -On Saturday, towards the Close of the evening, Monsr. Royer, Mr. Reygersman, Col. Bentinck, Mr. Nagel, and myself, met in a private room at the Palace called the old Court, each of us taking care to come a different way, and wrapped up in our Cloaks. On every account, these precautions were necessary. I opened the Conference by stating, in general terms, the result of my late journey, the friendly Disposition of His Majesty towards the Republic, the Kings readiness to afford it every reasonable support, and the concern with which He beheld its internal dissensions. I brought to their recollection the three heads on which they had required assistance: pecuniary for certain specified purposes, open support in case of an invasion from France, and an Asylum if they should te driven out of their Country. I told them the terms on which the first was granted, and expressed His Majesty's full expectation that the efforts of the Party would keep pace with his Liberality, and justify such an expense to the Nation. That as to the second, it was one on which England must be left to act for herself; that it was neither expedient or becoming to require of her to speak out prematurely on a point which could be regulated by circumstances alone. But that considering the Character of the English Nation, and the Object the Dutch themselves were contending for, it was thought the readiness with which pecuniary assistance had been afforded to them, ought to give them graet security, confidence, and courage, | |
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and induce them to make their utmost exertions, without their expecting that England should explicitly pledge for the consequences. In regard to the third I hoped, sincerely, it never would be wanted, but they might rest assured Great-Britain would ever be ready to open her arms to a set of brave men who had combated, to the last, to rescue their country from slavery and oppression, and it was not till then (I was persuaded) they would look out for, or wish to secure, a place of refuge. I here paused, to see the effect of what I had said - and it was with much pleasure that I observed the satisfaction expressed on their Countenances. They were full of acknowledgements of gratitude for what was actually granted them, and reasonable enough to understand, that they had no right to expect a fuller declaration relative to our future Intentions, till we saw the effects our pecuniary support was likely to produce. They said their hopes were raised, and their spirits revived, and that, now, they could lend their minds to the business, with a confidence they had not, for a long time, felt. This, after some vague discourse on what had passed during my absence, led me to set forth to them the absolute and immediate necessity of establishing a fixed plan: ‘that I, certainly, should be guided in its execution, by their advice and opinion, who were much better versed in the constitution of the country, and the strength of the party, than myself, but that I could not avoid just hinting to them the outline of that I wished to have adopted.’ I went on by saying: ‘that it appeared of the last importance, if any real and efficacious good was to be derived from the Interposition of England, that the four well-disposed Provinces should from a strict Union; that they should consider themselves, either as the Sovereigns of the Republic, or if the other three thought proper to swerve from the Union of Utrecht, in that case, as a Sovereign-Independant State who had a right to address itself to foreign Powers for relief and assistance. This would give us, if I might use the word, a legal footing in the Country, a Diplomatic Authority for acting, and prevent our Adversaries from representing our Interference as an un-constitutional Intrusion. That this appeared to me to be the first great point to which their attention ought to be directed, and that as I knew it had often employed their thoughts, there could be no doubt of their being prepared for the subject. The second (and it seemed to me as of still more magnitude than the first) was, without loss of time, to put the Army, under the Command of General. Van der Hoop, in such a respectable state as to enable it not only to ensure the protection of the Town of Amersfort, but, if possible, to form an attack on Utrecht. That these two points, one a political, the other a military operation, | |
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struck me as the hinges on which every thing was to turn, and that till they were compleatly obtained, it was impossible to take into consideration any after-measures. That therefore I submitted to them whetter, after having given their opinions on these subjects, it would not be expedient to request of Monsr. Nagel to proceed, without loss of time, to Nimeguen, to inform the Stadholder, and the principal Members of the States of Gelderland, of what had been the event of my journey to England, and of the Resolutions taken in the conference we were holding, in order for His Highness, and for them, to be able to judge of the grounds on which a Plan of operation could be formed, as expeditiously as possible.’ My friends admitted entirely what I said, but I was much concerned to find them apprehensive of great difficulty in prevaillng on the four Provinces to unite in one common-cause, although each, separately, was precisely of the same opinion, and still more to hear that the Gelderland troops are so ill-provided. After a great deal of conversation it was determined to wait the arrival of Monsr. Van de Spiegel before any steps should be taken towards promoting this Union, which, if not managed with great dexterity and address, and a thorough knowledge of the constitution, might fix on us the odium of having been the first to break up the confederacy, and, at the same time, it was unanimously settled that this Gentleman should be considered as the sole adviser and Director of all our political measures. In regard to the Gelderland Army, it was agreed to purchase instantly thirty thousand Weight of Powder (which Monsr. Royer knew where to find) and to send it to them immediately: and for this I was required to advance the money. It was also agreed to desire the Prince to apply for leave to get some Cannon from Bois-le-Duc, and to order General Dumoulin and Monsr. Paravicini, two experienced Engineers, with a Company of Matrosses, to join General Van der Hoop, immediately. A minute was made of everything that passed, and given to Monsr. De Nagel, to carry with him to Nimeguen. Before his departure (which was a few hours after we broke up), I explained to him, alone, the manner in which the secret money was to be afforded, and applied. I told him the 500/m Florins would not be paid-in at once, but monthly, the first payment to be made the first of July; that I must, in return, besides the Receipts of the two Gentlemen (appointed according to what was settled when I was, last, in Gelderland, to dispose of these Sums) have, moreover, authentic vouchers, either from the Muster Rolls, or from the Commanders of the Regiments of every part of it employed for the maintenance of the Army; and that although I was not to require a Receipt for such as was expended in secret services, it was expected I should know what these services were. I desired him not to exceed the measure of the expressions I had used with regard to what might be our future conduct in case France should | |
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stir, or, by no means to let it be felt as if I had committed myself by a promise.
A plan of conciliation (which originated with the patriots) has been brought forward, to the following effect. That Holland should rescind her Resolution of the 6th of October last, or, in other words, the orders issued that day for the troops of the Cordon to march into Utrecht, on certain Signals being made. That the States General, and those of Holland should reciprocally rescind their respective Resolutions of Friday and Saturday lastGa naar voetnoot1), and that, this once effected, Holland should order such troops as belong to this Province, viz. the Legion of Salm, the Regiment of Grenier, and one Battalion of Byland's Dragoons, to evacuate the Province and Town of Utrecht, on condition that the Gelderland troops do the same - and retire into their respective Garrisons. That the Officiers reciprocally suspended should be reinstated, and that the free-corps should be requested to return to their respective homes, and, these conditions once agreed to, a conference should be opened for bringing the Disputes in Utrecht to an amicable issue. This Plan was drawn up by Monsr. Bisdom, Treasurer, and Mr. Mollerus, Secretary to the Council of State, with the full approbation of the patriots. It was given-in to Monsr. De Lynden de Blytterswyk, and would have been concluded, thro' his means, in the States-General, this morning, if I had not got wind of it, and insisted, in the strongest terms, on its being taken ad referendum, until he could lay it before the Stadholder and until Mr. Nagel should return from Nimeguen. It was with no small difficulty I obtained this point, and I was obliged in order to effect it, to let Monsr. De Lynden into more of the secret than I should, otherwise, have done. After a long conversation, or, rather, altercation with him, I not only prevailed on him to adopt my Idea, but to go, himself, this afternoon to Nimeguen, with a promise to defer to whatever the Prince, or Princess may have concluded in consequence of Monsr. De Nagel's mission. He carries with him two Resolutions prepared for the States General, one in conformity to this conciliatory Plan, the other, as far from conciliation as possible, since it goes to ordering General Van Ryssel's Cordon to quit its Post, and march into the Generality, to wait the farther orders of Their High Mightinesses. His Highness, and those about Him, will be best able to judge which they ought to prefer, but I confess it appeared not only injurious to them, but materially so to my Plans, to let any measure of such magni- | |
