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Bijlage X.
Voorgeslagen tocht naar Brest. (Archief van het Ministerie van Buitenlandsche Zaken te Parijs).
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Observations sur les circonstances actulles relativement a la Hollande. |
Memorie van Vauguyon aan Willem V, 21 September 1782. (Register van de secrete resolutiën der Staten-Generaal, Rijksarchief). |
Ce 14 Septembre 1782. - Depuis le commencement de cette guerre, les Etats-Generaux n'ont pu ni secourir les établissements qu'ils ont dans le Sud, ni concourrir avec la France et l'Espagne aux efforts qu'il convient de faire contre l'ennemi commun: on a souvent desiré en Hollande de concerter ses opérations avec la France, mais le passage de la Manche a constamment formé un obstacle que les escadres de la Répu- |
Je suis chargé d'exposer à M. le Prince Stadhouder les observations suivantes:
Depuis le commencement de cette guerre, les Etats-Generaux n'ont pu secourir les établissements qu'ils ont dans le Sud, ni concourir avec la France et l'Espagne aux efforts qu'il convenoit de faire contre l'ennemi commun. Ils ont bien témoigné le désir de concerter des opérations avec S.M., mais cette intention très in- |
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blique n'ont jamais pu franchir et qui a rendu inutile tout plan d'opération avec les Etats-Generaux. Le départ des forces angloises pour Gibraltar ouvre cette communication à ceux des vaisseaux que la Hollande voudroit faire opérer avec ceux des autres puissances dans l'Océan, la campagne prochaine; ainsi tout doit les inviter à profiter d'un moment qui ne se trouvera pas de la guerre; si en effet on le laisse échaper, il faut considérer les forces navales de Hollande comme concentrées au Texel d'où elles ne rempliront d'autre objet que celui d'escorter des convois dans le Nord ou d'en tirer ceux qui en viendroient. Leur inutilité d'ailleurs sera si certaine que lorsque les Anglois ne seront point occupés dans le Sud, ils rassembleront toujours plus de forces qu'il n'en faudra pour claquemurer les vaisseaux hollandois dans leurs rades, et lorsqu'ils seront obligés de s'occuper du Sud, 7 à 8 vaisseaux hollandois seront plus que suffisants pour protéger le commerce qu'ils ont intérêt de conserver dans la Baltique.
Une observation encore plus décisive pour faire sortir une escadre des mers qui environnent la Hollande, c'est que par la nature de ses côtes et par les glaces qui ferment le Texel pendant six mois, les escadres hollandoises perdent leur action pendant la moitié de l'année: les objets qu'ils ont à remplir dans le Nord ne les occupent que pendant deux mois tout au plus; et si les Anglois savent placer l'époque des envois et des retours des vaisseaux de la Baltique, toutes leurs forces réunies seront sans effet; dès lors elles n'auront plus à croiser que dans des tems morts, et lorsqu'il est indifférent qu'ils
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téressante pour leur prosperité n'a pas eu jusques icy un effet bien important. Les Escadres de la République se sont bornées à protéger des Convoys, et le passage de la Manche a formé constammant un obstacle qu'elles n'ont jamais pu franchir et qui auroit rendu inutile toute idée de jonction.
Le départ des forces angloises pour Gibraltar ouvre cette communication à ceux des Vaisseau que les Etats-Généraux voudroient faire opérer avec ceux des autres Puissances dans l'Océan. Il ne paroit pas douteux que M. le Prince Stadhouder ne désire très vivement de profiter d'un moment aussi favorable, et qui ne se retrouvera vraisemblablement pas de la guerre; s'il le laisse échaper, il faudra considérer les forces navales hollandoises comme concentrées dans Texel, d'où elles ne rempliront d'autre objet que d'escorter des batiments marchands dans le Nord, et comme la nature des côtes de la République et la crainte des Glaces qui ferme ses rades pendant près de six mois, interdisent à ses Vaisseaux toute action durant cette intervalle, si les Anglois sçavent placer l'époque du départ et de la rentrée de leurs convoys, ils n'éprouveront aucune inquiétude, et les Hollandois ne croiseront que dans des tems morts, pendant lesquels il deviendroit indifférent qu'ils fussent dedans ou dehors de leurs ports.
