De patriottentijd. Deel 3: 1786-1787
(1899)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekend
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1. - Vergennes aan RaynevalGa naar voetnoot1). - 14 December 1786. (Particulier). -Je crois entrevoir que si M. de Coetloury n'a pas eu la folle présomption de vouloir être l'agent ostensible de la réconciliation, le motif secret est d'attirer le Rhingraf à Paris, d'y appeler la négociation, et de lui donner tout l'honneur du succès. J'ai déjà vu deux fois le noble comte. Je n'ai rien recueilli de sa première visite, il ne s'y est expliqué qu'en stile d'oracle. Il a été un peu plus explicite dans une seconde visite qu'il m'a faite aujourd'hui. Selon lui les pensionnaires ne sont pas en état de tenir ce qu'ils promettent, ils sont sans influence sur les Corps des Bourgeois qui ne sont plus dupes de leurs principes populaires et qui voient très bien qu'ils ne font la guerre au Stathouder que pour s'emparer de son autorité et regner à sa place. Les Bourgeois, n'aimant pas plus les aristocrates que le Stathouder, ne sont pas disposés à se laisser mener ni par l'un ni par les autres; ils ont leur sistème de constitution qu'ils sauront bien faire prévaloir. Un seul homme tient dans sa main les corps nombreux répandus sur toute la surface de la République, lui seul en dirige les mouvemens. C'est le Rhingraf. Il offre de se donner à nous avec eux et de tout disposer de la manière qui nous conviendra, en sorte que le Stathouder aura toute l'existence que nous voudrons lui donner. Cette proposition ne me paroissant pas suffisament développée j'ai engagé M. de Coetloury à la rediger dans un mémoire qu'il doit me remettre incessamment. Du moment que je l'aurai, je m'empresserai de vous l'envoyer pour en avoir votre avis. Jusque là je vous demande le secret le plus inviolable. Assurez-vous bien, Monsieur, du plus on du moins d'influence que le Rhingraf peut avoir dans la nation, et jusqu'où nous pouvons compter sur lui. Si ce que Coetloury m'en dit est exact, il ne se fie point aux pensionnaires qui ne sont point gens fiables, nous devons même y compter médiocrement et les regarder comme de foibles et dangereux appuis de | |||||||||||||
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l'alliance, aujourd'hui françois, demain anglois si l'intérêt de leur égoisme les y convie. Si le Rhingraf ne s'étoit jamais paré d'un crédit qu'il n'avoit pas, s'il ne s'en étoit pas fait un moyen pour se recommander et s'accréditer en France et à la Haie, je serois peut-être plus accessible à la confiance qu'il cherche à m'inspirer, mais différens traits de sa conduite antérieure recommandent le doute et la réserve, mais nous devons être d'autant plus soigneux à ne le pas dégoûter que vous observez vous-même que s'il ne peut servir, il est en position de nuire. Il seroit bien intéressant de découvrir quel est le terme final où tend l'ambition du Rhingraf, car il n'est pas probable qu'il entre aussi avant dans les affaires sans avoir un but déterminé. Je ne crois pas qu'il veuille se faire Stathouder, il me paroit trop bien avisé pour cela. Plaignez-moi, Monsieur, de devoir me prêter à écouter un intrigant, vous connoissez mon éloignement pour cette classe de gens, mais je ne veux pas avoir à me reprocher d'avoir rien négligé. L'objet capital est la conciliation, à défaut nous aurons recours à d'autres moyens pour mieux assurer notre sistème. J'avoue que je ne le croirois pas solide s'il ne reposoit que sur les corps francs. J'accorde que le Rhingraf a toute influence sur eux, mais quelle sera la durée de son règne? Je ne connois rien de plus versatile qu'un gouvernement populaire; un démagogue est toujours au moment d'être remplacé par un autre plus disposé à flatter les caprices du peuple. Dans le doute de ce que nous serons dans le cas de faire il ne peut être que très utile de flatter l'amour propre du Rhingraf et de lui présenter la perspective du rôle que son ambition peut lui faire désirer. Je ne finirois pas, Monsieur, si je devois vous transmettre tout ce qui me passe par la tête, ma main ne pourroit y suffire. L'Europe semble conjurée depuis votre départ pour m'écraser de besogne; jamais elle ne fut aussi active même lorsque vous étiez pour la paix à Londres. | |||||||||||||
2. - Vergennes aan RaynevalGa naar voetnoot1). - 23 December 1786. -Ten geleide der memorie van Coetloury. Vergennes bespreekt diens plan uitvoerig; het zou een ware demagogie geven; het volk, dat nu aansluiting bij Frankrijk zoekt, zou van voorkeur kunnen veranderen, enz. Echter moet Rayneval zijn advies geven voor het geval dat de tegenwoordige onderhandeling mislukt. Hij heeft de zaak nog niet voor den Conseil du Roi gebracht; ook Vérac behoeft er nog niet van te weten. - Coetloury's memorie luidt: Mémoire sur l'état présent des affaires d'Hollande. - Il y a un an que le Roi fit l'honneur à la République des Pays-Bas de s'allier avec Elle. Les soidisans Patriotes, Chefs du parti Républicain, présentaient cette époque comme celle du rétablissement de la tranquillité intérieure, et des avantages que la France devait retirer des sacrifices qu'Elle avait faits. Le contraire est arrivé: l'anarchie, et le renversement de toute constitution, ont été la suite de l'animosité qui règne entre deux | |||||||||||||
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partis également dans l'impossibilité de se raprocher ou de se détruire. Les Chefs apparents du parti Républicain uniquement occupés à se revêtir de l'autorité qu'ils venaient de ravir au Stadhouder, n'ont cessé d'exiger de la part du Roi, toutes les démarches utiles à la conservation de leur crédit et de leurs personnes, qu'ils ont toujours présenté comme le seul anneau qui unissait les deux Pays. Pour peu que les ministres du Roi n'épousassent pas leurs sentimens dans toute leur étendue, les plus modérés montraient des craintes pour la solidité d'une alliance que plusieurs ont vingt fois menacé de rompre, et leur constitution n'avait de force que pour éluder ou s'opposer même aux moindres demandes de Sa Majesté. Dans ce Conflit de rivalités et de prétentions personnelles, et interminables, entre le Stadhouder et plusieurs Magistrats, ces derniers ont été obligés d'appeler la nation à la défense de ses droits dont ils comptaient bien se faire les seuls dépositaires. C'est cette position qui a donné l'idée et fait travailler à se procurer les moyens qu'on offre aujourd'hui aux Ministres du Roi pour faire poser son alliance sur la Nation même, qui, éclairée sur ses véritables intérêts, rejette également et l'autorité aristocratique de ses prétendus défenseurs, et le Despotisme révoltant de son Stadhouder; Elle seule peut décider aujourd'hui les trois points essentiels de la tranquilité intérieure, de la solidité et de l'utilité pour le Roi de son alliance, et du rétablissement d'une constitution, dont il n'existe plus que l'ombre, sous des formes plus avantageuses aux intérêts de Sa Majesté. Ce ne sont point des apperçus vagues, que l'on vient de soumettre au jugement des Ministres du Roi; ce sont des moyens efficaces et tout préparés que l'on vient leur offrir. La Nation hollandaise, également fatiguée des querelles indécentes des deux partis qui se disputent sa conquête, attend de la protection du Roi une liberté réglée d'après des principes qui en détruisant deux pouvoirs également ennemis de son repos et de ses intérêts, ne donnent à la Démocratie que l'autorité nécessaire pour arrêter toute usurpation. La conduite sage et modérée d'une nation en armes et qui a toujours préféré les lumières de la discussion aux voyes de fait dont Elle s'est vue plusieurs fois la victime, doit assurer de l'exécution tranquille d'une réforme dont Elle est parfatement instruite. Plus de 80.000 Bourgeois en armes, dans les Provinces d'Hollande, d'Utrecht, d'Overijssel, et de Groningue, se sont choisis un Chef pour dépositaire de leurs Droits. Il doit être sous la protection du Roi, le puissant allié de la République, le Bouclier de la liberté. Toutes les mesures sont prises, et les parolles données. Utrecht doit être la place d'armes, d'où la Bourgeoisie de cette Province, et de la Hollande, doivent prêter la main à celles d'Overijssel et de Groningue. Il est essentiel de remarquer ici quelles sont les troupes dont les Etats des différentes Provinces peuvent disposer, si oubliants les droits des citoyens dont ils ne cessent de dire à la Nation qu'ils sont les seuls gardiens, ils avaient la maladroite et impuissante audace de vouloir s'en servir. | |||||||||||||
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La même confusion qui règne dans le pouvoir législatif, s'est étendue jusques dans son autorité sur les troupes. On peut les diviser en trois parties soumises à trois points différents. La Hollande, dont les frontières intérieures sont aujourd'hui gardées par 7 à 8000 hommes, ne veut point qu'ils reconnaissent d'autres ordres que ceux des Etats de cette Province. De ces 8000 hommes, près de la moitié, composant différents corps, porte le nom et les livrées du Rhingrave de Salm, et leur esprit lui est d'autant plus dévoué, qu'outre les talents particuliers d'une séduction irrésistible qui lui sont propres, les troupes sentent qu'elles ne doivent la conservation de leur existence qu'au crédit personnel de leur Chef, étant considéré d'ailleurs comme une infraction à une des loix fondamentales de l'Union. La Province de Gueldre joint aux troupes de sa répartition qu'elle a également soustraites à la Généralité, celles de la Province d'Utrecht, dont les soidisants Etats sont obligés aujourd'hui d'ouvrir pour leur payement un emprunt de 200.000 Livres, faible secours sur lequel ils ne peuvent même pas compter. Les troupes à la solde des Provinces d'Overijssel et de Groningue, sans être décidément enlevées au pouvoir du Capitaine Général, sont cependant hors de sa main, par l'invitation que ces deux provinces lui ont faite de ne point les employer dans les troubles actuels. Quoique la Province de Frise ait décidé sur l'emploi des siennes, qu'il n'y avait matière de délibération, ses magistrats ne leur permettraient point de sortir du territoire de la province, où ils ont tout à craindre pour une pétition populaire dont le petit nombre de leurs soldats ne les garantira pas. On compte pour rien les troupes de la Zélande. L'armée ainsi divisée ne peut donc être que spectatrice passive de l'assemblée de la Nation en armes. Il est facile de sentir que cette iusurrection générable décidera de la liberté de la Gueldre, dont la présence des Troupes et de leur Capitaine Général étouffent la voix. D'après la position de ce Prince et surtout d'après son caractère connu, on peut assurer qu'il ne lui restera dans ce moment que le choix entre deux partis: ou il se retirera précipitamment dans le Duché de Clèves, ou pour ne pas abandonner tout-à-fait la partie, il pourrait s'embarquer à Elbourg pour attendre en Zélande, dont cependant une des Villes principalesGa naar voetnoot1) s'est déclarée contre lui, la suite des événements. C'est aux Ministres du Roi à décider sur son sort; si la politique générale demande sa conservation, ils peuvent régler le degré d'éclat dont ils voudront lui permettre de jouir. Le point d'appui que l'on offre ne laissera plus rien à craindre pour le système du Roi dans la République. L'impossibilté d'un accord sous les formes actuelles, et surtout le procès soum is | |||||||||||||
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à la décision de la nation, rendront sûrement la Prusse et le Stadhouder même moins sensibles aux pertes de quelques branches du Stadhoudérat, dont ils verront replanter le tronc, et le service éclatant que la France lui rendra peut devenir dans les mains de l'Ambassadeur du Roi qui le rétabliroit à la Haye, un moyen sûr de le perdre à jamais pour son ancienne protectrice. L'anéantissement des réglements n'ôte au Prince qu'une usurpation dont quatre de ses plus illustres prédécesseurs n'ont jamais joui. Le commandement de la Haye devenu si important par la discution de ses droits, mais qui l'est bien davantage par le fait, peut être énervé par deux moyens que l'on peut même employer ensemble: l'un déjà proposé d'en confier le commandement direct à un officier particulier toujours sous la suprême autorité du Stadhouder, ainsi qu'il en est usé dans les places fortes de la Généralité; l'autre beaucoup plus efficace serait de faire élever au rang de ville de la Province d'Hollande le lieu de l'assemblée souveraine que la politique des Stadhouders a réunie dans un endroit où rien n'offusquait leur autorité. On réformerait de la matricule des Etats le Corps des Nobles de la Province d'Hollande dévoué encore en ce moment de la fuite de leur Chef, au Despotisme Stadhoudérien le plus révoltant. La Nation trancherait sur ces arrangements, et l'on se dispensera d'en détailler les avantages. La réduction de l'armée, dont on détruirait les corps les plus entachés de l'esprit Stadhoudérien, et l'augmentation de la fiotte toujours utile et jamais nuisible aux intérêts du Roi, dirigées l'une et l'autre par des Comités, seraient après la paix intérieure les premiers fruits de cette révolution. La Nation déjà prévenue, sans qu'on ait compromis le nom du Roi, qu'elle ne peut obtenir que par la protection de Sa Majesté le recouvrement d'une liberté qui fait son seul désir, s'éloignera d'autant plus d'une autorité qui lui a fait si longtemps subir le joug de l'Angleterre, et sera nantie des moyens de se garantir de celui de l'aristocratie eneore plus odieuse dont les abus peuvent à tous moments amener la même révolution que celle de 1747, devenue si utile aa Stadhoudérat. La création d'un premier représentant de la Nation, titre qu'Elle destine au Chef qu'Elle s'est choisi, fera en même tems de cet Individu le Dépositaire de la Charte nationale, et l'homme du Roi qui en sera le protecteur. Les Représentants des différentes Provinces réunis auprès de lui à la Haye, le marqueroit du sceau respectable de la Nation; son zêle et son dévouement pour les intérêts du Roi si étroitement liés aux siens sont connus. Ses talents, sa capacité, et l'autorité qu'il a déjà acquise peuvent répondre de ce qu'il est en état de faire pour le service de Sa Majesté. Les Pensionnaires d'Hollande, dont l'autorité n'est que l'ouvrage de la protection du Roi, et dont ils usent si rarement pour son service, incapables d'ailleurs d'en obtenir une assez grande sur la nation, rentreront dans leurs Villes, où en conservant leurs fonctions, ils seront dans l'impossibilité de nuire aux intérêts de Sa Majesté, puisqu'en changeant aussi ouver- | |||||||||||||
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tement de langage, ils montreraient trop que leur sistème ne tenait qu'à leurs intérêts. Enfin le moment est venu où la France peut s'emparer par le moyen le plus légitime de la Nation hollandaise, on risquer de la voir périr dans les convulsions d'une guerre intestine, le Prince n'attendant sans doute que le résultat des conférences de la Haye, pour achever de s'unir aux Etats de Gueldres, et d'augmenter et perpétuer des troubles qui peuvent seuls amener une révolution qui lui soit favorable. Si la France a jugé à propos de dire jusqu'à présent qu'Elle ne veut point s'immiscer, ni permettre qu'aucune autre puissance entre dans les affaires intérieures de la République, il est facile de la délier et de faire même consentir la Prusse, s'il étoit nécessaire, à ne point user de la même liberté. Pour la première de ces deux Puissances, des adresses lui demanderaient l'intervention de son Ministre pour contribuer en bon allié au rétablissement général de la Paix. Ce serait même au Conseil du Roi à juger s'il est de l'intérêt de Sa Majesté de se charger d'une garantie que l'on croit pouvoir promettre de faire demander. On réserve à un mémoire subséquent quelques détails sur la forme déjà adoptée du nouveau Gouvernement. L'auteur de ce mémoire laisse à une autre main le soin d'instruire exactement les Ministes de Sa Majesté du moment et de la marche de la révolution, détails qui n'étaient point encore arrêtés quand il a quitté la Hollande. Il était cependant déjà convenu, toujours au nom de la Nation, que la forteresse de Heusden, dont le lieutenant-colonel de l'infanterie de la Légion de Salm doit s'emparer, serait destinée à s'assurer de la personne de ceux qu'un zèle trop aveugle pour les intérêts du Stadhouder porterait à vouloir en ce moment exciter parmi la canaille quelques mouvements favorables à la maison d'Orange. | |||||||||||||
3. - Rayneval aan VergennesGa naar voetnoot1). - 27 December 1786. -De memorie van Coetloury is ‘rempli d'extravagances et de vues chimériques’. Zijn eigen denkbeelden heeft hij samengevat in een stuk dat hij voorgelezen heeft aan Pieter Paulus, ‘patriote très éclairé et qui malgré sa jeunesse a les idées aussi lucides que modérées’: Je lui ai lu le mémoireGa naar voetnoot2) après qu'il m'eut confié le voeu secret des pensionnaires en faveur des bourgeois, et qu'il m'eut dit que l'intervention du Roi ne seroit aucunement nécessaire. La connoissance de cette façon de penser me paroit d'autant plus précieuse, Monseigneur, qu'elle justifie mon opinion sur le même objet, et qu'elle vous met parfaitement à votre aise. J'ai demandé à M. Paulus s'il ne craignoit pas que le changement à faire en faveur des bourgeois n'occasionnât une commotion et peut-être la guerre civile; il m'a répondu sans hésiter qu'il n'en voyoit pas même la possi- | |||||||||||||