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tude be hurried through the States, without that previous notice. Monsr. Lynden de Blytterswyk returns on Friday, if possible. He represents the Prince, as First Noble, in Zealand, is a man of capacity, and knowledge, and well-diposed, but fond, to a degree, of patching-up the business, and it is always to him the patriots apply whenever they wish to amuse the opposite Party by Ideas of Conciliation. I confess I am convinced, in my own mind, that this is their sole view in the present Instance, since every account I receive, from all sides, announces a decided Intention in them to push matters to extremities. Their object is evidently, to gain time, either to disband, or to reduce the army to a state of neutrality; and then to carry their point through the free-corps, which they are, certainly, forming into Regiments, with regular pay, and which, I understand, form a Body of near 25.000 men. With these (if they are suffered to act) they will depose the Stadholder, subdue the Provinces, and deliver the Republic up to France. It is for this reason that I am, at all events, for rejecting the conciliatory plan, as insidious, deceitful and insincere, and I shall desire Baron Kinckel, (who returned from London yesterday, and who has a great Influence over Monsr. De Lynden) to accompany him to Nimeguen, as well to keep up that spirit and firmness with which I hop I inspired him this morning, as, if necessary, to explain my sentiments on the subject to Their Highnesses. I may mistake in my opinion, but I am satisfied it is no time to temporize here, and that matters must be brought to a crisis. Our friends must be put to the test, and if those who call themselves such are, either from indolence, or indecision, not disposed to form themselves into a Party, after the encouragement I have given them, or, from fear and irresolution, are withheld from coming forth in their own defence, they are of a description of men not to be supported, and the sooner they are left to their fate the better. I own, My Lord, I am not without anxiety that this may be the case - and that, now England is so disposed to do every thing for them, they will not do any thing for themselves. I am still more apprehensive that they will not listen to my repeated recommendation of being active and expeditious in their Resolutions, and that, by procrastination, wavering, or delay, they will give the faction, (to whom none of these bad qualities, unfortunately, can be imputed) time to strike a decisive blow, and crush them before they are ready. My return, and, particularly the Article in the King's Speech, relative to this Country, has had, certainly, a very great effect, but it is a moot point whether it will intimidate, or provoke the faction, and I cannot, from any thing I as yet see, pronounce what effect it will, ultimately, produce.
At seven p.N. June 5th. Monsr. Nagel returned from Nimeguen about an hour ago and from the | |
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reading to me the Minutes of what he said, he seems to have executed his Commission with the greatest exactness. The Prince and Princess of Orange, as far as lies in their power, are fully disposed to adopt the plan laid down in our Conference of last SaturdayGa naar voetnoot1), and I have the strongest assurances from them that they will lose no time in taking such steps as, on their part, may contribute towards forwarding the two great points on which it rests. The Prince has written to Count Welderen, Monsr. D'Aylva, Monsr. De Lynden, and Monsr. De Zuylen, Deputies of the four Provinces of Gelderland, Friesland, Zeland, and Utrecht, to promote the association so much wished for, and to advise them to retire to Nimeguen in case Holland should dissolve the Union. He has sent Monsr. De Brantzen into Friesland, to urge the States there not to hesitate on this occasion, and has held out to them, as Stadholder of the Provence, cessions on his side which cannot fail to have an effect on them. In regard to the military part of the project, the Prince has engaged the States of Utrecht to ask for cannon from the Generality. He has, himself, sent for 8000 stand of arms which belong to Him, at Cuylenberg, and he has directed Monsr. Du Moulin, Monsr. Paravicini, & Colonel Bentinck to come to Him immediately. He is, moreover, determined to go in person to Amersfort, in a day or two, to put Himself at the head of General Van der Hoop's Army, and to remain there if He finds Himself equal to attack Utrecht. The Princess is, on her side, nott less determined, and acts as being under the full conviction that England is the only Power that preserves the Republic and the House of Orange from comptete Destruction. Notwithstanding all this, My Lord, I am sorry to say I see such a want of concert among the friendly Regents, such an attention to idle forms and trifles, such a reluctance to choose a chief, and such an absolute impossibility of effecting any thing good without one, that I am by no means clear they will know how to avail themselves of the support which England holds out to them, or ever be agreed as to the manner in which they shall employ the money which they called out for so loudly, and, as I before said, I fear they will be so slow in getting into motion, that our active adversaries will end the business while they are debating on what is to be done. I, on my side, however, am determined to withhold the supplies entirely till I see either my own or some other plan agreed to, and till I am certain they will be fairly and usefully employed. We are to have a second conference, at the old court, to-morrow, at which the Pensionary Van der Spiegel is to assist. I trust, we shall, there, bring matters into some shape, and that I shall be able, through the persons I shall meet there, who are certainly the most capable men in | |
