Bijlage II.
Brief van Prinses Wilhelmine aan Frederik de Groote, van 19 Januari 1769. (Huisarchief te Charlottenburg).
Selon que mon cher Oncle me fait l'honneur de m'écrire, il me paroit que V.M. n'a pas bien compris mes intentions. Je n'ai jamais eu l'idée de vouloir former une Cabale contre le Duc Louis; je sens bien combien une pareille action seroit contre la probité, et que je m'attirerois le blâme d'une grande partie de la Nation. Il est vrai que je souhaiterois que le Prince qui auroit toute la capacité possible pour faire les affaires lui-même, ne laissa pas un pouvoir aussi absolu au Duc; si mon cher Oncle croit que le Prince est de ces Esprits qui se laissent toujours gouverner, il se trompe certainement, je ne suis point en Etat d'en juger, mais toutes les Personnes capables de le dire assurent qu'il est étonnant qu'un aussi jeune homme puisse juger de toutes choses avec autant de justice et de bon sens, et être si bien au fait de toutes les affaires du Païs, mais il est sûr qu'il est fort à craindre, que si le Duc garde encore quelques années ce prodigieux ascendant sur son Esprit, il continuera de faire l'impossible pour le distraire, et lui ôtera tout goût et toute envie de s'appliquer, et que par là le Prince s'attirera le mépris de la Nation. Comme V.M. m'a fait l'honneur de me parler à ce sujet à Loo, j'ai crû qu'il étoit de mon devoir (parceque mon cher Oncle paroissoit desirer que les choses changeassent) de lui faire savoir que tout étoit encore dans le même Etat. Je n'ai jamais eu l'intention d'user de remèdes violents pour le faire changer, et je crois qu'il n'y en a pas d'autre que celui de la douceur, de tacher d'encourager le Prince au travail, de piquer son ambition, et de lui faire sentir combien il est humiliant de faire tout faire par un autre quand on en a soi-même la capacité; mais c'est un moyen qui demande du tems, et je ne crois pas qu'on puisse dire ces choses tout d'un
coup.