De patriottentijd. Deel 1: 1776-1784
(1897)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekendBijlage IV.
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De prinses aan Frederik de Groote. - Loo 7 Septembre 1769.[Over een tegenbezoek, den koning te brengen te Potsdam]. Je suis sûre que le Duc Louis ne le souffrira jamais. J'avoue qu'il me seroit dûr de m'en voir privé uniquement par la volonté de mon gros oncle, et je suis convaincuë que le Prince ne souhaiteroit pas davantage que de faire sa Cour | |
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à V.M., mais je crains qu'il ne se rende à la fin aux instances du Duc. Si mon cher oncle souhaite que je vienne, soit pour l'année prochaine ou quand il l'ordonnera, je La supplie très humblement d'arranger cette affaire d'une façon que le Prince ne puisse pas faire de Difficulté, et que je n'y soye pas mêlée. De brieven van Frederik de Groote aan de Prinses van dezen tijd zijn niet bewaard, noch te Charlottenburg noch in den Haag. Van haar kant bleef de Prinses steeds op de reis aandringen. Eens schreef blijkbaar de koning terug dat misschien de zaak een verkeerden indruk op de Hollanders zou maken: | |
De Prinses aan Frederik de Groote. - La Haye 23 Septembre 1771.- Il me semble qu'il faut avoir bien mauvaise opinion de la nation Hollandoise pour croire qu'elle fut assé déraisonnable pour ne pas approuver que j'aye de l'empressement de jouïr d'une satisfaction aussi douce et aussi innocente; si le gros de la nation n'a pas un esprit brillant, elle n'est point insensible, et elle est juste. Eindelijk opende Frederik uitzicht op de reis: | |
De Prinses aan Frederik de Groote. - La Haye 21 Avril 1772.- J'ose suplier mon cher Oncle d'insister que le Prince soit du Voyage; sans cela j'ai lieu de craindre jusqu'au dernier moment qu'il se trouve quelque obstacle qui mette Empêchement à la réussite de ce charmant projet. Je suis convaincu que le Prince désire beaucoup de faire sa Cour à V.M., et comme il aime à s'instruire, et particulierement dans le militaire, les manoeuvres seront un appas auquel il ne résistera que difficilement. In Juni 1772 stond de koning toe dat zij beiden in September van dat jaar komen zouden. Er kwam toen niet van doordat de bevalling der Prinses later plaats had dan verwacht werd. | |
Frederik de Groote aan den Prins. - 24 Mars 1773.- Selon la voix publique ma Niesse n'est pas ensseinte et comme elle setrouve rarement en cet Etat, j'ai cru que ce seroit peut être le tems favorable pour qu'Elle pourroit entreprendre un voyage, et je me suis flatté que dans la tranquillité dont l'Europe jouit, rien ne pouroit vous empecher mon cher Prince de vous absenter pour quelque tems de La Holande, je m'en raporte uniquement à Votre Altesse, si Elle croit la chose possible Elle me procurera comme a toute La famille une Grande Satisfaction, Si non je Suis persuadé qu'il y aura des raisons indispensables qui l'Empecheront de me faire ce plaisir. | |
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mais je me trouve dans le Cas de ne pouvoir disposer de mon Temps, comme je le desirerois. Les Devoirs du Poste que j'occupe dans cette République ne me permettent point de m'en absenter, je trouve toujours plus de Choses à faire que mes forces et le tems ne me permettent d'en terminer, et je vais ouvrir mon Coeur à V.M., et lui marquer la vraie Situation de notre intérieur. Quoique au dehors cela ne paroisse pas, l'Union et la Concorde n'est pas aussi grande entre les Provinces que le bien de l'Etat l'exige. Surtout on a beaucoup de difficulté avec la Province de Zélande, il s'élève de Nouveaux différens entre cette Province et celle d'Hollande, touchant une Colonie en Amérique; je crains que cette affaire n'aye des suites sérieuses et que cela pourroit occasionner un Schisme dans la République. La Princesse mon Epouse n'etant pas dans la meme position que moi vis à vis de cet Etat, pourra profiter de l'Invitation que V.M. veut bien lui faire. In Juni 1773 had de reis der Prinses plaats. De correspondentie uit de eerstvolgende jaren schijnt onvolledig bewaard. Aan het bezoek wordt echter herinnerd in den volgenden brief: | |
De Prinses aan Frederik de Groote. - 27 Mars 1777.- J'obéis aux ordres de V.M., et vais lui parler à coeur ouvert, ainsi qu'Elle l'a desiré. Mon cher Oncle n'ignore pas l'ascendant que le Duc a conservé sur l'esprit du Prince; il étoit naturel et même juste, après les obligations qu'il lui avoit, que la reconnoissance l'engagea à lui continuer de l'amitié et une certaine confiance; mais l'ambition du Duc n'etoit pas satisfaite, il vouloit gouverner toujours, et tacher de rendre le Prince incapable aux affaires pour ne rien perdre de son autorité; il eut l'adresse de tirer du Prince à sa majorité un acte par lequel il déclare qu'il n'entreprendra rien d'important sans consulter le Duc, et que dans toutes les affaires c'est à lui qu'il faut s'adresser. Voilà quel doit être le sens de cet écrit que je n'ai pas lu; il a été l'origine de la brouillerie entre le Duc et le feu Comte de Bentinck. Indépendament de ce qu'il y a d'humiliant de se voir