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the Country, to make the well-disposed Regents, at large, feel that nothing England can do for them will be of any avail if they will not, themselves, put their shoulders to the wheel. There is certainly some appearance of Prussia's coming again forward here, but I cannot conceive it ever will be in a way England can approve. Thulemeyer, whose sentiments and character are as well known to his own master as to any one else, is suffered to remain, and his whole language and conduct are in direct contradiction to the interests of the Stadholder, and in perfect conformity to those of the patriots. The Riots at Amsterdam have ceased. One man was hung on Saturday, not for having pillaged a house, but for having stolen some goods which another person had pillagedGa naar voetnoot1); several others are in custody, but as two of the most violent patriots are to try them, justice will be very partially administered. It is certain that most of the persons who broke into the houses were strangers, and many of them in masks. There is scarcely any doubt that the Tumult was set on foot by the French. Monsr. De la Côte (son-in-law to the Ambassador) passed the two days which preceded the Riot, at Amsterdam, incognito. | |
13. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot2). - 8 Juni 1787. -De aanhef dezer dépêche staat gedrukt Diaries II, 268. - Harris houdt vast aan het ter conferentie van 2 Juni door hem voorgestelde: The four friendly Provinces must be formed into a solid and permanent union; the army must be brought over, and a strong opposition must be kept up in Holland, as well to leave us a footing in this Province, as to fetter and harass the operations of the Faction. Any measures short of these will avail nothing.... This is also the opinion of the Pensionary of Zealand, who came here on WednesdayGa naar voetnoot3), and of the several persons who compose our secret conferences. A strong Resolution is prepared, declaratory of the intention of the States-General to take the troops in their immediate protection, and to authorize the Regiments of the Cordon (in case Holland should give them any ex-provincial orders) to quit their posts, and march into the Generality. This Resolution was proposed yesterday, but from some idle doubts on the part of M. de Brandtzenbourg was taken ad referendam. A Messenger is gone to Amersfort to get positive orders from his superiors to direct him to agree to it, and I am assured the proposal will be carried either to-day or to-morrow. I have little doubt, if it does pass, that its immediate effect will be an interruption of the Union of Utrecht, that Holland will separate itself from the Confederacy, and no longer permit | |
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the other States to assemble at the Hague. I not only expect but desire this event, provided the rupture originate on the part of Holland. Every hour convinces me that while the States-General meet here, they are intimidated by the rod of Holland, cajoled by the sophisms of the Patriots, and full of chimerical apprehensions of their homes being pillaged, and persons insulted, and these idle fears blunt their understandings, enervate their courage, and get the better of every other consideration. If they were, once, removed from hence, they would, I am certain, assume a very different character, and make the most vigourous exertions, were it only from an earnest desire to return to the good things they will have left behind them here. Colonel Bentinck is gone with a secret commission from me to prevail if possible on a Regiment at the Vaart to declare for the Prince. I have allowed him, in case of success, to expend as far as two thousand Ducats. He means, in his way through Gorcum, to prepare the Colonels of the two regiments in garrison there (Salm mariniers and Waldeck) to march out of the Cordon the moment the States-General explain themselves on the subject. The trade and credit of Amsterdam are at their lowest ebb. The funds which have been at 110 and 112Ga naar voetnoot1) are now at 80 and still sinking. No subscribers are found to the Loan opened by HollandGa naar voetnoot2). The Patriots have employed the private funds of the City of Amsterdam to what they call the defence of the Province, but this is not inexhaustible. M de Lynden de Blitterswyk returned from Nimeguen to-day at noon. My friend Baron Kinckel took very good care, by getting there about an hour before him, to anticipate his designs, and that his conciliatory plan should be received as it deserved. He himself, now, is the first to reprobate it. I have appointed M. de Lynden de Blitterswyk and M. Van de Spiegel to meet this evening, in order, if possible, to make their ideas meet. They are jealous of each other's capacity and authority, each thinking himself the first man in their Province, and it will require some little management to reconcile their opinions.