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bilité, parce que la masse des bourgeois auroit une force irrésistible, et que d'ailleurs on précipiteroit d'autant moins la mesure que la nature des choses ne l'exigeoit pas. M. le Rhingrave n'a cessé depuis que je suis ici de me parler de l'affaire des bourgeois à peu près dans le sens du mémoire de M. de Coetloury, mais j'ai constamment repoussé des idées aussi exaltées et aussi périlleuses, et je suis parvenu insensiblement à le calmer. J'ai toutefois prié M. le Rhingrave de me fournir un mémoire afin que je pusse avoir une opinion avec pleine connoissance de cause. Suivant ce que j'ai recueilli ici M. de Coetloury ne faisoit autre chose que d'exalter l'ambition déjà trop active du Rhingrave et de lui mettre mille chimères dans la tête. Je dois rendre justice à celui-ci; depuis que je suis à la Haye, il n'est pas sorti un instant de la mesure que je lui ai donnée. Ce qui lui tient au coeur et est le terme de son ambition, c'est de devenir avec le tems feld-maréchal; vous ne trouverez sûrement aucune difficulté à lui en préparer les moyens. Mais en tout état de cause il importe que M. de Coetloury ne le rejoigne pas, parce que les idées exaltées prendroient de nouveau la place du calme et de la raison. Je pense également, Monseigneur, qu'aussi longtemps qu'il s'agira de l'affaire des bourgeois, M. le Rhingrave ne doit pas quitter la Hollaude. Si je ne suivois que mon voeu personnel, je vous presserois de me rappeler dès ce moment-ci, parce que dans le fait j'ai rempli l'objet de ma mission, puisque je suis parvenu à neutraliser la Prusse, et qu'il ne dépend peut-être pas du Père Eternel de convertir M. le Stadhouder. P.S. J'ai oublié de vous dire, Monseigneur, que j'ai dit franchement à M. le Rhingrave que son mémoire péchoit par le principe, parce qu'il étoit impossible au Roi de donner la déclaration demandée, et de faire de l'hôtel de son ambassadeur le rendez-vous des insurgents. Quoiqu'affligé de mon sentiment qu'il n'a pu détruire, il m'a promis d'y adapter sa conduite et son langage, et je suis persuadé qu'il le fera. Je lui ai laissé ignorer mon entretien avec M. Paulus. 's Rijngraafs memorie, als bijlage bij deze dépêche gevoegd, bespreekt wijdloopig de beteekenis der democratische beweging, en houdt dan het verzoek in: .... qu'il plut au Roi de donner une déclaration publique, par laquelle Sa Majesté, marquant le déplaisir avec lequel elle envisage les troubles qui agitent la République son alliée, offriroit de concourir par ses bons offices, avec les Etats Généraux et ceux de chaque Province en particulier, pour assoupir l'esprit de dissention, et rétablir la concorde. Les PatriotesGa naar voetnoot1), qui n'ont d'autre existence que celle que la France leur donne, ne pourront éluder l'intervention du Roi s'il plait à Sa Majesté de protéger le rétablissement des Privileges du peuple, qu'eux-mêmes leur promettent depuis dix ans, et leur ont juré solemnellement dans leur assemblée | |||||||||||||
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d'AmsterdamGa naar voetnoot1). Aucun des trois partisGa naar voetnoot2) n'ayant assez de prépondérance pour détruire les deux autres, toute puissance réelle git dans la nation, et surtout dans la partie à laquelle on a mis les armes à la main, sous le prétexte de reprendre son ancienne liberté. Les six mille hommes de troupes que la Province de Hollande a dans son sein, ne sont guères propres pour contenir par la force une bourgeoisie armée infiniment plus nombreuse, qui en impose tellement à leurs magistrats, qu'ils n'oseront pas même imaginer la possibilité de prendre une résolution violente contre les citoyens, qui les démettroient incessamment de leurs charges, ou feroient pis encore, dans la plupart des villes. Les bons offices de Sa Majesté une fois offerts, l'hôtel de l'ambassadeur deviendroit le rendez-vous des chefs de tous les Partis, ils y accourront de toutes les Villes et de toutes les Provinces, conduits par l'espoir d'obtenir une protection décidée, et par la crainte d'être abandonnés totalement. Un moyen des plus efficaces pour réprimer l'ambition des aristocrates, prévenir l'anarchie démocratique et circonscrire les fonctions de Stadhouder dans les Bornes de la Constitution, est, ce me semble, d'exiter les Bourgeoisies de toutes les Villes qui n'ont point choisi encore leurs Représentants on Tribuns, de s'en donner au plustôt, ce qui a eu lieu déjà dans plusieurs, sera facile dans la plus part, et exécutable partout. On hâteroit en même tems la Réclamation que les petites Villes et le plat Pays de la Province d'Hollande se proposent de faire pour être rétablis dans leurs droits constitutionnels de Représentation et de suffrage. Tous, ou le plus grand nombre, enverroient alors leurs Députés à la Haye, pour y porter le voeu de leurs commettants, surtout pour solliciter la protection du Roi. Les Députés du Peuple que je propose de créer, et de faire arriver à la Haye, seront nécessairement choisis parmi les membres des corps armés, répandus sur la surface des sept Provinces, qui renferment dans leur sein, tous les Individus qui ont quelqu'influence sur la multitude. Ils serviront en même tems pour prévenir toutes sortes de mouvements tumultueux de la part de leurs commettants, qu'ils dirigeront en toute chose, d'après les impulsions qu'ils recevront ici. La contenance seule de ces Corps nombreux à qui les Chefs du Parti Patriotique ont mis les armes à la main, pour la défense de leurs Privilèges, qui d'ailleurs sont unis entre eux, par le serment et par la correspondance la plus suivie, suffira pour achever paisiblement une Réforme Constitutionnelle de la nécessité de laquelle toutes les Classes de l'Etat conviennent unanimement. Il sera d'autant plus aisé d'avoir à la Haye la Députation de ces Corps, en qui gît toute la force nationale, qu'ils sont dans l'usage d'avoir par leurs Députés de fréquentes Assemblées, dans lesquelles ils agitent tout ce | |||||||||||||
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qui leur paroit nécessaire pour parvenir à leur but commun, qui n'est autre que le Rétablissement des Droits du Peuple, foulés par le Stadhoudérat et l'Aristocratie. De memorie van Rayneval, andere bijlaag bij deze dépêche, luidt als volgt: La situation actuelle des Provinces Unies se présente sous un aspect infiniment critique, et il est à craindre qu'à moins d'un prompt remède la République ne touche au moment d'une révolution. Le système des Bourgeois de Gueldres etc. s'est étendu jusque dans la Province de Hollande, et il y a fait depuis peu des progrès si rapides, qu'il est peu de villes où l'on ne soit occupé des moyens de l'effectuer; la chaleur paroit même monter à un tel degré, que la crainte que l'on ne brusquât un accommodement entre la province de Hollande et le Stadhouder, a amené dernièrement à la Haye une nombreuse députation bourgeoise, et que les esprits n'ont été calmés, du moins en apparence, que par l'assurance que les intérêts du peuple ne seroient point sacrifiés. Volgt een uiteenzetting van de wijze waarop de Republiek geregeerd wordt. Het volk heeft geen deel aan de regeering. Pour sortir de cet état de nullité les bourgeois demandent à avoir part au gouvernement: les plus exaltés veulent participer à toutes les délibérations qui ont la chose publique pour objet, c'est à dire qu'ils veulent introduire la plus pure démagogie; les plus modérés ne demandent que le droit d'élire leurs régents et d'avoir des constitués pour veiller au maintien de leurs privilèges et de la constitution et qui en cas de besoin présenteroient en leur nom et à leur demande des adresses aux régents; ils désireroient de plus avoir le droit de passer annuellement, c'est-à-dire, d'exclure un ou deux magistrats dont ils auroient lieu d'être mécontents. Il a été observé que les bourgeois étoient dans une nullité absolue relativement au gouvernement de leurs villes respectives, et que les disputes sur l'autorité n'existoient qu'entre les aristocrates et le Stadhouder. Cette position devoit naturellement rendre les bourgeois indifférents, et les porter à être spectateurs tranquilles des entreprises soit du Stadhouder soit de ses antagonistes. Cette disposition a délivré les Stadhouders d'une opposition qui auroit été insurmontable, et leur a donné la facilité de mettre la populace en mouvement non contre les bourgeois, qui n'avoient rien à accorder et rien à défendre, mais contre les Régents dont on vouloit ou usurper ou du moins partager l'autorité. Cette vérité de fait autorise à dire qu'aussi longtemps que l'état actuel des choses subsistera, les Stadhouders, pour peu qu'ils soient entreprenants, ont un moyen assuré d'opérer telle révolution qu'il leur plait, et que si Guillaume V ne l'a pas entreprise, c'est parce qu'il a manqué d'adresse et surtout de courage. On doit tirer de là cette grande et importante conséquence: que la tranquillité, et même l'existence de la République comme telle, exige un changement et que ce changement ne peut consister que dans l'adoption modifiée du système des bourgeois. Le résultat de ce nouvel ordre de choses sera aussi simple qu'il sera certain. Les bourgeois devenus quelque chose dans l'ordre | |||||||||||||
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politique, sortiront de leur apathie, et feront rentrer la populace dans le néant le plus absolu. Ainsi la constitution aura une existence stable, parce que le Stadhouder n'aura plus aucun moyen de l'altérer. Il s'ensuit de là que la France doit s'attacher de plus en plus et consolider le parti qui lui est opposé, c'est à dire celui des patriotes, mais pour y réussir il ne suffira point de lui montrer de la bienveillance, il est d'une nécessité absolue qu'il ait une base: cette base ne peut consister que dans l'affection du peuple: cette affection il l'a acquise par des promesses de réforme. Cette réforme doit donc s'effectuer, sinon tout l'édifice des patriotes s'écroulera, les chefs de ce parti seront ensevelis sous ses ruines, et l'alliance du Roi avec la République subira la même destinée. Une réflexion bien simple donnera une force irrésistible à cette prédiction. Le Prince a l'affection de la populace et de l'armée; il acquerra celle des bourgeois si le parti patriotique les trahit; avec ces moyens réunis il opérera la réforme promise, et il s'assurera par là un pouvoir que rien à l'avenir ne pourra détruire. Sa Majesté peut et doit désirer la réforme dont il s'agit, et même exprimer secrètement son voeu à cet égard, mais elle ne doit point se montrer, puisque dans ce cas elle s'établiroit chef de parti, et s'immisceroit de fait, contre le texte de ses déclarations, dans les affaires intérieures de la République; le Roi compromettroit essentiellement sa dignité il feroit suspecter ses intentions; on le présenteroit comme voulant gonverner les Provinces Unies en y élevant et soutenant des factions; et cette accusation seroit aussi bien fondée qu'elle seroit préjudiciable à la considération que Sa Majesté a acquise par douze années de modération et de sagesse. Au reste ce que je viens de dire doit être entendu dans la supposition qu'il n'existe pas de moyen constitutionnel pour faire intervenir le Roi, car si les patriotes pouvoient indiquer un moyen de cette espèce, alors il seroit possible à Sa Majesté d'adopter un autre plan, alors Elle pourroit peut-être non seulement se montrer à découvert en faveur du système des patriotes, mais aussi agir avec efficacité pour la faire réussir. Mais jusqu'à ce que ce moyen soit bien établi, il semble que le Roi doive se tenir sur la réserve, et demeurer, du moins pour le public, simple spectateur de la réforme qui fait l'objet de ces réflexions. | |||||||||||||
4. - Vergennes aan RaynevalGa naar voetnoot1). - 6 Januari 1787. -Quelque idée que je me fusse faite de l'opiniâtreté et de l'orgueil insensé du Stadhouder, j'étois bien loin de celle que je ne puis me dispenser désormais d'en concevoir. Il faut que ce Prince et tout ce qui l'entoure ait perdu le sens. Quel que soit l'evenement pour le Stadhouder, et, selon moi, il ne peut être qu'infiniment fâcheux, nous le verrons avec autant de tranquillité que d'indifférence. Je ne puis donc, Monsieur, entrer dans l'idée que vous me proposez, d'offrir à la Cour de Berlin de prolonger votre séjour à la HayeGa naar voetnoot2). Peut-être la continuation de votre séjour | |||||||||||||
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en faisant supposer plus d'intérêt pour M. le Stadhouder que nous lui en devons, deviendroit un objet de jalousie pour les Patriotes. L'assemblée des notables, qui aura lieu à la fin de ce mois, devant ajouter à la somme de mes occupations, j'aurai besoin d'être aidé et soulagé. Je vous prie donc de vouloir bien aussitôt que les Patriotes seront de retour à la HayeGa naar voetnoot1), concerter avec eux les mesures qu'ils croiront pouvoir demander au Roi pour assurer l'indépendance et l'intégrité de leur République. Het volgende is particulier schrijven van Vergennes aan Rayueval van denzelfden datum: Je vous envoie, Monsieur, une expédition bien maigre, et c'est encore avec beausoup de peine que je l'ai dictée. Ma santé n'est point bonne. Roidissez-vous contre les instances des ministres prussiens. Il peut leur tourner à compte de prolonger la négociation; nous n'avons pas le même intérêt; pourquoi nous obstinerions-nous à compromettre notre crédit et notre influence auprès des Patriotes? pour obliger un Prince dont nous ne devons attendre que de l'ingratitude et de la défiance? C'est bien le cas de l'abandonner à sa malheureuse destinée; le point essentiel est que dans les evenements qui ne peuvent manquer de suivre, l'administration ne soit point livrée à la démocratie. Rien de plus juste que d'accorder aux bourgeois une participation quelconque à l'élection de ses Magistrats, mais son influence doit être bornée là, et il me sembleroit dangereux de lui accorder la prérogative de pouvoir proscrire quelques magistrats. Ce seroit établir un ostracisme bien funeste. Au surplus, Monsieur, en quittant la Hollande, vous voudrez bien assurer les Patriotes de toute l'estime du Roi, des voeux qu'il fait pour que leur cause triomphe, parce qu'il la regarde comme inséparable du bien-être de leur patrie. Aan Vérac schrijft Vergennes onder denzelfden datum: M. le Stadhouder a mis dans la main des patriotes une arme dont ils peuvent tirer le plus grand parti, s'ils savent en faire un usage adroit. Ce n'est point à nous à les mettre sur la voye de ce qu'ils peuvent faire, mais je ne serois pas surpris s'ils se déterminoient à suspendre M. le Stadhouder de l'exercice de toutes ses charges. | |||||||||||||
5. - ‘Note remise à M. de Rayneval à La Haye le 13 Janvier 1787’Ga naar voetnoot2). -Après la réponse de Madame la Princesse d'Orange sur les propositions de M. le Comte de Goertz, relativement au rétablissement de la tranquillité et de l'harmonie dans cette République, il est évident qu'il faudra prendre d'antres mesures pour atteindre ce même but. | |||||||||||||
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La position dans laquelle se trouvent les délibérations des Etats de Hollande, montre qu'il n'y a autre chose à faire, sinon que de nommer des Commissaires pour examiner le quatrième article de la proposition de Messieurs d'Amsterdam relativement aux instructions à faire pour le Stathouder, Capitaine général et Amiral de cette Province, par lesquelles l'autorité souveraine des Etats, la conservation des Privilèges et la liberté de cette Province et de ses citoyens, soient mises à couvert contre le pouvoir exécutif, c'est à dire contre les attentats du Prince d'Orange, sous prétexte de l'exercice des dites charges, et par conséquent contre les usurpations faites par ses ancètres autant que par lui sur l'autorité souveraine des dits Etats. Après la nomination de ces Commissaires, on pressera les délibérations sur cet objet, autant que les circonstances ou la prudence le permettront. Et les dites Instructions étant arrêtées, l'on proposera au Prince s'il voudra reprendre l'exercice de ses charges susmentionnées sur le pied de ces Instructions, afin de pouvoir prendre des mesures ultérieures contre lui en cas de refus. En attendant, les troupes qui se trouvent actuellement en Gueldres, par lesquelles cette Province est réduite sous le jong d'un despotisme formel, en devront être retirées, autant qu'il sera possible. Il est clair qu'autant que cela dépend des Etats de la dite Province, il n'y a rien à faire par les Etats de Hollande; mais comme il se trouve parmi ces troupes une bonne quantité de celles qui sont payées par ceux-ci, il se présentera, en peu de temps, une bonne occasion de les en retirer. Pour cet effet, on pourra se servir des délibérations sur la continuation de l'état de guerre pour cette année, et refuser la paye des dites Compagnies, tant qu'elles se trouveront sur le territoire de la Province de Gueldres. Il est probable que ces Etats et leur Capitaine général ne pourront plus se servir de ces forces contre la minorité de ces mêmes Etats et contre les Citoyens. La révision et la réforme de l'Edit de 1674 y pourront être mises en délibération, à quoi le Prince d'Orange s'oppose actuellement avec tant d'obstination. Du reste, on saisira toutes les occasions que les circonstances du temps pourront fournir, afin de rétablir les Etats de ces Provinces à réglements dans leur ancienne indépendance, pour qu'ils deviennent des membres utiles à la Confédération et des soutiens de la Province de Hollande dans les délibérations de la plus grande importance tant pour la République que pour ses alliés. | |||||||||||||
6. - ‘Rapport de M. de Rayneval lu et approuvé au conseil d'état le mercredi 31 Janvier 1787’Ga naar voetnoot1). -En arrivant en Hollande, j'ai trouvé les chefs du parti patriotique très animés contre le Stathouder, et je crois ne pas me tromper en disant que l'expulsion de ce Prince était l'objet des voeux secrets de plusieurs d'entre | |||||||||||||
