De patriottentijd. Deel 1: 1776-1784
(1897)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekendLa Haye, 14 Mai 1784.- Nous avons quelques indices que la Cabale veut bien se réconcilier avec S.A.S. mais sous condition expresse de l'éloignement du Duc. Aujourd'hui une commission des Etats de Hollande, composée par Gijselaar, Berkel et Bleiswijk, se fait à cet effet. Le but est d'avoir un aveu que le Prince Louis de Brunswic a fait en dernier lieu des difficultés contre le renforcement de la Flandre, et de demander aussi l'acte qui s'est fait à la majorité. La réussite seroit un bien, mais je crains deux choses: 1o. qu'on s'y prendra mal, et qu'au lieu de le faire avec | |
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des manières qui entraînent vers la persuasion, on occasionnera des humeurs; et 2o. que S.A.S. aura bien de la peine à s'y conformer. | |
Amsterdam, 24 Mai 1784.- Avec grand regret je dois vous communiquer, que S.A.S. fait expédier une lettre circulaire aux Etats-Generaux, aux Etats de Gueldre, d'Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de la Frise, d'Overissel et de Groningue en faveur du Duc. Cela fera un tort infini. S.A.R. a tout fait pour le prévenir, mais inutilement. | |
Amsterdam, 31 Mai 1784.- L'incluseGa naar voetnoot1) contient un article délicat: 1o. une prière instante à S.M. d'avoir indulgence pour les motifs qui ont fait agir S.A.S. en faveur du Duc et écrire une lettre aux Etats-Generaux; 2o. de conseiller au Prince de concourir à une retraite honorable et profitable du Duc; 3o. de donner ce conseil au Duc même. Nous craignons que S.M. témoignera de l'humeur à S.A.S. sur la lettre susdite, et alors nous redoutons ici un orage terrible de S.A.S. contre nous Ainsi Monsieur prenez les conseils de M. de Hertzberg pour nous menager cela. Cela feroit un tort infini dans nos vuës. Mais nous craignons aussi que S.M. trouvera des difficultés à accorder le 2me et 3me article de cette prière de S.A.R. Pourtant elle est extremement nécessaire, et le seul point qui pourra nous tirer de l'embarras dans lequel nous sommes jettés. Car il est fort à craindre que la Cabale tournera maintenant toute sa Rage contre S.A.S. et le Duc. Et supposant même, que je crois impossible, mais que d'autres croyent, que la Cabale fut bouleversée par une Révolution, et que le Duc revint, nous tomberions sûrement dans le néant, et dans l'Abyme de tous les malheurs. Cette lettre est venu bien mal à propos, car je commençois à avoir bonne lueur d'esperance que les Esprits tomberoient tous d'accord sur nos principes, et qu'ils se seroient concentrés à avouer qu'ils ont tort, que la source est dans la combinaison malheureuse du Ministère de la République, et le défaut dans ceux qui le composent. Le seul espoir que j'ai à présent, c'est que la Cabale redoublera ses efforts contre le Duc, et que commençant à approfondir les vertus de S.A.R. et les moyens d'une conduite politique et harmonieuse entre le Prince et la Princesse, ils se contenteront de solliciter et de procurer l'absence du Duc. Mais je n'ose me décider encore si ces vuës l'occupent déjà, mais je travaille sourdement à les induire. Si S.M. se résout à accorder toutes les prières de la Princesse, l'exécution sera fort délicate, et la façon dont la lettre à S.A.S. sera écrite, doit être calculée selon le caractère de S.A.S. Car il faut bien observer que S.A.S. nourit des soupçons d'une Cabale en faveur de S.A.R. pour être admise au maniement des affaires; qu'il est jaloux de la Princesse, et des poins de vuë de cette Cabale, qui seroit l'éloignement du Duc. Les conseils de S.M. doivent être menagés tellement, que S.A.R. ne peut encourir des reproches et des sorties amères. Je crois | |
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devoir observer que tout conseil qui est donné avec un peu de sensibilité, de l'intérêt pour le bien être de la Républibue et de son peuple, est assés bien accepté. | |
Amsterdam, 28 Juin 1784.- J'ai fort bien reçu votre lettre du 18 Juin avec l'incluse de S.M. Elle a été lue hier par L.A.R. et S. en présence de Lynden de Hemmen, Larrey et de moi. Le Prince a soupiré et tenu un profond silence Tout ce qui concerne le Prince Louis de Brunswic et son éloignement l'affecte beaucoup, quoique je crois qu' au fond du coeur il n'en seroit pas faché, et qu'il se trouveroit soulagé. Il redoute surtout que cet éloignement entraineroit d'autres qui sont attachés à lui, et qu'à la fin il seroit environné par les individus de la Cabale. S.A.R. a été extrêmement contente de la lettre de S.M. et y trouve du soutien. |
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