At eleven o'clock: I am just returned from a meeting with the two Gentlemen above mentioned, and I flatter myself to have brought them to concur in their ideas, and that, to-morrow, a decisive Resolution will be taken. It is drawn up by M. Van de Spiegel, and it is to this effect: Inhoud der resolutie. It has my entire approbation, and I hope, in a meeting to be held to- | |
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morrow morning of the friendly Deputies, before the States General assemble, it will be determined upon unanimously. | |
14. - Onderschepte patriottenbrievenGa naar voetnoot1). - Juni 1787. -a. ‘The inclosed paper is extracted from an original letter written by Abbema, from Amsterdam, to Visscher, the second pensionary of that City, here, and dated the 23d of June.’ - (Harris aan Lord Carmarthen, 26 Juni 1787, R.O.). Le Plan de la France et des Patriotes, tel que l'a proposé l'ambassadeur, est: que la médiation soit agréée, et demandée soit par la pluralité réelle si on peut l'obtenir, soit par l'égalité en rendant une voix nulle, soit même par la minorité; il suffit qu'une partie l'aye demandée pour autoriser la France à agir; que la suspension du Prince comme Stadhouder suivra immédiatement, et que par là la France pourra proposer tel arrangement qu'il conviendra afin d'assurer le système politique actuel, et d'ôter au Prince le moyen d'y porter atteinte; que l'on fera tous les sacrifices possibles aux Provinces opposées, afin de les détacher du Prince, et de les faire entrer dans le système; que s'il est besoin d'employer la force, la France enverra des troupes, et proposera en même tems au Roi de Prusse d'en envoyer, - mais qu'on s'entendra avec lui pour qu'il ne le fasse pas, afin de ne pas indisposer l'Empereur; et qu'on doit lui envoyer quelqu'un outre le ministre résident, pour s'entendre secrettement avec lui, - on ne sait pas encore, qui; qu'on ne décidera rien à présent sur le Stadhouderat, mais qu'on se règlera sur les circonstances, et sur le besoin qu'on aura de ménager le Roi de Prusse; qu'on éludera, et rendra nulles les propositions qui pourroient être faites de demander la médiation de quelques autres puissances conjointement avec la France, en disant que cette demande est contraire au voeu de la Nation, et en ne prenant de cette proposition que l'admission de la médiation de la France. b. ‘The inclosed letters make part of a correspondence between the leading patriots here and at Amsterdam.... Your Lordship may depend on the authenticity of the letters which I obtain through a new channel I have been so fortunate as to open at Amsterdam.’ - (Harris aan Lord Carmarthen, 6 Juli 1787, R.O.). Extrait d'une Lettre de M. Hooft de Vreeland à M. Bicker datée à la Haye le 23 juin 1787: | |
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La besogne est assez bien allée ce matin comme vous verrez par les pièces. M. Visscher et moi avons parlé au Grand Pensionnaire, au sujet des Résolutions à prendre, comme nous en sommes convenus; mais sans lui dire le fin des choses, car on ne peut compter sur rien avec cet homme là. Il fera pourtant ce que nous voudrons, et il y aura du malheur si nous n'arrangeons pas les choses comme l'ambassadeur le demande. Visscher a été chez luiGa naar voetnoot1) et il l'a trouvé plus content et plus gai qu'il ne l'avait encore vu; il parait charmé d'avoir réussi, aussi je comprends par ce que vous me dites qu'il s'est bien donné de la peine; et cela me fait penser qu'ilsGa naar voetnoot2) étaient aussi embarrassés que nous; j'espère pourtant qu'ils soutiendront comme ils l'ont promis les mesures qu'ils nous font prendre. Visscher lui a encore parlé du Roi de Prusse et il assure toujours qu'on ne doit avoir aucune inquiétude, et qu'ils sont sûrs de lui. M. Thulemeyer a dit ce matin à un des nôtres qu'il savait tout le plan, et que c'était un coup de parti, et que pourvu qu'on tint bon dans le projet de la triple UnionGa naar voetnoot3), il était sûr que le Roi approuverait tout, et qu'il ne falloit pas s'embarrasser de tous les bruits qu'on faisait courir. L'autre jour il convint que la conduite du Roi était quelquefois singulière, mais il dit que cela venait de ce que les ministres n'étaient pas d'accord, les uns étant pour la France et d'autres pour l'Angleterre, et que comme il voulait ménager l'Angleterre il paraissait quelquefois céder à ceux-là, mais que lui (Thulemeyer) savait bien à quoi s'en tenir, et que le Roi persisterait au fond dans ce qui avait été proposé, tant que les autres s'y conformeraient. Voilà tout ce que j'ai pu apprendre à cet égard, car on ne peut pas se fier aux raports de M. de Rhede, qui n'est pas du tout l'homme qu'il nous faudrait. Ma plus forte espérance à vous dire le vrai, est dans la conduite et les discours de M. de Thulemeyer, qui serait perdu, agissant comme il fait, s'il n'était pas sûr du secret de son Roi. Vous savez que du vivant de l'autreGa naar voetnoot4) il était bien dans le secret, et que c'est par là qu'il nous a rendu service, et à la France aussi: en même temps je crois aussi qu'il serait convenable et beaucoup utile d'envoyer quelqu'un à Berlin. Quoique l'ambassadeur dise qu'ils vont y envoyer encore, ce ne sera pas quelqu'un à nous comme je le voudrais: j'en ai parlé à Visscher et Gijselaar, et à d'autres, qui sont bien de mon avis; excepté parce que cela coûte. J'ai vu par une lettre de De Witt à quel point la bonne cause a été trahie, et combien les forces diminuent tous les jours. Cela prouve combien les nouvelles mesures étaient à propos; j'espère bien que tout sera conclu avant que les autres ayent rien fait. Dites à M. Abbema qu'il doit être content, et que nous réussirons, selon toutes les apparences.