sans cesse sous le joug de quelqu'un qui n'en a pas le droit, le Duc est l'homme du monde le moins fait pour gouverner un Pays, toujours gouverné lui-même par la passion, inconséquent, sujet aux emportements les plus violents, sans avoir la fermeté nécessaire, foible dans le fond, il ne cherche jamais à parvenir à ses fins que par des voies détournées, le seul moyen de le gagner c'est en se faisant craindre; par l'amitié, les bons procédés, on ne gagne rien chés lui; il n'aime personne, dit du mal de tout le monde, du Prince lui-même; ce qui se fait de bien, c'est lui qui le fait; le mal, il le met sur le compte du Prince; on n'écoute pas ses avis, on veut agir à sa tête; voilà ses propos, et voilà l'homme à qui nous avons à faire. Ce portrait n'est pas flaté, mais je puis assurer qu'il est très ressemblant, et je pourrois citer des traits qui prouveroient que je n'exagère pas. Avec cette conduite il est parvenu à se faire détester de toute la Nation; de ceux-même qui lui font le plus la Cour, car quoiqu'on | |
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ne l'aime pas, pour réussir c'est toujours à lui qu'il faut s'adresser; d'un autre coté on convient que le Prince a infiniment d'esprit, beaucoup plus d'aplication qu'il n'en a eu, une mémoire prodigieuse, un coeur excellent, ceux qui lui parlent disent unanimement qu'il raisonne très juste, qu'il juge bien, et que s'il suivoit plus souvent ses propres avis, il se tromperoit rarement. Mon devoir, mon attachement pour lui et pour mes enfans, les conseils même, que V.M. a daigné me donner il y a 4 ans, tout m'engage à me mettre au fait des affaires; j'y suis fort éloigné d'y être parvenu autant que je le voudrois; cela est doublement difficile, quand on a afaire avec un homme aussi soupçonneux; j'en sais cependant assé pour être convaincu que pour le bien du pays, et pour la gloire du Prince, il faut absolument qu'il agisse par lui-même, et certainement il en est très capable, mais cela ne peut pas venir tout d'un coup; en rompant avec le Duc par un éclat le tort seroit de notre coté, et c'est ce qu'il faut éviter; le Prince ne doit jamais manquer aux égards que le Duc a droit d'exiger, mais ne pas suivre aveuglement ses avis, et avoir le courage de lui tenir tête; c'est ce que je désire et à quoi je travaille, secondé et conseillé par quelques personnes d'une probité reconnue, nous nous flattons à avoir un peu gagné, le Prince voit clair sur le sujet du Duc, il y a même eu des occasions où il a agi contre son gré; il comence à s'apercevoir que la plupart des désagréments qu'il a essuyé dans le pays, viennent en grande partie de la haine qu'on porte an Duc, et qu'on confont alors ses intérêts avec ceux du Prince. Mais V.M. sent Elle-même que ces foibles progrès seront bientôt détruits si je m'absontois; le Duc restant auprès du Prince, profiteroit de ce tems, et tacheroit de le prévenir contre moi, en lui répétant sans cesse qu'il ne fant pas que les femmes ayent du pouvoir, il chercheroit à diminuer la confiance qu'il me témoigne; je ne crois pas qu'il réussiroit, mais le Prince, vû ses relations avec le Duc depuis son enfance, craint toujours de manquer à la reconnoissance, et a peine à se persuader le Duc tel qu'il est, voilà pourquoi je desirerois que le Prince fut du Voyage, ou du moin qu'il vint me reprendre, cela suffiroit car le Duc craint V.M.; il connoit Ses bontés pour moi, et n'oseroit parler sur le même ton au Prince, si celui-ci avoit l'honneur de Lui faire sa Cour; je ne sais si j'ai bien jugé dans toute cette affaire, j'en remets la décision à V.M., j'ai sacrifié au devoir le plus grand bonheur de ma Vie, celui de mettre à Ses pieds les assurances de mon respectueux attachement, mais j'espère en être dédommagé une autre fois; j'ai eu l'honneur de Luimander que le Prince désire faire le Voyage, cela est très sûr; il est très vrai aussi que ses finances sont en fort mauvais état, et que le Duc fera l'impossible pour l'empecher de m'accompagner, cependant si V.M. insistoit fortement que le Prince vint au moin me reprendre, je ne crois pas qu'il oseroit refuser, et les menées du Duc seroient inutiles. | |
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suive; ce même obstacle subsiste toujours; mon devoir me force à m'occuper d'affaires désagréables, je dois chercher à diminuer le pouvoir d'un homme qui nous fait bien du tort, je dois tacher d'acquérir les connoissances qui me manquent, je sens la nécessité absolue de tout cela; si je suivois mon inclination certainement je ne m'en mêlerois pas; j'ai fait des progrès sensibles, mais ils sont lents; si je m'absente, je suis sûre de perdre au delà de ce que j'ai gagné; d'un autre coté l'état des finances du Prince m'oblige à lui prêcher sans cesse l'économie, le dérangement de ses affaires est plus considérable qu'on ne le croit; les dettes augmentent tous les ans, quel avenir peut-on s'en promettre? Un Stadhouder sans crédit, ayant les mains liés, joue en vérité un bien triste personnage; cependant voilà ce qui arriveroit bientôt si on n'y met pas ordre. |
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