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eux: mais ce voeu n'a été manifesté que dans la supposition où M. le Prince de Nassau s'opiniâtrerait à rejeter toute voie d'accommodement. Cette circonstance existe depuis l'étrange lettre écrite à M. le Comte de Goertz le 31 décembre par Madame la Princesse de Nassau. Cependant les patriotes, pour tenir une marche constitutionnelle et ne pas démentir la modération qu'ils ont montrée dans ces derniers temps, ne veulent árriver que graduellement à leur but. Le plan qu'ils ont arrêté avec moi est consigné dans la note ci-jointe (13 janvier), qu'ils m'ont remise au moment de mon départ: ils ne doutent pas qu'ils n'aient l'entière approbation de Sa Majesté et de son Conseil. Ce plan est plus sage et plus modéré qu'on n'aurait osé l'espérer, et il paraît d'autant moins sujet à éprouver des difficultés aux Etats de Hollande, qu'il est conforme à ce qui s'est pratiqué autrefois, et que les partisans du Stathouder avec lesquels j'ai eu des entretiens sont unanimement convenus de la néeessité de rédiger une instruction. Elle sera probablement calquée sur celle que l'on avait donnée à Maurice; en tout cas on ne s'écartera pas des propositions que j'ai transmises à M. le Comte de Goertz. Si le Prince ne cède pas, on lui indiquera probablement un terme, et si cette démarche est encore infructueuse, on déclarera ses charges vacantes pour ce qui concerne la Province de Hollande, et on les administrera comme avant 1747, jusqu'à ce que le fils aîné du Prince ait acquis sa majorité: peut-être consentirait-on à une tutelle; et ce dernier arrangement ne pourrait être qu'agréable à Sa Majesté Prussienne, tandis qu'il ne présente aucun inconvénient par rapport à la France. Mais la question est de savoir si les Patriotes pourront suivre tranquillement l'exécution de leur plan, et si le Stathouder n'a pas un parti capable de le renverser. Les chefs du parti patriotique, interrogés sur cet article, ont témoigné n'avoir absolument aucune crainte à cet égard; et d'après tout ce que j'ai vu et entendu, je suis de leur opinion. Les patriotes ont dans ce moment-ci un point d'appui, une barrière contre le soutien des Stathouders, je veux dire la populace; ce sont les Bourgeoisies armées: aussi ai-je vu de mes yeux à Rotterdam la populace s'ameuter en faveur des partisans du Stathouder, et se tenir forcément dans l'inaction, parce que les Bourgeois armés ont pris des mesures pour la contenir. Il y a apparence que le zèle des Bourgeois va être alimenté dans la province de Hollande; car l'on doit proposer incessamment aux Etats de nommer des Commissaires pour examiner les réclamations des Bourgeois dans cette province, et leur faire justice selon leurs titres et leurs privilèges. Cette démarche amènera la révolution qui a fait l'objet d'un Mémoire que j'ai rédigé vers la fin du mois de décembre dernierGa naar voetnoot1), et dont il sera incessamment rendu compte à Sa Majesté. La France doit désirer que les Bourgeois soient satisfaits, parce que c'est le seul moyen de donner une constitution stable aux Provinces-Unies, et d'empêcher par là les révolutions Stathoudériennes. Jusqu'à présent la | |||||||||||||
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République a été à la merci de ses Stathouders, et le Stathouder actuel, malgré sa maladresse et toutes ses fautes, auraît pû opérer aussi facilement que ses prédécesseurs, une révolution en sa faveur s'il eût eu le courage de l'entreprendre. Or je crois pouvoir affirmer que l'effet immédiat d'une telle révolution aurait été l'anéantissement de notre alliance; et je ne crains pas d'ajouter que dans tous les cas où le Stathouder actuel rétablirait son ancienne influence, il ne l'emploierait que pour nuire, au moins sourdement, à la France, et rendre l'alliance illusoire. En partant de cette vérité qui est fondée sur une expérience constante, il est évident que nous ne pouvons qu'applaudir secrètement au parti extravagant qu'a pris M. le Prince de Nassau de rejeter les propositions conciliatoires que je lui avais fait parvenir. Ces propositions ont produit un double effet également avantageux. 1o. Elles ont dégagé le Roi vis-à-vis du Roi de Prusse; 2o. Elles ont procuré aux Patriotes la liberté d'agir à l'égard du Stathouder selon les intérêts de leur patrie, sans que l'on puisse, comme on l'a fait jusqu'à présent, les accuser d'oppression et de persécution. Plus ils restreindront l'influence de ce Prince, plus ils serviront la France: nous ne sommes donc pas dans le cas de les contenir: nous n'avons autre chose à désirer, sinon que leur conduite soit légale et exactement calculée d'après les circonstances. Malheureusement la division occasionnée par le Stathouder n'est pas le seul mal qui tourmente la République, la zizanie s'est mise entre plusieurs Provinces: je ne nommerai que celles de Hollande, de Frise et d'Utrecht: elle est extrème entre les deux premières: mais j'étais parvenu à établir une correspondance indirecte avec le boute-feu de la Province de FriseGa naar voetnoot1); j'avais établi avec lui le germe d'un rapprochement, et la dernière dépêche de l'Ambassadeur du Roi prouve qu'il a commencé à fructifierGa naar voetnoot2). | |||||||||||||
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Il en est de même avec la Province d'Utrecht. J'ai eu chez M. le Marquis de St. Simon, en revenant de la Haye, des entretiens séparés avec des membres de la nouvelle Régence d'Utrecht, et avec cinq membres du Corps de la NoblesseGa naar voetnoot1). Je crois avoir établi chez les uns et chez les autres la nécessité de la modération et de la conciliation. Je pense qu'il est de l'intérêt comme de la bienfaisance du Roi de ramener dans la bonne voie les deux Provinces que je viens de nommer, et de donner pour cet effet des instructions précises à son Ambassadeur: il trouvera des moyens d'agir avec efficacité sans compromettre le nom de Sa Majesté. En réfléchissant sérieusement sur l'état actuel des choses, il semble que le Roi ne peut qu'applaudir au système et au plan des patriotes, parce que, s'ils parviennent à l'établir, ils consolideront l'alliance subsistante entre Sa Majesté et la République en la soustrayant à l'influence malveillante du Stathouder, et que nous devons employer toute la notre pour empêcher que ce Prince ne réussisse de nouveau à se rendre le maître de la République: sans doute la marche à suivre pour remplir cet objet est bien difficile dans un Pays où la Constitution est aussi compliquée que les affections sont différentes: cependant elle n'est riens moins qu'impossible; et son efficacité dépendra essentiellement de la sagesse et de l'activité de l'Ambassadeur du Roi: mais dans ce moment actuel il ne peut faire que des demarches et des insinuations confidentielles, dont l'objet doit être de raffermir les patriotes dans le système modéré et constitutionnel qu'ils viennent d'adopter et de faire sentir, s'il est possible, à leurs antagonistes la nécessité de concourir enfin avec eux au salut de leur patrie commune. J'ose prédire que si l'on parvient à ramener les Provinces de Frise et d'Utrecht, l'influence Stathoudérienne sera rendue nulle sans retour, et l'on aura expulsé de la Hollande le seul ennemi que la France y ait eu depuis l'avénement de Guillaume III. Mais quelque mesurée que doive être, quant à présent, la conduite de l'Ambassadeur du Roi, il semble qu'il est nécessaire qu'il soit autorisé à assurer, en toute occasion, les Patriotes de la bienveillance et de la protection de Sa Majesté. Cette assurance les fortifiera et les affermira dans la résolution qu'ils ont prise de rétablir l'indépendance intérieure de la République; elle aura outre cela l'avantage de fournir aux Patriotes des moyens pour arrêter les intrigues que le Prince Stathouder et ses adhérents poursuivent sûrement dans la vue de culbuter le parti patriotique par une révolution, on pour maintenir, à quelque prix que ce puisse être, la zizanie dont ils sont les auteurs. | |||||||||||||
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7. - Mr. C.W. Visscher, tweede pensionaris van Amsterdam, a.a.n AbbemaGa naar voetnoot1). - 18 Februari 1787.Klacht hoe schandelijk Van Berckel en hij bedrogen zijn, door de onverwachte verschijning van Beels, Alewijn en Lampsins: .... Beels heeft niets te zeggen, Alewijn en Lampsins regeeren hem despoticq en hij volgt blindelings hun raad zonder ons in het allerminst te consulteeren. De consulenten die de Heeren Alewijn en Lampsins gebruiken, en ik mag wel lijden dat ge dit openlijk aan de geheele waereld zegt, zijn de Ridder Bentink, een kwade Jonge, die brilleert door het doen van harangues in de antidotaleGa naar voetnoot2) societeit te Rotterdam en alhier zig van tijd tot tijd bij het canaille op de Geest vertoond, en dan de pensionarisGa naar voetnoot3) Emants; het een en ander heb ik rondelijk aan Beels gezegd en doen zien. Hij convenieerde daar wel van, en disapprobeerde zulks, maar blijft nogtans met die twee borsten heulen. Onze drie fraaye luiden willen nergens naar hooren, waagen de eerlijkste staatsleden aan vernieling en moord, en zullen mogelijk met Bentink en Emants in den vuist lagchen als wij naar het Groene Zootje gesleept worden. De Rhijngraaf heeft 's avonds al eens of meer aanval geleeden, zoo dat ze hem met steenen begroet en den hoed van de kop gesmeeten hebben, en evenwel willen de Heeren misschien juist daarom de vermeerdering van het Haagse Garnisoen met de eenige troupes die wij vertrouwen kunnen, niet permitteeren.... | |||||||||||||
8. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot4). - 13 Maart 1787. (Secret).Verslag van zijn bezoek aan den Prins en de Prinses te Nijmegen: I found them perfectly united in their political principles and differring in no one essential point relative to their political conduct. My main object was to make them understand, clearly, the degree of support they might eventually expect to receive from my Court, to prevent their hoping for a great deal, or their despairing to obtain any at all. I assured them ‘that my Court was disposed to contribute to reestablish His Highness in the full enjoyment of his Prerogatives and to restore the Republic to its antient splendor by every means compatible with the forms of our Constitution, and which might not, in the event, tend to expose England to depart from that system of Peace and Repose which so wisely, and necessarily, made the Basis of her present conduct. That I was convinced from the Candor of Their Highnesses, they could not espect we could do more, and I flattered myself they would give me credit for what I said, and not suppose we were inclined to do less.’ - The Conversation then | |||||||||||||
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turned on the situation of affairs in general. The conclusion was that the Prince should protest against the Instructions preparing for him in Holland, as inconstitutional and superfluous, and that he should persevere in maintaining his Rights, even though it should drive him entirely out of the Republic. Besides this it was resolved that the Stadholder should strain every nerve to give consistency and numbers to his party; that he should be less cautious of appearing at the head of his friends than hitherto, and that no pains should be spared to get the Association signed by as many, and as soon, as possible. Dit verslag wordt vervolgd bij dépèche van 16 Maart 1787 (secret): The Prince seems determined to correct that negligence and inattention which prevailed in the several parts of the public administration under his direction, and the excellent choice he has made in appointing Mons. van Citters to be his secretary, and the full powers he has given this respectable and able man, proves that His Highness is in earnest. In speaking to me on this subject the Prince said ‘that accustomed by the Duke Lewis of Brunswick for twelve years running to do nothing, and having all his work done for him, he could not now bring himself to give that application to Business he ought to do, and that even if he should apply, the want of habit and method prevented him from working with accuracy or expedition. That the infamous libels of the patriots had rendered him an object of hatred, contempt and apprehension to a people he loved, and who, for ages, had loved him and his family; that during his lifetime he expected nothing but a series of misfortune and distress, to which the had made up his mind.’ He ended by saying: ‘ma personne est une véritable pierre d'achoppement; si vous voulez que les affaires se remettent, assommez-moi, en trois mois mon fils sera plus puissant que je n'ai jamais été ou que je désire d'être.’ He said his Oath to the States, of which he declared, under every circumstance, he would be a religious observer, tied him up from employing the same means his adversaries did not hesitate to put in practice, - and that whilst they abstained from an open attack on his Person, he neither could, or would, make use of the force he had at his orders, but he added: ‘Should they ever venture to proceed to extremities, and to begin a civil war, they shall, then, see I am less unworthy the high name I bear, than they are disposed to think I am, and I will, then, either recover my Rights, or die in defending them.’ In regard to the Princess, I found her calm and composed, but visibly impressed with a deep melancholy from the failure of the hopes she entertained on her Brother's coming to the Throne. She, however, by no means delivered herself up to despair, nor, altered as her situation was from the time I saw her lastGa naar voetnoot1), did Her Royal Highness seem to think it less her Duty to bear up with fortitude against it. Her chief Reliance | |||||||||||||
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was on what might be done within the Republic itself. On this principle she was a warm advocate for the Association which she considered as the Basis on which every measure of support must rest. | |||||||||||||
9. - ‘Plan de Conciliation.’ - 17 mars 1787Ga naar voetnoot1). -Les deux Cours de France et de Prusse sont d'accord qu'il est de leur intérêt commun et égal, de rétablir et de conserver la harmonie et la tranquillité dans les Provinces Unies des Pays-Bas, qui a été si malheureusement interrompue depuis quelque tems. Les deux Cours sentent également et il est reconnu assez généralement dans les Provinces Unies mêmes, que non seulement la justice, mais aussi l'interêt et le bien-être de ces Provinces exigent de conserver le Stadhouderat héréditairement dans la famille des Princes d'Orange et de Nassau. Les opinions n'y sont partagées que sur les bornes du pouvoir, que le Stadhouder, Capitaine et Amiral général doit exercer dans chaque Province selon les constitutions différentes, et c'est de cette grande différence d'opinions que sont résultées ces divisions malheureuses et extrèmes, qui regnent à présent dans quelques Provinces. Les Cours de France et de Prusse ont taché de lever cette désunion et de rétablir l'harmonie par leur médiation et par l'envoi du Comte de Goertz et du Sr. de Rayneval en Hollande. La négociation, que ces deux Ministres ont entamée, a été infructueuse parce que les deux parties n'ont pas eu le tems de convenir de principes fixes, ni de les digérer et discuter suffisamment, et elle a été interrompue par le depart subit du Sr. de Rayneval. Cependant il paroit que dans les dispositions, où se trouvent les deux Cours, la négociation pourroit être renouée, si elles pouvoient convenir entre elles et faire agréer aux deux parties la base d'une conciliation sincère fondée sur la justice et sur leur interêt égal et réciproque, et qu'ensuite les deux Cours garantissent aux deux parties l'exécution des points, dont on seroit convenu et qu'elles fassent coopérer par les conseils, l'intervention ou la médiation de leurs ministres résidants à la Haye à l'arrangement juste et definitif des differents qui peuvent exister entre le Prince Stadhouder et les Etats de chaque Province. Il semble que cette base d'un projet de conciliation et d'accommodement préliminaire et provisionel pourroit rouler et être établie sur les points suivans:
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Il semble, que ces cinq points sont fondés sur la justice la plus exacte et sur une égalité parfaite et réciproque; qu'ils épuisent et absorbent les objets essentiels des différents, qui partagent actuellement les Provinces Unies; qu'ils peuvent être accordés par l'une et par l'autre partie sans aucun préjudice; qu'ils ne sauroient être refusés sans iniquité; que les deux Cours peuvent les garantir sans déroger à leurs intérêts et principes et qu'ils pourront ensuite servir de base à une négociation ultérieure à entamer et à poursuivre à la Haye et dans les Provinces, et à fonder là-dessus un accommodement particulier dans chaque Province, et général dans la totalité de la conféderation. | |||||||||||||
10. - ‘Considérations sur les moyens de pacifier les troubles dans la République des Provinces-Unies’).Ga naar voetnoot1) -On supplie la Cour de Berlin de commencer par consulter bien sérieusement ses vrais intérêts, avant de reprendre une négociation qui ne seroit d'aucun fruit si ceux-ci ne lui permettoient pas de convaincre la France que la Prusse est fermement résolue d'employer tous les moyens convenables de faire rendre justice au Stadhouder, de sauver les Provinces de toute oppression et de prévenir la dissolution de la République. - Ce n'est pas à nous à nous prononcer là dessus, mais l'on ne peut se dispenser d'observer qu'une seconde négociation infructueuse avec la France, sur le même objet, compromettroit la gloire du Roi, et bien loin de servir notre cause, achèveroit de la perdre. Cette considération importante (si l'on ose le dire) pour les deux païs, savoir pour la Prusse et pour les Provinccs Unies, nous porte à l'envisager comme un point préliminaire qui doit diriger la conduite future, et montrer ce que nous avons à attendre des Cours qui veulent bien s'occuper de nos affaires. Dans le cas que les intérêts de la Prusse lui dicteroient un langage, non point menaçant (c'est ce que l'on ne demande pas) mais ferme et décidé à la France, Elle devroit d'abord insister sur la nécessité, pour travailler avec succès au rétablissement de la tranquillité dans la République, que les deux Cours fassent conjointement l'offre de leur médiation à l'Etat. Il seroit infiniment préférable d'amener de cette manière une négociation ouverte, avec des personnes connuës et avouées par les Souverains respectifs, que ces négociations mystérieuses, par des canaux obscurs et avec des Etres inconnus, auxquels le Cabinet de Versailles paroit donner la préférance. Mais pour atteindre son but par l'offre de la médiation des deux Cours, il seroit essentiel que l'on ait quelque certitude que la Province d'Hollande ne la rejetteroit pas, comme elle a rejettée jusqu'ici l'intervention de la Prusse, et même les offres amicales des autres Confédérés pour le rétablissement de la bonne harmonie dans son intérieur. Ce | |||||||||||||