c. Lettre de M. De Witt qui prouve l'embarras où ils se trouvent | |
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au Cordon. Il dit en avoir reçu une en réponse de M. de Thulemeyer, portant, qu'il est vrai que la Princesse a reçu un Courier de Berlin, mais qu'on ne doit avoir aucune inquiétude sur cela, ni par d'autres apparences, et que le Roi est toujours, au fond, dans les mêmes dispositions. - Cette lettre est du 24 juin.
d. Lettre d'un aide de Camp du Général Van Rijssel, et détails de la défection des Troupes. Il ne leur reste pas 3000 hommes et tout de corps morcelés, et divisés, tous les meilleurs officiers partis, le Général souvent fort découragé etc.
e. Extrait d'une lettre de M. De Witt à M. Bicker, le 29 juin 1787: Qu'ils ont tout lieu de s'applaudir de la réussite de leurs mesures, et qu'ils doivent être fort tranquilles sur les suites; qu'il avait écrit à M. de Thulemeyer directement, en outre de ce que l'ambassadeurGa naar voetnoot1) leur avait mandé, et que sa réponse le tranquillisait tout a fait. IlGa naar voetnoot2) lui marque qu'il s'est chargé de représenter les chosesGa naar voetnoot3) du côté convenable, et qu'il a instruit des personnes à portée d'appuyer ce qu'il écrit; que le Roi est si persuadé que le projet d'alliance convient à ses Intérêts et assure son repos, au lieu que l'Angleterre ne chercherait qu'à le mettre en guerre, qu'il est sûr que tout ce qu'on lui dira des liaisons du Prince et de la Princesse avec l'Angleterre le détachera d'eux de plus en plus; et qu'on doit être sûr qu'il a bien informé a cet égard les gens qu'il fallait: qu'il a expliqué tout cela à M. Van Berkel qui pourra le leur détailler.
f. Extrait de la Lettre de M. Van Berkel à M. Bicker du 30 juin: Que leurs amis doivent être sans appréhension; qu'il a parlé lui-même à M. de Thulemeyer qui l'a assuré que tout ce que la Princesse pourrait écrire ne ferait qu'éloigner le Roi de se mêler de ses affaires, qu'on lui ferait bien voir que tout ce que la Princesse demandait était pour le compromettre, et l'attirer dans une guerre, qu'Elle s'entendait pour cela avec les Ministres d'Angleterre, tandis que la France ne vouloit que la paix, et qu'on l'assurait par l'alliance projettée; que M. de Thulemeyer lui a encore demandé qu'on s'occupât de cet arrangement avec lui et que cela serait fort bien, quand il l'écrirait, mais qu'il avait répondu comme ci-devant, qu'il fallait attendre qu'on fut plus en ordre, et surtout qu'on eut la pluralité aux Etats-Généraux; c'est sur quoi l'ambassadeur lui avait conseillé d'insister beaucoup et que ce serait le moment où l'on pourrait s'entendre avec Sa MajestéGa naar voetnoot4) et aussi faire ce qui conviendrait pour la Famille du Prince; que M. Thulemeyer est bien fin, et connait bien sa cour etc. | |
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15. - ‘Motif de mon voyage à La Haye’Ga naar voetnoot1). -Après la défection de l'armée Hollandoise, qui pour le moment devoit causer beaucoup d'embarras à la cabale, et diminuoit considérablement ses forces, il paroissoit qu'il falloit ou se presser de frapper quelque grand coup, ou se dépêcher d'entrer dans quelque conciliation, ainsi que le proposoient les Ministres du Conseil d'Etat. Le premier de ces partis étoit plus hardi, mais aussi plus sûr, les sentimens et les principes détestables des Chefs de l'opposition etant trop avérés et trop connus pour qu'on osoit se flatter de les porter d'une autre manière à une conciliation raisonnable. Les conditions mises à celle qui avoit été proposée de leur part n'étoient en aucune manière acceptables, et en faisant preuve de leur embarras, elles montroient clairement leur désir de trainer les choses en longueur, se flattant sans doute de faire repasser à force d'argent les troupes de leur côté, et de nous attaquer en suite avec d'autant plus d'avantage qu'il ne nous resteroit plus rien pour notre défense. Ils prévoyoient d'ailleurs aussi bien que nous combien l'entretien de ces troupes devoit