Il résulte évidemment de cette observation qu'ils ne peuvent coopérer aux avantages de l'union qu'autant qu'ils joindront une portion de leurs forces aux armées navales des Puissances avec lesquelles ils sont liés. C'est le seul moyen qu'ils ayent d'en faire un usage vraiment utile pour
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soient dedans ou dehors de leurs rades. Il est donc sensible que les intérêts de la cause générale demandent que sur 20 vaisseaux que les Etats peuvent armer, ils en fassent passer 10 à Brest. De là ils pourront diriger dans l'Inde et sans danger, les moyens de protection que leurs établissements exigent en Asie; par là ils décideront la supériorité navale qui est égale entre les Anglois et nous dans cette partie intéressante du monde; enfin ils coopéreront aux avantages de l'union à quelques égards, ce qu'ils n'ont point encore fait, et ce qu'ils ne feront pas de toute la guerre, s'ils ne saisissent pas le dernier moment qui leur reste pour se réunir aux armées navales des autres puissances de l'Europe auxquelles ils sont unis.
Si la guerre doit durer, les 10 vaisseaux de plus à ajouter à ceux que la France pourra garder dans nos mers suffiront, indépendament de l'Espagne, pour bloquer l'Ouest et le Sud de l'Angleterre, pour intercepter la plus grande partie de ses convois, et faire un tort à son commerce qui détruira plus certainement cette puissance que des succès plus brillants.
Si, en mettant tous ces motifs en considération, la Hollande veut balancer l'inutilité des dépenses qu'elle a faites jusqu'á présent, et observer que toute sa puissance est dans l'Inde et qu'elle n'a rien dans le Nord, les Etats-Généraux n'hésiteront pas à s'ouvrir un passage pour assurer la conservation de ce qui leur reste en Asie.
Telles sont les considérations qui paroissent importantes de faire passer en Hollande.
de castries.
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eux mêmes et pour la cause commune.
L'intérêt de cette cause commune exigeroit donc qu'ils en voyassent dans ce moment dix Visseaux au delà de la Manche pour se réunir á Brest à ceux du Roy.
De là, si L.H.P. le jugeroient utile, ils pourroient protéger sans danger les moyens de défense que Leurs divers établissements peuvent exiger, et notamment en Asie, où il leur seroit facile de décider et entretenir une superiorité navale bien intéressante.
Ils pourroient aussi, de concert avec les Vaisseaux que le Roy a et aura à Brest, bloquer l'Ouest et le Sud de l'Angleterre, intercepter la plus grande partie de ses Convoys et faire à son commerce un tort qui détruira plus certainement cette Puissance, qui des succès plus brillants.
Telles sont les vuës que je suis chargé de proposer à M. le Prince Stadhouder. Je ne sçaurois douter que S.A. ne soit pénetrée de l'importance dont il est de ne pas vouer les forces maritimes Hollandoises à une inutilité manifeste, et de prendre part aux efforts des Puissances qui jusques à present ont repoussé seules ceux de l'ennemi commun et préservé ainsi les établissements Hollandois dans toutes les parties du Monde, et je suis persuadé que déterminée par d'aussi sérieuses considerations, Elle s'empressera de profiter du moment actuel qu'il est si essentiel de ne pas laisser échapper. |
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Vergennes aan Vauguyon, 15 September 1782.