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seroit à la France à effectuer ce point; le zèle et la sincerité qu'elle y mettroit, montreroit si de bonne foi elle veut rétablir la paix dans la République. Si Elle s'y refuse et prétexte qu'Elle ne peut y engager ses amis, toute la négociation tombe et devient inutile, car comment pourroit-on se flatter de plus de succès sur les autres objets, si ce point capital ne peut être obtenu? Ne seroit-il pas manifeste que les Chefs de la Cabale en Hollande ne veulent point y remettre le calme, et cherchent seulement à profiter de ces négociations pour assurer leur despotisme et imposer la loi aux autres Provinces? Il seroit absurde d'ailleurs, de vouloir entrer avec la Hollande dans des négociations sur les moyens de faire cesser les troubles dans ces Provinces tandis qu'on laisseroit subsister chez elle le foyer de la discorde, qui porte le feu partout et en est la cause principale. Mais, suposé que la Hollande accepte l'offre de la médiation des deux Cours, on croit pouvoir garantir qu'elle seroit également acceptée des six autres Provinces. Cette médiation ne devroit d'ailleurs compromettre en rien, non seulement l'indépendance de l'Etat en général, mais aussi celle de chaque Province souveraine en particulier. Elle ne rouleroit ainsi que sur des points effectivement en dispute, et par raport aux confédérés chez lesquels la tranquillité publique est en effet troublée. On sentira qu'on a ici en vue la Gueldre qui ne peut être engagée à accepter la médiation qu'autant qu'elle concerne tout l'Etat, mais nullement cette Province en particulier, parce que tout y est tranquille et qu'ainsi il implique contradiction qu'il puisse y être question de médiation. Il n'en est pas de même de la Province d'Utrecht, ni de l'Overyssel, ni surtout de la Hollande. Quand la médiation seroit agréée de tous les Confédérés, que les Etats Généraux avoient nommé des Députés pour conférer avec les Ministres que les deux Cours trouveroient bon de choisir, et qu'il auroit été décidé que le Prince nommeroit aussi quelques personnes de confiance chargées de traiter ses intérêts et ceux de sa maison, ce seroit alors le moment de présenter sous main un plan de conciliation, et de fixer les points principaux qui devroient être discutés, mais avant ce tems on croiroit déplacé et dangereux de s'ouvrir sur ces objets vis à vis de la Cour de France; on ne fait pas difficulté cependant de confier à la Cour de Berlin quelques considérations qui pourroient faire matières des délibérations, persuadé que cette Cour n'en fera qu'un usage très prudent pour autant que cela pourroit venir à propos avant que les choses auroient été amenées au point qu'on le dit cy-dessus. On fera d'abord trois observations préalables:
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Une discussion sur les bornes de l'aristocratie et de la démocratie nous mèneroit trop loin, et n'est pas directement de notre ressort, quoiqu'elle devroit faire naturellement l'objet de l'examen des Cours médiateurs. Nous ne parlerons ici que de ce que concerne le Stadhouder. Pour que celui-ci puisse rentrer avec honneur en activité dans l'exercice de ses charges, on comprend qu'il faudroit avant tout relever la suspension du Capitaine General d'Hollande, et cela sans restriction, de la manière que cela est dit dans le plan de conciliation. Ce premier pas de fait, et le Prince de retour à la Haye, ne se refuseroit certainement pas à entrer en conférence avec les membres du Gouvernement de la Province de Hollande sur les arrangemens qui pourroient être utiles et avantageux à cette Province. Il y a plusieurs points qui pourroient être discutés, et sur lesquels le Prince seroit aussi coulant que le bien de la patrie le lui permettroit, abstraction faite de son intérêt particulier. Ces points sont: 1o. Un bon arrangement sur la jurisdiction militaire. La Hollande a aboli ce que existoit à cet égard, mais n'a rien mis à la place, cependant il est essentiel que cela soit reglé sur un pied équitable et conforme au bien du service de l'Etat. - 2o. Une déclaration par raport aux lettres de recommandation du Prince pour la nomination des Regens des Villes d'Hollande. Ceci n'étoit pas un droit, mais un usage qui a été aboli sans que le Prince y ait formellement renoncé; il pouroit s'expliquer là dessus d'une manière satisfaisante pour les Régens. - 3o. Les emplois civils à la disposition des Collèges des Amirautés et des Conseillers Députés de la Hollande. Ces Collèges à la tête desquels le Prince se trouve placé lui avoient déféré la nomination de ces emplois; résolution qu'ils ont jugé à propos de révoquer il y a une couple d'années: il seroit possible peut être de régler ce point d'une façon qui pourroit contenter touts les partis. - 4o. La réclamation de quelques villes d'Hollande, en vertu d'anciens priviléges, contre le droit d'élection du Prince. Les Etats, sans décider ces questions, ont commencé par suspendre l'exercice du droit qu'ils ont pris en attendant à eux; ceci pourroit être soumis à la décision d'une Cour de Justice, ou d'autres arbitres agréables aux deux partis. - On pourroit encore nommer un 5me point auquel le Prince ne feroit pas difficulté de se prêter, mais qui ne pourroit entrer en considération que pour autant que les Régens le jugeroient eux-mêmes nécessaire: ce seroit d'accorder aux Bourgeois le droit de contribuer à la nomination de quelques Régens. On sent toutes les difficultés de ceci, et tout le danger d'introduire cette nouveauté qui n'a jamais existé en Hollande, et qui sûrement peut entrainer des suites fûcheuses; on en fait seulement mention ici, pour montrer que le Prince pour son intérêt particulier ne se refuseroit point à une chose agréable à la Bourgeoisie, et que les difficultés qu'il feroit ne seroient que pour autant que cela seroit jugé nuisible à la République et préjudiciable aux Régens. | |||||||||||||
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Tels seroient les points qui concernent l'intérieur de la Hollande sur lesquels le Prince pourroit entrer en conférence. On n'y a pas parlé de modifications sur le droit du commandement à la Haye, ni des instructions à former pour les trois dignités du Prince, ni de nomination aux emplois militaires, parce que l'on ne peut admettre aucun changement sur ces objets, sans nuire essentiellement aux droits du Prince et au bien-être de l'Etat. Par la même raison on ne parle point du droit des patentes, qui concerne principalement toute l'Union, et devroit ainsi être discuté à la Généralité. On ne peut pas admettre non plus un engagement de la part du Prince qui concerneroit le changement des Reglemens dans les Provinces de Gueldre, d'Utrecht et d'Overyssel. Quant à l'article 5me du plan de conciliation qui concerne la Gueldre, on aura déjà aperçu par ce qui a précédé qu'on ne peut l'admettre; on ne peut exiger que les Etats de cette Province retirent les troupes de Hattem et Elburg et exposent leur Province à de nouveaux désordres, en donnant l'impunité à ceux qui les ont causés; ils n'y consentiroient certainement pas, et ce seroit attaquer leur indépendance que de vouloir les y obliger. | |||||||||||||
11. - ‘Observations ultérieures sur les moyens de pacifier les troubles dans la République des Provinces-Unies’Ga naar voetnoot1). -On met pour premier préliminaire dans les ‘Considérations sur les moyens de pacifier les troubles dans la République des Provinces-Unies’, que la Prusse doit convaincre la Cour de France, qu'elle est fermement résolue d'employer tous les moyens convenables de faire rendre justice au Stadhouder, et de sauver les Provinces Unies de toute oppression. On ne sauroit douter de l'intérêt tendre et sincère que le Roi prend au sort du Prince Stadhouder et de S.A.R. Son auguste soeur, ainsi qu'à la conservation de la maison d'Orange. Il a témoigné et il continue de témoigner cet intérêt à la Cour de France, et il peut se flatter de l'amitié et des égards de cette Cour, qu'elle ne lui refusera pas sa demande de concourir à faire accepter un plan de Conciliation juste et équitable. Le Roi en a fait esquisser un selon la connoissance des affaires d'Hollande qu'on peut avoir ici, et l'a fait communiquer au Prince d'Orange. Si ce Plan n'est pas regardé comme suffisant ou admissible, S.M. croit devoir attendre que le Prince d'Orange veuille lui fournir un autre Plan de conciliation, qui puisse être proposé avec une espérance de succès. Elle pourroit faire passer un pareil Plan à la Cour de France, l'appuyer de son crédit, et réclamer l'amitié de cette Cour, pour qu'elle s'employe avec la Prusse pour le faire agréer au parti prépondérant dans la République. Le langage qu'on demande dans les ‘Considérations’, quoique l'on dit ne devoir pas être menaçant, seroit regardé comme tel par cette Cour; il blesseroit sa dignité et compromettroit celle du Roi; il nuiroit par là aux vrais intérêts de la maison d'Orange, et n'est donc pas admissible. Que cette | |||||||||||||
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illustre maison examine sa situation et celle de la République, dont le Prince est citoyen. Cette situation et sa qualité de citoyen lui parleront pour son propre intérêt et pour celui de sa patrie, pour accepter les moyens que lui offre l'amitié du Roi d'une interveution amicale, comme le seul moyen qui lui reste pour sa propre conservation et pour celle de la République. On doit considérer l'état où sont les choses, et non partir, quand il s'agit d'un accommodement, de celui où on se trouvoit avant les troubles. Si la maison d'Orange se refuse à l'intervention amicale du Roi, et qu'elle en veut une différente, qu'il ne peut lui accorder, elle ne peut pas se dissimuler qu'elle ne sauroit plus avoir d'autre espoir pour rétablir ses affaires, qu'une révolution, qui ne sauroit avoir lieu que par une guerre civile, moyen le plus dangereux pour la maison d'Orange même, où elle risqueroit de tout perdre, de faire le malheur de la République entière, où elle ne sauroit se promettre, vu l'état présent de l'Europe, aucun appui étranger, tandis que le parti contraire pourroit sûrement en cas de besoin se flatter de celui de la France, lequel, si d'autres Puissances voudroient s'en mêler, entraineroit sans faute l'intervention de l'Empereur et ensuite une guerre générale. La France ne manqueroit sûrement pas de soutenir efficacement son parti selon les principes de sa dignité et de son intérêt qu'elle a une fois adoptés. Toutes ces raisons doivent être plus que suffisantes pour engager le Prince Stadhouder à ne pas refuser de fournir un Plan de conciliation qui soit posé sur des principes équitables et analogues à sa situation présente. Ce Plan est nécessaire encore pour se sauver du reproche qu'on lui fait, qu'il se cabre contre tout arrangement, toute conciliation, et pour n'avoir point à sa charge d'être par son inflexibilité la cause des malheurs inévitables qu'éprouveroit sa patrie dans une guerre civile. On demande pour second préliminaire dans les Considérations: que les deux Cours fassent conjointement l'offre de leur médiation à la République. Il n'est pas probable d'après les principes trop connus de la partie adverse, que cette offre d'une médiation ouverte puisse être reçue; il n'est pas probable que la France se regardant comme l'alliée de la République, puisse condescendre à la faire, surtout conjointement avec une autre Puissance étrangère, qui n'a pas ce titre d'allié; la considération que la Cour de Londres y voudroit être mêlée aussi, ne le lui permettroit pas; ainsi c'est une chose qu'on ne peut pas se flatter d'obtenir; elle n'est donc pas à demander. La médiation des autres confédérés, seroit plus constitutionelle et par là moins propre à être refusée; mais elle devient également désavantageuse par deux considérations. La première: cette médiation seroit bonne s'il n'y avoit qu'une Province qui en eut besoin, mais toutes à l'exception de la Zéelande, peut-être de la Frise, se trouvent dans le même cas: les provinces d'Utrecht, d'Over-Yssel, Groningue, et la Hollande même, en ont le plus grand besoin. Elles demandent des changemens dans la forme de Gouvernement et voyent dans leur sein les citoyens armés les uns contre les autres, et une lutte ouverte entre le parti aristocratique et démocratique. Quoique la majeure partie de la Province de Gueldre | |||||||||||||
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soit pour le maintien du Gouvernement actuel, ceux qui réclament un changement ne sont pourtant pas en petit nombre, et on sera tôt ou tard obligé d'y venir. On connoit assez ceux qui pourroient être nommés commissaires de la pluspart des provinces, et il n'est pas douteux que la pluspart seroit contre la maison d'Orange, de sorte qu'une pareille médiation, loin d'être avantageuse, pourroit devenir dangereuse. Par toutes ces raisons combinées, il paroit indispensable et urgent, d'adopter le plan qui a été communiqué, avec des modifications convenables, ou d'en présenter un au Roi, qui soit tel qu'il puisse se charger de le présenter à la France et de lui accorder un appui pressant. C'est au Prince et aux personnes qui sont au fait de la constitution compliquée de la République à le fournir. C'est sur la base d'un Plan pareil analogue aux circonstances, qu'on peut espérer de négocier tant avec la France qu'avec ses adhérens. Cette Cour le demande; après que ses propositions ont été rejettées, elle ne veut plus en mettre en avant, mais elle attend, et non sans raison, que le Prince en fasse de son côté. Elle dit ne pouvoir plus attendre longtems, et qu'elle ne pouvoit pas empêcher ses partisans de prendre leurs mesures ct de profiter de leur situation, si on ne se pressoit pas à fournir les moyens d'une nouvelle négociation. Il paroit donc que l'intérêt du Prince exige de profiter sans perte de tems de toutes ces dispositions, qui peuvent encore amener une conciliation, avant que le tems et l'occasion en soit passé. Si l'on continue à laisser les affaires en suspens, il est naturel que les patriotes ne se voyant plus retenus par la France, ni par aucune autre considération, profiteront de leur supériorité actuelle, et porteront les derniers coups au Stadhoudérat, du moins dans la province d'Hollande, soit en l'abolissant entièrement, soit en le réduisant aux bornes les plus étroites par des restrictions arbitraires. Comme il n'y a donc pas la moindre apparence, que le Prince puisse parvenir à traiter avec ses adversaires, qui se regardent comme ses souverains, dans cette égalité, ou par une médiation des deux Cours, comme l'une et l'autre est supposée dans les Considérations; il semble qu'il doit en bonne politique tacher d'y parvenir d'une manière indirecte en leur faisant agréer par la Cour de France un plan de conciliation général, tel que le Roi l'a proposé, ou que le Prince voudra le modifier d'une manière acceptable en leur faisant espérer par les points généraux qui y sont établis et qui ne derogent pourtant pat à l'essence du Stadhoudérat, qu'il veut sincerement s'arranger avec eux avec certaines modifications de l'ancienne Constitution, afin que par ce moyen il puisse retourner à la Haye et rentrer dans le commandement et dans l'activité du Stadhouderat. Quand il sera parvenu à ce but, et qu'on aura ainsi jetté la base générale d'un accommodement, c'est alors que le Prince pourra traiter tant avec les Etats de Hollande, qu'avec ceux des autres Provinces sur les points litigieux, et il le fera alors sûrement avec plus de succès, que s'il voulait les discuter d'avance, et avant d'être convenu d'un plan de conciliation général. On portera plutôt la Cour de France à cette marche, qu'elle exige elle-même, et quand on lui aura présenté ce Plan quelconque, elle | |||||||||||||
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ne voudra et ne pourra plus se refuser de travailler à le faire accepter et à entamer une nouvelle négociation d'accommodement, qui est absolument nécessaire et toujours préférable à l'état présent d'indécision et d'anarchie. Après avoir ainsi démontré la necessité de cette nouvelle négociation et d'un accommodement général et préalable d'après un Plan propre à être agréé, on pourroit se dispenser d'entrer dans le détail des points, que le Prince aura à discuter ensuite avec les différentes Provinces; cependant comme il en a été fait mention dans les Considérations, on dira en gros ce qu'on en pense ici. Il ne s'agit sans doute pas uniquement, comme il est observé dans les Considérations, des disputes entre les Etats et le Stadhouder, mais aussi de celles entre les aristocrates et les démocrates. Dans la situation où sont les choses, il est indispensable d'avoir égard aux demandes du peuple et des démocrates; c'est la plus grande politique d'un Stadhouder, qui a toujours été l'ami du peuple, qui a de tout tems été soutenu par lui, qui n'aura de grande influence que quand il sera appuyé par la nation; c'est pourquoi il doit se montrer favorable au parti démocrate et ne pas laisser soupçonner qu'il veuille l'opprimer et se mettre du parti aristocratique constamment contraire au Stadhoudérat. Le Stadhouder a à reclamer dans ses trois differentes qualités de Stadhouder, de Capitaine général et d'Amiral, la conservation des prérogatives que les Etats lui ont accordées héréditairement par des diplomes, commissions et résolutions formelles. Il y aura bien moyen de les lui conserver pour l'essentiel; mais s'il y avoit aussi quelque modification à faire pour l'une on pour l'autre Province, comme on en a fait dans toutes les constitutions et toutes les affaires du monde, il semble que le Prince doit s'en relacher aussi, pour conserver le principal et sauver la patrie par quelques sacrifices, comme les plus grands Princes l'ont fait dans des occasions pareilles. Le grand pouvoir du Stadhouder dépend principalement de son habileté, de son activité et de sa conduite, qui lui assure la popularité et la confiance de la nation. Par ce moyen il obtiendra toujours plus que par des diplomes quelconques. Telle est l'origine de plusieurs prérogatives, dont par la bonté du Prince quelques personnes ont abusé. Comme on réclame à présent contre ces abus, il n'y a point de titre à les soutenir, et la prudence exige d'y renoncer. On est d'accord dans le Plan et dans les Considérations sur la necessité de faire lever la suspension du Capitaine général d'Hollande, ainsi que du rétablissement du commandement de la Haye, dans lequel on croit pourtant pouvoir admettre la modification legère proposée par la ville d'Amsterdam l'année dernière. Ces points obtenus, le Prince pourroit retourner à la Haye, et entrer ensuite en conférence avec les Etats de la Province d'Hollande sur les moyens d'arranger les différends particuliers de cette Province. On ne nomme que cinq points, sur lesquels on fait sentir seulement, qu'on pourroit être coulant. Il semble, que vu les circonstances on pourroit et devroit l'être un peu plus. Pour le premier point, la jurisdiction militaire, on ne devroit pas réveiller ce point comme une condition. | |||||||||||||
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Ce seroit rappeller le haut Conseil de guerre, que les Etats comme Souverains ont aboli; mais l'harmonie une fois rétablie, le Stadhouder pourra par son influence y faire substituer un autre arrangement convenable pour le bien public.