à la longue devenir onéreux pour les Etats de Gueldre et d'Utrecht, et ils sentoient parfaitement la nécessité où se trouvoient ceux-ci, et le Prince, de se prévaloir de l'espèce d'enthousiasme de ces troupes et d'une partie de la nation pour leur porter quelque coup, puisque si on laissoit passer cet enthousiasme sans le mettre à profit, il ne pouvoit qu'être suivi par un découragement général, d'où ils concluoient enfin: que gagner du tems étoit tout gagner pour eux. Toutes ces considérations firent éclore successivement plusieurs plans tant pour les opérations militaires dans la Province d'Utrecht que pour les démarches politiques dans la Province de Hollande. Quant aux projets militaires je dois dire en passant, que les succès qu'on pouvoit raisonnablement en attendre n'étoient jugés ni assez grands, ni assez décisifs pour donner lieu à espérer qu'ils détruiroient le mal jusque dans sa source, et c'étoit pourtant là le point auquel il falloit principalement s'attacher. Le Prince me fit l'honneur de me demander mon avis sur ces différens plans, mais la matière me paroissant trop importante et en partie d'une nature trop délicate pour oser m'en expliquer sur le champ et sans connoitre à fond les dispositions du Prince lui-même et ses moyens, je pris le parti de me rendre pour quelques semaines à Amersfoort, afin de juger de ces choses de mes propres yeux. J'y trouvai le Prince très peu décidé sur ce qu'il vouloit ou pouvoit faire. J'eus avec lui plusieurs conférences auxquelles nous admimes les personnes les plus entendues et les plus sages: les projets en question y furent examinés avec l'attention la plus scrupuleuse; mais les difficultés qu'on prévoyoit de tout côté furent en si grand nombre, qu'on n'en vint à une conclusion. Les seuls points sur lesquels on paroissoit d'accord étoient: 1o. Que l'armée étant encore dépourvue des choses les plus nécessaires pour agir avec vigueur, on ne pouvoit songer | |
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à la prise d'Utrecht qui étoit pourvue d'une forte garnison, de beaucoup d'artillerie et de munitions de guerre; 2o. Que le Prince ne pouvoit dans les circonstances présentes se rendre à la Haye sans y être appellé au moins par quelques villes et une partie de la nation qui avoit presenté des requêtes en sa faveur. Il se présentoit encore une autre alternative à notre idée: c'étoit de chercher à engager les Etats-Généraux à appeller le Prince en Hollande et à l'autoriser à rétablir en Sa qualité de Stadthouder le bon Ordre et la tranquillité dans cette Province; mais ce moyen en luimême inconstitutionnel et dangereux n'étoit considéré que comme un pis-aller. Quant au premier point, savoir une attaque sur Utrecht, on travailloit à se mettre en état de l'entreprendre, mais les préparatifs ne pouvant se faire que très lentement, ou sentoit qu'on laissoit échapper un tems précieux au profit de l'ennemi, et cela pour une entreprise dont le succès étoit incertain et ne pouvoit être décisif pour la bonne cause, s'il étoit favorable, mais entièrement destructif pour elle, s'il ne l'étoit pas. A l'égard du second point, on ne voyoit absolument aucun moyen de l'effectuer. Tous ceux qui pouvoient en juger assuroient unanimement que les membres des Etats d'Hollande qui tenoient pour le bon parti, ayant trop peu d'énergie et de courage, craindroient le danger vrai ou imaginaire où ils s'exposeroient, en hazardant une proposition en faveur du rappel du Prince, ou en recusant la légalité de l'Assemblée de Hollande, qui dans le fait est illégale depuis les révolutions d'Amsterdam et Rotterdam. Enfin le résultat de toutes ces déliberations fut, qu'on ne pouvoit rien faire, ou en d'autres termes, que la perte de la Republique étoit inévitable; telle étoit du moins la conclusion que je devois en tirer. Dans cette terrible situation il me vint l'idée que peut-être par ma présence à la Haye je pourrois inspirer plus de fermeté à nos amis, les rassembler davantage, former une meilleure