- J'ai l'honneur, Monsieur, de vous adresser quelques observations relatives à la Hollande que M. le Marquis de Castries a redigées; si cette République veut se rendre utile à la cause commune, il y a lieu de croire qu'elle en sentira l'avantage et qu'elle n'hésitéra pas à se les rendre propres. S'il peut lui convenir de porter une partie de ses forces au Sud de la Manche pour en avoir une disposition plus libre, nous lui procurerons à Brest toutes les facilités et toute l'assistance dont ses vaisseaux pourront avoir besoin, en un mot ils seront traités de la même manière que ceux du Roi. Je ne m'étendrai pas en raisonnemens, Monsieur, pour démontrer la grande utilité de l'idée de M. de Castries, elle est palpable et sa convenance ne sauroit échaper à des esprits exercés aux grandes combinaisons. Vous voudrez bien, Monsieur, vous en ouvrir avec M. le Prince Stadhouder et avec les personnes chargées de ce qui à raport aux opérations des Escadres; la seule chose qu'il importe de leur faire remarquer est que si cet arrangement pourroit leur convenir il n'y a pas un moment à perdre pour son exécution; elle doit précéder le retour de l'armée des Anglois du Détroit.
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Vauguyon aan Vergennes, 24 September 1782.
- [Hij heeft den Prins van het plan in kennis gesteld]. Je le lui ai présenté de la manière qui m'a paru la plus propre à exciter son zèle et à déterminer sa bonne volonté. Je n'aurois aucun doute sur le succès de mes soins à cet égard, si les dispositions qu'il a montrées depuis quelque tems étoient le résultat de son énergie naturelle plutôt que la conséquence nécessaire de la situation forcée à laquelle la fermeté constante des Patriotes l'a réduit; je continue d'ailleurs de redouter l'influence des conseillers perfides qui balancent celle de M. de Bleiswijk; sans me montrer une opposition décidèe aux vuës que je lui ai développées, il m'a représenté le danger de traverser le canal à l'époque de l'équinoxe, et le peu de protection qui seroit conservée aux côtes de la République, si la portion la plus considérable de ses forces navales en étoit éloignée et séparée vraisemblablement pour le reste de la Guerre; j'ai combattu ses inquiétudes qui quoiqu'elles ne soient pas entièrement déraisonnables, ne sont pas cependant aussi fondées qu'il paroit le penser. Je lui ai peint avec force tous les avantages qui pouvoient résulter pour la prospérité de la République, pour la cause commune et pour sa consistance, d'une jonction avec les armées navales de la France et d'Espagne; il m'a semblé fort ébranlé par les différentes considérations que je lui ai offertes, mais cependant trop retenu par la timidité de son caractère, et trop peu affecté du désir noble et pur de donner aux forces qui lui sont confiées la direction la plus convenable, pour que je puisse
me persuader qu'il se portera de lui-même à suivre le plan que je lui ai proposé. Il m'a assuré qu'il alloit exciter ses plus sérieuses réflexions; qu'il désiroit qu'elles ne lui découvrissent pas des obstacles insurmontables, et qu'il me donneroit très promptement une réponse définitive.
De Raadpensionaris was ten zeerste met het plan ingenomen en bewerkt
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thans den Prins. Deze heeft de zaak bij het Secreet Besogne gebracht, dat rapport gevraagd heeft aan de afgevaardigden der admiraliteiten. De Raadpensionaris belooft zich goede hulp van den fiscaal der admiraliteit van de Maas, Bisdom.
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Vauguyon aan Vergennes, 28 September 1782.
Door invloed van Van Bleiswijk is het rapport der afgevaardigden van de admiraliteiten gunstig voor de onderneming, niettegenstaande Van Lijnden van Blitterswijk hem tegengewerkt heeft bij die van het college van Zeeland.
M. le Stadhouder qui n'a eu assés d'énergie ni pour adopter, ni pour rejetter un plan aussi sage, est demeuré dans un état d'indifférence à cet égard qui ne sauroit manquer d'altérer encore davantage sa considération. Ce Prince semble quelquefois pénétré de l'importance de développer du zèle, mais sa timidité naturelle le vouë presque toujours à l'inaction. Ses anciens principes sont d'ailleurs plus réprimés que changés; il est plus entraîné que converti, et les dispositions qu'il témoigne sont plutôt le produit de la pression des patriotes sur son âme énervée, que celui de ses propres réflexions. Quelqu'effort qu'ait pu faire M. de Bleiswijk pour l'engager à se montrer à la nation sous un aspect intéressant, l'ascendant de ce Ministre qui a plusieurs fois triomphé de l'apathie habituelle de M. le Stadhouder a été sans effet dans cette occasion. Il a déclaré qu'il resteroit neutre, et n'auroit pas d'avis. Vous sentés aisément, M. le Comte, l'impression qu'a dû produire cette étrange manière d'être sur le Comité Secret. Il est composé de sept membres dont deux sont chambellans de M. le Prince et un son représentant en Zélande. Ces trois personnages, à l'exemple de leur maître, ont témoigné qu'ils ne pouvoient s'expliquer sans consulter leurs commettants. Le député de la province de Groningue a été du même avis, mais M. le Pensionnaire au nom de la Hollande, sans attendre ancun ordre ultérieur de ses Etats, s'est conformé aux raports des amirautés, ainsi que les députes de Frise et d'Overissel.