5me point, celui d'accorder aux bourgeois la nomination des Regens, est d'une nature, que le Prince pour son intérêt doit plutôt y contribuer que s'y opposer, parce que c'est le moyen le plus efficace pour ramener le calme, et pour assurer à sa maison la conservation de son existance dans la République, parce qu'il gagneroit par là seul les Corps francs et les bourgeoisies armées. Il y a du danger à introduire cette nouveauté, mais il y en a encore plus, vu l'état présent des choses, à s'y opposer, et le grand danger pour l'introduction de cette nouveauté est plutôt pour les Regens, qui ont toujours été opposés au Stadhoudérat, dont le peuple ne sauroit se passer et qu'il ne sauroit abandonner. Quant aux instructions dont on est occupé en Hollande pour les trois dignités du Prince, c'est sans doute une démarche dangereuse pour les prérogatives de la maison d'Orange dans la Republique, mais on ne peut pas dire qu'elle soit contre la Constitution. Depuis Guillaume I tous les Princes d'Orange ont été menacés d'une instruction, qui fixe les limites de leur pouvoir, et ils ont employé toujours toute leur adresse et influence pour l'éluder, mais cela prouve même, que de droit ils ne l'auroient pas pu. C'est donc cette même conduite que doit tenir le Prince d'à présent, et se hâter d'en venir à un accommodement pour empêcher qu'on ne vienne à achever cette instruction et à lui donner la sanction du Souverain. Sur le droit des Patentes le Prince s'est declaré d'une manière satisfaisante dans un mémoire qu'il a fait passer par la Cour de Berlin à celle de France au mois d'octobre dernier, et on croit qu'on voudra maintenant n'en pas revenir. Pour ce qui regarde enfin le changement des Reglemens dans les Provinces qui en ont, il paroit de nouveau, que le Prince ne veut pas s'en expliquer, ce qui paroit pourtant indispensable, si l'on veut parvenir à un plan de conciliation qui puisse être accepté, et on ne voit pas comment cela pourra être évité dans l'état présent des choses. La situation dans laquelle se trouve la province d'Utrecht est telle qu'il est impossible de la pacifier et d'y rétablir le bon ordre sans que le Prince souscrive à des changemens. Que lui coûteroit donc l'aveu qu'il a déjà fait en nommant des commissaires? La Province d'Over-Yssel est également dans le même cas; la lettre est écrite, les commissaires sont nommés. Il n'y a | |||||||||||||
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dons plus que la Province de Gueldre. Dans celle-ci il y a un parti assez considérable, on ne peut se le dissimuler, qui les demande. Les plus moderés en désirent et seroient prêts d'entrer avec le Prince dans les mesures pour en faire, qui en conservant au Stadhouder ses prérogatives essentielles, contribuassent au soulagement et au bien-être de la Province. Il seroit beau au Prince, de faire ces avantages dans le moment présent à cette même Province qui est si bien disposée pour sa maison. En convenir maintenant avec elle et stipuler qu'ils ne sortiroient leur effet que lorsque les Etats le jugeroient convenable, cette démarche ne pourroit-elle pas être adoptée et ne pourroit-elle pas servir pour une preuve convaincante des vraies dispositions pour une conciliation? On a cru devoir exposer avec franchise ces observations ultérieures, pour faire voir que le Plan tracé dans les considérations n'est pas praticable dans les circonstances présentes, et qu'il semble indispensablement nécessaire que le Prince d'Orange n'abandonne pas plus longtemps ses affaires au hazard dangereux des événemens, mais qu'il s'empresse plutôt et ne diffère pas plus longtems, ou d'adopter le Plan de conciliation général que le Roi lui a fait communiquer et qui du moins ne peut lui porter aucun préjudice, ou d'en fournir un autre, qui puisse être proposé par la Cour de Prusse à celle de France avec espérance de succès, afin qu'on puisse entamer une nouvelle négociation, contenter par là la Cour de France, l'empêcher de s'impatienter, et l'engager plutôt à arrêter les entreprises ultérieures des ennemis du Stadhoudérat, et que par ces moyens combinés on parvienne à jetter peu à peu la base d'un accommodement général et supportable pour les intérêts de la maison d'Orange et pour la tranquillité et le bien-être de toute la République des Provinces Unies. | |||||||||||||
12. - Thulemeyer aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 6 Februari 1787. -Il est certain que le refus des chefs des corps francs de souscrire à la demande des Pensionnaires pour la suspension du Prince en sa qualité de Stadhouder de la Province d'Hollande, n'a point été général. Le parti démocratique, au lieu de renverser la projet des patriotes, trouve fréquemment parmi eux des défenseurs très ardents. Tel est le fameux pensionnaire de Dordrecht, le Sr. Gijzelaer, et un autre de Harlem, nommé Van de Casteele. Le Comte de Goertz m'a communiqué pendant son séjour à la Haye les insinuations que le Sr. Chomel lui avoit faites au nom de quelques membres de l'association armée d'Amsterdam, et la manière sage et prudente dont il avoit repliqué à ces propositions souvent insidieuses et défavorables au bien-être de la maison d'Orange. Instruit depuis le départ du Comte | |||||||||||||
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de Goertz pour Nimègue que le consul de V.M. ne cesse de négocier avec la plus grande activité, et que son associé le Sr. Schimmelpenning, le compagnon fidèle de ses courses, avoit signé une Requête tendante à expulser les Régents bien intentionnés d'Amsterdam, en particulier les Sieurs Rendorp et Dedel, j'ai exigé du Sr. Chomel des éclaircissements satisfaisants à l'égard d'une conduite aussi déplacée et aussi nuisible à la bonne cause. Un refus constant qu'il a voulu pallier par un prétendu engagement de garder le secret sur le fond de la négociation a été la seule réponse que j'aye pu obtenir. Il n'échappera pas aux lumières de Votre Ministère, Sire, que telles intrigues, indépendantes de la direction de Votre Ministre, seroient extrêment dangereuses, qu'elles indisposeroient plus ou moins les véritables amis de la maison d'Orange et me compromettroient ou m'imposeroient la nécessité indispensable de réprimer le Sr. Chomel. J'ai cru être plus autorisé que jamais d'enjoindre au consul de Votre Majesté des ménagements convenables dans des circonstances où des Régents éclairés et du premier mérite ont formé en Zélande une association pour le maintien de la Constitution actuelle en opposition de l'association armée d'Amsterdam, qui renferme dans son sein les plus grands ennemis de la maison d'Orange. Je supplie très humblement Votre Majesté de donner en conséquence des ordres au consul Chomel. | |||||||||||||
13. - Frederik Willem II aan ChomelGa naar voetnoot1). - 13 Februari 1787. -J'apprends avec surprise que vous travaillez avec certaines personnes pour faire expulser quelques-uns des régents qui ont toujours été portés pour la maison d'Orange et pour favoriser des changements dans la ville d'Amsterdam qui ne peuvent être que destructifs pour l'ancienne constitution et pour la conservation du Stadhouderat. J'avoue que j'ai attendu tout autre chose du dévouement et du zèle que vous m'avez d'ailleurs témoigné pour le service de mon Etat et de ma maison Royale. Je vous exhorte donc de revenir à ces principes, de renoncer à toutes les mesures qui sont ou pourroient être ou devenir contraires aux intérêts de la maison d'Orange et de suivre plutôt ponctuellement les directions que le Sr. de Thulemeier pourra vous donner dans la crise présente des affaires en Hollande. Si votre situation ne permet pas de les favoriser, j'espère du moins que vous ne voudrez pas les contrarier. | |||||||||||||
14. - Thulemeyer aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 20 Februari 1787. -Votre Majesté a daigné m'instruire par son rescript médiat du 13 de ce mois des ordres donnés au Sr. Chomel. J'ai fait l'impossible pour obtenir de ce consul les renseignemens nécessaires sur les intrigues secrettes dont il prétend s'occuper en faveur de la Maison d'Orange auprès de la Bourgeoisie armée d'Amsterdam, mais jusqu'à présent très inutilement. Il m'an- | |||||||||||||
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nonce à la vérité son arrivée prochaine à la Haye, mais sans l'effectuer. J'avoue qu'une telle conduite m'enbarrasse infiniment, d'autant plus qu'elle peut et doit faire soupçonner aux amis de la bonne cause, menacés de la perte de leurs places par les requêtes connus, un concert avec le ministre de Votre Majesté en Hollande. Le Sr. Chomel, intimement lié avec quelques chefs du parti prépondérant, et souvent atteint lui-même par le système patriotique de nos jours, au point d'être devenu suspect à l'auguste soeur de Votre Majesté qui ne l'a point dissimulé au Comte de Goertz, a d'autant plus besoin d'être dirigé, que dénué des notions requises sur la véritable situation des affaires, il pourroit arrêter par ses menées les démarches conciliatoires que je ne cesse de faire, en conséquence, Sire, de vos ordres médiats. Son associé l'avocat Schimmelpenning, capitaine d'une compagnie de Bourgeois à Amsterdam, s'est évertué directement à faire signer plusieurs requêtes qui ne sont nullement agréables aux partisans de la maison d'Orange. Si le Sr. Chomel est effectivement en état de faire le bien, si ses vues sont droites, et particulièrement s'il prend pour guide une réserve prudente, plus indispensable que jamais dans le moment présent, s'il me le prouve avec évidence, j'applaudirai volontiers à ses opérations. | |||||||||||||
15. - Chomel aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - Amsterdam 20 Februari 1787. -Hij beroept zich op het oordeel van Goertz, die zeker goed getuigenis van hem zal geven. J'ai eu le désagrément de me voir exposé aux reproches de quelques Régents bien intentionnés quoique leurs principes soient différents de ceux des partisans de Mgr. le Prince d'Orange; on m'a même designé dans quelques papiers publics comme un partisan secret et dangereux du Stadhoudérat, et à peu près donné l'odieux nom de traître. Le Bourguemaitre Rendorp, qui a été un des magistrats auquel on en vouloit le plus, m'a donné tout récemment une preuve de sa bienveillance, qui ne laisse certainement aucun doute sur la régularité de ma conduite, parce que la sagacité et l'activité de ce Magistrat ne permet pas de supposer qu'il ait pu ignorer la part que j'aurois eu aux projets qu'on avoit formé contre lui. | |||||||||||||
16. - Thulemeyer aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 23 Februari 1787. -Le Sr. de Chomel m'a adressé une apologie fort ample mais peu satisfaisante de sa conduite, avec l'assurance positive de renoncer à l'avenir à ses menées mystérieuses qui avec tant de raison m'ont paru réprehensibles. Il avoue actuellement lui-même que les propositions qu'il avoit hazardées auprès de la bourgeoisie Amsterdamoise, étoient inadmissibles. Le Bourggrave de Linden ne désapprouve pas moins que moi l'activité indiscrette | |||||||||||||
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du consul de Votre Majesté, et ses courses dans les villes de la Hollande pour ameuter le peuple, et m'en a témoigné son mécontentement. Son ancien associé, le Sr. Schimmelpenning, continue à prêter la main à toutes les requêtes, à toutes les mesures coërcitives qu'on ne cesse d'employer vis à vis du Magistrat d'Amsterdam, et qu'on vient de mettre en usage il y a deux jours de nouveau avec un funeste succès dans l'affaire de la légion de SalmGa naar voetnoot1). | |||||||||||||
17. - Chomel aan ThulemeyerGa naar voetnoot2). - 7 Mei 1787. -Hij handelt met de amsterdamsche burgerij als burger van de Republiek, niet als consul van Pruisen. De zaak der verzoening staat volgens hem niet kwaad: Quoi qu'on puisse vous en avoir dit à la Haye, je puis avoir l'honneur de vous assurer que cet espoir prend tous les jours plus de consistance, et que probablement il se changera bientôt en certitude. | |||||||||||||
18. - Thulemeyer aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot3). - 8 Mei 1787. -Informé que le consul Chomel continue à négocier à Amsterdam avec quelques individus de la bourgeoisie armée sous le prétexte de favoriser un rapprochement avec le Prince d'Orange, j'ai cru qu'il étoit de mon devoir de lui prescrire de s'abstenir de toute intrigue qui pourroit compromettre les intérêts de la maison d'Orange. Je lui ai enjoint une conduite entièrement passive et lui ai demandé de m'informer au moins du plan qu'il prétendoit adopter avant d'aller plus loin, afin de le mettre sous les yeux de Votre Majesté, ce qu'il n'a pas voulu faire. Des personnes d'un grand poids à Nimègue m'ont prié de lui ordonner de s'occuper uniquement des affaires mercantiles qui sont de son ressort. | |||||||||||||
19. - Vérac aan MontmorinGa naar voetnoot4). - 2 Maart 1787. -Dépêche, medegegeven aan Salm bij diens vertrek naar Parijs. - Mededeeling van het besluit van 28 Februari, om niet het legioen van Salm maar andere troepen naar den Haag te ontbieden. Nous sommes dans la minorité, ce qui soroit bien inquiétant si M. le Stadhouder avoit auprès de sa personne quelqu'un qui sut calculer les effets d'une démarche hardie, et qui eut le pouvoir de l'y déterminer, car il est certain que si M. le Stadhouder reparoitroit à la Haye, il seroit difficile de prévenir les résolutions qui pourroient se prendre en sa faveur.... Nous sommes dans une minorité dangereuse et nous pouvons en sortir en forçant un peu la mesure à Amsterdam et à Rotterdam. Faut-il employer cette ressource? et quand sera-t-il à propos de l'employer? M. van Berkel | |||||||||||||
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et quelques autres encore, comptant peut-être un peu plus que la prudence ne le demande sur ce qui vient de se passer à AmsterdamGa naar voetnoot1), sont d'avis que rien ne presse, qu'il faut s'occuper dans le moment actuel du soin de contenir les Bourgeois et de les empêcher de faire des démarches hazardées (qui selon eux nuiroient peut-être aux affaires) plustôt que de les animer et de les exciter aux révolutions. Toujours attachés aux moyens lents et aux formes constitutionnelles, ils paroissent persuadés que la majorité reparoitroit en notre faveur toutes les fois qu'il seroit question de M. le Stadhouder, et ils pensent en conséquence qu'il faut se donner le loisir de revêtir de l'apparence des formes légales les changements qu'il est nécessaire et instant d'opérer. J'avoue, Monsieur le Comte, qu'il m'est d'autant plus difficile de partager sur ce point l'opinion de nos amis, qu'elle me paroit principalement fondée sur la longue habitude qu'ils ont eue jusqu'à présent de tenir la balance entre les deux partis, et sur le regret qu'ils auroient à l'abandonner. Pour moi je vois trop clairement les inconvénients qui doivent résulter des circonstances actuelles pour ne pas trouver excessive la confiance de M. van Berkel, et je persiste à croire qu'il vaudroit mieux encore nous assurer de la majorité le plus promptement possible. | |||||||||||||