correspondance et enfin opérer le but principal de mon voyage, savoir, le rappel du Prince, la levée de l'acte de Suspension et la restitution du commandement de la Haye. Je pensois au reste que si je manquois à ce but, et ne faisois pas grand bien, je ne ferois du moins aucun mal, puisque mon voyage n'arrêtoit pas les opérations militaires qui également ne pourroient pas avoir lieu encore, et que ce seroit toujours donner une preuve à la Nation de la grande répugnance du Prince à voir verser le sang de ses concitoyens, et de sa condescendance à essayer tous les moyens possibles de prévenir une guerre civile. Je me proposois de me rendre à la Haye le plus secrettement possible et d'y arriver de nuit, afin de prévenir tout attroupement qui auroit pu donner lieu à des désordres: je comptois même par le moyen des Societés faire recommander au peuple bien-intentionné la plus grande tranquilité pendant le séjour que j'y ferois, qui ne devoit pas être long. En faisant annoncer mon arrivée aux Collèges et aux Etats, je me proposois de donner à connoitre en même temps que je n'étois venue que pour rechercher les moyens de concilier les Esprits et de prévenir les malheu rs d'une guerre civile: et dans ce dessein j'aurois manifesté le désir d'entrer en | |
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conférence avec des personnes de tous les partis. Plus ceci auroit été général et plus j'autorisois les amis à se rassembler autour de moi. Cependant en écoutant les uns et les autres je n'aurois pas moins fait quelques exceptions: j'aurois par exemple refusé ma porte au Rhin-Grave ainsi qu'à tous les officiers qui ont trahi leurs sermens envers la Généralité, et je n'aurois admis les trois pensionnaires qu'autant qu'ils seroient venu me parler au nom de leurs villes. Pour base de toute conciliation j'aurois toujours posé les mêmes principes que j'ai énoncés dans la négociation avec M. de Rayneval. Ceci soutenu avec fermeté, comme étant la seule base honorable et par conséquent admissible pour le Prince, et accompagné des plus fortes assurances que le Prince veut maintenir chacun dans ses justes Droits; qu'il ne veut pas étendre son pouvoir au delà des bornes qui lui sont prescrites, et qu'il ne cherche point à se refuser à des arrangemens raisonnables sur des points en litige, pourvu qu'il soit auparavant prouvé que le vrai bien de la patrie les rend nécessaires, auroit dû ce me semble produire quelque effet, surtout dans ce moment où le Prince se trouvant à la tête de l'armée et dans une position respectable, n'auroit point parlé en suppliant. Mon imagination se traçoit la possibilité que cela produiroit l'un ou l'autre de ces deux effets: ou que cela effectueroit un changement des principes dans le parti prépondérant (non par conviction, mais par crainte), ou qu'en persistant dans leur système, les Chefs de ce parti seroient mis si complettement de leur tort, que toute la nation n'élèveroit pour ainsi dire qu'un cri contre eux; et que le bon parti en gagnant en nombre, gagneroit aussi en énergie, ce qui enfin mèneroit au but désiré. J'avoue que j'aurois été très flattée d'un pareil succès, et que j'en envisageois la possibilité avec beaucoup de satisfaction, sans cependant me dissimuler la grandeur de l'entreprise et les difficultés que je devois naturellement rencontrer. Je les voyois toutes exceptée celle qui l'a fait échouer et qu'il m'étoit impossible de pressentir. Le petit nombre de personnes qui avoient été consultées avoient unanimement avisé pour le voyage et avoient jugé qu'il pouvoit être utile, et ce nombre n'étoit nullement composé de têtes chaudes, mais de personnes très sages et très prudentes. Je pouvois par conséquent aussi peu balancer à l'entreprendre que je puis maintenant me repentir de m'y être déterminé, malgré ce qui m'est arrivé, et malgré les inquiétudes qu'avoit témoigné le Prince, qui sans désapprouver l'entreprise, l'avoit cependant appréhendé. |
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