De president heeft Vaugyon moeten beloven de zaak een tweede maal in omvraag te brengen.
Il l'a fait effectivement, et le député de Groningue, qui dans la première délibération n'avoit pas cru pouvoir s'expliquer, mais qui depuis ce moment avoit été fortement excité par les patriotes, s'est confirmé au sentiment de la Hollande, de la Frise, et de l'Overissel. Les députés des quatre provinces ont alors demandé qu'il fut prise une conclusion sans attendre que les trois autres s'expliquassent. Ceux-ci ont déclaré qu'ils protesteroient contre la conclusion, si on n'attendoit pas qu'ils pussent faire connoitre le voeu de leurs commettants, et qu'ils demandoient qu'on suspendit jusqu'à lundy. M. le Pensionnaire ayant insisté de nouveau avec la plus grande force, il a été décidé unanimement que la résolution seroit concluë lundy matin conformément à l'avis des quatre provinces, soit que les députés des trois autres fussent on ne fussent pas en mesure de s'expliquer, et M. le président du Comité a été chargé
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de venir m'en informer, en me priant de regarder le délay comme une suite des formes du gouvernement de la République, et non comme un défaut d'empressement de sa part.
De Maandag te nemen resolutie zal conform zijn aan het rapport der admiraliteiten: zij zal bevelen 5 schepen van 64 en 4 van 56 stukken, twee fregatten en een kotter naar Brest te zenden om er gedurende den winter te verblijven en deel te nemen aan de operatiën der fransche vloot in europeesche zeeën.
J'ai fait remarquer à M. le Pensionnaire qu'il conviendroit essentiellement qu'une partie de cette escadre pût être employée dans les Indes. Il m'en a paru convaincu, mais il m'a dit que comme les membres de l'Amirauté n'avoient pas été unanimement et que quelques-uns avoient insisté sur la clause qui semble fixer les opérations de cette escadre dans les mers d'Europe, les bien-intentionnés avoient cru devoir ne pas s'y refuser, afin de ne pas faire naître des obstacles à leurs vuës patriotiques; ce Ministre m'a fait comprendre que lorsque les vaisseaux seroient partis pour Brest, je pourrois alors demander avec succès ce changement dans leur destination. Je compte me conformer à son avis, et faire sentir en même tems l'importance d'envoyer dans l'Inde des troupes de terre pour s'y joindre avec celles de Sa Majesté...
Vous observerez ensuite, M. le Comte, que les Colleges des Amirautés, en exposant qui'ls pensoient convenable d'envoyer une escadre à Brest pendant que le canal est libre, out fixé le 8 octobre comme le terme de cet envoy, parce qu'ils ont calculé que s'il avoit lieu après ce jour, il seroit à craindre que l'amiral Howe ne fut de retour de son expédition de Gibraltar, pour peu que l'escadre hollandoise se trouve arrêtée dans la Manche. Il me semble en effet que leur combinaison à cet égard n'est pas sans fondement, mais nous avons tout lieu d'espérer que les vents, après avoir été aussi constants depuis plus de trois semaines dans la partie de l'Ouest, tourneront à l'Est dans les premiers jours d'octobre.