20. - Bicker aan AbbemaGa naar voetnoot2). - 1 April 1787. -.... Ik bid U mijn vriend, waar willen de zaken heen? Met al ons confereeren, delibereeren, constitutioneel handelen, raaken wij de eene stad voor, de andere na, kwijt. Over drie weeken als 't werk van Rotterdam eens ten nadeele van onze denkenswijze gedecideert is, dan krijgen zij eene volslaage meerderheid in Holland. Denkje dat zij dan zo constitutioneel zullen handelen? Wat zal haar werk zijn? Waar toe zullen haar eerste pogingen tendeeren? Niet anders als om de suspensie in te trekken, en de resolutie van 't commando den bodem in te slaan, de Prins wederom in 's Hage, en dan mogen wij wel een goed heenkomen zoeken. Loevesteyn ja erger zal onzer aller voorgrond zijn, ten minsten van die rondborstig zich hebben durven uiten. Misschien ja zou zulks stroomen bloeds kosten, maar echter als zij de meerderheid in Holland hebben zijn wij 't bijltje kwijt. De militie hier in Holland, ten belopen van circa 10.000 man, zal aan de meerderheid obedieeren.... In oprechtheid mijn Vriend, wij worden te Amsterdam in de luuren gelegd. Het gansche gedrag van onze meerderheid toont het klaar, dit is een afgesprooke werk geweest met Rhoon en Emants. En ik vrees dat van Berckel en Visscher door haar gewone goede trouw en verseekering dat zich 't werk wel van zelfs zal herstellen, dat de goede zaak doch zal boven drijven, dat de Burgerij 't wel van zelfs zal redden, te veel de zaken laaten voortdrijven. Denk er om wij hebben niet veel meer als drie weeken tijd, en dan is misschien de zaak voor altoos bedorven. De | |||||||||||||
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eene stad voor, de andere stad na valt van de goede parthij af. Gorcum is finaal verandert, en Gouda wankelt alle oogenblikken. Men moet met alle kragt werken om Amsterdam en Rotterdam goed te krijgen, anders verzeker ik Uw is de zaak voor altoos fout, en wij zullen er de sacrifice van zijn met de braave Burgers, die ons hebben zoeken te helpen, doch die wij te lang weerhouden hebben.... In Gods naam mijn Vriend, verliest geen oogenblik, ieder moment is kostelijk. Stel doch aan eenige onzer Confraters, op welke gij staat kunt maken, de zaak in al haare energie voor, en geeft mij antwoord hoe 't er mee zit. Het commissoriaal over RotterdamGa naar voetnoot1) staat mij gansch niet aan. Zo Elias presseert om dat te houden, laat VreelandGa naar voetnoot2) het doch ophouden, tot dat van Berckel en Visscher eens thuys zijn, om hun advies daar over uyt te brengen. Onze Burgerij moet daar over ook op de proppen, het is een zaak daar de gantsche Provincie, het geheele Land mede bemoeid is en door kan staan of vallen. Gij moogt de voornaamste ingredienten deezes, niet aan onze vertrouwde Lieden, uyt mederegenten en braave Burgers, verborgen houden. Denk noch eens hoe groovelijk of de Prins door ons gelaedeert is, in zijn eer aangevallen, geprostitueerd voor gantsch Europa. Krijgt hij eens de bovenhand, zal hij dan in zijn wraak zo bedaart, zo zagtzinnig, zo constitutioneel handelen als wij? Zo hij al te pusillaniem was, zullen dan zijn raadsluy 't ook zijn? Geensints, dat moet gij niet denken. En zal onze Burgerij ons dan niet met regt verwijten, dat door onze inspiratie van bedaardheid de zaak zoo ver gekoomen is? Als het langer talmt, vrees ik dat zij reusseren zullen, bij ons in de Burgerij een tegen parthij te verwekken.... Muilman c.s. waaren eerst Vrijdag met rijtuig hier na toe gekomen, en niet Donderdag met Jacht, om dat zij vreesden, dat er wederom een voorstel zou gedaan zijn om de Deputatie te veranderen, en dat als zij Donderdag gegaan waaren, zij misschien Vrijdag zouden hebben moeten terug keeren. | |||||||||||||
21. - Memoriën van den Rijngraaf van Salm aan MontmorinGa naar voetnoot3). - Maart 1787. -Le ministre est prié de juger le mémoire ci-joint, et de le communiquer aux patriotes hollandois, s'il le trouve à propos. Dans le cas où quelqu'un voudroit y donner suite, il faudra qu'il s'adresse au conseil du Prince de Salm-Kirbourg, l'abbé Baudeau, qu'on trouve à Paris rue Favart près de l'imprimerie polytipe. | |||||||||||||
Mémoire.La Flandre hollandoise et le Brabant hollandois traittés en sujets par | |||||||||||||
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les Etats Généraux ont toujours réclamé contre cette oppression et demandé à faire deux états jouïssans des mêmes droits que les sept autres. Les patriotes hollandois doivent en ce moment favoriser puissamment une insurrection de la noblesse et des villes de ces deux provinces, qui s'armeroient pour obtenir enfin cette admission à la Généralité à titre de 8me et 9me état confédéré. La révolution seroit facile en prenant pour centre la Baronie de Boxtel composée d'un très gros bourg et de neuf villages considérables, qui n'est séparée du pays de Liège que par le bourg et les landes d'Eynd-hoven; du Brabant autrichien que par l'abbaie et la lande de Postel, et qui domine absolument le cours de la Domel au dessus de Bois-le-Duc. Le prince régnant de Salm-Kirbourg, propriétaire de Boxtel, ayant besoin de ressources pour payer ses dettes de France, vendra bien volontiers cette terre à faculté de rachat, et les patriotes pourront en former sous le nom de l'acquéreur un poste de ralliement pour l'insurrection, très facile à fortifier, au beau milieu du pays, avec une libre communication des secours étrangers. Een andere memorie van Salm verlangt een publieke verklaring van den koning van Frankrijk aan de Staten-Generaal, ‘que Sa Majesté n'est pas seulement disposée à défendre la République contre toute attaque hostile du dehors, mais qu'en outre il ne pourroit pas lui être indifférent si les Provinces Unies ou quelques unes d'icelles étoient déchirées par des troubles intérieurs, soit qu'ils fussent excités par aucune puissance étrangère, ou bien par des cabales du dedans’, en vraagt machtiging om zich van de meerderheid in de Staten van Holland te verzekeren met hulp der burgerijen: Les Pensionnaires n'ont jamais su se laGa naar voetnoot1) procurer, il faut donc la chercher ailleurs: on se l'assurera par le Peuple qui décidera ses Magistrats dans le plus grand nombre des Villes, de la même manière qu'il vient de faire à Amsterdam et SchiedamGa naar voetnoot2). Pour réveiller et contenir en même tems ce peuple, il s'agit de négocier avec tous ses Chefs et d'arrêter avec eux, autant qu'il sera possible, un système uniforme et modéré. Je propose de me charger de cette négociation, et je demande pour cet effet que l'ambassadeur du Roi soit instruit de se concerter en tout avec moi, et qu'il lui soit ordonné de m'accréditer où il appartiendra, et enfin de l'argent pour subvenir aux dépenses nécessaires. | |||||||||||||
22. - ‘Rapport de M. de Rayneval’Ga naar voetnoot3). - Einde Maart 1787. -Stuk in vragen en antwoorden:
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Si l'on pouvait répondre de l'effet que produirait la déclaration demandée, la question dont il s'agit serait facile à résoudre; mais qui répondra de cet effet? Et s'il n'était pas tel que l'on auroit droit de l'attendre, le Roi n'aurait-il pas fait une fausse démarche? Dans l'obscurité où nous sommes à cet égard, il faut chercher dans les probabilités. Pour y parvenir, s'il est possible, je vais analyser la déclaration proposée. J'observe d'abord que pour faire une déclaration de souverain à souverain, il faut un motif au moins apparent. Quel motif pourrait-on présenter pour justifier celle que l'on propose? Je n'en vois aucun: ainsi, selon moi, la démarche manque de base; l'on pourra dire avec fondement que le Roi s'immisce, de son propre mouvement, dans les affaires domestiques de la Hollande. Mais outre le défaut de motif, je trouve dans le projet de déclaration même des choses dignes de la plus grande attention. Elle porte, entre autres, ce qui suit: ‘Sa Majesté.... n'est pas seulement disposée à défendre la République contre toute attaque hostile du dehors, mais qu'en outre il ne pourrait pas lui être indifférent si les Provinces Unies ou quelques-unes d'icelles étaient déchirées par des troubles intérieurs, soit qu'ils fussunt excités par aucune puissance étrangère, ou bien par des cabales du dedans.’ A propos de quoi le Roi remettra-til aux Etats Généraux une déclaration qui renouvelle un engagement qui fait l'objet essentiel, la base du traité d'alliance? La République est-elle menacée d'invasion? ou a-t-elle des querelles qui doivent lui en inspirer justement la crainte? Rien n'est plus nuisible en politique que des démarches prématurées ou insignifiantes; c'est pis encore quand elles portent à faux: dans ce cas la question cui bono est atterrante, et une grande puissance ne doit jamais s'y exposer. Le second passage que je crois devoir rapporter est conçu dans les termes suivants: ‘qu'en outre il ne pourrait être indifférent à Sa Majesté si les Provinces Unies ou seulement quelques-unes d'icelles étaient déchirées par des troubles intérieurs, soit qu'ils fussent excités par aucune puissance étrangère ou bien par des cabales du dedans.’ En avril 1786, le Roi autorisa son Ambassadeur à remettre aux Etats Généraux la déclaration dont la minute est ci-jointeGa naar voetnoot1). Cette déclaration a été vivement sollicitée par M. le Rhingrave, et le projet qu'il en avait fourniGa naar voetnoot2) était à peu de chose près calqué sur celui qui est présenté aujourd'hui. Feu M. de Vergennes l'a refusé pendant quelque temps et ce n'a été qu'avec beaucoup de regrets qu'il a agréé celui que je rapporte. Je dois observer que cette même déclaration a eu pour objet de prémunir les Patriotes contre les machinations du Stathouder et de faire cesser les craintes qu'inspiraient les démarches de la Cour de Berlin. Il ne s'agit aujourd'hui ni du Prince de Nassau ni du Roi de Prusse; il s'agit d'une | |||||||||||||
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querelle entre les Bourgeois et les Régents. La différence des deux cas est essentielle. La déclaration proposée dit que le Roi ne saurait être indifférent si les Provinces Unies ou quelques-unes d'icelles étaient déchirées par des troubles intérieurs, soit qu'ils fussent excités par aucune puissance étrangère ou par des cabales du dedans. Tout cet énoncé est vague et n'indique aucun résultat: si le Roi ne peut être indifférent, que fera-t-il donc s'il y a des troubles dans l'intérieur d'une province? Prendra-t-il les armes? contre qui? agira-t-il de son propre chef? Supposons que l'Angleterre fomente sous-main des troubles dans une des sept Provinces Unies, le Roi déclarera-t-il la guerre à la Cour de Londres? Si les troubles viennent de cabales intérieures, le Roi est-il en droit de s'en mêler? S'il voulait le faire de son propre chef, ne s'exposerait-il pas à s'entendre dire que tout cela ne le regarde pas? Quel parti l'appellera, quel parti aura le droit de l'appeler? Tout cela prouve que la déclaration proposée est mal imaginée, et qu'elle ne peut être adoptée ni pour la forme ni pour le fond. Une réflexion bien simple rend cette vérité péremptoire. La déclaration qu'il s'agit de donner doit être adressée aux Etats Généraux, et la querelle qu'il s'agit d'assoupir est dans la province de Hollande. Or on sait que les Provinces respectives sont indépendantes les unes des autres, que les Etats Généraux n'y ont absolument aucun pouvoir; que pourrait donc faire cette assemblée en conséquence de la déclaration de Sa Majesté? Rien qu'un remerciment stérile et insuffisant. L'Ambassadeur du Roi a remis en dernier lieu une note qui renfermait une offre indirecte de bons officesGa naar voetnoot1); quel effet a-t-elle produit jusqu'à présent? Pas même un simple remerciment: il en arriverait de même de celle que l'on propose. Cette matière reviendra à la question 8e.
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Suivant l'union d'Utrecht, aucune des sept Provinces Unies ne peut avoir de rapport direct avec les Puissances Etrangères; ce rapport ne peut avoir lieu que par les Etats Généraux au nom de la Confédération. La question est de savoir si ce principe n'admet aucune exception, et si, telle que soit la situation de la République ou d'aucune des sept Provinces en particulier, il est impossible de s'en écarter? Il semble que l'on peut résoudre ce problème par cette grande maxime: Salus populi suprema lex esto, et je ne crains pas de dire que cette maxime peut être appliquée à l'état actuel de la Confédération Batave, et particulièrement à celui de la province de Hollande. Elle est agitée par deux grandes querelles: la lère est entre le Souverain et le Stathouder; la 2e entre les Régents et les Bourgeois; et ces deux querelles sont tellement animées, que si elles ne sont pas promptement terminées, elles exposent la Province et même la République aux plus grands dangers. La marche naturelle, (la Hollande ne pouvant pas se pacifier elle-même) serait qu'elle invoquoit la médiation de ses confédérés; mais dans quel état se trouvent ceux-ci? Les quatre Provinces à réglementsGa naar voetnoot1) sont sous le joug Stathoudérien, et trois d'entre elles sont agitées par des troubles intérieursGa naar voetnoot2); la Frise est en quelque sorte en guerre ouverte avec la Hollande pour l'amour du Stathouder; la Zélande est entièrement dévouée à ce Prince; que pourrait attendre la Hollande de pareils confédérés? Dans cet état des choses, ne peut-on pas dire que l'union se trouve rompue par le fait; que par conséquent les devoirs qu'elle impose sont muets, et que la province de Hollande ne pouvant recourir à ses coalisés, doit chercher son salut dans l'intervention de l'alliée de la République? Je pense en effet que cette démarche est praticable, et que si les Etats de Hollande la font, le Roi est dans le cas de l'accueillir. Alors Sa Majesté se rendra maîtresse de l'affaire du Stathouder et de celle des Bourgeois, et elle donnera à l'un et à l'autre la mesure quielle jugera à propos. Ce premier pas de fait pourra conduire le Roi à devenir le médiateur d'entre la Hollande, la Frise et Utrecht; la Gueldre fera ce qu'elle voudra. Je suis persuadé que la Frise donnerait l'exemple. Les chefs du parti patriotique ont une belle occasion pour appeler le | |||||||||||||
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Roi; ils n'ont qu'à délibérer sur la note verbale remise en dernier lieu par M. le Mis. de Vérac; le Roi offre indirectement ses bons offices; on n'a qu'à les accepter et tout sera dit.
Il faudra autant qu'il sera possible conserver aux familles patriciennes leurs avantages actuels; ce sera un excellent moyen de conciliation. Le peuple doit être satisfait en obtenant l'élection, par ce qu'il aura le choix entre les différents candidats; d'ailleurs on pourra qualifier des familles bourgeoises pour être éligibles, mais cette qualification ne pourra être déterminée que d'après des localités. | |||||||||||||
23. - ‘Rapport du Ministre’.
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mission ostensible; ses fonctions se borneront à se bien mettre au fait de la situation des choses, à en rendre compte, à éclairer l'ambassadeur, et agir avec son attache là où les circonstances l'exigeront. | |||||||||||||
24. - ‘Mémoire instructif sur l'état actuel des affaires en Hollande et sur les moyens de les pacifier.’
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Il ne s'agit donc que de déterminer la marche à suivre pour la faire sanctionner. Elle ne peut l'être légalement que par les Etats. Pour cet effet, il importe d'y avoir la majorité. Cette majorité étant assurée d'une manière solide, on sera le maître de diriger les délibérations. L'objet sur lequel elles auraient dû porter est la Commission provoquée par la ville de Harlem; mais le choix des Commissaires ayant été dirigé par les Régents antipatriotes, et n'étant pas permis d'attendre rien de salutaire de leur travail, il sera nécessaire ou de faire révoquer la Commission et de diriger immédiatement les choses de manière que les Etats se déterminent à invoquer la médiation ou l'arbitrage du Roi, ou de faire nommer une nouvelle Commission qui travaillera d'après le plan adopté par Sa Majesté. Dans ce dernier cas l'intervention du Roi devrait être subordonnée au plus ou moins d'activité et de bonne volonté que montreraient les nouveaux Commissaires, et au plus ou moins d'espérance que l'on aurait du succès de leur travail. Mais le point important sera de s'assurer de la majorité dans les Etats de Hollande, parce que sans cette majorité tout plan d'arrangement serait illusoire. Il est impossible au Roi de déterminer la marche à suivre pour remplir cet objet: Sa Majesté ne peut s'en rapporter à cet égard qu'a Mr. le Rhingrave de Salm et aux chefs du parti patriotique; et elle met à cet égard une entière confiance dans leurs lumières, dans leur prudence et dans la connaissance qu'ils ont du pays et de sa constitution. Tout ce que le Roi désire est que Mr. le Rhingrave se concerte avec les Patriotes, à qui Sa Majesté doit intéret et protection, sauf néanmoins les circonstances où il jugera devoir agir sans leur concours. Mais dans tous les cas il instruira l'Ambassadeur du Roi, et concertera ses démarches avec lui. Celui-ci sera autorisé à avouer au nom du Roi les assurances de la protection de Sa Majesté que M. le Rhingrave donnera au parti populaire. On sent parfaitement bien que les Régents ne seront traitables qu'autant que les Bourgeoisies leur en imposeront et qu'elles seront en mesure de se montrer lorsque cela sera nécessaire, comme ont fait en dernier lieu celles d'Amsterdam et de Schiedam. Ce sera à M. le Rhingrave, soit seul, soit de concert avec les chefs des Patriotes, à les mettre dans cette mesure; mais ils prendront toutes les précautions qui seront en leur pouvoir pour empêcher qu'elles ne l'outrepassent. Pour remplir ce double objet, il sera autorisé à assurer les Bourgeois de la protection de Sa Majesté et de l'intérêt qu'elle prend à leur cause; il les invitera en conséquence à fixer d'une manière invariable les points qui devront leur être accordés; il leur déclarera en même temps, si cela devient nécessaire, qu'autant le Roi est déterminé à leur accorder la protection la plus efficace pour soutenir leurs justes réclamations, autant il aurait de déplaisir s'ils voulaient étendre leurs prétentions au delà des deux points indiqués plus haut; il sera même indispensable qu'on leur ôte toute espérance d'appui dans ce dernier cas, parce que le Roi a décidé formellement qu'il aimerait autant renoncer à | |||||||||||||
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l'alliance que de livrer la Hollande à une démocratie pure. Au surplus l'intention de Sa Majesté est, qu'autant que les circonstances le permettront, les voies douces et légales soient préférées aux moyens de vigueur. D'après celà, Sa Majesté pense 1o. que les Bourgeois ne doivent pas être mis en mouvement dans les villes où la majorité est assurée, parce que cette démonstration surérogatoire serait au moins inutile. 2o. que l'on devra se dispenser de faire des tentatives dans les trois ou quatre villes qui sont décidément stathoudériennes, parce que leur suffrage ne sera point nécessaire pour assurer aux Patriotes la prépondérance aux Etats. 3o. que dans celles qui sont douteuses, il conviendra de s'y conduire d'après les circonstances, et ne mettre le peuple en évidence qu'à défaut de tout autre moyen. Il en est un relativement aux Régents qui semble devoir produire un effet salutaire, ce sera la persuasion. Il est à présumer que la disposition générale où ils verront le peuple leur fera sentir la nécessité de se préter à des sacrifices; ce sentiment sera sûrement très-pénible; mais on l'affaiblira en prévenant les Régents des deux uniques points qui leur seront demandés, et en leur faisant voir que leurs familles conserveront jusqu'à un certain point les avantages dont elles ont joui jusqu'à présent; ce dernier objet sera rempli en déterminant la classe dans laquelle les Régents devront être élus, et en faisant les élections à vie. Il sera surtout utile de représenter aux aristocrates que dans ce moment-ci les prétentions des Bourgeois sont modérées, et que le Roi est en mesure de les contenir; mais que si on le laissait passer, on ne pourrait plus répondre de rien, et que Sa Majesté serait sans volonté comme sans moyen de borner les pretentions nouvelles que le peuple jugerait à propos de former. Tels sont les principes, les vues et le plan que le Roi a adopté pour pacifier la province de Hollande. Lorsque cet objet aura été rempli, il conviendra de s'occuper des moyens de rapprocher cette Province de celles d'Utrecht et de Frise. On ne saurait indiquer la marche à suivre pour atteindre ce but. On se bornera à observer qu'il s'agira de rassurer les aristocrates de la Frise, qui croient que les chefs des Patriotes excitent les Bourgeois de cette Province à demander un Gouvernement démocratique. Quant à la Province d'Utrecht, il ne s'agira que d'y réconcilier, par une majorité quelconque, les Etats d'Amersfort avec la ville d'Utrecht; cette tâche ne paraît pas impossible. Résumé:
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25. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 6 April 1787. -Verslag van den oploop te Amsterdam op 3 April en van het bezwijken der regeering voor den aandrang der menigte. This behaviour of the Burgomasters of Amsterdam, after the offers they had receivedGa naar voetnoot2), looks either like an excess of weakness, or an excess of treachery. They, however, say in their defence: ‘That they have yielded only to gain time to concert and deliberate among themselves, and to prepare the friendly part of the people to act for them in a way which may produce the least disorder, anarchy, or destruction; that, moreover, their having submitted to this new insult furnishes them with an additional argument for adopting defensive measures; it will justify their opposing force to force; and it will leave all the bad consequences that may result from a popular Insurrection, with their adversaries.’ Such is the substance of various reports I received, yesterday, from Amsterdam. I hardly know whether to represent it as a true picture of their feeling, or as a specious but sophistical excuse for their want of courage and firmness. | |||||||||||||
26. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot3). - 10 April 1787. -I have now reason to hope and believe that the motives assigned by the Regency of Amsterdam for giving away to the mob, were really not feigned; that they are in earnest in their endeavours to form a plan which may prevent their City form falling into the hands of the french faction. M. de Calkoen is either gone, or going, in the name of the Regency of Amsterdam, to Nimeguen, with proposals to unite the Interests of the Stadholder with those of the oppressed Regency and to engage, on | |||||||||||||
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their part, to support him in his constitutional Rights, provided he, on his, will consent that his party at Amsterdam should protect them against the insults of the armed Democracy. M. de Calkoen is a very respectable man, and chosen expressly from his not being a member of the Regency this yearGa naar voetnoot1). The people of the dock-yards, and sailors, who are both in point of numbers and discipline infinitely superior to the french mob, are headed by four persons, by name LutikeGa naar voetnoot2), BryinGa naar voetnoot3), BoorcourtGa naar voetnoot4), and JonkinsGa naar voetnoot5), all substantial burghers, rich, with families, and who have a great deal at stake. The last of these, Jonkins, means also to go to Nimeguen in order to prevent the Prince from granting too favourable terms to the aristocratical Regents, for, as he and his three friends argues (and with great reason), as it is necessity, not choice, which drives these Magistrates to treat with the Prince, His Highness should avail himself of this circumstance and make them subsribe to his conditions instead of his subcribing to theirs. The moment authentic intelligence was received here of the resolution the Burgomasters of Amsterdam had taken, it was thought expedient to dispatch a messenger to Nimeguen, stating that it was the unanimous opinion of the Friends to the Stadholder, that he should not be in haste to close with M. de Calkoen's proposals, that he should temporize and hold off, and concert repeatedly and deliberately with the Sieur Jonkins, in order to see the whole extent of what his Party was able to obtain for him, before he came to any conclusion with M. de Calkoen. And, the better to impress him with the expediency of this measure, it was agreed yesterday that his Treasurer, M. Reigersman, should immediately join him, also that an express should be sent to his new secretary M. van Citters (who happens unfortunately to be in Zealand) to return immediately to Nimeguen. All this has been done, and I will venture to hope that nothing has been omitted which zeal, prudence and activity could suggest, on the part of the Prince's distant Friends, which may contribute to give a right direction to his conduct, and to derive the greatest advantage from this unexpected and favourable incident. On the other hand, the patriots and french faction, either from ignorance of what is passing, or from the repeated experience they have had | |||||||||||||
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of the inefficacy of our efforts to resist them, seem to be in a state of perfect security, confident that nothing can prevent the completion of their designs. They have received fresh supplies from France to a considerable amount, and are augmenting, on every side, the number of the free-corps. They give four florins a man to every recruit, besides clothes and accoutrements. | |||||||||||||
27. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 20 April 1787. -M. de Nagel returned from Nimeguen and Amsterdam yesterday evening. M. Reygersman still remains at Amsterdam for reasons which will appear in the course of this Dispatch. The Stadholder lost no time in giving to M. de Nagel the letter the Bijltjes required of him, and he arrived at Amsterdam with it on the evening of Wednesday. On his arrival he learnt from M. Reygersman, that no persuasions of his, or arguments he could suggest, could prevail upon the Bijlties to agree to lend themselves to a plan which consented to any cession whatever on the part of the Stadtholder. They replied to alle he said by observing: that their sole object was to restore tranquillity and good-order, to get rid of the tyranny bot of the french party, and the aristocratical one, and to establish the Constitution on so broad and safe a basis as to make any efforts of either of these parties to get the Power into their hands inefficacious. That this, it was thought at the time, had been sufficiently guarded against in 1747 and 1766, but having found, from experience, this not to have been the case, that the Resolutions taken then had not availed, it was absurd to suppose it could be effected by any Regulations which fell short of those. That though they were faithfully and zealously attached to the Prince, it was not a personal but a public attachment, an attachment to the House of Orange, not to William the Fifth, and that as he had no right to renounce and forego any of the Priviledges which the Constitution had given to him and his family, so they were determined he should be restored to them, wholely, or not at all. M. Reygersman, and M. de Nagel after his arrival at Amsterdam, endeavoured as far as they could venture to do without a risk of displeasing, to convince them that in the plan proposed the Aristocracy came over to them, bound hand and foot, and that the french party once overthrown, the Stadholder would be more firmly established than ever. But all their attempts failed, the Chiefs of the Bijltjes continued to persist that if the Aristocracy wanted their assistance, they must obtain it on their own terms, and that they should have it on no other. Their language was so positive that it was not thought proper to produce the Prince's letter that evening (Wednesday), lest it should operate in a direct contrary way from what it was intended, and create in the minds of the Bijltjes a suspicion that there subsisted an actual understan- | |||||||||||||
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ding between the Stadholder and the Aristocracy, and that they were employed, merely, as tools. But, as the matter is of the last importance, M. Reygersman determined to remain two days longer at Amsterdam in order to see whether by discoursing separately and dispassionatedly with some of the popular leaders I mentioned in my late letters, he cannot prevail on them to be less tenacious of their opinions, and if he finds he is near effecting this, he will then produce the Stadholder's Letter, if not, it will be suppressed entirely. M. de la Coste has been at Tergou, and another french emissary (by name le Chevalier de Belon) at Medemblik, trying the whole force of corruption, and I am very uneasy lest these two Towns which now vote with us, should observe a contrary conduct on Wednesday next, and turn against us, when a very material question, relative to RotterdamGa naar voetnoot1), is to come in. M. de la Coste carried 150.000 livres to Tergou, and 100.000 were employed at MedemblikGa naar voetnoot2). The anti-patriotic associations increase on all sides, and it will very soon become evident, that what has hitherto been deemed the voice of the people, has not consisted of one-twentieth part of the inhabitants of the Republic. I had written thus far in the morning, since which it has been determined upon that M. de Rhoon should himself go to Medemblik, to prevent the defection of that Town, and returning by Amsterdam to endeavour to bring the Aristocracy to the terms of the Bijltjes if the latter will not consent to meet those of the former, and if he can succeed, to proceed immediately to action. These measures were adopted in consequence of advices being received from thence (dated this morning early) that M. Reygersman had obtained nothing, yesterday, from the Bijltjes, but that the Regents, on their side, began to shew a disposition to consent to a complete Restoration of the Constitution of 1766 without any restriction. The violent conduct of the Patriots had produced this effect, as yesterday the Faction had required that not only the keys of the Arsenal, but those of the City and Guildhall, should be delivered up to them; and on being refused, they had it in contemplation to take them by force. Two companies of armed Burghers (or rather, Free Corps), headed by one Hogendorp and Bastard, are under arms before the Stadthouse, and have actually two six-pounders, which are supposed to have been given them from some French Ship. The fermentation is at its greatest height, and I scarcely conceive it possible that a week can pass over without some violent event. It will require all M. de Rhoon's activity and talents to preserve Medemblik, but he understands so well the Character of the Regents of these inferior | |||||||||||||
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Towns, that I have great faith in his success. At Tergou matters are not so bad as was reported, and I trust some proper precautions we have taken will prevent that town from deserting our standard. | |||||||||||||
28. - Vérac aan Dumont-PigalleGa naar voetnoot1). - La Haye ce jeudi au soir (12 April 1787). -Je vous envoye, mon cher Montpigalle, un exprès pour vous prier de vous rendre demain vendredi de la meilleure heure possible à Amsterdam. Nous avons les notions les plus probables que le grand coup dont nous avons parlé le matin pourroit y être porté dès demain; vous serez bien aise de parader sur le Dam pendant l'opération, et surement vous vous mettrez bien au fait de la manière dont elle s'exécutera en voyant vos braves amis et assistant aux différens congrès qui s'y formeront. Dites à l'exprès que je vous envoye et qui ira de Leyde à Amsterdam, là où vous logerés, afin qu'il soit à vos ordres et que vous puissiés nous l'expedier aussitôt qu'il y aura quelque chose de positif d'effectué. Nous désirons beaucoup le voir de retour icy samedi matin d'aussi bonne heure qu'il sera possible. L'exprès pourroit peut-être loger dans la même auberge que vous à Amsterdam. Je n'ai pas besoin de vous dire quels sont les sentimens que je vous porte. | |||||||||||||
29. - Dumont-Pigalle aan VéracGa naar voetnoot2). - Amsterdam, 13 April 1787. -Er gebeurt niets: Les officiers de la bourgeoisie ne sont pas encore déterminés à agir; le collège des constitués n'est pas encore établi; on craint qu'une partie de la minorité de la régence ne proteste contre l'opération, et comme en ce dernier cas les membres déposés joindroient infailliblement leur protestation à celle dont je viens de parler, la bourgeoisie ne sauroit pas trop comment remplacer tant de gens, etc. etc. M. Abbema, avec qui M. Nicolas van Staphorst et moi venons d'avoir une assez longue conférence sur l'objet en question, nous dit d'abord que pour en venir à la déposition des mauvais régens, le voeu des officiers de la bourgeoisie, autorisés même par leurs compagnies, ne suffisoit pas; que pour cela, il falloit que la bourgeoisie eut des constitués dûment autorisés par la majorité des citoyens de la ville, et par l'organe desquels le voeu de cette majorité fut énoncé: que ces constitués, avant d'en venir à la délibération de leurs commettans sur la déposition, devoient rassembler des preuves évidentes et suffisantes des malversations des régens déposables.... Je sais que nos matadors de la Haye et beaucoup d'autres personnes se plaignent hautement d'une grande partie de la minorité de la régence d'Amsterdam ainsi que de quelques officiers notables de la bourgeoisie de | |||||||||||||