Vous observerez enfin, M. le Comte, que le rapport propose de me donner communication de ce qui aura été déterminé, et d'y ajouter le développement du désir qu'auroit la République de concerter avec S.M. les opérations hostiles contre l'ennemi commun pendant le cours de l'année prochaine. J'ai pensé ainsi que M. le Pensionnaire que cette addition seroit très essentielle, et parce qu'elle réaliseroit le plan qu'il avoit adopté de séparer les deux objets de la proposition de la ville d'Amsterdam, et qu'elle détermineroit immédiatement la résolution relative à l'offre du concert dont la conclusion n'éprouveroit ainsi aucun délay.
Het is dus, om te eindigen, bewezen dat men met de patriotten alleen wel gereed komt, ook zonder den Prins.
A l'avenir, si la fermentation populaire qui s'accroit de jour en jour ne devient pas funeste au Prince, il continuera au moins à être nécessairement entrainé par l'impulsion des patriotes, ou à demeurer entièrement nul.
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Vauguyon aan Vergennes, 4 October 1782 [na de resolutie]....
J'ai été voir M. le Stadhouder qui ne m'a semblé nullement affecté de sa nullité dans cette circonstance; elle auroit cependant dû lui être bien amère.... Cette résolution importante prise sans son consentement, et en quelque sorte malgré lui, ne peut manquer d'altérer de plus en plus sa considération et son influence. Il m'a assuré, M. le Comte, qu'il ne s'étoit conduit ainsi que parce qu'il n'avoit pas osé se charger des suites d'une détermination de cette espèce dans un moment où la Nation étoit aussi disposée à soupçonner la pureté de ses vuës. La première réflexion sur cette manière d'être bizarre porteroit sans doute à l'attribuer à une fausseté marquée et à une profonde dissimulation; mais la connoissance intime du caractère de ce Prince peut persuader qu'elle n'est que le résultat de la nullité et de l'insouciance dont il donne des preuves habituelles toutes les fois qu'il ne se livre pas aux mouvemens d'une impulsion étrangère.
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Vergennes aan Vauguyon, 10 October 1782.
- [Over de resolutie van 3 October]: Les vaisseaux ne doivent point partir s'ils n'ont pu mettre à la mer avant le 8 de ce mois, or il nous paroit impossible qu'à cette date les vaisseaux en question aient pu faire voile; ainsi la détermination qui l'a indiquée comme un terme préfixe, nous paroit on ne peut pas plus illusoire [deze laatste woorden in de plaats gekomen van de doorgestreepte: a plutôt l'air d'une leurre que d'une résolution sérieuse]. Cette opinion, Monsieur, nous fait faire des reflexions sérieuses sur le résultat de la conduite molle et incertaine des Hollandois: plus ils persistent dans cette conduite, plus ils augmenteront les embarras et les difficultés qu'ils trouveront naturellement dans les négociations qui viennent d'être entamées; ils se feroient illusion s'ils se persuaderoient que le Ministère de Londres est disposé à les bien traiter, et qu'il sera facile vis à vis d'un ennemi qui n'a rien fait et qui paroit ne vouloir ou ne pouvoir rien faire pour le soutien de sa cause. Ces reflexions, Monsieur, nous semblent dignes de toute l'attention de M. le Prince Stadhouder et de M. le Grand-Pensionnaire. Si la Hollande veut faire une paix convenable, elle doit faire des efforts proportionnés aux conditions qu'elle est dans le cas de proposer: elle s'exposeroit à des dangers réels en perdant de vue cette importante vérité.
Je reviens, Monsieur, à l'époque prescrite à l'escadre hollandoise destinée pour Brest; il paroit que c'est la crainte de rencontrer l'amiral Howe qui a rendu les Etats-Generaux aussi circonspects; ils auroient eu probablement plus de courage, s'ils avoient considéré que le vent d'Est poussant l'escadre hollandoise, retenoit forcément la flotte angloise, tandis que le vent d'Ouest rameneroit naturellement les Hollandois dans leur port. D'un autre coté on ne sauroit douter que l'intention irrévocable du cabinet de St. James ne soit de ravitailler Gibraltar; or il a été impossible à l'amiral Howe de cheminer vers l'Ouest et le Sud depuis le 15 du mois dernier; ainsi il a été impossible jusqu'à présent à la flotte angloise de s'approcher du Détroit, au moyen de quoi il y a tout lieu de croire qu'elle ne pourra
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être de retour dans la Manche tout au plus qu'au commencement du mois de novembre.
Vous ferez connoitre à M. de Bleswick, que le Roi agrée très volontiers l'offre que L.H.P. lui font d'un nouveau concert pour la campagne de 1783.
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Vauguyon aan Vergennes, 8 October 1782.
De zaak is mislukt, en de Prins niet te bewegen, kort en goed het opvolgen der bevelen voor te schrijven.
J'ai eu à ce sujet un entretien avec lui dans lequel il m'a paru embarassé, honteux, confus, et m'a plus que jamais convaincu de son ineptie. Le prétexte présenté à M. le Stadhouder a été evidemment suggéré; c'est le fruit des intrigues de plusieurs Anglomanes qui l'entourent et qui dirigés par le Prince Louis de Brunswic n'ont cessé d'emploier tous les moïens qu'ils ont crû propres à faire naître des obstacles.
Hebben de officieren, behalve met deze Anglomanen, ook met den Prins hun handelwijs van te voren overgelegd?
Je serois plus disposé à penser qu'assurés de l'approbation qu'ils en obtiendroient, ils ont crû plus prudent de ne pas lui confier leurs démarches. Quoi qu'il en soit, M. le Comte, c'est à ce Prince qu'il faut rapporter l'inexécution d'un plan qui a été saisi avec ardeur par les représentants des différentes Provinces. Les patriotes ne manqueront pas de porter la lumière sur ce cahos d'iniquité; ils sont venus me témoigner la douleur qu'ils éprouveroient si S.M. paroissoit indifférente à ce qui les pénètre d'amertume.
De gezant heeft hun nog niets beloofd, maar vindt zelf ook dat de koning zijn ergernis aan de Staten-Generaal te kennen moet doen geven.
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Vergennes aan Vauguyon, 17 October 1782.
- J'avois prévu, Monsieur, le sort qu'auroit l'escadre destinée pour Brest. S.M. et son Conseil ont considéré que le mal étant sans remède, l'humeur que nous montrerions ne serviroit qu'à ajouter au ridicule de la conduite des Hollandois, et qu'il est de la dignité du Roi de garder le silence lorsque son langage, comme dans le cas dont il s'agit, ne sauroit plus conduire à un résultat satisfaisant. Il est à remarquer d'ailleurs, Monsieur, que nous avons fait une simple ouverture, une simple indication, que nous n'avons rien demandé, et encore moins exigé, que par conséquent nous n'avons aucun titre pour faire des reproches; ces reproches ne serviroient qu'à donner à l'envoy d'une escadre à Brest plus de valeur que nous y en avons mise, et nos ennemis auroient lieu de supposer qu'il règne entre nous et les Hollandois une mésintelligence sourde qui n'existe pas. Ces différentes réflexions, Monsieur, portent le Roi à penser, que vous n'avez aucune démarche ministérielle à faire; votre silence en imposera davantage que les représentations les plus vives, et il laissera au Roi la liberté d'agir à l'avenir selon que les conjonctures lui paroitront l'exiger.
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Mais la réserve qui vous est prescrite, Monsieur, ne vous empêchera pas d'exprimer confidentiellement tant à M. le Prince Stadhouder qu'à M. le Grand-Pensionnaire l'opinion peu satisfaisante que le Roi a de la conduite de la marine hollandoise; il convient que vous leur fassiez sentir que cette conduite doit nécessairement affoiblir la confiance que nous avons mise jusqu'à présent dans son concours, et que si l'on ne remédie pas promptement au mal qui semble s'empirer, rien ne seroit plus illusoire et même plus dangereux que les plans que l'on pourroit concerter avec la République. Demandez surtout à M. le Stadhouder quelles conditions de paix il se flatte d'obtenir avec une flotte qui ne quitte point les ports, et qui lorsqu'on lui prescrit de prendre la mer, ose alléguer son défaut de vivres et d'apprêts.
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