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cette ville, et qu'ils attribuent à ces messieurs les difficultés et les lenteurs funestes qui retardent la grande opération et peuvent la faire manquer; on soupçonne qu'il existe dans ladite minorité un système d'aristocratie particulière, lequel ne tend à rien moins qu'à parvenir elle-même à former la majorité, sans l'intervention de la bourgeoisie, et cela, parce qu'elle craint que si celle-ci avoit une fois essayé de faire ce qu'elle est en droit de faire dans les circonstances actuelles, elle pourroit bien faire la même chose envers ceux qu'elle auroit laissé en place, au cas que tôt ou tard ils s'avisent de suivre, d'une manière ou de l'autre, l'exemple de la majorité actuelle. L'on soupçonne aussi que si l'on en vient à la déposition des plus mauvais sujets qui existent dans cette majorité, quelques membres de la minorité voudroient qu'on ne nommât que des remplaçans à leur gré et de leur choix, c'est à dire, des mannequins ou des automates qui laisseroient à ces messieurs l'entière gestion des affaires. Quoi qu'il en soit de tout cela, il est certain qu'on employe tout ici pour endormir une partie de la bourgeoisie et pour refroidir le reste. A ceux qui craignent que l'affaire ne soit pas faite assez tôt pour que Rotterdam suive le même exemple, on débite qu'on espère gagner Medemblik et Enckhuysen, par des promesses avantageuses à leurs ports, et particulièrement à celui de la première de ces deux villes, qui depuis longtems demande chez elle une station de quelques vaisseaux de guerre. Pour moi je crois que toutes les promesses du monde ne détacheront point ces deux villes du parti qu'elles ont embrassé; leur stadhouderanisme est incurable. Quelques personnes pensent qu'on pourroit ramener Edam à la raison, en gagnant à force d'argent Leoninus qui est le grand meneur et le Dedel de cette ville: mais j'ai grand lieu de croire que ce seroit peine perdue que de faire une telle tentative.... Il se trouve ici deux députés du conseil de guerre de Rotterdam, auxquels on promet monts et merveilles. On feroit bien mieux d'agir que de promettre. | |||||||||||||
30. - Dumont-Pigalle aan BernardGa naar voetnoot1), ‘rédacteur de la Gazette françoise d'Amsterdam.’ - Leyde le 20 avril 1787.Er is haast bij 't werk, anders wordt het te laat voor Rotterdam. Après lundi prochain Rotterdam ne pourra rien exécuter chez lui, attendu que l'assemblée ordinaire de la régence ne se tient que les lundis, attendu que je ne vois aucun moyen de contraindre cette régence à en convoquer une extraordinaire dans le courant de cette même semaine, et qu'enfin les mauvais régens sauront bien faire remettre au lendemain, premier de mai, celle de lundi en huit jours. Alors que deviendra ce pauvre Rotterdam, car son college d'échevins qui, comme vous savez, est dans les bons principes, et à qui seul appartient le droit de permettre à | |||||||||||||
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la bourgeoisie armée de se rassembler, cessera d'exister audit jour premier de mai, et sera certainement remplacé par des individus dévoués à nos ennemis. Dans les fréquens voyages que j'ai faits à Rotterdam depuis deux mois, j'ai eu la satisfaction d'y voir les plus chauds patriotes constamment résolus à purger leur régence de tout ce qui s'y trouve de mauvais sujets, mais depuis quelques jours j'ai remarqué que la lenteur de votre ville à se déterminer a laissé le temps à quelques divisions et à une espèce de refroidissement de se glisser parmi plusieurs bons rotterdamois. Les uns ne veulent déposer que quatre mauvais régens, d'autres six, d'autres huit. Quelques intrigues de nos ennemis, et plus que tout cela des liaisons de famille, d'ancienne amitié, de commerce etc. entre les déposables et quelques-uns d'entre les bons patriotes font qu'une partie de ceux-ci a aujourd'hui de la répugnance à coöpérer à cette déposition. On n'est pas non plus tout à fait d'accord sur la forme de remplacer les déposés, ni sur la manière de s'y prendre pour trouver les nouveaux membres à installer. Il y a enfin des personnes qui craignent que les déposés ne se regardent pas comme tels, qu'ils ne se tiennent réunis aux autres mauvais régens qu'on laissera en place, et que la majorité actuelle des Etats ne regarde comme non avenue la déposition qu'on auroit faite. D'ailleurs on craint encore que les stadhouderiens d'Overschie et des autres environs de la ville, encouragés par le grand nombre de sociétés-orange qui se sont formées depuis quelque temps, et dont des membres des Etats se sont déclarés ouvertement les chefs et protecteurs, ne se réunissent à leurs nombreux confrères de la dite ville, n'empêchent l'opération projetée, et n'en viennent à commettre ou à occasionner des massacres et autres atrocités. Toutes ces divisions, ces difficultés, ces obstacles et ces craintes dont je viens de parler n'auroient en très-grande partie pas eu lieu, si Amsterdam se fut plus empressé d'agir qu'il ne l'a fait.... Je pars à cet instant pour Rotterdam, et je compte en repartir assez tôt pour être arrivé ce soir à 11 heures à la Haye, où je dois avoir une conférence avec M. le Marquis de Vérac. Ensuite si la fatigue dont je suis accablé me laissera quelques forces, j'employerai le reste de la nuit pour me rendre à Amsterdam pour y voir si demain matin nos amsterdamois auront enfin le courage de frapper le coup qu'on ne peut plus retarder à frapper. | |||||||||||||
31. - Vérac aan MontmorinGa naar voetnoot1). - 20 April 1787. -Verslag der vruchtelooze reis van Bicker door de steden van het Noorderkwartier (zie blz. 174). Het resultaat van de reis is zoodanig, dat men er niet op vertrouwen kan, en de remotie meer dan ooit het eenige middel blijft. - De aristocraten richten oranjecorpsen op en geven 10 stuiver daags aan de personen die daardoor uit hun bezigheden getrokken worden. Zoowel op het platteland als in de groote steden, vooral te Amsterdam, is men bezig. | |||||||||||||
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On a vu M. le Baron de Rosendal, M. d'Heeckeren de Suideras, tous les deux gentilshommes gueldrois, et M. de Bentinck de Rhoon, petit fils du célèbre de Rhoon principal auteur de la révolution de 1747, se rendre exprès dans cette ville et s'en partager les quartiers pour y répandre l'esprit de sédition.... Enfin pour donner le plus haut degré de force au parti on a imaginé de fondre ses intérêts avec ceux de M. le Stadhouder et pour cet effet M. Calkoen ancien grand-officier d'Amsterdam et M. van Haren gentilhomme frison, se sont transportés à Nimègue pour faire ces nouvelles ouvertures au Prince. Ils ont été reçus à bras ouverts par la Cour Stadhouderienne et Madame la Princesse de Nassau leur a dit que son mari se livroit entièrement à eux, à ses bons amis d'Amsterdam et qu'il approuvoit d'avance toutes les mesures qu'on jugeroit convenable de prendre pour rétablir ses affaires en Hollande. De burgerij te Amsterdam was gereed om den slag te slaan, maar is nog tegengehouden door eenige leden van de vroedschap, vooral door Abbema. Vérac schrijft dit toe aan ‘la crainte d'offenser quelques familles puissantes de la ville avec lesquelles il peut avoir des liaisons d'intérêts ou de parenté’. .... La Bourgeosie ne vouloit rien faire sans l'aveu, au moins tacite, de ses bons Régents parmi lesquels M. Abbema étoit le seul qu'il importât de convertir, parceque son suffrage entraineroit celui des autres. J'avois épuisé toutes mes ressources. M. van Berkel et nos amis à la Haye convenoient de la nécessité d'une mesure vigoureuse, mais les Pensionnaires d'Amsterdam ne pouvoient pas plus s'y montrer que M. Abbema; ils n'osoient pas même écrire une seule ligne sur cet objet. Tout restoit suspendu par la seule indécision de la minorité sur laquelle j'avois inutilement travaillé par mes agens. Toen nam hij ten einde raad het besluit, de la Coste naar Amsterdam te zenden om met Bicker en Abbema te overleggen. Het is in het diepste geheim geschied; in den Haag wist niemand er van dan Caillard. De la Coste reisde 's nachts en stapte te Amsterdam af ‘dans un mauvais cabaret’. Hij begaf zich van daar naar de gebroeders Van Staphorst, ‘trésoriers payeurs du Roi, patriotes aussi ardents que désintéressés,’ waarheen hij Bicker en Abbema liet ontbieden. Les deux Messieurs parurent très satisfaits en voyant M. de la Coste, et extrêmement sensibles à cette marque d'intérêt qu'ils recevoient de la part de l'ambassadeur du Roi. On entra en matière, et leur indécision se montra sur le champ. C'étoit disoient-ils à la ville de Rotterdam de commencer, elle, qui ne pouvoit fonder aucune espérance sur ses Régents, dont la très grande majorité étoit décidément contraire au voeu de la Bourgeoisie; Amsterdam n'étoit pas dans le même cas, et la minorité voyoit les choses s'arranger à avoir décidément la supériorité. Sur cela M. Abbema, produisant la Liste des Régents, faisoit un calcul par lequel en déduisant de la majorité les malades et les absens, il étoit effectivement prouvé que la minorité seroit la maîtresse. De la Coste bestreed in 't breede deze redenen. | |||||||||||||
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Comme M. de la Coste parloit encore, on apporta précisément à M. Abbema une lettre par laquelle on lui donnoit avis que M. van der HoopGa naar voetnoot1), un de nos bons membres de la minorité, ne pourroit se rendre au conseil parce qu'il se trouvoit attaqué d'un fort eresipèle qui ne lui permettoit pas de revenir de sa campagne où il se trouvoit alors. .... L'heure du Conseil étoit arrivée, ces Messieurs s'y rendirent et revinrent immédiatement. La minorité s'étoit effectivement trouvée la maîtresse et avoit fait passer la proposition de la ville de Dort sur le remplacement des Bourguemaitres et Echevins à RotterdamGa naar voetnoot2) à la plurarité de 15 contre 10. Abbema gaf hier hoog van op, de la Coste verklaarde het voor een valstrik van de meerderheid. La conférence fut alors interrompue par l'arrivée d'un Capitaine de la Bourgeoisie qui venoit s'informer du sort qu'avoit eu au Conseil une requête que le Conseil de Guerre avoit remise le matin à Mrs. les Bourguemaitres pour que la Régence y fit droit dans l'assemblée du jour. M. Bicker et M. Abbema très étonnés, répondirent qu'ils n'avoient pas la moindre connoissance de cette requête, et demandèrent avec une espèce d'inquiétude, de quoi il étoit question. Alors le Capitaine parut scandalisé de la conduite de Mrs. les Bourguemaitres et répondit que le Conseil de Guerre demandoit que dans des circonstances aussi critiques la Régence le mit en possession des moyens de défense de la ville, en lui livrant les arsenaux, magasins de poudre, canons etc. Pour bien entendre le motif de cette requête il est nécessaire de savoir qu'il y a à Amsterdam 400 soldats payés par la Generalité, qui sont entièrement aux ordres de Mrs. les Bourguemaîtres, et on craignoit qu'on ne livrât à ces soldats les magasins dans lesquels se trouvent 80 mille cartouches, des armes de toute espèce, et entre autres, 20 pièces de canon de trois livres de balles, qui sont en état de servir d'un moment à l'autre, et d'un usage très commode. Abbema was zeer verstoord op Burgemeesteren. De la Coste las hun hierop voor een passage uit eene dépêche van Montmorin van 2 Maart: ‘que c'est aux Patriotes de fournir au Roi des expédients propres à mettre S.M. en mesure de se montrer ouvertement, non seulement pour soutenir leur cause et protéger leurs personnes, mais aussi pour tarir jusque dans leur source les maux qui affligent leur patrie.’ Dit hielp, en zij hebben beloofd de zaak niet langer tegen te houden. Daarop werd men 't eens over de te verwijderen personen en over den dag: Zaterdag 21 April. Il se trouvoit à Amsterdam des députés de la bourgeoisie de Rotterdam qui faisoient tous leurs efforts possibles pour décider la révolution dans la première des ces villes, afin d'en exécuter une pareille dans la leur. On | |||||||||||||
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les a renvoiés chez eux en leur donnant toutes les assurances qu'ils désiroient. Maandag is de dag voor Rotterdam, Dinsdag voor Gouda. De nieuwe meerderheid zal dan waarschijnlijk de nu te Gorkum liggende troepen wegzenden, en dan zal ook daar een remotie plaats hebben. - Bicker en Abbema wilden dat alle 36 raden afgezet zouden worden, en onmiddellijk een nieuwe vroedschap aangesteld waaronder de minderheid der oude. La Bourgeoisie dans son idolatrie pour ses bons Régents, a rejetté cette forme avec une espèce d'horreur en disant que jamais elle ne pourroit se déterminer à mettre ses bons Régents sur la même ligne que ceux qui l'avoient toujours trahie. De la Coste heeft te Amsterdam nog een bericht opgedaan dat door hem het eerst in den Haag bekend is geworden: Calkoen en Van Haren, uit Nijmegen terug, zijn begonnen de Bijltjes op te stoken. Ils se sont adressés pour cela au Sr. Lutteken leur quartier-maître et qui jusqu'à présent avoit eu le plus grand empire sur leurs volontés. Celui-ci leur a demandé s'ils ne voudroient pas emploier leurs bras pour exterminer les Patriotes, mais ils ont tous répondu qu'ils avoient beaucoup de respect et d'amour pour la maison d'Orange et pour le Stadhouder en particulier, mais que les Aristocrates étoient de détestables tyrans, pour lesquels ils ne feroient pas un pas; que par raport aux patriotes c'étoient de braves gens dont ils n'avoient jamais eu lieu de se plaindre, et ils ont été tellement indignés de la proposition qu'on leur faisoit qu'ils ont résolu qu'ils enverroient une députation au Conseil de Guerre pour offrir leurs services si on pouvoit en avoir besoin. Cette députation sera très bien accueillie; on les remerciera de leur bonne volonté en leur disant qu'on ne prévoit pas qu'on se trouve dans la nécessité d'accepter leur offre, mais, dans tous les cas, on les priera simplement de rester tranquilles. Op 't oogenblik van dezen brief te eindigen krijgt Vérac bericht uit Amsterdam dat de minderheid aldaar zich naar Burgemeesteren begeven heeft met de vraag of het waar was, dat een hunner in geheime betrekking stond tot den Prins. Hooft was de eenige die vlot antwoord gaf. Les autres ont paru embarassés de la question et n'ont répondu qu'en biaisant. Messieurs de la minorité ont repris qu'ils savoient qu'on se préparoit à porter aux Etats d'Hollande les propositions les plus anti-patriotiques, et conformes à celles qui sont contenues dans les requêtes redigées par les sociétés-Orange. Ces Messieurs ont chargé M.M. les Bourguemaîtres de raporter cette affaire au Conseil samedi prochain (demain) et de lui donner une direction telle que les députés d'Amsterdam eussent ordre d'employer pour s'opposer à ces propositions tous les moyens que peut leur fournir le poids et l'autorité d'une ville aussi puissante que celle d'Amsterdam. Il peut y avoir quelque fondement dans ces craintes de Messieurs de la minorité, mais j'ai lieu de croire que ce n'est qu'un prétexte imoginé pour forcer M.M. les Bourguemaîtres à assembler le conseil. | |||||||||||||
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32. - Dumont-Pigalle aan VéracGa naar voetnoot1). - Amsterdam ce 21 avril 1787. -Monseigneur. Ce matin, à mon arrivée à Amsterdam, j'ai trouvé MM. van Staphorst et leurs amis dans la plus grande perplexité. L'on avoit inutilement passé la nuit à tâcher d'amener la pluralité du Krijgsraad et d'un grand nombre de capitaines à une démarche prompte, vigoureuse, et conforme à celle des diverses societés bourgeoises, et que le reste des bons patriotes vouloient faire aujourd'hui: L'on n'étoit pas d'accord sur la forme ni sur les moyens, non plus que sur le temps, où l'on devoit frapper le coup, et en tout cela, c'est à dire, du côté du conseil de guerre et de ses adhérens, la division, la pusillanimité, les lâches ressentimens, la stadhouderomanie de quelques-uns, l'aristocratie de quelques autres jouoient un rôle étrange. Je ne puis encore vous faire un entier détail de tout cela. Tout ce que je puis actuellement dire à Votre Excellence est que vers le midi quelques compagnies bourgeoises prirent poste devant et dans l'hôtel de ville où la régence étoit déjà assemblée. A midi et demi les 55 compagnies qui n'étoient point encore sous les armes, eurent ordre de s'assembler, chacune dans son quartier, jusqu'à nouvel ordre. Cependant il paroissoit que la même indétermination restoit toujours dans le conseil de guerre, lorsque vers les 4 heures j'appris qu'après qu'il eut été demandé aux compagnies assemblées à l'hôtel de ville et sur le Dam, si elles consentoient à la déposition de Messrs. Alewijn, Dedel, Beels, van der Goes, Munter, Muilman, Graafland, Lampsins, et Calkoen, elles répondirent toutes par un Houzée général. L'on s'occupa ensuite à recueillir les voix des 55 compagnies dispersées, et j'entends que plusieurs ont déjà consenti. J'espère que le reste suivra immédiatement. J'entends aussi que la régence cherche à retarder la conclusion de l'affaire. Mais la bourgeoisie, après avoir déclaré la déposition des 9 membres susdits, ne paroit pas vouloir lacher prise avant que la régence ait fait le choix des remplaçans sur la Liste qu'on lui a remise. Comme M. van Staphorst ainsi que les autres députés continuent d'être à l'hôtel de ville, je ne puis continuer ma lettre avant qu'ils en soient revenus, et m'ayent mis au fait de l'état des choses. Il est actuellement cinq heures ēt demie.
Voici sept heures, et je n'apprends rien, sinon que les compagnies éparses dans la ville continuent à voter pour la déposition, et que si les capitaines récalcitrans ne s'étoient pas enfin déterminés, ces compagnies, irritées, se seroient peut-être portées à quelque acte sanglant. Les députés ne sont point encore sortis dc l'Hôtel de ville. Il y a apparence que ceci durera une partie de la nuit. Au reste dans le rapport que je ferai verbalement demain à Votre Excellence, je rectifierai ce qui peut se trouver d'inexact dans cette lettre, car ce qui se passe dans l'intérieur de l'hôtel de ville se raconte si diversement qu'on n'y peut débrouiller le vrai.
P.S. Je ne cesse de faire parvenir des conseils à quelques-uns de mes | |||||||||||||
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amis qui sont occupés à l'affaire, pour les empêcher de se laisser leurrer. Lorsqu'on peut emporter une ville toute entière, ce seroit folie de se contenter de la prise d'un ravelin. | |||||||||||||
33. - Vérac aan MontmorinGa naar voetnoot1), 22 April 1787. -De remotie is gelukt. Op het laatste oogenblik, na het vertrek van de la Coste, waren er weer nieuwe moeilijkheden: Dans le grand nombre d'officiers qui composent le Conseil de Guerre, plusieurs manquent de fermeté, et peut-être même n'étoient pas entièrement dans des dispositions parfaitement bonnes. L'incertitude étoit venu avan-thier au point de faire douter si l'opération pourroit se faire au jour marqué, ou si on ne seroit pas obligé de la différer encore jusqu'à lundi. Mrs. van Staphorst me communiquoient leurs craintes par le canal de M. Dumas, et je me servois de la même voye pour relever leur courage et leur faire passer toutes mes idées. Hier matin les nouvelles qu'ils me donnèrent furent meilleures; tout le monde avoit passé la nuit à Amsterdam à se porter de côté et d'autre, et à délibérer sur les moyens d'assurer le succès de l'affaire pour le lendemain. Effectivement les sociétés Bourgeoises déterminèrent enfin le conseil de Guerre dans la matinée d'hier. A onze heures toutes les compagnies de la Bourgeoisie ont été rassemblées dans leurs quartiers ordinaires d'assemblée, tandis que six d'entre-elles sont venues prendre poste à la maison de ville. Le conseil de Régence étoit assemblé, et jusqu'à deux heures après midi il n'avoit reçu encore aucune petition de la part de la Bougeoisie, car il paroit que toutes les têtes étant fortement échauffées dans ce moment important, on n'étoit pas encore parvenu à s'entendre avec facilité. Le conseil songeoit donc à se séparer et se disposoit à sortir. Mrs. les Régents furent suppliés de vouloir bien rentrer pour quelques instants, ce qu'ils firent. MM. les Bourguemaîtres qui étoient déjà retirés dans leur chambre particulière furent rappelés dans celle du Conseil. Il n'y avoit que M. Hooft et M. Dedel; M. Beels s'étoit absenté pour cause de maladie vraie ou supposée. Alors la députation bourgeoise a demandé à être admise dans le conseil, ce qui a été accordé. Volgt een beschrijving van den bekenden afloop. La populace, dont on croignoit tant, a montré des dispositions bien meilleures qu'on n'avoit osé l'espérer. De Rijngraaf is hedennacht aangekomen en heeft de dépêches van 12 April medegebrachtGa naar voetnoot2). |
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